Plus de dix années après la Leaf, Nissan propose désormais son deuxième modèle électrique : l’Ariya. L’exemplaire à l’affiche aujourd’hui se dote d’une grosse batterie de 87 kWh, de quoi espérer une belle autonomie. C’est ce que j’ai voulu vérifier pour vous avec cet essai complet.
Cette toute nouvelle voiture, inaugurait également lors de sa présentation, une toute nouvelle plate-forme, partagée avec Renault (sur la Megane E-Tech par exemple). CMF-EV, c’est son nom, embarque de base un moteur électrique à l’avant et des batteries parfaitement implantées dans le plancher. Il ne reste plus qu’à ajuster les réglages du châssis, choisir la puissance des moteurs et la capacité des batteries pour s’adapter à un grand nombre de modèles. Ici, le constructeur propose sous la carrosserie deux choix de batteries, et deux configurations de moteurs. On peut opter pour une version deux roues motrices disposant d’une batterie de 63 kWh ou 87 kWh. Ou bien une version à deux moteurs (offrant alors une transmission intégrale) équipée de la batterie de 87 kWh. Les puissances pouvant s’étendre de 218 à 394 ch. Pour cet essai, c’est la version à traction avant de 242 chevaux, alimentée par la grosse batterie de 87 kWh qui est à l’honneur.
Cette version promet la plus grosse autonomie en cycle WLTP : 536 km. La finition Evolve ici présente, toutes options, perd en revanche 11 km. Pour ma part, sur un parcours très varié de plus de 600 km, l’ordinateur de bord m’affiche une consommation moyenne de 22 kWh/100 km, soit une autonomie théorique d’environ 400 km. Évidemment ce chiffre changera en fonction de la route empruntée. J’ai ainsi obtenu des consos de 23 à 26 kWh/100 sur autoroute (380/335 km), 17 kWh/100 en campagne (511 km), 15 kWh/100 en ville (580 km) et même 8 kWh/100 sur un petit parcours urbain roulant (1080 km). Des chiffres très encourageants pour une utilisation au quotidien. En plus, le Nissan Ariya est un bon élève en matière de recharge. Si les 130 kW maximum peuvent paraître faibles face à la concurrence, le SUV conserve en fait une belle puissance tout au long de la charge. Lui permettant de facilement rivaliser avec bien d’autres modèles électriques (VW ID.5, Tesla Model Y ou encore Kia EV6). Bien que je ne sois jamais monté à plus de 115 kW lors de mes recharges autoroutières, ce chiffre ne baissait que lentement. Il encaisse encore près de 100 kW à 65 % et encore 60 kW à plus de 90 %. On passe ainsi de 10 % à 80 % en moins de 35 minutes, de quoi gagner sur autoroute plus de 250 km d’autonomie. Sinon, sur borne renforcée à la maison (7,4 kW), comptez un peu moins de 14 heures pour une charge complète.
Le design serait le troisième critère des acheteurs pour choisir leur voiture. Hé bien par rapport à sa grande sœur, le Nissan Ariya adopte un style bien plus réussi. Il peut certes ne pas plaire, tant ses formes sont massives et typiques des modèles électriques, mais il a tout de même un certain charme. Les lignes épurées, associées à des éléments aérodynamiques soigneusement intégrés, créent une esthétique à la fois dynamique, futuriste et relativement originale. Il ne cherche pourtant pas à se démarquer tant que ça par rapport à certains de ses adversaires, et pourrait alors plaire à un public plus large. N’étant pas toujours un grand fan des calandres pleines et des feux effilés, j’apprécie plutôt l’arrière de l’engin. Son gros becquet ajouré, et sa longue signature lumineuse lui donnent beaucoup de cachet. Tout comme son allure de SUV coupé. Dommage néanmoins que les jantes, dessinées pour l’efficience, viennent ternir un peu le tableau.
En grimpant à bord, on remarque instantanément le dessin moderne et simpliste. Offrant une certaine cohérence avec le design extérieur que je viens de vous détailler. On se sent d’emblée à notre aise, et les matériaux semblent qualitatifs, à l’œil comme au toucher. Sans oublier que j’apprécie la possibilité de pouvoir opter pour des habitacles colorés ou clairs, ici bleu (disponible également en gris clair). Malheureusement je note tout de même quelques lacunes en finition, notamment au niveau des deux boîtes à gants par exemple (une électrique et une manuelle) qui ne sont pas parfaitement intégrées. Du côté de l’ergonomie là-aussi, c’est perfectible. En effet, le grand écran tactile propose un infodivertissement au design pas des plus contemporains à mon sens. Tout comme les menus qui ne sont pas toujours très bien pensés. J’ai parfois du mal à m’y retrouver et j’ai souvent le sentiment de manquer d’infos. Enfin, si les touches tactiles sur la planche de bord et la console centrale font leur petit effet à la découverte, ils sont à l’inverse peut-être cette fois trop modernes. À l’usage ça en devient peu agréable, il faut quitter la route des yeux et appuyer fort dessus pour que cela fonctionne.
