Essais Ford Performance : A Day at the Races

United Colors of Ford Mustang

Un circuit, quatre Ford, 1 680 ch cumulés. On vous emmène ?

“Rendez-vous à 8h30 au circuit de La Ferté-Gaucher”, nous avait indiqué le mail. Aucun souci, surtout lorsqu’on sait qu’on a été convié par Ford à participer à une journée “Fun to Drive” avec, à la clef, cette triple promesse : 1- on a amené nos voitures les plus performantes, 2- vous allez kiffer sale et 3- dites-vous que, de manière générale, même les Ford les plus civiles ont toujours en elles ce souci de proposer une expérience de conduite globalement sympatoche (ce que j’avais pu constater avec l’essai d’une placide Fiesta automatique de 100 ch).

On commence mezzo piano en Ford Mustang Mach-e

Oui, elle s’appelle “Mustang”, oui, c’est un SUV électrique, non, vous ne voyez pas le rapport, non, moi non plus. Maintenant qu’on a écarté ces questions marketo-linguistiques, penchons-nous plus en détail sur la bête. Ford m’a donc prêté une Mustang Mach-E “Extended Range AWD” -comprenez par là une batterie de 99 kWh, un moteur sur chaque essieu, 351 ch cumulés, 580 Nm de couple et un 0 à 100 km/h effectué en 5.8 s- pour une cinquantaine de kilomètres autour du circuit, et j’ai globalement passé un bon moment.

C’était ma première fois à bord de cette Mustang électrique, et je dois vous dire que j’avais une certaine curiosité à son propos. Il faut ici préciser que la précédente Ford électrique, la brillantissime (non) Focus Electric -dont un des très rares exemplaires était miraculeusement garé pas très loin de chez un pote, ce qui explique sans doute pourquoi je suis au courant de l’existence de ce truc- avec son autonomie de 160 km NEDC et son absence de charge rapide ne plaidaient pas spécialement en la volonté de Ford de percer dans l’électromobilité. Surprise ! La Mach-E s’en sort avec les honneurs. Malgré des suspensions assez fermes, l’auto est très agréable à conduire ; ajoutons à cela un style extérieur sympa, une planche de bord ultra moderne et des technologies dernier cri (enfin, une voiture qui indique les directions d’Android Auto dans les compteurs !!) pour vous annoncer que non, la Mach-E-cata n’a clairement pas eu lieu. Seule la conso moyenne relevée de 20 kWh/100 km est…moyenne, justement. Mais à part ça, j’ai bien envie d’en reprendre une sur plus long terme pour voir au quotidien ce qu’elle vaut !

On continue forte en Mustang Mach-1

Bon, la Mach-E est bien sympa mais c’est une autre Mustang Mach-quelque chose qui faisait office de vedette de la journée : bienvenue, pour la première fois en terres européennes, à la Ford Mustang Mach-1. La recette est globalement simple : partez d’une Mustang Fastback GT, gonflez le V8 5.0L atmo de 10 petits chevaux (on arrive quand même à 460 poneys à…7 250 tr/min !!), faites en sorte que tout ce petit monde puisse se maintenir à température idéale le plus longtemps possible avec des échangeurs dans tous les coins, et continuez avec un gros gros travail sur le châssis. Affermissez les ressorts et les barres antiroulis, revoyez le calibrage d’amortissement piloté et l’assistance de direction, rigidifiez les silentblocs de trains roulants, bref, faites le maximum pour faire de cette ‘stang la plus aiguisée de la gamme. Et n’oublions pas l’aéro avec un bouclier spécifique, un fond plat et un diffuseur arrière repris de la très méchante Shelby GT500 pour coller la Ford à la route. Saupoudrez le tout d’un p’tit kit carrosserie pas piqué des hannetons, comprenant notamment une grosse bande centrale qui fait peur et des couleurs particulièrement pétantes. Oh, et le méchant échappement va de soi.

Contact, vroum, le V8 démarre avec un lyrisme bien à lui -sachez tout de même qu’on peut régler un réveil “silencieux” pour que vos voisins, justement, ne se réveillent pas au petit matin. J’ai jeté mon dévolu sur la version à boîte manuelle spécifique signée Tremec, mais une BVA10 (aiguisée, elle aussi) répond également présent. Les premiers mètres sont…sportifs, avec une pédale d’embrayage fermissime et des passages de rapports velus ; des sensations que je n’avais pas connues depuis, de mémoire, la Nissan 370Z Nismo. Mais entrons sur la piste et retrouvons cette bon vieux circuit de La Ferté Gaucher. Soyons honnêtes : j’étais pour le moins curieux de voir comment la Mach-1 allait se comporter, connaissant l’appétence limitée de la Mustang GT “normale” pour la piste. Je ne vais pas vous mentir : j’ai passé un super moment. Alors, oui, la voiture pèse ses 1 851 kg et oui, poser un V8 de 5.0L sur les roues avant n’a jamais été la meilleure recette pour obtenir la pistarde ultime mais les équipes Ford Performance ont réussi une sacrée synthèse au niveau de la dynamique de conduite.

La voiture est hyper saine au final. Le rev-matching (talon-pointe) automatique permet d’arriver en entrée de virage en toute sérénité, le différentiel à glissement limité oriente le nez dans le bon sens, les liaisons au sol d’une rigueur épatante s’occupent de garder la caisse stable et le souffle ahurissant du V8 atmo nous arrache de la sortie de virage sans (trop) faire déborder le train arrière. Niveau son, je reste convaincu que le hurlement d’un compresseur en pleine charge est le plus beau bruit que puisse émettre une voiture (ah, le Cherokee Trackhawk !!) mais ça fait quand même beaucoup de bien d’avoir une mélodie aussi charismatique…et naturelle (ah, le SQ5 TDI !!) dans les oreilles. Terminons avec un système de freinage à l’endurance tout à fait respectable, ne commençant à avouer ses limites qu’après une session bien vénèr. Résumons : j’ai kiffé ma race.

