Rétromobile : la recette d’un bon stand

Thomas a partagé ici ses 10 coups de coeur de l’édition 2024 du salon Rétromobile. On en partage pas mal avec lui d’ailleurs, c’est un homme de goût. Pour ma revue de cette très belle cuvée, je vous propose un parcours parmi les multiples stands pour tenter de définir de manière un peu concrète ce qui fait la réussite d’un emplacement à ce salon.

Les plus anciens s’en souviennent, Rétromobile a longtemps été un salon plongé dans la lumière blafarde d’ampoules jaunes. Limitées en puissance, éclairant des moquettes sombres et des décors en carton, ces ampoules ont fait le malheur des photographes. Depuis quelques années désormais, l’organisation propose aux exposants d’installer des leds. C’est, semble-t-il, une option, généreusement facturée. Si la plupart cochent la case, certains l’oublient et c’est regrettable. Leur stand est plus sombre, moins visible, triste en un mot.

Au delà de l’éclairage, la construction et la géographie du stand importent. Certains sont trop gourmands et empilent 20 voitures dans 85 mètres carrés. Faites le calcul, c’est serré, trop serré. Il est très courant de tomber sur de véritables trésors, coincés entre 4 autres voitures d’intérêt. A mon sens, c’est une mauvaise perception par les marchands. Ils veulent à tout prix rentabiliser leur venue, c’est légitime, et apportent donc un stock conséquent. Chaque parcelle du stand doit conduire à du chiffre d’affaires. Plus on en montre, plus on vend. N’ayant pas les P&L des exposants, je ne peux affirmer à 100% qu’ils ont tort. En revanche, je peux affirmer que l’image n’est pas bonne.

Chers amis, prenez exemple sur les derniers arrivants comme Girardo ou Kidston. Ils ont copié les historiques que sont Axel Schuette ou Fiskens et ont poussé le concept un cran plus loin. Le rapport entre le nombre de voitures et la taille du stand est raisonnable. Les voitures sont disposées harmonieusement. Certaines sont surélevées. Chez Girardo, le stand est systématiquement blanc. C’est plus facile, il s’agit d’une des deux couleurs du logo. Tout est clinique, les voitures se détachent bien du décor et sont parfaitement mises en valeur.

Cela semble l’évidence mais le choix des voitures présentées est fondamental. Tous les exposants ne viennent pas pour la même chose et cela a de l’impact sur le panel des modèles. Ceux qui ne viennent que pour la publicité et la visibilité offerte par le salon sont en général plus libres. On peut penser à Sport et Collection, Peter Auto ou les maisons de ventes. L’idée est simplement de sortir des pièces remarquables pour que les yeux des clients potentiels se posent sur votre stand. Assez facile. Lukas Huni, un marchand suisse fidèle de Rétromobile a toujours eu une version mixte de son stand : la plupart des voitures présentes ne sont pas à vendre bien que l’activité principale de l’entreprise soit le négoce de pièces exceptionnelles.

La plupart sont donc des commerçants qui viennent exposer leur marchandise, on revient là à l’essence des salons. Les derniers arrivant ont quasiment tous copié le concept Huni avec un thème conducteur pour la totalité du stand. C’est un luxe permis à ceux dont la profondeur du stock offre une certaine latitude. Les relations sont également importantes : Kidston ne vendait aucune des 7 McLaren F1 de 2022. Le salon se transforme alors en pur exercice de communication. Girardo vendait les 12 Ferrari de son stand 2024. Le petit nouveau Joe Macari, loin d’être un acteur mineur, est venu avec un panachage entre vente et voitures des clients. Cette capacité à rendre cohérente l’exposition est un vrai plus pour les visiteurs qui peuvent s’attarder sur l’histoire que l’on raconte.

A titre d’anecdote, certains exposants ne lésinent pas sur les petites attentions aux visiteurs. Si les verres de champagne aux clients ont toujours été présents, on voit désormais fleurir des bars ou des goodies pour les simples passionnés. C’es un excellent moyen de marquer des points.

La mesure du succès avec des exemples

Car Collectors, Top Classics, Riocam et Messina Classics : ce qu’il ne faut pas faire

Les premiers ont apporté un panel spectaculaire mais bien trop récent. Aussi rares que désirables, les Centodieci et Agera RS n’ont pas grand chose à faire à Retromobile. Même chose pour Top Classics avec une 430 16M ou une Laferrari. Attendez encore une petite dizaine d’années pour que cela soit OK. Le sentiment général est de considérer 20 ans comme une barrière acceptable d’entrée au salon. La Zonda passe mais une version plus ancienne aurait été appréciée. Riocam avait mis deux voitures formidables mais sur un stand tout noir et mal éclairé. Messica Classics conjuguait stand moche avec voitures bien trop récentes (Senna GTR et AMG One). Les anciennes étaient posées au fond, dommage.

Huni et Fiskens : les anciens qui gardent le cap

Depuis mon premier Rétromobile, ils ont toujours été là (sauf en 2022, année spéciale), toujours avec le même concept, toujours avec un line-up adapté (on pardonne la Valkyrie à Fiskens). Le classicisme de Rétromobile dans toute sa splendeur, ce sont ces deux exposants historiques.

Richard Mille : un outil extraordinaire de communication

Richard Mille ne présente aucune montre à Rétromobile, et s’il le fait, il les cache. En revanche, il organise systématiquement une opération de communication et de relations publiques stratosphérique. Ses contacts sont nombreux, ses clients sont ses amis et les prêts de voiture sont d’un niveau indépassable. Il a fait venir la McLaren F1 vainqueur du Mans 1995, la Ferrari 499P du Mans 2023, la 250 GTO du collectionneur Perrodo entre autres multiples merveilles. Son stand est toujours très attendu, fait l’objet de rumeurs, souvent fausses, parfois exactes. Bref, on parle de lui, en bien. C’est probablement son seul objectif business. Partager sa passion est probablement le second objectif, celui qui nous intéresse le plus.

Kidston, Girardo et Macari : ceux qui ont tout compris

Stands aérés, thèmes forts, voitures de légendes, alignements au cordeau, ambiance amicale, tout y est, ce sont les stands les plus réussis de Rétromobile de ces dernières années.

Crédit photos : Pierre Clémence

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