Essai Toyota Yaris Cross Hybrid : pourquoi on en voit déjà partout ?

Commercialisé depuis l’année dernière au sein de l’Hexagone, le Yaris Cross semble déjà constituer un petit succès pour la marque japonaise sur notre marché local et plus largement en Europe. Décryptage des ingrédients annonçant une carrière prometteuse.

Essayer une voiture qui n’est plus réellement une nouveauté mais qui n’avait pas encore eu le droit à un article dédié à travers nos pages n’est jamais chose aisée. Référencement, informations, intérêt réel de l’essai ? Tous les voyants sont au rouge du côté de la rédaction pour cet article qui ne battra définitivement pas des records d’audience ni n’apportera une pierre à l’édifice suffisamment conséquente pour se démarquer des nombreux essais déjà disponibles sur la toile, répondant aussi sans doute déjà à 99% de vos questions. Je vous propose donc de nous intéresser au Yaris Cross sous un angle différent en reprenant la bonne vieille méthode thèse / anti-thèse / synthèse mettant en avant ce qui a sûrement séduit bon nombre de clients mais également ce qui en a freiné d’autres.

Ses atouts maitres

1. L’usage d’un patronyme connu (Yaris + réputation Toyota)

Le Yaris Cross n’est pas la première tentative de la part de Toyota sur le marché dit des “SUV urbains”. Certains d’entre vous se souviennent peut-être de l’Urban Cruiser, commercialisé en Europe entre 2009 et 2013 et proposé alors avec deux blocs motopropulseurs : un essence de 100 ch et un Diesel de 90 ch proposant quant à lui deux versions 2 ou 4 roues motrices. Seule une boîte mécanique était disponible. Avec seulement 3m93 de long, le caractère compact du SUV japonais n’était plus à démontrer. Le succès ne fut malheureusement pas au rendez-vous. Précurseur sans doute, trop en avance pour un marché inexistant à coup sûr !

Seulement voilà, depuis, la donne a changé et tout constructeur généraliste digne de ce nom oeuvrant en Europe se doit de proposer un voir plusieurs SUV urbains. Rappelons par la même occasion que Toyota avant même l’Urban Cruiser précédemment cité proposait à la fin des années 90 son fameux Rav-4 en 2 portes (avec une longueur de seulement 3m71) bien que le caractère “urbain” de la chose était alors loin d’être une préoccupation.

Toyota se devait de frapper fort avec son nouveau venu et décide alors d’utiliser un patronyme bien connu, celui de la citadine phare, Yaris, dont la nouvelle génération essayée ici est déjà un succès. Fort de ce nom, le Yaris Cross bénéficie également d’une image solide en terme de fiabilité avant même sa commercialisation. Déjà deux beaux atouts en poche pour qu’il s’en vende comme des petits pains !

2. Commercialiser un SUV compact en 2022, carton assuré

Je vous le disais plus haut, disposer d’au moins un SUV compact au sein de sa gamme pour un constructeur généraliste est devenu un incontournable en Europe, au point que certains en proposent désormais plusieurs à l’image de Hyundai avec le Bayon et le Kona ou Volkswagen avec le T-Cross et le Taigo, au risque d’ailleurs d’une canibalisation intra-gamme au regard des chiffres de ventes. Précurseur sur le marché, il était grand temps pour Toyota de revenir en force sur ce segment. Pari peu osé et réussi puisque le Yaris Cross semble être un véritable succès depuis sa sortie. Sur le premier semestre, le constructeur japonais a écoulé près de 64 000 exemplaires de son SUV citadin sur le marché européen, intégrant ainsi le Top 10 des ventes tous SUVs confondus sur la même période.

3. Une offre 4 roues motrices unique !

Le Yaris Cross comme son nom l’indique en partie reprend bien évidemment une offre de motorisation déjà disponible sur la Yaris citadine. Contrairement à cette dernière, il n’y a en revanche qu’un seul choix disponible pour la déclinaison Cross à savoir la version Hybride essence. Rappelons que cette dernière associe un 3 cylindres 1.5 L essence à cycle Atkinson de 90 ch (dans la plus pure tradition Toyota) et un moteur électrique positionné sur l’essieu avant fort quant à lui de 80 ch, le tout commandé par une transmission à variation continue. On obtient 116 ch en puissance maximale combinée permettant d’abattre le 0 à 100 km/h en 11,2 secondes et d’atteindre les 170 km/h. Des performances pas ridicules mais loin d’être suffisantes en toutes circonstances comme nous le verrons plus tard.

C’est alors que le Yaris Cross abat ici ses cartes pour enterrer la concurrence (excepté peut-être le Suzuki Vitara) avec une offre quasi-unique sur le segment : une version 4 roues motrices. De quoi aller chercher quelques clients dans les Vosges, le Jura, les Alpes ou encore en Corse, bref, partout là où les SUV japonais à transmission intégrale ont fait leurs preuves et le beurre des distributeurs locaux. A noter toutefois que le Yaris Cross n’embarque pas de différentiel mécanique. La répartition de la transmission aux 4 roues est assurée par un différentiel électronique, aidé par l’ajout d’un second moteur électrique sur l’essieu arrière. La puissance maximale combinée demeure inchangée tandis que le poids en légère hausse pour cette version grève quelque peu encore les performances du SUV nippon.

