A 10 h 30 d’avion de Paris, à Tacoma dans l’Etat de Washington, se situe le plus grand musée américain dédié à l’automobile américaine. Nous l’avons (rapidement) visité.
Petit paradoxe : en entrant dans ce musée dédié à l’histoire de l’automobile américaine, on tombe d’abord sur une jolie collection de… BMW !
C’est que le LeMay America’s Car Museum accueille aussi des expositions temporaires et en ce moment, c’est BMW qui est mis à l’honneur. L’occasion pour le visiteur de découvrir, entre quelques jolies motos (ah, une R90S orange !), le fleuron de la gamme, sur le thème « un siècle d’innovation ». Ainsi, de la 328 à l’i8, quelques jolis modèles se laissent admirer, parmi lesquels une belle brochette de 3.0 CSL (dont deux Batmobile) ainsi qu’une M6 des années 80 aux specs américaines, avec les gros pare-chocs. Sympa, et l’occasion de constater que les Isetta destinées au marché US avaient deux (petites) roues arrière.
Plus loin, le premier niveau est consacré aux « American Muscle : Modified Madness » : on trouve donc quelques beaux engins équipés de big blocks de 8.2 et de gros freins Brembo, tels qu’ils sont construits dans ces émissions TV qui passent sur le câble. Néanmoins, il y quelques jolies pièces de cette époque que l’on doit à John Z. De Lorean (oui, le même), initiateur de la Pontiac GTO de 1964 et qui fut florissante, jusque à ce que les assurances et les normes environnementales décidèrent conjointement de stopper cette vague qui permettait à des jeunes de s’offrir des monstres pour le prix d’un Kangoo dCi. En tous cas, cette expo nous permet de voir de jolies autos, telles Plymouth, Camaro ou Buick Riviera, qui ajoutait une touche de luxe au concept.
La suite du musée se visite de manière simple : 4 étages et autant de plateaux, avec des coursives en rampe permettant de passer de l’un à l’autre. Il faudra donc faire le grand huit pour tout voir, puisque chacune des rampes est thématique. On y trouve donc :
- Les Master Collector : Cadillac, Duesenberg, tous ces vaisseaux de la route pour potentats qui flambaient avant le Black Tuesday de 1929 au volant de vaisseaux de la route qui, aujourd’hui, approchent le million de $ ! On y trouve aussi quelques belles Rolls Royce. Quoi, Rolls dans un musée de la voiture américaine ? Eh oui, jeune internaute, sache que la vénérable firme britannique (ou allemande, au choix), a assemblé près de 2000 véhicules dans une usine aux USA, entre 1921 et 1931, à Springfield, dans le Massachusetts.
- Le Lucky’s Garage, un hommage à Harold LeMay, homme d’affaires dont le business a principalement tourné autour du ramassage des ordures, ce qui lui permis de se constituer une jolie collection qui sert de base à ce musée. Car si plus de 300 véhicules sont exposés dans ce musée, la collection LeMay a rassemblé plus de 3000 autos ! Des reconstitutions d’ateliers d’époque sont ainsi présentées en hommage à son fondateur, dont le surnom, dans sa jeunesse, était justement « Lucky ».
- Route 66 : le rêve de Mother Road. Cette section met en avant la route la plus mythique des USA, entre Chicago et l’Océan Pacifique, via quelques engins décalés tels que des Hot Rods ou encore cette réinterprétation moderne de Thunderbird qui utilise, l’aurez-vous reconnu, des phares du coupé Hyundai Scoupe.
- Légendes du sport : l’histoire de la NASCAR. Savez vous que le concept de la NASCAR est né de la prohibition, où les trafiquants d’alcool se faisaient des voitures préparées pour semer les flics ? De cela est née une discipline tellement américaine que ce musée ne pouvait pas en parler.
- Une autre allée est consacrée à l’invasion britannique. Fans de MG, de Lotus Europa, de Land Rover Defender MkI, c’est pour vous !
- Le musée n’oublie pas la modernité avec une allée consacrée à la mobilité de demain. On y trouve notamment de belles Sebring Comuta Car (qui fut, avec 4444 unités produites, la voiture électrique américaine la plus populaire avant l’arrivée de Tesla), mais force est de constater que le haut de l’allée est trusté par des Prius et des Honda à hydrogène. Pourquoi pas de Chevrolet Bolt ?
- Une autre expo temporaire permet de découvrir (dans les jours prochains, c’était encore bâché lors de notre passage), quelques belles Art Car by BMW et notamment cette M1 qui m’a bien fait saliver !
Un regret : sur les derniers étages en bas, la collection tourne plus au parking (que font-là une Ferrari 308 et une vieille Rolls Silver Spur ?) et la juxtaposition des périodes n’a rien de super logique. Une approche chronologique plus cohérente, ou des thèmes plus affirmés, n’auraient pas retiré de sens à la visite. Mais, entre de beaux pick-up trucks, on se délecte de quelques belles motos Honda (construites assez vite aux USA), une belle brochette de De Lorean ou encore quelques curiosités mal identifiées ou, au contraire, bien identifiées, telles que la voiture des Pierrafeu !
Néanmoins, je me suis délecté de cet alignement de voitures banales (une Corvair avec son 6 cylindres à plat à l’arrière) et de jolies raretés, comme l’une des premières Chrysler 300C ou encore cette jolie Cord de 1937, décidément très moderne avec son capot style « cercueil », face aux tacots contemporains…
Et en bon musée américain, espace pour les enfants et boutique souvenirs sont bien entendu au programme.
Bref, si vous êtes dans les parages, n’ayez aucun doute : ça vaut largement les 18 $ d’entrée ! (plus, le cas échéant, 10h30 de vol et 9 heures de décalage horaire). Tacoma se situe dans l’Etat de Washington, tout en haut de la Côte Ouest des USA, à proximité de Seattle.
Photos : Gabriel Lecouvreur