Les 18 et 19 Juin 1966, il y a bientôt 50 ans, Ford souhaitait coûte que coûte battre, que dis-je, atomiser Ferrari lors de la mythique course des 24 Heures du Mans. L’histoire dit qu’Henry Ford II lui-même aurait répondu à la question « Quel est le budget ? » par « Je n’ai pas mentionné de budget ». Preuve de sa volonté d’écraser la concurrence en construisant la meilleure voiture. Ce pari fou fût couronné de succès, et avec panache ! Le constructeur américain a réussi un majestueux triplé avec trois Ford GT40.
Pour mémoire, ce week-end-là, 55 voitures avaient pris le départ et seules 15 sont arrivées au bout. Les deux GT40 de l’écurie Shelby American ont pu boucler 360 tours, 12 tours d’avance sur la 3ème GT40. La première Ferrari se classe alors 8ème avec seulement 310 tours. Cette victoire mettra un terme à la suprématie de Ferrari, le constructeur italien ne remportera plus jamais la course. Alors que Ford remportera avec la GT40 les éditions de 1967, 1968 et 1969.
C’est donc pour célébrer cet anniversaire que Ford souhaitait revenir aux 24 Heures du Mans, dans le véritable but de ne pas faire que de la figuration.
À cette occasion, Ford France nous a invité à découvrir la voiture, les équipes, le stand et son hospitalité lors de la journée test du dimanche 05 juin. Au départ de Paris avec un convoi de quelques Ford Performance. Au programme : Focus ST EcoBoost et TDCi, Mustang V8 Fastback et Cabriolet. Pour moi ce sera TDCi à l’aller et Cabriolet au retour, décapoté s’il vous plait ! Voici le récit de cette belle journée sous la grisaille du Mans.
La TDCi sera bientôt à l’essai complet par notre ami Ugo, en voici donc simplement quelques mots… J’ai personnellement souhaité prendre le volant de cette version suite à mon essai de la 308 GT HDI. Pour moi, la 308 est une pure réussite stylistique, mais malgré la ligne GT plus sportive et très sympa, elle ne bénéficie pas d’une véritable allure de voiture de sport. La Focus oui, avec une face avant très nerveuse. À bord, elles disputent un peu la même course. Les intérieurs restent assez classiques, avec quelques touches rappelant la compétition et des sièges enveloppants, mais rien de bien exceptionnel. En conduite, la Focus ST TDCi (185 ch), nous délivre de belles accélérations et reprises. Avec mon trajet, principalement autoroutier, je ne peux vous donner plus de précisions. Mais le confort et le silence sont au rendez-vous, hormis peut-être des amortisseurs un peu durs.
Arrivés sur place, on profite rapidement de l’hospitalité des stands, et on fonce enfin découvrir les voitures. Elles tournent depuis déjà plus de deux heures, et quel plaisir d’entendre cette symphonie ! Direction alors la courbe Dunlop, pour quelques clichés, avant la pause repas. Franchement, ces nouvelles Ford GT GTE sont sublimes et ont une véritable prestance sur la piste, elles dénotent totalement au milieu des autres GT.
Pour l’après-midi, le programme est chargé : visite des stands, loge Ford, rencontre avec un pilote, photos et retour sur Paris…
Direction donc les stands. Pendant que les pilotes terminent leur déjeuner, les équipes travaillent d’arrache-pied pour s’occuper des voitures. Modifications, réparations, vérifications, nettoyage : ce n’est pas de tout repos. D’autant plus que quatre voitures sont engagées, c’est donc vraiment l’effervescence autour de ces Ford GT GTE, qui pour certaines se retrouvent vite dénudées.
À la reprise des essais, on fonce à l’étage, dans la loge encore totalement vide, pour observer les diverses allées-et-venues des voitures. Il faut absolument enchaîner de nombreux tours tout en s’entrainant au ravitaillement : remplir le réservoir, changer les pneus et évidemment changer le pilote !
