Mazda se lance enfin dans le monde de l’hybride rechargeable avec son nouveau Mazda CX-60 PHEV. Le pari est-il réussi ? Nous allons le découvrir tout de suite dans notre essai.
À la sauce premium
Je ne peux que commencer cet essai par l’habitable. Un habitacle dans lequel on prend une petite claque en grimpant à bord. Bon, il faut pour ça avoir opté pour l’onéreuse finition haut de gamme Takumi. En effet cette dernière arbore des inserts en bois et surtout ce joli bandeau en tissu réalisé à la main, qui fait honneur aux traditions japonaises. Au-delà de ça, je reste toujours aussi fan des intérieurs clairs comme celui-ci. Par contre, j’émets toutefois une grosse réserve sur l’environnement du levier de vitesse. Déjà en lui-même, il est trop massif et peu ergonomique. Mais en plus, la grosse pièce plastique et les boutons qui semblent être placés à la va-vite ne sont pas des plus flatteurs. Dommage !
À l’arrière, pour la taille de l’engin, il n’y a pas franchement une énorme sensation d’espace aux jambes, tout du moins pour moi qui suit plutôt grand. Et les assises sont un poil raides. Mais le tunnel de transmission réduit et l’importante garde au toit permet de respirer, même à trois. Puis s’il manque de rangements à l’intérieur, le volume de coffre quant à lui est plutôt honorable (570 litres) et pratique. De quoi voyager sereinement avec toute la petite famille. Les passagers sont en plus choyés grâce à l’équipement pléthorique du CX-60. On notera par exemple le volant chauffant, les sièges avant ventilés et chauffants, les sièges arrière chauffants, une climatisation bi-zone ou encore des ports USB-C et une prise 220V. Il y a même une reconnaissance faciale qui permet de mémoriser les réglages du conducteur.
Mazda veut jouer dans la cour des grands, ce qui implique un tarif rondelet. Le Mazda CX-60 débute ses prix à 50 350 € avec le 3.3L Diesel de 200 ch et 54 650 € avec notre version hybride. Pour obtenir la finition Takumi il faudra débourser 61 750 € hors option. En y ajoutant une peinture à 900 €, le toit ouvrant panoramique à 1400 €, un pack ambiance (Audio Bose, caméra 360°, hayon électrique,…) à 2850 € et un pack d’assistances à 1800 €, la facture grimpe à 68 700 €.
Pas trop tape-à-l’œil
À l’extérieur, ce n’est pas forcément le grand coup de cœur de l’année. Il est beau, oui. Il en impose, oui. Mais il n’a pas un charme à tomber par terre. On l’aime un peu comme on peut aimer les grosses bagnoles américaines, alors qu’il n’y a pas un immense effort de design. Au moins, il ne tombe pas dans le too much à l’instar de nombreux constructeurs asiatiques. C’est plutôt passe-partout et ça devrait relativement bien vieillir dans le temps. Alors attention, je me répète pour bien être clair c’est quand même une belle voiture qu’on apprécie regarder. Notamment sous certains angles. J’apprécie particulièrement le long capot qui se termine sur une calandre très verticale, avec une bouche béante. Le reste est ensuite plein de rondeur, dans un style break de chasse surélevé. Côté dimensions, avec 4,74m de long, 1,89m de large et 1,68m de haut, il joue dans la catégorie des Hyundai Santa Fe ou BMW X3.
Une grande première
Techniquement, le CX-60 est comme je le disais en introduction, le premier véhicule hybride rechargeable de la marque. Sous le capot, il hérite alors d’un bloc thermique 2.5L e-SKYACTIV de 191 ch et d’un moteur électrique de 175 ch, alimenté par une batterie de 17,8 kWh. Au total, on dispose finalement de 327 ch envoyés aux 4 roues. Il devient alors en plus, le modèle de série le plus puissant de l’histoire de Mazda. Un beau bébé qui peut rouler en tout électrique, selon le cycle WLTP, jusqu’à 68 km en ville et 63 km en cycle mixte. D’après le constructeur, il vous faudra 1h30 pour recharger de 20 à 80 % sur une Wallbox de 7,2 kW, comptez 7h sur une prise standard.
