La Mazda 6 fait peau neuve pour le millésime 2018 et inaugure un regard neuf ainsi qu’un nouveau moteur Diesel 2.2 L 184 ch qui remplace l’ancien 2.2 L 175, essayé auparavant sur le CX-5 ici. Outre les finitions Élégance, Dynamique et Sélection, la Mazda 6 se dote également d’une nouvelle finition “haut de gamme” dénommée Takumi censée incarner le meilleur du savoir-faire de la marque. On dirait bien que cette dernière souhaite jouer la carte “premium” sur un segment délaissé au profit des SUV. Essai.
Nous sommes en 2018 après J.C., toute la Gaule est occupée par les SUV. Toute ? Non ! Le segment D peuplé d’irréductibles berlines résiste encore et toujours à l’envahisseur. Et la Mazda 6 peut encore faire figure d’exception sur le marché, ce deuxième facelift essayant de camoufler le poids des années alors même que l’ensemble de la concurrence a maintenant été renouvelé, Peugeot 508 en tête. Pas tout à fait en fait. Avec ses 4m87 de long, la Mazda 6 à qui l’on aimerait opposer 508, Talisman, Classe C, Série 3 ou encore A4 mesure 14 cm de plus que cette dernière et seulement 4 de moins que l’A6 si l’on décide de prendre la marque aux anneaux comme constructeur “gabarit”. Avec une seule berline au catalogue, le choix de Mazda est rationnel : proposer une solution d’entre-deux. Et ça dure depuis 2012 ! Il était donc temps une fois encore de faire une légère mise à jour. Le travail concerne notamment la face avant dont les optiques s’affinent et surmontent de légères touches chromées qui prolongent le cerclage de calandre à la finition “Gunmetal” (spécifique finition Takumi). Le bouclier arbore également deux baguettes chromées au niveau de la jupe. Les optiques arrières s’affinent également et s’assombrissent tandis que la baguette de malle s’étend jusqu’au dessus d’elles. Le reste est inchangé. Le profil est dynamique et les nervures de flans cassent l’effet limousine de la Mazda 6. Côté motorisations, la Mazda 6 reprend les deux blocs essence Skyactiv-G 165 et 194 et inaugure donc une nouvelle motorisation Diesel 2.2 L 184 ch (une version 150 est également disponible).
À l’intérieur, le dessin de la console centrale a été nettement retravaillé pour adopter un style plus épuré et aérien. Les commandes de climatisation font beaucoup moins grossières qu’auparavant. Les buses de ventilation sont également affinées et s’intègrent parfaitement à l’ensemble. C’est à l’intérieur que la finition Takumi oeuvre tout particulièrement en proposant une sellerie en cuir Nappa “Oriental Brown”, des inserts en bois de Sen véritable ainsi qu’un revêtement en Ultrasuède au toucher particulièrement qualitatif. Un éclairage LED à lumière blanche vient parfaire l’ambiance de sérénité qui se dégage de l’habitacle. Comme à son habitude, Mazda ne propose pas d’option mais seulement plusieurs niveaux de finition. La Takumi reste donc le nec-plus-ultra de ce que vous pourrez trouver sur le configurateur Mazda.
“VTC approved”. C’est ainsi qu’avait intitulé Victor son essai de la Mazda 6 pré-facelift (à relire ici). Il faut dire que la Mazda 6 a de quoi séduire cette catégorie de professionnels avec une offre de motorisations en ligne avec son temps, ce 2.2 L Diesel en tête. Car quoiqu’on en dise aux plus hauts niveaux de l’Etat, le Diesel rejette moins de CO2 et reste plus frugal pour absorber ce si précieux or noir. Pour des voitures dépassant pour beaucoup les 100 000 km par an et disposant d’une armada de filtres en tous genres pour réduire au maximum les émissions de particules fines, ce choix reste des plus pragmatiques. Et pour un prix serré ! Moins de 41 000 € pour le plus haut niveau de finition. Et beaucoup se sont posés la question à en croire les nombreux regards insistants de ces mêmes professionnels sur les lignes de la Mazda 6 lors de mes attentes interminables sur les voies encombrées de l’A86. Chauffeurs si vous me lisez, cette voiture est faite pour vous. Confort et insonorisation remarquable au programme. 5 étoiles assurées et peut-être même un pourboire, encore un conseil gratuit de votre blog préféré.
