Essai : Mitsubishi L200 Appalaches 2015 : lifestyle addict

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Coincé entre ses gênes d’utilitaire et ses rêves d’une vie de plaisirs et de futilités, le pick-up n’a jamais besoin de se forcer beaucoup pour faire croire qu’il est le compagnon idéal des loisirs. Le Mitsubishi L200 Appalaches est sans conteste le plus exubérant du genre…

Sous nos contrées, le pick-up est souvent un être laborieux, passant une vie terne à transporter des gravats, des sacs de ciment et des détritus, conduit par des gens peu enclins à le traiter aux petits soins, à lui parler d’amour et à lui faire découvrir d’autres horizons que des carrières, des décharges et des chantiers. À la manière d’un intérimaire qui raserait les murs pour échapper à l’ombre de sa précarité, le pick-up est le soutier anonyme de nos infrastructures. Souvent blanc, sale et posé sur des jantes en tôle rouillée, le pick-up effectue une vie de tâcheron à se faire secouer l’essieu arrière rigide dans des paysages post-apocalyptiques, sans éclat, sans gloire ni reconnaissance, aussi triste que fidèle.

Sous d’autres latitudes, le pick-up est un véhicule paradoxal, prêt au maximum et à qui l’on ne demande souvent que le service minimum : dodo, boulot, McDo. En option : Wal-Mart le samedi. Pendant occidental d’une fort banale Clio dCi, on aurait envie de demander « mais pourquoi ? » à ses propriétaires, ne serait-ce la crainte d’entendre « ben, pourquoi pas ? » comme seule justification à son ostentation et sa démesure.

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Nonobstant, le pick-up reste malgré tout le compagnon idéal de la civilisation des loisirs. Que vous ayez à trimballer plusieurs VTT, des planches de surf, un jet-ski, un quad, des plantes vertes pour votre maison de campagne, une moto d’enduro, des chevaux, un bateau ou encore un planeur (liste non exhaustive), le volume de sa benne, ses éventuelles 4 roues motrices et sa capacité à tracter du lourd en font un engin rapidement incontournable.

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Voilà donc le créneau qu’aimeraient cibler les fabricants de pick-up sur nos marchés européens, histoire de faire de l’image en augmentant les parts de marché, et voilà ce qu’a fait Mitsubishi avec cette série limitée « Appalaches » de son L200 2015, dont il ne vous aura cependant pas échappé que le millésime 2016, passablement amélioré, fera incessamment son entrée dans toutes les bonnes crémeries. En tout cas, mettre le millésime 2015 à l’épreuve permettra de cerner le bien fondé de toutes les améliorations à venir très prochainement.

T’as le look, coco

Il faut admettre que notre L200 Appalaches présente carrément bien. Les timides et autres introvertis passeront leur chemin, mais ceux qui assument en auront pour leur argent.

Le L200 Appalaches ne laisse en effet rien au hasard : entre les roues de 17 pouces noires dans des passages de roues du même ton, le stripping « Appalaches » sur le capot et les bas de portes, la teinte rouge Aztec (imposée sur cette série limitée), les barres de benne chromées et les 4 phares longue portée sur le toit, le constat est simple. Proposé à partir d’une finition haut de gamme Instyle Navi BVA (donc super bien équipé, nous y reviendrons) et vendu 37 800 €, l’Appalaches représente selon Mitsubishi un « avantage client » de 5000 € ; pour info, en simple cab, le L200 commence à 25 200 € avec le 2.5 en 136 ch.

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Et là-dessus, Mitsubishi sort un lapin de son chapeau : homologué comme un véhicule utilitaire, le L200 n’est pas malussé. Vaut mieux, car avec sa conso officielle mixte de 8,8 l/100 et des émissions de 233 grammes de CO2 par kilomètre, il prenait direct 8000 € de malus dans les gencives. Mais avec cette astuce, Michel Sapin ne sera pas votre nouveau meilleur ami. Quoi qu’il en soit, il est impossible de le rater, au point que dans mon imaginaire collectif, le L200 Appalaches me parle un peu comme étant le véhicule partenaire idéal d’une vie insouciante drivée par le souci de l’apparence et du lifestyle, c’est-à-dire ça :

FallGuy

(ça vous rappelle quelque chose ?)

