L’actualité internationale n’est que rarement sans impact sur la vie économique et c’est particulièrement vrai quand on se penche sur le cas iranien. Sous une pression diplomatique intense en grande partie menée par les Etats-Unis les groupes automobiles français s’étaient résignés à quitter la République Islamique mais une élection présidentielle, une assemblée générale de l’ONU, un coup de fil ultra médiatisé et une réunion diplomatique genevoise plus tard la donne est à nouveau complètement bouleversée et les sanctions économiques qui écrasaient l’Iran sont désormais en passe d’être levées.
Et chez Renault on se prépare fébrilement mais activement à un retour sur ce marché délaissé en juillet dernier sur lequel le losange, présent depuis 2004, avait vendu en 2012 un peu plus de 100 000 véhicules. Carlos Ghosn précise à ce propos que “ce marché, sans contraintes autour de lui, a un potentiel de 1,5 à 2 millions de voitures, c’est énorme, et les constructeurs français y bénéficient d’une très bonne image“. Il est largement appuyé dans cette vision par Patrick Blain, président de l’Organisation internationale des constructeurs automobiles (OICA) qui fait de l’Iran le 11e marché mondial avec “un potentiel considérable qui est sous-exploité depuis 2012” puisque selon lui le taux de motorisation du pays n’est que de 89 véhicules pour 1000 habitants (c’est moins qu’en Chine) avec un PIB/hab./an de 12500 $ (soit près du double de l’Empire du milieu…). De quoi donner des idées au losange qui n’a, toujours d’après son PDG, jamais vraiment quitté le pays mais à uniquement mis en veille ses activités sur place. Renault entend donc dès que possible relancer la machine mais également, et surtout, développer ses ventes.
Le problème est que la visibilité est pour le moment très réduite puisque dans un premier temps les sanctions contre le régime de Téhéran ne seront suspendues que pour 6 mois et uniquement renouvelables pour 6 mois supplémentaires, le tout bien entendu à condition que les discussions sur le nucléaire iranien ne capotent pas d’ici là. Difficile dans ces conditions de se lancer dans un investissement massif mais cela ne semble pas refroidir outre mesure Renault, pas plus que PSA qui était lui aussi bien implanté sur place (entre 400 et 500 000 véhicules écoulés en 2011, soit le deuxième marché du constructeur) puisque les dirigeants des deux groupes ont très récemment rencontré le ministre iranien de l’Industrie Mohammad Reza Nematzadeh lors d’un salon des équipementiers à Téhéran. Ce dernier aurait précisé qu’il souhaitait plus de coopération avec les sociétés étrangères et notamment françaises “qui ont une longue expérience de l’Iran“.
Les sanctions économiques ont coûté cher à Renault comme à PSA. Il ne faudra donc pas rater son retour en terre Perse, d’autant que la concurrence entre les deux marques pourrait ne pas forcément jouer en leur faveur et que d’autres groupes mondiaux observent attentivement la situation au Moyen-Orient. En attendant, si l’on se montre plutôt enthousiaste chez Renault on reste particulièrement prudent chez PSA… Et nous nous restons attentifs aux évolutions sur le sujet.
Via AFP, La tribune, Challenges, France24