4. Hybridation = sobriété à la pompe

Qui dit hybridation dit forcément sobriété à la pompe et sur ce plan là, le Yaris Cross sait y faire profitant ainsi de plusieurs décennies d’expertise de la part de Toyota. Le résultat est sans appel pour notre version 2WD :

  • 4.1 L / 100 km de consommation moyenne sur un parcours mixte de 300 km mêlant routes secondaires et parcours urbain parfois encombré.
  • 5.4 L / 100 km de consommation moyenne sur la totalité de l’essai (près de 1400 km au total, avec toutefois beaucoup de parcours autoroutier)

5. Un rapport prix / équipements convaincant

Allez, on se rattrape légérement du côté des équipements pour compenser un choix de motorisation unique peut-être un peu faiblard pour correspondre aux attentes de tous les clients. La gamme Yaris Cross 2022 se décline en 4 niveaux de finitions pour les particuliers (et un seul pour les professionnels) comme suit :

  • Dynamic – 26 900 € (disponible en Business à 28 900 €)
  • Design – 28 900 €
  • Collection – 31 900 €
  • Trail – 31 900 €

A noter que le site Toyota France annonce une remise immédiate de 2000 € réservée aux particuliers et valable jusqu’à la fin du mois d’août.

A 26 900 € hors options, le Yaris Cross embarque de série un régulateur de vitesse adaptatif, une climatisation automatique, une caméra de recul, un écran multimédia 8 pouces compatible Apple CarPaly / Android Auto et un système d’ouverture/fermeture et démarrage sans clef. Je ne sais pas pour vous mais en 2022, c’est vraiment tout ce dont j’ai besoin dans une voiture ! Le reste, c’est clairement du bonus ou un caprice.

Notre version d’essai en finition Collection, outre ses jantes 18 pouces du plus bel effet et sa carrosserie bi-tons embarque en plus des radars de stationnement avant et arrière avec freinage automatique en cas de détection d’obstacle, un avertisseur d’angles morts, des sièges chauffants et un affichage tête haute vous permettant d’ailleurs de connaitre le régime moteur, invisible du côté du tableau de bord principal. Seules deux otpions sont disponibles (de même que sur la finition Trail) : le pack techno (ouverture du coffre au pied & électrique, système audio JBL 8HP, chargeur smartphone par induction) et le toit panoramique ajoutant respectivement 1000 et 700 € à la facture totale. A noter que le choix de la version 4 roues motrices (iAWD) demande également 2000 € supplémentaires. Ainsi, les prix s’étendent de 26 900 € à 35 600 € selon les choix opérés.

6. Un style bien dans son époque

Mais c’est qu’il a de la gueule ce Yaris Cross. De mon point de vue, et c’est d’autant plus difficile sur un marché aussi saturé, le SUV urbain de Toyota parvient à tirer son épingle du jeu sur le plan du design en optant pour des choix stylistiques marqués tout en convenant au plus grand nombre. Il se démarque ainsi à travers plusieurs éléments caractéristiques :

  • les optiques avant à signature LED diurne, rappelant celles du grand-frère Rav-4.
  • les arches de roues en plastique noir, renforçant le caractère baroudeur et rappelant celles du Lexus UX.
  • le bandeau arrière noir reliant les feux, réhaussant la ligne de caisse et marquant la démarquation des coloris en cas de carrosserie bi-tons
  • le choix de coloris vaste et pimpant : rouge intense, or pur (notre modèle d’essai), orange colorado, bronze impérial… Ca manque quand même encore d’un bleu et d’un vert tout ça.

Bref, le Yaris Cross est agréable à regarder, n’en déplaise aux détracteurs des SUV qualifiant chaque nouveauté de “brique sans âme”.

7. C’est du Made In France !

S’il vous manquait encore un argument, en voici un sur lequel Toyota France surfe pour ravir quelques parts de marché aux constructeurs nationaux. Le Yaris Cross est produit … en France, en tout cas pour le marché français. Il partage ainsi la même usine que la Yaris (ça ne s’invente pas) en déclinaison citadine. Production locale pour maximiser les circuits courts, c’est aussi ça que l’on demande à l’industrie automobile en 2022 !

Ce qui pourrait vous faire hésiter…

Arpès une déclaration d’amour à peine masquée, passons aux choses qui fâchent, celles qui me feraient clairement hésiter en tant que client à céder aux avances du Yaris Cross.

7. Des qualités routières …. ternies par une insonorisation médiocre

Le début de mon essai consistait en quelques trajets urbains et péri-urbains, avec toutefois des portions à 110 km/h. Bien qu’ayant noté un niveau sonore particulièrement haut de la part du 3 cylindres lors des phases d’accélération sur voie rapide (exacerbé par la CVT), les prestations routières globales me sont apparues d’un excellent niveau. Consistance dans la direction très appréciable (surtout au sortir d’une dizaine de jours au volant d’un produit du groupe Volkswagen), confort de suspensions savemment dosé malgré la monte en 18 pouces et un comportement peu incisif certes mais largement satisfaisant sur les petites routes du réseau secondaire à 80 km/h. De plus, les nombreuses transitions électrique / thermique sont on ne peut plus discrètes, parfaitement gérées. Bref, les premières impressions sont prometteuses.

