Essai : Ford Mondeo 2.0 TDCI 150 Powershift – C’est qui le patron ?
La nouvelle Ford Mondeo avait un certain nombre d’ambitions parmi lesquels l’élection au titre de la Voiture de l’Année 2015. Ca, c’est raté, ce qui ne lui retire pas une somme d’arguments que nous allons passer en revue.
Se faire doser par une Citroën C4 Cactus, ça va. On peut accuser le jury de jeunisme ou de frivolité, et s’en sortir la tête haute. Mais se faire battre à plate couture par la VW Passat au titre de « Voiture de l’Année 2014 », c’est plus que dur vu que c’est une concurrente directe voire frontale. Pourtant, la Ford Mondeo ne manque pas d’arguments, comme nous allons le voir : sécurité, connectivité, sérénité sont ses trois maîtres-mots. Et vu la cible visée, ils font sens.
Who’s the boss ?
Faut que je vous raconte un truc. J’étais tranquillement, en cruising, au volant de cette Ford Mondeo. Le coude gauche sur la portière, la stéréo sur Oui FM, la boîte auto sur le 6ème rapport et le régime moteur à peine au-dessus de 2000 tr/mn. Mon seul but était de rejoindre l’horizon, je n’étais pas pressé. Bref, tranquille le chat, décontracté du gland etc, on connaît la suite. Soudain, un témoin d’alerte attire mon attention : sur l’écran de gauche du tableau de bord, la Ford Mondeo m’insigne de, je cite, « mettre les deux mains sur le volant ». Là, je suis assailli par un double sentiment. Petit A : « t’es qui pour me parler comme ça, Ford Mondeo ? » Déjà qu’avec ta boîte Powershift tu changes les vitesses à ma place, qu’avec le système de maintien de ligne tu remets la voiture dans sa voie sans que j’en aie décidé, qu’avec le régulateur de vitesse adaptatif tu freines seule sur autoroute… Bref, cette auto peut décider un grand nombre de choses à votre place. Comme je n’ai pas tellement l’habitude qu’un habitacle automobile me dicte mon comportement, ce genre de directives a un peu tendance à m’énerver. Petit B : il faut quand même admettre que ce type d’alertes, au fond, aurait carrément pu changer la face du monde. Si, carrément. Prenez le cas de James Dean, par exemple.
On sait qu’il roulait vite et de nombreux documents d’archives le montrent avec une seule main sur le volant. Si sa Porsche RS 550 Spyder lui avait balancé, ce fameux 30 septembre 1955, une alerte dans les dents : « dis donc, James, t’as beau te prendre pour une vedette, tu vas quand même pas faire le mariole, tu mets tes deux mains sur le volant, tu fais gaffe et tu vas éviter de t’emplâtrer dans la voiture d’un étudiant nommé Donald qui te coupe la route, parce que franchement, mourir à cause d’un mec qui s’appelle Donald, c’est super pas classe et tu mérites mieux ». Donc, petit un, James serait toujours parmi nous. Ce qui lui aurait permis d’épouser Marylin Monroe et d’écrire une des plus belles love story de la seconde moitié du XXème siècle. C’est important l’amour. Mais le destin de James aurait été encore plus grand. Car les Américains auraient fini par l’élire président, au lieu de Ronald Reagan. Franchement, entre un type qui aime les flingues et un autre qui aime les Porsche, moi j’ai choisi. Même nous en France, on a su un jour élire un président qui aimait les Porsche. Quand on pense qu’aujourd’hui on en a un qui s’affiche en Piaggio MP3, bonjour le renoncement. Mais bon, peu importe. Du coup, si James avait eu les alertes que la Ford Mondeo 2015 sait prodiguer, le destin de l’humanité en aurait été transformé et nul doute que la vie sur terre serait aujourd’hui plus douce.
Petit C : évidemment, faut être réceptif. Moi, par exemple, qui ait fait le choix d’avoir une voiture perso où y’a même pas un airbag et qui fait des rêves érotiques à base de Caterham, je suis pas trop le cœur de cible, je ne suis qu’un sale dissident. D’autant que la Ford Mondeo 2015 sait vous envoyer des coups de volant pour vous remettre dans le droit chemin et que cela donne une consistance variable de la direction qui pourra dérouter les puristes de la trajectoire. Les autres, et ce sont les plus nombreux, seront ravis de pouvoir compter sur une auto qui élève encore d’un cran le niveau de sécurité et de protection offert à ses occupants. Et ce, en toutes circonstances : on mentionnera les feux à LEDs adaptatifs, carrément efficaces en conduite nocturne, et les airbags de ceinture arrière, même si ce dispositif est un peu volumineux et lourd lorsque l’on s’arnache. Un coup à prendre, certainement, d’autant que c’est pour la sécurité des passagers.
Ça donne faim, tout ça !
