Essai : 15.000 km en Corvette C6 (vidéo)

Si je vous demande de choisir entre une 911 et une Corvette, quel serait votre choix ? Personnellement, il y a quelques années  j’aurais répondu 911 sans réfléchir. Référence de la catégorie GT, cette voiture est parfaite, sans défaut. Mais le problème c’est que son flat 6 devient monotone au bout d’un certain temps.  Si le distributeur Chassay n’avait pas fait de promotion, jamais je n‘aurais eu la vision que j’ai aujourd’hui de la Corvette. C’est donc juste en regardant la voiture que le chèque fut signé, sans même l’avoir essayée, et comme ma famille n’était jamais montée dans une C6, on peut dire que c’est un achat coup de coeur. Voici donc mon point de vue sur la Corvette C6 après 2 ans et 15 000 km.

La version essayée est la R437, elle a donc quelques modifications par rapport à la C6 d’origine. La série série R437 rend hommage aux fantastiques succès aux 24 Heures du Mans, elle est limitée à 25 exemplaires. Livrée avec de nombreux équipements supplémentaires comme le pack Performance Z51 qui comprend des amortisseurs plus fermes et de diamètre plus grand, des barres stabilisatrices ainsi que des rapports de vitesse courts, des pneus hautes performances et un essieu arrière améliorant la tenue de route. Des conduits de refroidissement ont été ajoutés aux disques de freins perforés. L’aileron arrière spécifique renforce la tenue de route et la stabilité à grande vitesse. La console centrale façon fibre de carbone permet de réduire le poids et confère à l’intérieur une finition unique.

Ci dessous la production des 25 exemplaires  prévu pour l’Europe.

Bref, on enlève tous les équipements de décoration et on se retrouve avec une C6 LS3 normale, un poil plus sportif. La première question qui me vient à l’esprit, c’est comment  un fan de Porsche comme moi ait pu se convertir à Corvette ? Explication : La C6 est entièrement nouvelle par rapport à sa devancière, la C5. Elle a même perdu ses feux quasi mythiques.

On peut le constater sur des photos, mais en vrai ?

Eh bien, en vrai, cette voiture est … Enorme ! 1,84 mètre, c’est la largeur de la C6 ! Autant vous dire que si vous la croisez sur une petite route, vous allez vous retrouver dans le fossé. De derrière, la voiture fait plus haute. Les 4 feux sont fidèles à la gamme depuis presque toujours. On retrouve les logos Corvette devant et derrière et non ceux de Chevrolet. Le spoiler arrière rappelle la Z06. Le contraste blanc et toit en verre bleu rendent la voiture plus dynamique d’aspect. Ce qui m’a surpris la première fois que je l’ai vue,  c’est que cette voiture a une carrosserie en polyester… Pour une voiture à plus de 60 000€, je trouve cela un peu osé même pour un constructeur américain !

Ensuite elle est … déconcertante ! Plusieurs exemples me viennent à l’esprit. D’abord, elle est dotée d’ un système de « portes électriques » c’est-à-dire qu’il n’y a pas de poignées. Vous appuyez sur le bouton et la porte s’ouvre. Sur le papier, l’idée est super sauf qu’au quotidien,  c’est usant. Les C6 ne sont pas conçues pour un usage quotidien, me direz-vous. Imaginons dans un premier temps que votre voiture n’ait plus de batterie : vous vous retrouvez bloqué à l’intérieur car  les portes ne peuvent pas s’ouvrir !   (le constructeur a prévu une solution, ne vous inquiétez pas …).

Deuxièmement, les portes de la voiture sont capricieuses : il arrive régulièrement que la porte côté passager ne veuille pas s’ouvrir de l’extérieur. De plus, pour sortir de la voiture, il y a aussi un manque de logique (du moins pour nous européens). Il faut d’abord appuyer sur un bouton pour déverrouiller la voiture et ensuite sur le bouton pour ouvrir la portière.

Le système qui permet d'ouvrir les portes.
Le système qui permet d’ouvrir les portes.

Une fois que vous êtes rentré,  la voiture ne va pas arrêter de sonner « dong dong dong » tant que vous ne l’aurez pas démarrée. Un dernier et puis j’arrête, il est vrai qu’il est intéressant d’avoir une alarme mais celle de la C6 est vraiment sensible. Cette dernière se déclenche très souvent. Et lorsque vous êtes en roadster, pensez bien à la désactiver sinon vous n’irez pas bien loin. Ce sont certes des petits détails mais à force, ils deviennent agaçants.

