C’est un peu l’équation simple qui semble se mettre actuellement en place si l’on en croit les propos rapportés par différents médias économiques.
Les derniers échos de la semaine font état d’une future entrée de Dongfeng (nous en avons parlé) et, là c’est nouveau, de l’état français au capital de PSA. Ces deux entrées se feraient via une belle augmentation de capital puisqu’on parle de 3 milliards d’euros (valeur capitalistique de PSA ces derniers temps : ~4.5/4.7 milliards). Nous apprenions il y a quelques jours que GM ne s’opposait pas à la venue de Dongfeng dans le capital de PSA (si ce n’est que cela ne doit pas avoir d’influence sur la situation des marques en Chine). Cet accord de principe du géant américain permettra également de déboucher sur une prise de participation de l’état français et si cela en choquera certains, je rappellerai que c’est une hypothèse qui a déjà été évoquée plusieurs fois depuis le début de l’année.
Toujours selon les derniers éléments, l’état ne viendrait pas chez PSA comme caution morale mais bel et bien comme actionnaire et même comme actionnaire important puisqu’on évoque une participation équivalente à celle du chinois Dongfeng. Cette augmentation de capital d’environ 3 milliards d’euros donnerait entre 20 et 30% de participation à chacun des deux nouveaux entrants dans le capital du groupe automobile. Pour l’état français, cette possible arrivée chez PSA représenterait plus que sa participation dans le capital de Renault qui s’élève actuellement à 15.1%. Ainsi avec le constructeur et partenaire chinois de PSA, l’état deviendrait un actionnaire majeur et incontournable dans la stratégie de PSA et relèguerait la participation de la famille Peugeot dans une fourchette allant de 15 à 20% du capital ce qui en ferait seulement le troisième actionnaire. Ces deux nouveaux actionnaires risquent bien de faire subir à GM, le même sort que celui de la famille, c’est à dire une dilution de sa participation dans le capital de l’entreprise. Ainsi General Motors ne resterait pas dans sa position actuelle avec 7% du capital mais passerait à environ 5% du capital.
Cette situation ne serait alors pas facile pour GM qui, par contrat, ne peut pas monter à plus de 10% dans PSA. Cette possible évolution de la structure capitalistique de PSA pourrait aussi être un motif de retrait de GM de PSA (mais alors quid des coopérations en cours de mise en place ?). GM pourrait aussi être contraint de faire marche arrière sous la pression de son puissant partenaire chinois SAIC qui pourrait voir d’un mauvais oeil le travail conjoint entre GM et Dongfeng via PSA. Idem pour l’entreprise chinoise Changan associée à PSA mais aussi pour celles qui sont partenaires de Dongfeng en Chine même si la situation est un peu différente puisqu’en Chine , c’est Dongfeng qui mène un peu la danse. Pour la petite histoire économique, n’oublions pas que Dongfeng est le partenaire de… Renault en Chine !
L’affaire ressemble finalement à un vrai casse tête, avec ou sans la présence de l’état français dans le capital de l’entreprise franc comtoise. Pour revenir à Dongfeng, il apparait que sa possible entrée au capital de l’entreprise française autoriserait un élargissement de la coopération avec PSA au delà des frontières chinoises et sur des marchés où le constructeur chinois n’est pas forcément présent. Cela pourrait passer notamment par des accès à la technologie PSA (moteurs, chassis) ainsi qu’à des réseaux de distribution, des importateurs ou des logistiques communes.
Un dossier qui apparait complexe, pas “ficelable” en trois jours et surtout sans rien d’assuré actuellement même si il se dit qu’une délégation de personnes du gouvernement français et de PSA serait en Chine pour négocier et voir comment l’affaire peut être menée équitablement pour toutes les parties.
Via AP, LesEchos.