Mais ne nous méprenons pas : le L200 Appalaches n’est pas qu’un frimeur. Sa benne, d’une surface de 2,2 m2, peut recevoir 945 kilos de charge et il a une capacité à tracter une remorque freinée de 2,7 tonnes. En fait, le pick-up, c’est Mère Teresa. Son truc, c’est de rendre service. Du coup, j’ai décidé de m’en servir en situation réelle pour une expérience lifestyle : me voilà donc en route pour participer à un rallye routier moto, en comptant doublement sur le L200 Appalaches. D’abord pour transporter la moto, la combine de cuir, les outils, les jerrycans d’essence et tout le barda, ce qui reste en fait peanuts par rapport à sa capacité d’emport. Ensuite, je trouvais que ce L200 était assez rassurant pour revenir à bon port, en sachant que si je m’amoche un peu en ratant un freinage lors du rallye et que je finis dans un ravin avec la cabane sur le chien, la BVA et la direction super assistée me laissaient espérer de regagner la Capitale avec le minimum d’efforts physiques.

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La moto n’est pas bien lourde et le chargement est facile. La ridelle semble assez solide pour supporter la roue arrière et les six crochets présents dans la benne permettent un arrimage aux petits oignons. D’ailleurs, la moto ne bougera pas d’un millimètre à l’aller comme au retour. C’est déjà ça.

Malgré tout, les premiers kilomètres se font tout en douceur. Le L200 Appalaches mesure 5,26 m de long, et là, avec la ridelle ouverte et la moto qui dépasse de la benne, on doit pas être loin des 5,5 m. Dans les petites ruelles de la banlieue parisienne, je ne fais pas le malin. Ça tombe bien, rien dans le L200 ne vous incite à une conduite heurtée.

Du coup, on commence par faire connaissance. Malgré les réglages électriques du siège conducteur, la position de conduite a été dessinée pour des gibbons. Si l’on a des grandes jambes, on peste contre le peu d’espace dispo à droite sous le volant, la seule solution étant de reculer le siège, mais là il faut deux mètres de bras. Ou faire conduire un gibbon. Heureusement, la boîte auto dispense d’efforts.

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Bonne surprise : l’intérieur est bien construit et surtout super équipé. Dans cette version haut de gamme, il y a carrément le régulateur de vitesse, les sièges en cuir chauffant, un écran tactile avec GPS surmonté d’une console faisant office d’ordinateur de bord, très complète. Compte tenu de la vocation utilitaire de l’engin, le tout est en plus assez bien ajusté. Petite gâterie, unique sur le segment : la vitre arrière qui se commande électriquement. La caméra de recul dans le rétroviseur fait un peu aftermarket, mais vous vous doutez bien qu’elle est très appréciée lors des manœuvres et pour se garer, même si vous vous doutez bien qu’avec ses plus de 2,10 m de haut avec les feux de toit, l’accès aux parkings souterrains et à certains centres commerciaux est prohibé. L’habitabilité d’ensemble est correcte, mais je m’attendais à avoir un peu plus d’espace à l’intérieur, au vu des dimensions de l’engin. Renseignements pris, le L200 est en fait le plus étroit des pick-up, avec 1,81 m de large.

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Passée la période d’acclimatation, faire le bilan des qualités dynamiques du L200 Appalaches donne un peu l’impression de conduire un camion. Un camion facile à conduire, mais quand même. Car le L200 est assez nonchalant : d’abord, la direction est hyper démultipliée, avec 4,4 tours de volant de butée à butée. Pour comparaison, le meilleur du segment, le VW Amarok, ne demande que 2,9 tours : du coup, manœuvrer le L200 me met dans la peau d’un skipper à la manœuvre dans les 40è rugissant. Ça mouline ! En même temps, il dispose aussi d’un des rayons de braquage parmi les plus courts des gros pick-up, comme quoi…

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Nous voilà rapidement sur l’autoroute, l’occasion de découvrir une autre facette du L200. Dans ces conditions, on apprécie la douceur des commandes, le confort des sièges et des suspensions (de mémoire, la suspension de l’essieu arrière rigide est plus souple et a moins d’effet de balourd que sur le Navara essayé il y a quelques temps, ici). À 130 km/h de croisière sur l’autoroute, les kilomètres défilent en sans fatigue, et le L200 se distingue par ses faibles bruits d’aéro et de roulement, ce qui n’avait rien d’évident au départ au vu du profil de l’engin. En mode cruising, le 2.5 est assez discret ; il se fait plus sonore à l’accélération.

An-ti-ci-per !