Une voiture qui va plaire à madame :

Partir en week-end avec votre sportive et madame ? Beaucoup de personnes diront oui, certains habitués diront tout de suite non. La raison ? Si Madame part en week-end, elle doit forcément avoir trois grands sacs. Ils ne rentreront pas dans une 911. Néanmoins avec la C6, on voit les choses autrement. Grâce à son coffre avec hayon de 634 dm3 soit un peu plus que celui d’une 508 SW, vous redemanderez même des bagages à madame.

Une fois assis à bord, la position de conduite fait comprendre qu’on est bien à bord d’une sportive. Les sièges sont enrobant et confortables. Les matières intérieures sont de piètre qualité. Du plastique partout mais ce n’est pas vraiment grave. Côté équipement la R437 est doté du minimum, pas de GPS ni d’affichage tête haute. La climatisation automatique, régulateur de vitesse et les sièges électriques offrent le minimum vital. Le frein à main du côté droit de la console centrale est déstabilisant pour le novice dans le monde de la Corvette. Néanmoins, grâce à son immense largeur, les deux personnes installées sont très à leur aise.

Le compteur manque d’un affichage digital à mon goût (présent lorsque vous disposer du HUD).

Et si on parlait de la finition ? Je pense qu’une simple photo vous permettra de voir que nous sommes bien à bord d’une américaine. Les fils au dessus du tapis passager en disent long à eux seuls…

Engine start !

Lorsqu’on passe à son volant, c’est là que la Corvette vous hypnotise. Le moteur démarre. Le v8 se met à vibrer dès que vous appuyez sur la pédale délicatement (avec le bout de l’orteil). Ayant l’habitude d’avoir 4 roues motrices, les non habitués de Corvette redouterons la pluie.

Comme par hasard, le jour est ou la voiture fut ses premiers tours de roues, une tempête était de la partie. Ben la première fois qu’on m’a laissé le volant, la route était sèche. Mon père m’a dit « tu y vas doucement au début ». Ce qu’il faut savoir c’est que ce sont la 1ère et la 2de les vitesses les plus dangereuses. Si jamais vous avez la bonne idée d’appuyer trop fort sur l’une de ses deux vitesses, vous partez en crabe assurément. Arrive la 3 ème vitesse, c’est sur cette dernière qu’un non initié va pouvoir prendre le plus de plaisir.

On enfonce la pédale de l’accélérateur et on est littéralement collé au siège. C’est ce qu’une 911 (hors Turbo) n’aura jamais, cette puissance à vous coller dans le fond du siège. Une fois la 3 eme épuisée ( à plus de 170 km/h), il reste encore 3 vitesses à passer ! On se demande jusqu’où elle va nous emmener. La 4 ème vous emmène à plus de 230. Il reste encore deux vitesses ! En fin de 6, vous serez à 300 km/h.  Autant dire que cette voiture est à première vue inexploitable sur la route. Si vous  voulez profiter du V8, vous ne pourrez jouer qu’avec trois vitesses.

Et par malheur si vous rétrogradez trop tôt, à cause du couple important, vous pourriez avoir de belles frayeurs. La direction est précise et beaucoup plus légère que celle d’une 997. Je demanderai juste des freins de séries un peu plus mordants. La boite est réservée aux « hommes » car il vous faudra de la poigne pour passer les vitesses du premier coup.

Sur route à 90 km/h :

Puis sur circuit (en amateur) :

Dans la vie de tous les jours, la Corvette sera être souple et confortable, attention toutefois aux ralentisseurs trop hauts. Les gens habitués à voir des Porsche, sortiront leur téléphone pour prendre une photo, il faut avouer qu’elle n’est pas vraiment discrète dans ce blanc. D’autres vous laisseront les doubler avec un grand sourire. Cette voiture fait donc beaucoup tourner les têtes. Si par malheur vous avez besoin de faire une marche arrière, ne comptez pas sur le rétroviseur arrière pour vous aider. La voiture étant très large, vous n’aurez que les rétroviseurs extérieurs pour vous guider.

Moi-même je laisse volontiers le volant à mon père pour la ranger dans le garage. C’est pour moi un gros point faible de la C6. La visibilité ! De plus, quelqu’un qui ne connait pas la Corvette n’aura pas le réflexe de laisser de l’espace entre sa position de conduite et la voiture qui se trouve devant lui. Et oui il faut bien de l’espace pour loger le gros V8 à l’avant. C’est donc troublant au début.C’est après environ 10.000km que nous avons enfin commencé à profiter vraiment de la C6 (comme ce n’est pas une voiture qui roule au quotidien il faut un temps d’adaptation plus lent).

