Virée en Seat Léon X-Perience dans le Désert des Bardenas

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Quand on essaie un break surélevé à 4 roues motrices, c’est lui faire preuve de respect que de l’emmener dans des paysages qui ont vu s’affronter des cow-boys et des Indiens. Un retour aux sources, en l’occurrence, au volant de la Seat Léon X-Perience.

Soudain, le temps et l’espace deviennent des notions abstraites. La Seat Léon X-Perience se meut dans un espace vide balayé par des tourbillons de poussière qui s’enroulent autour de touffes d’épineux disséminées ça et là dans ce panorama balisé par quelques montagnes ocres au sommet élimé. Je m’attends à tomber nez à nez avec John Wayne. Par quelle magie ?

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De magie, il n’y en a pas. D’abord parce que ce territoire étonnant et méconnu représente à mes yeux le meilleur rapport dépaysement / proximité du monde ! Si des sociologues peuvent lui préférer la Foire au Boudin Blanc de Rethel (08), l’essayeur trouve qu’avoir un paysage de pur western à moins de 10 heures de route de Paris, plein Sud à partir de la Porte d’Orléans, c’est suffisamment tentant pour y emmener une auto familiale à vocation baroudeuse.

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Ensuite, parce que le groupe VAG y croit à fond, dans le baroud, puisque toutes ses marques mainstream ont droit à une déclinaison dans ce genre. Si on les liste, ça donne :

  • Skoda Octavia Scout 2.0 TDI 184 DSG : 33440 € (à partir de 30 990 € en 2.0 TDI 150 BVM6)
  • Seat Léon X-Perience 2.0 TDI 184 DSG : 34 960 €
  • VW Golf Alltrack 2.0 TDI 184 DSG : 37 320 € (à partir de 32 150 € en 1.6 TDI 110 BVM6)
  • Audi A4 Allroad 2.0 TDI 190 S-Tronic : 46 190 € (à partir de 41 160 € en 2.0 TDI 150 BVM6)

En toute logique, la hiérarchie des marques est respectée (et l’on notera que la Golf se distingue de la Léon par la présence d’une assistance en descente tout-terrain et la possibilité d’un amortissement piloté). Pour revenir à la Léon, celle-ci est disponible en 4 motorisations :

  • 1.6 TDI 110, à partir de 29 945 € (4,6 l/100)
  • 2.0 TDI 150, à partir de 31 390 € (4,8 l/100)
  • 2.0 TDI 184 DSG, à partir de 34 960 € (4,9 l/100)
  • 1.8 TFSI 180, à partir de 32 145 € (6,5 l/100 , + 1600 € de malus)

Dans cette offre, c’est la 2.0 TDI 184 DSG qui me paraît la plus intéressante, si vous pouvez faire l’effort financier qui la sépare de la 1.6 (qui est la déclinaison « AllRoad » la moins chère de toute la famille VAG et que l’on reconnaît facilement : c’est la seule avec une simple sortie d’échappement), tout simplement parce que seules les deux motorisations les plus puissantes ont droit à la boîte DSG et que comme les deux autres Diesel, le TDI 184 n’est pas malussé et promet un rapport agrément / performances / consommation assez alléchant. Nous y reviendrons, car tout au long de cette balade de 2500 km, la Leon a été mise à l’épreuve dans moult situations différentes.

Au fait, comment passe t’on d’une Léon ST à une Léon X-Perience ?

C’est très simple. Prenez une Léon ST, donc, mettez lui des barres de toit et des protections tout autour de la caisse, caisse que vous surélevez de 27 mm, et vous tenez déjà le bon bout. Ensuite, installez un coupleur Haldex de 5ème génération, qui peut, alors que l’auto est normalement une brave traction, envoyer 50 % du couple aux roues arrière et jusque 100 % sur une seule roue dans les cas extrêmes. À noter que l’X-Perience se veut une déclinaison « haut de gamme » de la Léon et qu’elle est, par conséquent, plutôt bien équipée : feux full LEDs, radar de stationnement, vitres arrière surteintées, climatisation automatique, 4 vitres électriques, infotainment avec écran de 6’5 pouces, sono avec 8 HP, volant multifonction, régulateur de vitesse adaptatif avec assistance au maintien de ligne, Seat Drive Profiles Selector etc. Pas mal, non ?