Une fois arrivé sur les petites routes d’Auvergne, le Mitsubishi L200 Appalaches démontre une nouvelle fois qu’il n’aime pas trop être brusqué. La BVA est placide : 5 rapports, comme dans le temps (rappelons que, plus modernes, les BVA des Ford Ranger, Nissan Navara V6 dCi et VW Amarok BiTDi disposent respectivement de 6, 7 et 8 rapports), et prendre des initiatives, c’est pas trop son truc. Les trois premiers sont assez court pour décoller en ville ou franchir en TT, les deux derniers servent sur la route. Le kick down n’a rien de zélé et l’on se retrouve parfois, sur un filet de gaz à reprendre sur un rapport élevé à 1500 tr/mn, soit à 90 en cinquième. Au lever de pied, elle monte un rapport supérieur ou se met carrément en roue libre et au volant, on sent bien l’inertie des deux tonnes du truc. En poussant le sélecteur vers la droite, un mode séquentiel permet cependant de récupérer du frein moteur sur routes sinueuses. Ajoutez à cela un châssis typé sous-vireur et qui prend beaucoup de roulis en entrée de virage et vous comprendrez qu’entre les tours de volant et la boîte qui glande, rien n’incite au « pilotage », même avec des guillemets. D’ailleurs, le L200 le sait trop bien : le GPS vous envoie un petit « bip » à l’approche des virages serrés. D’ailleurs, ce petit « bip » tombe bien car en fait je n’ai pas trop envie de mettre le chargement en contrainte, de faire craquer les sangles et de voir passer la moto par-dessus bord. Une conduite anticipative et coulée correspond bien à l’esprit du L200. Ce qu’il faut retenir, c’est que même en roulant cool, jamais le L200 n’a donné l’impression d’être sous-motorisé, que ce soit lors des dépassements sur route nationale ou dans les rampes d’autoroute. En pleine accélération, le moteur est un peu grondant, certes, et la passivité de la boîte donne un peu l’impression subjective de se traîner, alors que le compteur de vitesse dit plutôt le contraire.

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Cela dit, il ne faut pas se fier à sa placidité, car quand on le titille, le 2.5 a quand même de la ressource. Avec ses 178 ch à 3750 tr/mn et ses 350 Nm à 2000 tr/mn (la version manuelle BV5 dispose de 400 Nm à 2000 tr/mn), il abat le 0 à 100 en 9,6 sec (ça me paraît quand même un peu optimiste, ce chiffre) et pointe à 175 km/h (à 3200 tr/mn en 5ème). Mais on est un peu hors sujet, là…

En même temps, imaginer qu’un bestiau Diesel BVA de 2 tonnes équipé d’un essieu arrière rigide serait porté à la gaudriole demande la même fraîcheur d’esprit et la même imagination que d’imaginer Chantal P., la nuit, dans une combinaison Sparco pailletée, occupée à limer du vibreur au Nürburgring pour claquer un Under 8 (mais après tout, nous avons tous notre passager noir et la brave Chantal a bien le droit d’avoir des passions inavouables).

Mission accomplished !

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C’est peu de dire que le L200 a fait le job avec brio et a été le partenaire parfait d’un pur week-end lifestyle. Au-delà du style affirmé qui a fait carrément sensation dans le parc des pilotes, étaient présents au rendez-vous : confort, équipement, sérénité, efficacité et surtout sécurité, car malgré son âge, le L200 dispose d’une des transmissions les plus élaborées chez les pick-up.

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La Super Select, c’est son nom, permet de rouler en propulsion dans la plupart des cas, mais aussi de passer en 4×4 vitesses longues (ça peut se faire en roulant, jusqu’à 100 km/h) pour rouler sous la pluie, la neige ou en cas de risque de verglas ; elle dispose aussi d’une gamme courte et d’un blocage de différentiel central. L’affichage de la transmission choisie se fait de manière lisible au tableau de bord et cette Super Select donne au L200 une véritable polyvalence.

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Seul bémol : la conso qui n’arrivera jamais à descendre sous la barre des 12 l/100, sur route comme sur autoroute, ce qui n’en fait pas le plus frugal du genre. Mais je vois bien la BVA comme étant assez énergivore. Du coup, avec le réservoir de 75 litres, l’autonomie est correcte, sans plus. Un petit retour de nuit sur des départementales sinueuses m’a permis de tester l’éclairage : avec la puissance du faisceau des phares de toit, le local en Citroën Berlingo que l’on a croisé a dû croire à une invasion de soucoupes volantes. D’autant plus qu’il avait la tête et le pif boursouflé du Glaude.

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En tous cas, le Appalaches constitue une jolie façon de clôturer la lignée des L200 qui s’est vendue à plus de 1,1 million d’exemplaires depuis sa sortie en 2006. Quant au millésime 2016 du L200, il nous livrera bientôt tous ses secrets et nous aurons à cœur de vérifier si son infotainment est un peu plus réactif, si ses sensations de conduite et le feeling des commandes sont un peu plus précis, et s’il a progressé en consommation. Rendez-vous est pris.

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