J’ai pu avoir l’occasion de rouler sur circuit avec. On découvre une deuxième voiture. Le pilote amateur n’osera pas déconnecter l’électronique (comme nous). Le véhicule tient bien la route sauf qu’il reste moins agile notamment à cause de sa mauvaise répartition de poids en virage qu’une 911. Mais arrivé en ligne droite, on retrouve la 911 loin derrière. Vous ne pourrez pas passer la 6eme sur un petit circuit comme celui de Fontenay le Comte.

Il manque à mon goût un mode sport comme chez Porsche qui permettrait de durcir les suspensions et reprogrammer la cartographie moteur. Les pros circuit vous diront que les pneus Goodyear EAGLE d’origine ne sont pas du tout adapté à la C6. Ils vous recommanderont de faire venir des Michelin Pilot Sport et de changer vos plaquettes d’origines qui ne sont pas de très bonne qualité. La preuve après 13.000 km et deux journées circuit, nous avons déjà changé et les plaquettes et les pneus !  Je me rends compte que c’est au fil du temps qu’on apprend à apprécier cette voiture.

Ce n’est pas comme une Porsche qui en 1000 km vous montre que vous savez tout de suite maitriser cette dernière, non avec la Corvette vous apprenez à la dompter, au fur et à mesure, on ose accélérer plus fort, freiner plus tard.

Une voiture 3 en 1 ?

Je pense que oui, la ‘Vette C6 serait être une bonne routière pour vous  emmenez frimer sur la côte en ôtant le toit. En parlant de toit, pour passer en targa il vous faudra… de place dans le coffre, du temps et bien entendu être à l’arrêt. Il suffit de tirer sur les fixations prévues à cet effet et de ranger le toit amovible. Du simple mais de l’efficace et du pratique… pas comme le dernier système Targa de la 911 qui tient presque du délire d’ingénieur !

Puis elle  vous permettra de vous défouler sur circuit avant de rentrer chez vous. Attention tout de même à la consommation. En moyenne notre consommation est de  12-13 L/100 mais sur circuit nous sommes monté jusqu’à 40L/100, si si c’est possible. Sa consommation moyenne est donc presque “raisonnable”. A titre d’information, une 997 Carrera 4 phase I à la même consommation moyenne mais ne va jamais à 40 L/100 km.

C’est avec sa polyvalence que la C6 sera vous conquérir et bien entendu grâce à son super V8 qu’elle finira par vous envoûter ! Question tarif, ce n’est pas une surprise mais on peut presque dire que la C6  est une 911, 50% moins chère. Une Corvette C6 neuve en 2013 se négociait environ 55.000€ alors qu’une 991 S est affichée à 107.000€ à la même époque. Certes la C6 est beaucoup plus vieille et bien moins technologique que la 991, bien sur moins bien équipée et il faudrait plutôt la comparer à la 997.

Il faut compter au minimum 28.000 € pour une LS2 de 2006. La C6 est dotée d’un grand coffre, d’un V8 et d’un plaisir de conduite qui n’existent pas ailleurs. J’ai même presque envie de dire que celui qui ne sait pas quoi acheter ou qui veut acheter quelque chose de très performant sans être toujours dans la mécanique ou les frais va prendre une 911 mais celui qui aime le risque et les sensations (presque garanties!) va prendre la Corvette.C’est surement toutes ces petites choses qui m’ont fait aimer la Corvette. Certes, je n’ai pas basculé du jour au lendemain mais plutôt après avoir parcouru quelques milliers de kilomètres avec. Le gros défaut pour une utilisation quotidienne est pour moi les nombreux angles morts sur cette voiture qui n’est pas du tout faite pour la ville et bien évidemment son appétit en SP95 qui fait passer une Clio dCi pour une compagnie de chameaux !

Après 2 ans et 15.000 km, je n’ai toujours pas l’impression de connaître par cœur cette voiture et c’est chaque fois avec un plaisir renouvelé que j’en prends le volant ne serait ce que pour entendre le gros glouglou au moment où le V8 se lance. Je vous reparlerai de Corvette dans quelques temps… quand l”essai de la C7 arrivera sur le site.

Pour finir voici quelques photos entre copines :

Crédits photos : Flavien Jaouen pour Blogautomobile.

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