Direction la Slovénie pour la prise en main du petit (gros) dernier de la gamme Renault, l’Alaskan. Une arrivée pluvieuse à l’aéroport de Ljubljana, un élément qui d’habitude ruinerait un essai, ici il est synonyme de bain de boue !
On ne va pas se mentir longtemps, et Renault ne s’en cache même pas, la filiation avec le Nissan Navarra est clairement visible. Partageant la même base technique, Renault aurait eu tort de se priver de l’expérience du cousin (par alliance) dans le domaine. Car le Renault Alaskan est un vrai pick-up, avec de vrais morceaux de baroudeur à l’intérieur ! Châssis échelle, pont rigide, différentiel autobloquant… Bref, tout est là. Et soyons clair, il n’a pas été conçu pour se pavaner le long des grands boulevards parisiens.
Le modèle essayé ici est équipé du 2,3 diesel biturbos de 190 ch (un moteur d’origine Renault VU), couplé à une boîte de vitesse automatique 7 rapports. La prise en main sur l’excellent réseau routier slovène est très agréable. En revanche, la direction assistée plutôt lourde et la boite de vitesse particulièrement lente font sentir le poids des années de la base nippone. Même si ce n’est pas son métier, l’Alaskan est très confortable sur autoroute, mais il est clair que les 190 ch et la transmission (même si en temps normal, elle se fait par les 2 roues arrière) n’ont pas été étudiés pour avaler des rubans d’asphalte. Sur le réseau secondaire très montagneux, il fait preuve de la même polyvalence. Je me fais un peu surprendre par l’attaque de la pédale de frein, confirmant la base vieillissante, les freins à tambours à l’arrière et surtout les deux tonnes de l’engin.
L’habitacle est très spacieux, même pour les passagers arrière, les sièges avant très confortables et la technologie « zéro gravité » inspirée de la NASA (!) tranche avec le reste de l’intérieur, car si vous êtes un brin nostalgique des plastiques japonais des années 2000 vous allez être servis. Notez au moins, qu’il sera très facile de le nettoyer, si une fois arrivé chez point P, les 1 000 kg de charge utile de la benne ne sont pas suffisants pour vous, ou s’il reste du rabe de béton dans la toupie.
Il est difficile de vous parler du style extérieur, je trouve la face avant plutôt réussie, mais cela tranche avec un arrière plus utilitaire. Je suis aussi conscient qu’il n’est pas simple de donner une identité à une benne, quoique, pourquoi ne pas laisser du challenge aux designers ? Mais achète-t-on vraiment un pick-up pour son design ? Je lance le débat, mais pour moi il s’agit peut-être du moins moche des utilitaires.
Parlons de la vraie raison de vivre de ce véhicule, le franchissement ! Le staff de Renault nous a concocté un parcours assez impressionnant, mais ils n’avaient pas prévu que la pluie allait rajouter au folklore ambiant. Je découvre enfin les 190 ch et les 450 Nm de couple à 1 500 tr/min promis par le quatre cylindres 2,3 Dci. On sent l’Alaskan à son aise, les reproches faits à la boite de vitesse sur route disparaissent, elle est vraiment calibrée pour le tout terrain une fois la position 4LO (pour 4 roués motrices et boîte courte). Sa facilité à absorber les obstacles avec des pneus de série est bluffante, surtout sur un sol boueux et particulièrement gorgé d’eau.
Tous ces exploits ne se font pas par magie ou pur talent du conducteur, vu que mes petits camarades ont réussi le même parcours, avec pour chacun, plus ou moins de réussite. D’un simple switch, vous pouvez passer de la propulsion aux 4 roues motrices permanentes, avec une position boîte courte. Contrôle de descente jusqu’à la vitesse stratosphérique de 4 km/h, angle d’attaque de 29 ° et 25 ° pour l’angle de fuite. Des passages de gué jusqu’à 40 cm. Je vous vois venir, quelle différence avec le Nissan Navarra de votre voisin ? Une suspension arrière à cinq bras, une caméra 360 très utile pour le tout terrain (et disponible habituellement sur des véhicules bien plus “haut de gamme”) ou pour surveiller les coups bas de votre voisin jaloux (aahh la jalousie…), et enfin des équipements comme le hard-top vitré spécifique conférant d’ailleurs une allure très SUV premium à cet Alaskan.
Pour conclure, ce premier pick-up de la gamme au losange arrive sur un marché ou les Pick-ups japonais (Toyota Hilux en premier) sont considérés comme maîtres en la matière. Avec une base japonaise et éprouvée, l’Alaskan semble tout de même miser sur sa polyvalence, et toutes proportions gardées, dispose d’un style plus travaillé que la moyenne. Avec sa charge utile d’une tonne, et sa capacité de remorquage de 3.5 tonnes, il répond plus aux besoins des artisans pères de famille qu’aux pères de famille bricoleurs du dimanche ou pratiquant des loisirs encombrant, comme la collection de statues en marbre. Cela se confirme en regardant la liste des options et des aménagements possibles.
Merci à Renault pour l’invitation !
Crédits photos : Ancelin Schoenhentz