Appeler un SUV électrique du nom d’un des coupés sportifs les plus connus au monde, il fallait oser, Ford l’a fait. Et il faut bien avouer que les versions “normales” du Mustang Mach-E manquent quand même pas mal de piquant… La version GT est là pour redorer son blason. Question d’image.
Choc et sidération : la Ford Mustang Mach-E a beau être disponible en France depuis fin 2020, elle n’avait jamais encore eu le droit à un essai dédié sur le blog. Enfin, on en a un peu parlé, mais c’était fin 2021 et ça a en gros consisté en un tour de pâté de maison lors des essais “Ford Performance” sur le circuit de la Ferté-Gaucher. Cet avant-goût m’avait toutefois laissé une bonne impression, me donnant envie d’en reprendre une sur quelques jours. Avance rapide en avril 2023 et me voilà avec les clefs d’une Mustang Mach-E GT dans la poche.
Eh oui, GT ! La Mach-E reprend les appellations de la Mustang “normale” et offre à sa version la plus puissante ce puissant badge. Sauf que là, bien évidemment, pas de V8 5.0 sous le capot, mais plutôt deux moteurs électriques proposant un total de 358 kW/487 ch & 860 Nm de couple (!), de quoi abattre le 0 à 100 km/h en 4.4 s. Côté batterie, on parle de 99 kWh bruts (88 kWh utilisables, sacrée marge) rechargeable en 11 kW en courant alternatif et jusqu’à 150 kW en courant continu -comptez respectivement 7h et 45 minutes pour une recharge de 10 à 80%. Autrement, la GT récupère une suspension adaptative MagneRide (rabaissant la voiture de 11 mm), des freins Brembo et l’incontournable kit carrosserie.
Côté look, alors ? C’est méchant. Une bonne chose, d’ailleurs, puisque j’ai toujours trouvé les Mach-E “normales” un peu momolles niveau style. Là, ça pète ; ne serait-ce que par ce Cyber Orange (+ 1 500 €) du feu de Dieu. Autrement, les jantes spécifiques de 19″ sont franchement belles, les étriers Brembo rouges font le show et le bouclier avant, beaucoup plus agressif qu’auparavant, assoit vraiment la voiture -en parlant de ce bouclier, j’ai l’habitude de cracher sur les fausses calandres des VE (quelle fainéantise !), mais je dois bien vous avouer que je ne trouve rien à redire sur celle-ci. Terminons par les passages de roues couleur carrosserie pour terminer le tableau : ce Mach-E GT en impose.
L’habitacle également reçoit plusieurs modifications : notons avant tout les sièges spécifiques, très enveloppants et incroyablement confortables ; ils en profitent pour se parer d’un mélange de similicuir et d’Alcantara. Le pavillon se recouvre de tissu noir et embarque un gigantesque toit vitré de série. Un nouveau placage atterrit sur la planche de bord et un embossage GT apparaît sur l’accoudoir central. Qu’est-ce que j’en pense ? J’aime bien ! Il ne faut peut-être pas être très regardant sur la qualité de certains plastiques, mais le style de la planche de bord est tout de même très moderne. La pièce de résistance, bien évidemment, c’est la gigantesque tablette totalement verticale de 15.5″ dans laquelle s’insère de façon assez étonnante une molette rotative pour le volume audio.
J’ai bien aimé cette interface : la taille de l’écran peut un peu intimider mais on retrouve facilement ses petits grâce aux gros raccourcis dans la partie intermédiaire ; la ventilation est quant à elle toujours accessible en bas de l’écran. La partie GPS intègre la navigation avec trafic en temps réel ainsi qu’un planificateur d’itinéraire plutôt bien foutu -Android Auto et CarPlay restent tout à fait accessibles sans fil. Là où je vais un peu râler, c’est au niveau des compteurs numériques, à l’affichage hyper pauvre. Il n’y a rien ! Vu la taille de l’écran (10.2″ tout de même), on n’est pas loin du gâchis. Et pourquoi avoir mis le powermètre en si petit tout à gauche ?? L’amateur d’hypermiling que je suis a franchement trouvé ça dommage.
Autrement, niveau praticité, le Mach-E propose une habitabilité tout à fait correcte, avec notamment beaucoup de place à l’arrière…même s’il faut pouvoir y accéder : pour accentuer le côté “fastback” de la voiture, les designers Ford ont dessiné des arches de toit très inclinées -tout en gardant un pavillon de hauteur normale mais peint en noir pour tromper l’œil. Du coup, il faut pas mal casser le dos pour passer la porte, c’est dommage. Niveau coffre, le Mach-E GT ne diffère pas des autres versions avec un premier coffre de 402 litres à l’arrière, tandis qu’un frunk à l’avant permettra de glisser 100 litres supplémentaires -en l’occurrence, un bagage cabine rentrera parfaitement. Ça reste assez limité vu le gabarit du bestiau : un VW ID.5, pourtant 13 cm plus court (!), embarque sans problème 549 litres à l’arrière.