Mais son royaume, c’est sans aucun doute les longues lignes droites à allure de sénateur, sous-entendu l’autoroute aux allures légales, ou pas, on n’est pas là pour juger vous savez. Sièges arrières chauffants, sièges avant chauffants et ventilés, les occupants sont inlassablement choyés par cet habitacle aux allures de cocon. Il ne manque plus que les cerisiers en fleur à observer par la fenêtre, une légère brise laissant s’envoler les pétales effleurant alors les flans de la carrosserie. On tombe peu à peu dans le spot publicitaire je vous l’accorde. Coupleux sur une plage de régime conséquente (445 Nm à 2000 trs/min) mais un peu bruyant voire rugueux à l’accélération, le 4 cylindres 2.2 L devient totalement imperceptible à vitesse stabilisée, d’autant que la boîte est également calibrée pour supprimer au maximum les à-coups. La consommation augmente toutefois sensiblement sur autoroute, pour stagner autour des 7 L. La Mazda 6 gagnerait sans doute à adopter une boite 7 rapports afin d’abaisser le régime moteur à vitesse stabilisée et ainsi faire immédiatement baisser la consommation sur long parcours. Un cran de retard de la part de Mazda de ce côté là. Je me dirige peu à peu vers le Morvan (qui fera d’ailleurs l’objet d’un article très prochainement, pour les amateurs de carnets de voyage) et le moins que l’on puisse dire, c’est que la région ne brille pas par ses départementales ennuyeuses. Chaque virage se transforme presque instantanément en terrain de jeu potentiel, je regrette presque d’avoir choisi une berline pour cette journée. À vrai dire, pas longtemps, puisque la Mazda 6 me réserve bien des surprises sur un terrain où je ne l’attendais définitivement pas.
Un confort royal, où on en vient même à se demander si l’on ressent vraiment la route, dissimule malheureusement trop souvent une prise de roulis conséquente et une direction peu consistante car démultipliée au maximum. Jusque là, mes trajets n’étaient qu'”utilitaires”, majoritairement en ville et sur voie rapide, et ces deux attributs constituaient de véritables atouts pour apprécier la douceur de cette voiture. Mais sur les petites départementales qui m’attendent, j’ai peur de retrouver un côté “bateau” fort désagréable. J’étais bien loin de la vérité. En découvrant des enchainements de virages tous plus beaux les uns que les autres, dignes de mes road-trips estivaux, je ne peux m’empêcher de basculer le levier vers “manuel”. Quoi de plus agressif aux oreilles qu’un 4 cylindres Diesel poussé dans les tours ? Pas grand chose je l’admets. Mais quel plaisir, avec le toit ouvrant entre-ouvert, de cravacher une berline – j’ose le dire – doté d’un certain caractère sur un si beau parcours. Car oui, la Mazda 6 est très plaisante et se plie à l’exercice avec un facilité déconcertante. Le secret d’un tel tour de magie ? La maitrise d’une technologie dont j’avais eu un premier aperçu sur la Mazda 3 l’année dernière : le G-Vectoring Control, qui fonctionne de la même manière qu’un différentiel à glissement limité électronique, en répartissant le couple entre les deux roues avant. Résultat : un comportement routier digne des plus grandes. Le train avant suit sans broncher mes instructions et même en faisant tout pour provoquer du sous-virage, la Mazda 6 reste impériale jusqu’au freinage, avec une pédale ferme mais consistante. Tout bonnement stupéfiant. Alors bien évidemment, il manque encore pas mal d’éléments pour en faire une véritable sportive, mais la base est là pour une belle version MPS, sigle dont on attend désespérément le retour en France. Le meilleur, c’est que même dans des conditions de conduite que je pourrais qualifier de “brusques”, la voiture reste douce dans ses réactions, voire même confortable de l’avis de ma passagère et ce malgré les grosses jantes de 19 pouces. Un vrai coup de maitre.
Alors oui, même si la Mazda 6 séduit par ses qualités routières et sa présentation intérieure, quelques éléments accusent tout de même le poids des années. L’absence de boite à double embrayage ou encore l’écran surplombant la planche de bord auront du mal à se justifier face à une concurrence qui propose cédant à la mode actuelle, de grands écrans jusqu’au tableau de bord ainsi que des boites double embrayage à 7 ou 8 rapports. Mais l’arrivée d’Apple CarPlay et Android Auto change la donne et rattrape en partie le retard d’infotainment dont souffrait Mazda. La Mazda 6 propose ainsi une dotation en équipements digne de ce nom, en ADAS comme en éléments de confort, et un design mis au goût du jour en respectant la pureté des lignes habituelle chère à la marque japonaise.
Pour un peu plus de 40 000 € et en optant pourquoi pas pour le 2.5 L essence atmosphérique 194 ch, les amateurs de conduite pure retrouveront tout ce qu’ils attendent d’une berline digne de ce nom : de l’agrément en toute situation, du confort et une présentation premium. La Mazda 6 est encore dans le coup, alors allez au moins l’essayer si votre choix n’est toujours pas fixé.
Merci à Mazda France pour leur confiance habituelle.
Crédits Photos : Maurice Cernay