Essai Porsche Macan Turbo : Porsche Utility Vehicle, mais Porsche quand même

Porsche lance son second modèle 100 % électrique : le Porsche Macan Turbo et ses 639 ch est à l’essai pour savoir s’il mérite vraiment son blason !

Dix ans après avoir révolutionné le segment des SUV compacts sportifs, le Porsche Macan entame un nouveau chapitre de son histoire, cette fois entièrement électrique. Une transition assez audacieuse pour ce modèle presque emblématique, qui s’est imposé comme une référence incontournable depuis son lancement en 2014. Avec cette version zéro émission, Porsche promet de conjuguer héritage sportif et modernité, tout en redéfinissant les attentes d’un segment de plus en plus tourné vers la mobilité électrique. Mais parviendra-t-il à maintenir cette balance entre tradition et innovation ? Premiers éléments de réponse au volant de cette nouvelle génération, lors d’un galop d’essai du côté de Soissons.

Essai Porsche Macan Turbo : les codes typiques de Porsche persistent

On le remarque au premier coup d’œil, le nouveau Porsche Macan se distingue par un design extérieur qui met en avant l’optimisation aérodynamique et la continuité des codes stylistiques de la marque. Le capot plat, rappelant la mythique 911, contribue par exemple à un excellent coefficient de traînée (Cx) de seulement 0,25 – contre 0,35 auparavant ! – tandis que la ligne Flyline caractéristique du constructeur souligne une silhouette résolument sportive et fluide. J’ai particulièrement été séduit par les larges épaules musclées qui renforcent son allure, et ici les énormes jantes de 22 pouces, littéralement envoyées aux quatre coins, encrent définitivement le SUV dans son segment sportif. Puis, les portières sans encadrement apportent une certaine élégance, tout comme la signature lumineuse désormais traditionnelle ; mais par contre, l’arrière manque de caractère à mon goût. Les surfaces lisses et le pare-chocs strié en plastique contrastent avec le reste de la carrosserie, bien que l’aileron actif, arrive à dynamiser cette partie du véhicule une fois déployé. Sinon, les détails spécifiques à la variante Turbo, tels que la petite ailette sous chaque projecteur avant et l’ouïe factice sous les feux arrière, lui confèrent une identité plus affirmée.

Avec des dimensions légèrement revues, le nouveau Macan gagne en présence sans trop s’éloigner de son prédécesseur. À 4,78 m de long, il s’étire de 5 cm supplémentaires par rapport au modèle thermique, tandis que sa largeur reste inchangée à 1,92 m. La hauteur demeure stable également à 1,62 m, confirmant l’équilibre entre son allure élancée et sa stature athlétique. Ces proportions revues s’accompagnent d’un travail minutieux sur l’aérodynamisme : les volets motorisés intégrés à la calandre avant, par exemple, s’ouvrent ou se ferment en fonction des besoins pour favoriser au mieux la circulation de l’air.

Essai Porsche Macan Turbo : un habitacle au service de l’ADN Porsche

En prenant place à bord, il est évident que le Porsche Macan ne se contente pas d’être une simple électrique. Dès les premiers instants, la position de conduite abaissée de près de 3 cm par rapport à la génération précédente imprime une sensation de sportivité. Le tableau de bord, avec ses lignes rectilignes et son fini « Black Panel », renforce cet effet en dégageant une impression de largeur et de style contemporain. Puis des éléments typiques de Porsche viennent surtout rappeler l’ADN de la marque, comme le bouton d’allumage situé à gauche ou le célèbre Pack Chrono trônant au centre de la planche de bord. L’ensemble s’articule autour de trois écrans : un combiné d’instruments incurvé de 12,3 pouces avec affichage tête haute gigantesque, un écran tactile central de 10,9 pouces, et, pour la première fois, un troisième écran optionnel de même taille réservé au passager, équipé d’un filtre opacifiant pour éviter toute distraction au conducteur. Ces interfaces numériques gérées par Android Automotive OS, combinées à des commandes analogiques judicieusement intégrées, arrivent à offrir une expérience relativement harmonieuse entre modernité et ergonomie.

À l’arrière, le Macan reste fidèle à sa vocation sportive, avec un espace modéré mais bien conçu pour accueillir confortablement deux adultes mesurant jusqu’à 1,85 m, après ça sera plus juste. Et un enfant au centre. Des détails bien pensés, comme les sièges avant creusés et une banquette arrière légèrement inclinée, permettent d’optimiser l’espace disponible. Le dégagement au toit est également satisfaisant, et le toit panoramique en option ajoute une bonne sensation de clarté. Côté rangement, le Macan électrique propose un volume de coffre de 480 litres avec la sono embarquée, qui peut être étendu à 1 348 litres une fois la banquette rabattue grâce à des gâchettes faciles d’accès. À l’avant, un frunk de 84 litres complète l’offre de chargement, s’avérant pratique pour les petits objets ou les câbles de recharge. Ce mélange d’habitabilité et de modularité en fait un SUV adapté à un usage quotidien, tout en conservant son allure sportive probablement voulue par la clientèle.