Quelques minutes plus tard, nous avons la chance d’avoir avec nous le pilote français Olivier Pla. Après une demi-journée d’essais, les équipes semblaient plutôt contentes de leur travail, tout en restant réalistes sur le week-end de course : « Nous revenons pour gagner, mais il faut rester humble car ce ne sera pas facile pour nous, la concurrence est rude et habituée à cette course. »
Cette rencontre nous permet également d’en apprendre plus sur la voiture préparée pour ces 24 Heures. Les specs Le Mans offrent moins d’appuis aérodynamiques pour favoriser les vitesses de pointe (près de 300 km/h tout de même), ce qui entraîne une perte de grip dans les virages. Les pilotes doivent donc se familiariser avec ces modifications et adapter leur conduite au circuit.
Cette nouvelle Ford GT GTE concorde avec l’arrivée très prochaine sur nos routes de la version de série. Rappelez-vous, le constructeur avait lancé une campagne de « recrutement » d’acheteurs assez originale il y a quelques semaines. Celle-ci semble avoir bien porté ses fruits puisque près de 10 000 demandes ont été envoyées (pour une voiture à plus de 400 000 € ce n’est pas rien), alors que seules 250 voitures sortiront des chaines, par an au cours des deux premières années (pour le moment).
Chez Ford, c’est une première, un projet de voiture de série et de course en même temps n’avait jamais vu le jour au sein de la société, et tous ces roulages permettent donc indirectement d’améliorer les caractéristiques de la GT routière.
Il est à nouveau temps de faire le tour de la piste pour faire quelques clichés. Pour tous les participants, cette journée test se déroulera sans trop de problème, jusqu’à 18h30 où un important accident (Ligier JSP2 du Michaël Shank Racing) stoppera la séance. À ce moment-là, c’est Audi (LMP1 n°8 de Duval-Di Grassi-Jarvis) qui avait pris la tête des chronos avec un temps de 3’21″375 juste devant les deux Porsche et la deuxième Audi. En catégorie GTE PRO c’est Corvette avec la C7 R qui rafle la première place, avec un temps de 3’55″122. La première Ford GT se trouve en sixième place avec un temps de 3’56″039. Tous les autres concurrents sont dans la même seconde, impressionnant ! Il faudra être régulier et parfaitement optimiser sa stratégie pour monter sur le podium…
Il est alors malheureusement temps de reprendre la route, enfin malheureusement… Une Ford Mustang V8 Cabriolet m’attend, alors je ne suis pas si déçu que ça. Vous pouvez retrouver un essai complet en cliquant ici. Mais je ne peux m’empêcher d’en glisser quand même quelques mots…
Et quelles sensations de se placer derrière le volant de ce mythe roulant avec un gros V8 bien ronflant juste devant. La taille est vraiment imposante avec ce long capot tout en étant assis relativement bas, mais bien assis, les sièges sont très enveloppants et confortables. L’intérieur est lui sympa, et la qualité est nettement en hausse. On n’est évidemment pas au niveau d’une Mercedes mais pour le prix, on s’en contente largement. Le retour s’est naturellement fait lui aussi sur autoroute, je ne peux donc pas faire de commentaires sur l’agilité (ou non) de cette Mustang, mais les accélérations et le son du moteur sont juste hallucinants ! Quel plaisir d’appuyer sur la pédale de droite… En revanche, attention au compteur qui s’affole bien trop rapidement… Je n’ai vraiment pas pris le temps de faire le détail, mais les passages de vitesses semblent invisibles et la puissance interminable. Malgré l’absence quasi-totale de soleil le trajet s’est fait entièrement décapoté. Et je confirme, 200 km sur autoroute par 20°C sont totalement envisageables. Les sièges chauffants et le chauffage au niveau des pieds et ça roule.
Avant la course qui se déroulera les 18 et 19 juin prochain – oui, oui comme en 1966 –, venez assister gratuitement au pesage Place de la République au cœur du Mans le dimanche 12 juin à partir de 14h30, et lundi 13 toute la journée. Une occasion en or de voir de près voitures et pilotes, sans oublier la fameuse Parade des Pilotes du vendredi 17 juin !
Je tiens évidemment à remercier Ford France pour cette invitation et cette journée très agréable.
Crédit photos : Régis Krol, Thomas D. (Fast Auto), Ford