Vous attendez donc le “mais” et le voici sans plus tarder, trahi en partie par le titre du paragraphe. En quelques mots : l’insonorisation est très décevante, voire carrément médiocre. A 130 km/h, les bruits de perturbations aérodynamiques sont omniprésents. Pire que ça, on a l’impression d’avoir mal fermé une voire plusieurs fenêtres latérales. En tendant l’oreille, on perçoit très nettement un bruit d’air en provenance de la portière conducteur, idem à la place passager. Sans parler du 3 cylindres qui s’emballe dans les tours à la moindre sollicitation (pire si vous roulez en mode Eco), ce qui nous amène d’ailleurs au paragraphe suivant.

8. Usage autoroutier occasionnel seulement

Selon moi la faiblesse majeure du Yaris Cross. Si le confort est loin d’être aux abonnés absent lors de trajets autoroutiers de même que les aides à la conduite adéquates pour ce genre de parcours, la mauvaise insonorisation associée à une puissance un poil faiblarde me doivent de vous mettre en garde :

  • usage autoroutier occasionnel : aucun soucis.
  • usage autoroutier régulier : passez votre chemin, on trouve bien plus adapté chez la concurrence.

N’étant pas un fervent défenseur du “toujours plus” pour ce qui est de la puissance des moteurs, le Yaris Cross me paraissait sur le papier suffisant pour un aller-retour Paris – La Baule. Je m’étais quelque peu trompé. Les reprises deviennent assez vite laborieuses avec 3 personnes à bord (conducteur compris) et leurs bagages. Le moteur se retrouve très vite en haut des tours à la moindre solicitation pour aller chercher un couple faiblard et assez haut perché (120 Nm seulement à 3600 tr/min). Si un trajet autoroutier occasionel n’a rien de rédhibitoire, l’exercice ne sera pour autant pas à mon sens le plus tranquille qui soit pour vous oreilles. Vous voilà prévenus.

Dernier point sur ce chapitre, le réservoir de 36 L et la consommation forcément plus importante sur autoroute (l’hybridation perdant ici quasiment toute son utilité) ne permettent pas d’afficher une autonomie dépassant les 550 km.

9. Espace à bord contenu

Petite déception également du côté de l’espace à bord, notamment pour les passagers arrières. L’espace aux jambes est insuffisant si vous mesurez plus d’1m80, à réserver plutôt pour des enfants ou bien une utilisation occasionnelle. Du côté du coffre, notre version 2 roues motrices offre 397 L soit un score honorable compte tenu de la taille du Yaris Cross. A titre de comparaison, c’est 12 L de plus qu’un T-Cross, 22 de plus qu’un Vitara ou encore 36 de plus qu’un Kona. Attention à la perte de volume en revanche si vous optez pour la version iAWD qui se voit amputée de 77 L rien que ça !

10. Habitacle toujours aussi triste

J’ai hésité à le mettre celui-ci mais en découvrant un aspect extérieur aussi joyeux, coloré et un habitacle si triste, je n’ai pas pu m’empâcher de mentionner ce point. L’habitacle est repris trait pour trait de la Yaris citadine et même dans notre finition “Collection” offrant des sièges tissus bi-tons à motifs et quelques touches brunes sur les parties hautes, l’habitacle est d’une tristesse morbide alors que quelques touches de plastique colorés suffiraient à égayer le tout. Du reste, la qualité perçue des plastiques (nombreux)  n’est pas remarquable malgré des ajustements ne souffrant d’aucune critique et un mix solidité / durabilité des matériaux qui semble bien présent, à confirmer dans quelques années.

Une proposition séduisante

En résumé, le Yaris Cross séduit grâce à un look avantageux, une offre de finitions / équipements en adéquation avec les attentes du marché et un prix plutôt contenu par rapport à la concurrence. Ses atouts maitres résident immanquablement dans son offre d’hybridation et la possibilité d’opter pour une transmission intégrale, faisant du Yaris Cross une offre quasi-unique sur le segment. Attention toutefois en cas d’usage régulier sur voie rapide : insonorisation passable, reprises limitées et espace aux places arrières contenu en cas de passagers corpulents pourraient rebuter quelques acheteurs potentiels.

Quelques chiffres

Dimensions : 4180x1760x1560
Poids à vide : 1210 kg
Volume coffre :  397 L
Volume réservoir :  36 L 
Consommation mixte constatée (WLTP) :   5.4 L/100 kms 
Rejet CO2 moyen annoncé pour notre configuration (WLTP) : à partir de 112 gCO2 / km 
Moteur : 3 cylindres essence 1 490 cc + moteur électrique 
Puissance max combinée : 116 ch à 5500 tr/min
Couple max : 120 Nm à 3600 tr/min
Vitesse max : 170 km/h
0 à 100 km/h : 11.2 sec

Crédits Photos : Maurice Cernay

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