Gros point positif en revanche : son énorme espace à bord. Tous les passagers, à l’avant comme à l’arrière, bénéficient effectivement d’un espace très généreux. La place arrière côté droit pourrait même, dans une situation de véhicule avec chauffeur, rivaliser avec les célèbres Classe S ou Série 7. L’espace aux jambes est royal, et on ne sent pas tassé par le toit, d’autant plus avec le toit panoramique. L’absence de tunnel de transmission permet au passager central d’être bien loti, malgré le siège le moins confortable. Seul hic, le volume de coffre n’est pas vraiment digne de son gabarit. Bien que facile d’accès et pratique grâce à son double fond, il n’offre en effet que 468 litres de chargement. Puis il n’y a même pas un petit coffre supplémentaire sous le capot avant.
Le moment de vérité se présente au moment de s’asseoir derrière le volant. Dès les premiers instants, le Nissan Ariya démontre sa puissance instantanée, caractéristique des véhicules électriques. L’accélération est pêchue et fluide, procurant une sensation de dynamisme sans effort. La répartition équilibrée du poids et le centre de gravité bas favorisent une tenue de route stable et sécurisante, même dans les virages serrés. La direction précise et les systèmes d’assistance à la conduite assurant en plus une expérience de conduite rassurante, idéale pour les longs trajets sur autoroute ou les escapades urbaines. Ça c’est ma première impression à chaud après quelques kilomètres, mais dans les faits, on peut trouver quelques nuances.
Certes, sa puissance et sa réactivité électrique en font une machine plutôt puissante et fringante. Son 0 à 100 km/h effectué en seulement 7,6 pourra calmer vite les ardeurs de certains automobilistes ; tout en offrant des insertions et reprises canon. Mais le poids imposant (2164 kg avec cette finition) pénalisera forcément ses capacités dynamiques. On s’entend bien, il n’a de toute façon pas vocation à se la jouer petite GTI agitée. Seulement, dans certaines conditions, cela peut troubler l’exercice. Les 300 Nm de couple vont avoir du mal à passer et les pneus vont se mettre facilement à patiner lorsqu’on sollicite ardemment la pédale d’accélérateur. Le mode Eco sera peut-être à privilégier pour essayer de limiter ces faiblesses, au moins quand la route est grasse. A contrario, le Nissan Ariya m’offre une direction bien ferme et précise comme je les aime. Ça permet de diriger l’engin avec une grande facilité et justesse. Et donc de prendre plaisir, tout simplement. Bien sûr, elle s’adoucit lors des manœuvres, de quoi se garer ou se faufiler sans difficulté. Heureusement car les dimensions de ce gros bébé (4595x1850x1660) ne sont pas si faciles à assimiler.
De toute façon, l’expérience de conduite du Nissan Ariya 87 kWh ne se résume pas uniquement à ses performances électriques, mais s’étend également au confort offert aux passagers. Une fois en mouvement, le silence de fonctionnement caractéristique des véhicules électriques prévaut, créant une ambiance sereine à l’intérieur de l’habitacle. L’absence de bruit de moteur thermique permet aux occupants de se détendre et de profiter pleinement du voyage, sur tous les types de trajets. L’insonorisation est en outre bien travaillée, et malgré un Cx pas forcément record (0,29), les bruits de vent restent limités. Par ailleurs, le système de suspension du Nissan Ariya a été minutieusement calibré pour offrir un équilibre entre une tenue de route rigoureuse et un confort de conduite optimal. Les irrégularités de la chaussée sont absorbées avec douceur, réduisant les vibrations et les secousses ressenties à l’intérieur. Les sièges offrent un bon soutien lombaire et latéral, contribuant d’autant plus à atténuer la fatigue pendant les trajets prolongés. À chaque fois que je le prends en main, le SUV m’offre une virée agréable, tout comme pour mes passagers. Je regrette simplement que le feeling avec la pédale de frein soit si hasardeux ; et SURTOUT que la nouvelle génération de e-Pedal n’emmène pas jusqu’à l’arrêt complet.
Avant de faire votre choix, il vous manque une info cruciale : le prix. Et fait rare, les tarifs sont en baisse depuis quelques jours avec en moyenne 4200 € d’économie. Bien que le Nissan Ariya 63 kWh débute à 43 300 € (ou LDD 350 €/mois sur 37 mois avec apport de 5000 €), c’est minimum 49 800 € qu’il faudra débourser pour bénéficier de notre grosse batterie de 87 kWh. La finition Evolve du modèle à l’essai, qui ajoute un toit panoramique, un système Audi Bose Premium, le rétroviseur numérique ou encore l’affichage tête-haute, s’échange pour 56 800 €. La peinture est ensuite à 1200 €, l’intérieur cuir bleu à 1500 €, et les options (chargeur 22 kW, tapis de sol, …) à 1 285 €. Total : 60 785 €.
Vous avez maintenant toutes les cartes en main pour choisir, ou non, le Nissan Ariya 87 kWh. Pour résumer, vous savez dorénavant qu’il sait se montrer accueillant, sécurisant et confortable. Mais aussi qu’il peut se montrer pataud si on hausse le rythme, ou qu’il souffre d’une ergonomie discutable. Alors, peut-il vous séduire ? Pour nous répondre en commentaire, n’hésitez pas à désactiver temporairement votre bloqueur de publicité et ainsi faire apparaître Disqus.
Crédit photos : Thomas D. (Fast Auto)