Quelqu’un qui va également kiffer sa race, c’est Bruno Le Maire, avec les 30 000 € de malus, les 35 CV fiscaux et tout le tralala. Toujours est-il que vous vous retrouvez avec un V8 atmo couplé à une super bagnole et méga bien équipée pour 92 400 €, ce n’est finalement pas si déconnant que ça -il faudra seulement faire avec une planche de bord d’une qualité totalement scandaleuse vu le prix. Mais qu’importe le flacon, non ?

On enchaîne fortississimo avec, surprise, la Ford GT !

Lorsque Céline, l’attachée de presse Ford, m’a appelé pour me proposer cette journée, elle m’avait sous-entendu qu’une petite surprise pourrait nous y attendre. Ca tombe bien : j’adore les surprises. Et bam, énorme claque en découvrant une rarissime Ford GT se reposant dans le paddock.

Je me doute bien que toi, fidèle lecteur de BlogAutomobile, tu te dis “mais vous l’avez déjà essayée non”, ce à quoi je te réponds que tu as parfaitement raison, tout en ajoutant que c’est Ugo qui s’en était chargé en 2017 -il est d’ailleurs rigolo que, quatre ans plus tard, je roule dans strictement la même ; la louloute totalisant un respectable 24 132 km lorsque vint de mon tour. Mais bref, recentrons-nous : c’est quoi, la Ford GT ? C’est un V6 3.5L de 656 ch & 745 Nm de couple posé sur un châssis directement chopé des GT qui ont gagné Le Mans en 2016. Bref : du pur muscle. La Ford impressionne par ses dimensions (1.11 m de haut !), par sa carrosserie qu’on devine uniquement décidée par les contraintes techniques et aérodynamiques, par son cockpit hyper exigu recouvert de fibre de carbone ; bref, elle m’intimide.

J’aurai droit à deux tours de piste, pas un de plus. Deux tours de piste, vous en conviendrez, c’est peu pour se faire un avis limpide d’une voiture, d’autant plus lorsqu’elle sort intégralement du spectre des autos qui vous passent entre les mains. Néanmoins, deux sentiments prédominent à la sortie l’extraction du cockpit : le premier, la facilité de la prise en main. La boîte de vitesse à double embrayage de sept rapports est étonnamment douce à faible allure, la position de conduite est tip top, la visibilité vers l’extérieur n’a rien à se reprocher. Le seconde chose qui m’a frappée, c’est la précision hallucinante de la voiture. La direction est chirurgicale et permet, grâce au châssis d’une rigidité absolue et aux suspensions archi fermes, de se placer au millimètre et de mettre la GT absolument où on veut -tout en gardant, encore une fois, cette étonnante facilité de conduite. Une expérience absolument unique.

On termine decrescendo ma non troppo en Puma ST

Bon, sortant du monstre absolu qu’est la Ford GT, un B-SUV de 200 ch peut paraître un peu quelconque. Et pourtant ! Et pourtant, j’avais bien aimé conduire le Puma “normal” et on m’a toujours vanté les mérites de la Fiesta ST. J’étais donc tout disposé à passer un bon moment en arrivant dans les sympathiques Recaro et en empoignant le volant à la jante épaisse juste ce qu’il faut. Pour situer un peu, le circuit de La Ferté Gaucher qui était divisé en deux pour la journée :

Vous l’avez compris : autant les grandes courbes et les lignes droites seront l’apanage des “puissantes”, la partie plus technique et sinueuse conviendra logiquement mieux au petit SUV. Vous voulez un secret ? Je me suis plus amusé au volant du Puma qu’à celui de la Mustang. Je suppute que mon manque de connaissances en conduite sportive explique une grande partie de ce constat, mais ce Puma ST est infiniment plus facile à prendre en main que le méchant coupé. Il y a quelque chose de très ludique dans sa conduite et dans sa prise en main, surtout sur cette piste demandant une voiture agile et nerveuse. Des qualificatifs qui siéent parfaitement à l’adorable châssis, la précision de la direction, la gouaille du 3 cylindres ou encore l’étagement et le débattement particulièrement réjouissants de la boîte de vitesse. Au volant, la confiance arrive très vite et permet au néophyte de prendre son pied et de, par exemple, pouvoir se concentrer sur le rythme et/ou la trajectoire, tandis que les plus chevronnés pourront vraiment se faire plaisir en pouvant placer le petit Ford à leur convenance, la train arrière pivotant à la demande avec gentillesse et prévenance. J’ai a-do-ré.

Et on rentre chez soi pianissimo

Et on rentre chez soi avec des étoiles dans les yeux et des bons souvenirs dans la tête. Le contrat est rempli : Ford sait faire des voitures sportives, avec un panachage des plaisirs pouvant rendre jaloux un pack de Häagen-Dasz (même si, on en conviendra, le Macadamia Nut Brittle reste indétrônable). C’est quand même cool qu’un constructeur continue à faire une offensive sur ce secteur d’archi-niche en 2021, à l’heure où on nous parle de ZFE et de crit’air à gogo -quand bien même un Mach-E coche tous ces critères, en n’oubliant pas qu’une version GT de 487 ch & 860 Nm de couple abattant le 0 à 100 km/h en 3.7 s pointera son nez d’ici la fin de l’année. Le futur (proche, du moins) ne m’apparaît pas si sombre que ça, finalement 🙂

Crédits photos : Julien Delfosse / DPPI, Jean-Baptiste Passieux

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