Allez, prenons la route. Au quotidien, le Mach-E GT ne peut renier son imposant gabarit (4.74 m de long x 1.88 m de large & 2.35 tonnes) : la direction est assez lourde en manœuvre et le rayon de braquage est loin d’exceller -ah, et les rétroviseurs extérieurs sont minuscules ! Mais une fois lancé, on profite d’une bonne vision sur la chaussée, d’un freinage “one-pedal” bien calibré et, surtout, d’un amortissement de bonne qualité : alors, oui, c’est ferme, mais j’ai trouvé le compromis beaucoup (BEAUCOUP) plus vivable que ce que propose le Tesla Model Y Performance, son plus grand rival. Niveau conso, tablez sur du ~16 kWh/100 km en ne sortant pas de la ville et ~20 kWh/100 km en usage mixte.
Sur autoroute, c’est top. La voiture est silencieuse, les reprises sont, vous l’imaginez bien, plus que suffisantes et les sièges, au risque de me répéter, sont d’un confort assez épatant. Cerise sur le gâteau : la sono B&O de série est aux petits oignons ! Question recharge, le GPS dispose d’un planificateur d’itinéraire qui fonctionne, et la courbe de charge est dans la moyenne : les 150 kW théoriques sont certes assez éphémères mais la puissance restera entre les 80 et les 100 kW une bonne partie du temps. Peut-être obtiendrait-on de meilleurs résultats si le préchauffage des batteries était disponible ?
Le seul problème…c’est qu’il faudra souvent s’arrêter, le Mach-E GT consommant beaucoup -genre VRAIMENT beaucoup : 30 kWh/100 km au régulateur à 130 km/h, c’est de loin la valeur la plus élevée qui m’ait été donné de constater… Dans la pratique, il faudra donc compter une trentaine de minutes de recharge tous les 250 km. C’est pas hyper handicapant en soi mais on a vu bien mieux pour une si grosse batterie !
Bon c’est bien tout ça mais dans “Ford Mustang Mach-E GT”, il y a “Mustang GT”. Comment ça se passe lorsqu’on hausse le rythme ? Réponse courte : c’est canon. Réponse élaborée : dans les superbes routes de notre beau Morvan, le SUV électrique m’a franchement bluffé. Que ce soit en mode “Active” (normal), “Untamed” (sport) ou “Untamed Plus”(spécifique à la version GT), la voiture réagit hyper sainement, avec une agilité vraiment étonnante au vu du gabarit du bestiau. Le châssis est aux petits oignons, bien aidé par les suspensions qui annulent quasiment le roulis tout en gardant un confort plus que vivable, tandis que les sorties de virage sont expédiées à vitesse grand V, l’électronique de bord ayant la bonne idée de typer la transmission intégrale façon propulsion. La direction, peut-être un chouille artificielle, permet tout de même de placer la voiture où on le souhaite. Un regret ? Allez, peut-être une motricité du train avant un peu limite sur terrain mouillé et une pédale de frein un chouille compliquée à gérer -mais que cela ne nous détourne pas du message initial : c’est du très, très bon boulot.
C’est donc avec une sacrée banane que je rends la voiture : cette Mustang Mach-E GT m’a tout l’air d’un bon couteau suisse. C’est lors des recherches effectuées pour la rédaction de l’article que je déchante un peu : comptez 81 990 € pour vous offrir cette version. Alors, oui, l’équipement est archi pléthorique et, oui, les performances sont de très haut niveau…mais la comparaison avec la concurrence fait mal. La Kia EV6 GT ? 74 690 € pour des performances encore plus radicales (585 ch, 0 à 100 km/h en 3.5 s !!), testées et approuvées par Ugo. Et, évidemment, le Tesla Model Y Performance pulvérise toute forme de concurrence avec un tarif fixé à 59 990 €. Et puis même en interne, c’est 8 000 € de plus qu’une Mach-E AWD “normale” de 351 ch et avec la même batterie…
Encore une de ces conclusions fatalement cruelles : le Ford Mustang Mach-E GT a beau être dynamiquement sublime, il manque d’aspects pratiques (coffre moyen, consommation élevée) et se voit surtout bien trop cher par rapport à la féroce concurrence. Ford aura tout de même réussi son pari : oui, son SUV électrique est digne d’arborer son patronyme. L’image, c’est important !
Crédits photos : Jean-Baptiste Passieux
Merci à Victor et aux gentils twittos pour les suggestions d’itinéraire dans le Morvan <3
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