Essai Porsche Macan Turbo : tous les prix, pour rejoindre la famille Porsche

Ce nouveau Porsche Macan sera disponible sur une large gamme de tarifs. Il commence en effet à 82 959 € grâce à son inédite version propulsion de 360 ch. On retrouve ensuite le Macan 4 (408 ch) dès 86 439 €  ou le Macan 4S (516 ch) dès 93 091 €. Le Macan Turbo aujourd’hui à l’essai, débute quant à lui à 118 910 € avec ses 639 ch. Mais la liste d’option peut être longue. Mon exemplaire arborait par exemple une peinture Papaye métallisé gratuite mais des jantes 22 pouces à 3 192 €. Il était également équipé entre autres du toit ouvrant (1 662 €), des roues arrière directrices (1 872 €), du Pack Sport Chrono (822 €), de l’affichage tête haute avec réalité augmentée (2 196 €), de la caméra 360° (1 080 €) ou encore du système audio Burmester (3 600 €). La facture s’élève au total à 146 390 €. Mais le malus de 60 000 € qui a tué le modèle petit à petit en France n’est plus de la partie !

Essai Porsche Macan Turbo : calme au quotidien, explosivité le week-end

Pour cette deuxième génération, le Porsche Macan passe alors au tout électrique. Au lancement nous avions découvert les Macan 4 et Macan Turbo, puis la gamme s’est rapidement vue enrichie par les Macan 4S et Macan (propulsion). Ce dernier possède seulement un moteur installé entre les roues arrière et développe 340 ch. Tandis que les trois autres se voient en plus dotés d’un moteur positionné à l’avant et développe 387 ch (4) ou 448 ch (4S). Le Macan Turbo profite quant à lui d’un plus gros et plus puissant moteur à l’arrière, et de quelques améliorations techniques supplémentaires. Tout cet attirail lui permet de développer 584 ch, et même jusqu’à 639 ch en pic lors du Launch Control. Tous les modèles sont alimentés par une grosse batterie NMC (Nickel-Manganèse-Cobalt) de 100 kWh brut, ou 95 kWh net. Par ailleurs, ils adoptent tous un soubassement entièrement caréné, une amélioration cruciale pour optimiser l’aérodynamisme. De quoi réduire les turbulences sous l’engin, améliorant à la fois l’efficacité énergétique et la stabilité à haute vitesse. Car la déclinaison la plus puissante de la gamme peut notamment atteindre les 260 km/h en vitesse de pointe.

Nous entamons cette journée d’essai dans un cadre que le Porsche Macan 100 % électrique croisera fréquemment au cours de sa vie : les embouteillages et les grandes métropoles. Cet environnement, bien qu’éloigné des exploits sportifs qu’on pourrait attendre d’un modèle siglé Porsche, met en lumière les qualités de confort et d’agrément du SUV. En ville et dans la circulation dense, la suspension pneumatique adaptative de série sur Macan Turbo démontre toute son utilité, atténuant les aspérités de la route pour offrir une expérience plutôt apaisante. Même si les imposantes jantes de 22 pouces, ajoutent un léger bruit de roulement et une certaine rugosité sur des chaussées dégradées. Heureusement, ces effets sont largement compensés par une insonorisation soignée, qui filtre efficacement les bruits extérieurs, principalement ceux du vent. On se sent coupé du monde, et l’absence de bruit de moteur prend ici tout son sens. Puis en matière de conduite, le choix de Porsche de privilégier la roue libre au freinage régénératif peut diviser. Si l’absence de conduite à une pédale peut surprendre ceux qui l’apprécient habituellement, comme moi d’ailleurs, le ressenti général reste au final maîtrisé. Les ingénieurs ont parfaitement su travailler à offrir des accélérations fluides et un freinage bien dosé, procurant une confiance immédiate au conducteur. En plus, cette attention au détail se retrouve aussi dans la direction, précise et agréable à manipuler, même à faible allure. Sans oublier la petite nouveauté : les quatre roues directrices en option qui s’avèrent particulièrement pertinentes. Elles permettent au Macan de tourner très court, facilitant les manœuvres dans les parkings ou les ruelles étroites, et offrant une agilité surprenante pour un véhicule de ce gabarit.