Un mélange de douceur et fermeté
Avec une telle cavalerie, on pourrait s’attendre à une auto sportive. Pas de suspense, il n’en est rien. Si le 0 à 100 km/h abattu en seulement 5,8 secondes pourrait dire le contraire, le Mazda CX-60 PHEV démontre en fait un tout autre caractère. Alors certes, son typage propulsion lui donne quand même un petit côté joueur pas désagréable. La voiture pivote sur elle-même et ressort mieux, de quoi améliorer le plaisir de conduite cher à la marque. Pour autant, l’absence d’une véritable consistance dans le volant, son freinage difficile à doser ou encore le roulis pas totalement jugulé, ne donnent pas forcément envie de le secouer. Il se comportera plus tel un vrai sleeper, comme on dit parfois. Proposant des démarrages et dépassements énergiques, sans se faire remarquer.
En revanche, j’ai été surpris dès les premiers tours de roues par le travail de filtration de la route et l’insonorisation. Il nous place tout de suite dans un petit cocon de confort bien séduisant. Et c’est probablement ce que rechercheront les acheteurs d’un tel SUV. Mais, il est vrai, que ma première impression n’a pas toujours été la bonne tout au long de cet essai. Avec pas loin de 2100 kg sur la balance, le CX-60 PHEV se devait d’être ferme pour ne pas se vautrer complétement à la moindre petite courbe. Sur une chaussée accidentée, cela devient par conséquent vite un problème, et il aura tendance à nous ballotter dans l’habitacle. En l’absence de suspensions adaptatives, le bon compromis entre confort et dynamisme n’est pas toujours simple à trouver dans toutes les conditions. Puis, les jantes 20 pouces de cette finition haut de gamme n’arrangent probablement pas la chose.
Bien sûr, il reste tout de même raisonnablement confortable au quotidien. La boîte à 8 rapports est douce, tout comme les transitions thermiques/électriques quasi imperceptibles. Il est de surcroît suffisamment maniable en ville pour ne pas se croire aux commandes d’un camion, et à l’opposé il est parfaitement dans son élément dans les grands espaces. Enquiller sur autoroute les kilomètres à son volant se fera sans encombre. Sinon pour la petite anecdote, il est à noter qu’on peut être étonné d’entendre autant le moteur électrique, tel un léger bruissement. Ce n’est pas en soi dérangeant, surtout avec un petit fond musical, mais c’était la première fois, et ça pourrait vous surprendre !
Enfin, Mazda n’a pas autant d’expérience que Lexus avec par exemple le NX 450h+, un concurrent essayé récemment, au sujet de l’hybridation. Ça se ressent dans l’efficience qui n’est pas encore optimale. On voit principalement le problème avec la consommation une fois la batterie à plat. Elle a tendance à s’envoler facilement, dépassant les 8,5 l/100 km en moyenne, voire 9,5 l/100 sur autoroute. Le but sera alors d’utiliser au maximum la fée électricité. En mode hybride d’abord, où la consommation tourne autour des 5l/100. Puis bien sûr, en mode EV pour rouler en tout électrique, pendant facilement 50 à 60 km dans la vie réelle. Et même plus dans certaines conditions. De quoi se rendre au travail, tous les jours, en rechargeant bien chaque soir. Par contre, on dit au revoir aux 327 ch, et donc aussi au dynamisme. C’est d’ailleurs parfois assez perturbant lorsqu’on voudrait se dégager un peu plus vite d’une situation. Évidemment, le moteur thermique peut s’activer et libérer toute la puissance, mais le kick down est un peu long à se déclencher.
CX-60 PHEV : De belles cartes en main
Bien moins cher que ses rivaux, le Mazda CX-60 PHEV n’est cependant pas encore à leur niveau en raison de ses petites erreurs de jeunesse. Il remporte néanmoins son pari grâce à une autonomie électrique honorable et un agrément de conduite réussi. C’est surtout son abondance d’équipements et sa finition flatteuse qui pourra finir de vous convaincre.
Crédit photos : Thomas D. (Fast Auto)