Si la Ford Mondeo 2015 a vocation à vous rendre la vie plus sûre, elle l’a aussi à vous la rendre plus facile. Pour cela, toute l’interface d’infotainment SYNC 2 dispose d’une commande vocale. L’écran central se divise en 4 sections : téléphone, navigation, audio et climatisation. Une pression sur une touche au volant, et la commande vocale est active et permet d’entrer dans les menus et sous menus. On a quand même réussi à le planter en demandant « le café du coin d’en bas de la rue du bout de la ville d’en face du port », qui existe pour de vrai à Saint-Malo, mais c’est vraiment parce que l’on est vicieux. Car le système fonctionne plutôt bien. La Ford Mondeo sait aussi répondre à des demandes plus directes. Dites « j’ai faim » et elle va vous proposer une sélection de restaurants, soit à proximité soit dans une ville de votre choix. Au rythme où vont les choses, on pourra certainement bientôt descendre dans son parking pour commander une pizza à se faire livrer à domicile.
Une fois le système apprivoisé (et là, le patron, c’est vous), il faut reconnaître que cela contribue à simplifier les commandes et à garder les deux mains sur le volant. Sinon, on se prend une alerte. Parce qu’en fait, le patron, c’est elle.
Zen !
On vient de le voir, au volant de la Ford Mondeo vous êtes rassuré et tranquillisé. Et tout ceci est parfaitement en phase avec la définition de l’auto. Certes, la fameuse calandre « façon Aston Martin » n’est pas sans dégager une certaine agressivité, mais il suffit de monter dans l’auto pour débusquer la supercherie. Car l’intérieur, Ford a conçu un vrai petit cocon : certes, les plastiques de la console centrale restent un peu durs au toucher, mais la qualité des sièges en cuir et des placages sur les contre-porte donnent un aspect très qualitatif à notre version d’essai Titanium (affichée à 33 700 € au tarif catalogue).Le 2.0 TDCI à boîte Powershift joue dans la même cour. Voilà une association moteur / boîte entièrement tournée vers la douceur : relativement discret à bas régime, le 2.0 Diesel fait le boulot, bien secondée par une transmission soyeuse (sauf lors des manœuvres de parking à froid où quelques à-coups se font sentir) qui égrène ses rapports sans que l’on s’en rende compte. Les bas régime sont privilégiés, avec une puissance maxi à 3500 et un couple de 350 Nm à 2000 tr/mn. De fait, jouer avec les palettes dévoile un moteur assez inerte à « haut » régime (de 3 à 4000 tr/mn) et un châssis tellement typé confort que toute conduite dynamique se révèle assez rapidement dissuasive. La Ford Mondeo n’a pas été conçue pour cela et il est assez probable que la clientèle visée n’ait pas non plus ce genre de motivations. Elle appréciera, comme nous, le confort global, l’espace à bord, les équipements de sécurité, l’efficacité globale. Un long parcours mixte autoroute / route nous a laissé avec une moyenne de 6,9 l/100. Correct vu le gabarit de l’engin et son poids élevé.
Et avec un pareil châssis, nul doute que la version hybride, dont nous vous parlerons bientôt, devrait être également très convaincante.
Bonus : quelques jours de plus en Ford Fiesta 1.0 140 ch Black Edition (photos pourries sur un parking : GL)
Ce qu’il y a de bien avec Ford, c’est qu’ils ont des voitures qui peuvent s’adapter à toutes les personnalités et à tous les caractères. Et après quelques jours très sérieux et limite statutaires au volant de la Mondeo 2.0 150 TDCI Powershift, prendre le volant d’une Fiesta 1.0 140 ch Black Edition ajoute une bonne dose de pétillant dans la vie.Car la Ford Fiesta Black Edition est plutôt pimpante. Sa livrée noire et rouge, avec la calandre et les lames de spoiler en rouge, les jolies jantes noires, les vitres super teintées, le gros becquet posée sur la lunette arrière, ça le fait, surtout sur une auto vendue 18 750 € au tarif catalogue mais dispo en ce moment à 16 050 € en promotion. Une affaire !
D’autant que l’équipement suit : navigation, régulateur de vitesse, Bluetooth®, sièges « presque » baquet, ça le fait dans une citadine. Certes, l’ergonomie paraît fouillie au premier abord, mais la logique des différentes fonctions finit par paraître assez rationnelle. Y’a quand même beaucoup de boutons !
Le moteur 3 cylindres 1.0 EcoBoost est ici dans sa déclinaison la plus poussée, après les versions 100 et 125. 140 ch dans une petite auto, ça rappelle en mieux les GTI de mon enfance ! Et là aussi, excellente surprise : souple à bas régime, suffisamment rempli pour ne pas être à la peine dans le trafic à des régimes normaux (il tourne à 3500 tr/mn en 5ème à 130 km/h, mais même en dessous de 3000 sur le dernier rapport les reprises n’ont rien d’anémique), il montre une personnalité amusante avec un vrai effet de boost entre 4500 et 6000 tr/mn dans le grondement typique des motorisations 3 cylindres. Vu la vocation semi-sportive de l’auto, on aurait d’ailleurs préféré une boîte 6 afin d’exploiter au mieux tout le potentiel de cette mécanique pétillante.
Cette Fiesta est fun et à ce tarif là, son rapport prestations / performances est carrément imbattable !
Photos : Benoît Meulin