Heureusement, il est temps de quitter l’univers citadin pour rejoindre un terrain de jeu plus adapté au blason qui orne le volant. Sous des trombes d’eau, l’essai de ce Macan Turbo se transforme plutôt en une exploration prudente de son potentiel. Malgré les conditions météorologiques, l’impression de contrôle absolu est immédiate. Dès les premiers virages sur une route sinueuse, le châssis révèle sa rigueur. Avec ses suspensions adaptatives recalibrées par les modes Sport ou Sport+, et toujours ses quatre roues directrices, le SUV semble littéralement collé à l’asphalte. Les mouvements de caisse sont parfaitement contenus, et le retour d’information offert par la direction d’une précision chirurgicale installe immédiatement un sentiment de fusion avec la voiture. Le centre de gravité abaissé de 140 mm renforce cette stabilité, nous permettant d’oser davantage pousser les limites, même lorsque l’adhérence est mise à mal par la pluie. La motricité, assurée par les quatre roues motrices aux accents clairement propulsion, se montre à la fois rassurante mais également très joueuse. Elle offre un mélange subtil entre sécurité et plaisir, avec la possibilité pour les pilotes expérimentés de provoquer des dérives contrôlées en sortie de courbe, sur circuit. Mais pour moi, les 2,4 tonnes du Macan savent se faire oublier, grâce à une répartition des masses optimisée et un très bel équilibre. Bien sûr, il peut arriver que le poids se manifeste : lors de fortes sollicitations en courbe, le Macan peut légèrement écarter la trajectoire ou générer du survirage dans des conditions extrêmes. Mais ces réactions restent prévisibles et maîtrisables, offrant une marge de sécurité et rappelant simplement que, même avec toute son ingéniosité, il ne peut défier les lois de la physique.

Lorsque la route s’ouvre, les chiffres prennent vie. Le couple monumental de 1 130 Nm catapulte la bête avec une violence presque irréelle. Chaque accélération est une claque, traduite par une poussée constante et inépuisable. Le 0 à 100 km/h est expédié en 3,3 secondes, mais au-delà des simples départs arrêtés, ce sont les reprises qui fascinent. Une pression sur l’accélérateur suffit à ressentir une poussée écrasante, tout en restant parfaitement domptée grâce à un freinage franc et mordant. Ce dernier, d’une efficacité redoutable, se distingue autant par sa puissance brute que par la finesse de son ressenti. De virage en virage, le Macan Turbo se montre imperturbable, traçant chaque courbe avec une rigueur presque instinctive. J’en reviens toujours à cette direction exceptionnelle, remarquablement calibrée, qui parvient à transmettre au conducteur une sensation directe et naturelle. Chaque ajustement est précis, comme une extension du corps, offrant une connexion intime entre le pilote et la machine. Mais au-delà de ses performances sur route, ce SUV a toutes les casquettes et ne se laisse pas intimider à l’idée de quitter le bitume. Avec la suspension pneumatique optionnelle, la garde au sol peut atteindre 224 mm, conférant au Macan Turbo une polyvalence inattendue. Sur les chemins, il s’aventure avec aisance, absorbant les aspérités et maintenant une adhérence sécurisante. Évidemment, ses compétences offroad ne rivalisent pas avec un véritable baroudeur, mais elles suffisent pour affronter des chemins gravillonnés ou des passages boueux avec sérénité. Pendant cet essai, je m’imaginais bien rejoindre ma propriété perdue au milieu de la forêt, ou tracter mes chevaux pour une petite escapade.

Enfin, terminons par d’autres chiffres moins passionnants. Je ne sais pas totalement si la clientèle s’inquiète véritablement de l’autonomie. Pour autant, ce nouveau Porsche Macan tient de belles promesses. Selon le cycle mixte WLTP, la version propulsion promet de parcourir jusqu’à 641 km, et même 831 km en ville. Notre Macan Turbo se contente de valeurs honorables : 591/765 km (sans les options). Pendant l’essai, pas trop éco-conduite, l’ordinateur de bord annonçait 20-21 kWh/100 en roulant raisonnablement et ne dépassait pas les 25 kWh/100 en conduite sportive ou sur autoroute. De quoi parcourir jusqu’à 475-450 km ou 380 km. Et grâce à son architecture 800 V, il peut encaisser 270 kW en recharge rapide DC, de quoi passer à 10 à 80 % en 21 minutes selon le constructeur.

Essai Porsche Macan Turbo : le mot de la fin

Même s’il manque les quatre gros pots d’échappement qui me plaisaient tant, et une belle sonorité germanique, le Porsche Macan Turbo se distingue par son équilibre entre performance et praticité. Vendu à près de 850 000 exemplaires, ce best-seller est forcément très attendu au tournant. Cette version électrique ne déçoit pas, offrant un châssis précis, un moteur puissant et une agilité remarquable pour un SUV de ce gabarit. Le Macan Turbo réussit finalement à concilier le raffinement attendu d’un modèle Porsche et l’aspect pratique nécessaire au quotidien, tout en offrant des sensations plaisantes derrière le volant. Que ce soit dans la circulation urbaine ou sur des routes plus sinueuses, il confirme sa place parmi les modèles les plus aboutis de la marque, en alliant confort, technologie et une touche de sportivité bien maîtrisée. Êtes-vous prêt à franchir le cap ?

Crédits photos : Thomas Donjon (Fast Auto), Porsche AG (Habitacle)
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