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La « mienne » avait aussi le grand toit ouvrant vitré (865 €, à recommander tellement il baigne l’intérieur de lumière), ainsi que des jantes spécifiques « titanium » (420 €) chaussées de 225/45 R18. En dotation standard, la Léon X-Perience vient en rouge « Emocion », la seule couleur gratuite. Si vous n’aimez pas le rouge, il y a 7 autres propositions au nuancier. Elles n’ont rien de folichon, sont plutôt sobres (blanc, gris, marron, noir), et coûtent de 205 à 595 €, comme le « brun aventure » de notre modèle d’essai, qui lui convient en fait assez bien.

Ce qui n’a jamais été folichon non plus, c’est l’intérieur des Leon. Certes, c’est solide, bien ajusté, plutôt correctement équipé, mais l’ensemble est à l’hilarité ce que Chantal Perrichon est à l’excès de vitesse : tout en retenue, donc. Voire même en culpabilité.

Depuis le lancement de la 3ème génération de Léon, j’ai eu la chance d’en essayer plusieurs : de mémoire, la TDI 150 et la Cupra 280 hatch, ainsi que le break ST Cupra 280 essayée ici et à chaque fois, je me suis dit que, indépendamment des qualités réelles de l’auto et de l’amélioration générale de l’agrément par rapport à la génération précédente, se décider à en acheter une et passer 4 ans dedans à contempler cet intérieur, disons, sobrement impersonnel, demandait la même richesse intérieure que de prendre la décision d’aller déménager à Dunkerque. En hiver.

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Dans l’X-Perience, cependant, ça change un peu : oh, on ne passe pas de Dunkerque à St-Trop’, mais sièges et contre-portes sont recouverts d’un bel Alcantara® brun (une option à 715 €) qui donne à l’habitacle un aspect plus cossu et nettement plus qualitatif et, franchement, aide à ressentir un certain sentiment de bien-être à bord.

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Du bien-être à bord et du bien-être à regarder ces paysages proprement hallucinants : on peut dire que tout est raccord. Le Seat Drive Profiles ne permet pas d’agir sur le réglage des suspensions : uniquement sur la direction, le moteur, les accessoires et la boîte, ce qui n’est déjà pas si mal. Ainsi, en mode « Eco », la DSG récupère une fonction « roue libre » qui n’est pas désagréable quand on enroule dans le trafic et que l’on a un vrai sens de l’anticipation. Par contre, je dois admettre qu’entre le mode « normal » et « sport », le feeling de la direction ne m’a pas paru transcendé. Bref, toujours est-il que les réglages standard donnent parfaitement satisfaction dans le Désert des Bardenas.

Sur les pistes gravillonnées et caillouteuses, la Léon X-Perience amortit parfaitement bien, et avale trous, bosses, nids de poule et tôle ondulée sans broncher. Sur le sec, la traction avant suffit dans la plupart des cas et l’on ne sent l’Haldex entrer en action que lors des demi-tours ou démarrages en côte sur des pistes escarpées. A noter que l’affichage « off-road » de l’écran tient un peu du gadget, puisque l’on ne voit que l’altimètre et l’angle de braquage des roues, alors qu’il aurait été intéressant de pouvoir assister à la répartition du couple sur chacune des roues en temps réel.

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En tous cas, les 17 cm de garde au sol (soit juste 10 mm de moins qu’un Nissan Qashqai, ce qui prouve les baroudeuses à la VW sont une alternative crédible à des SUV plus prétentieux car souvent simple traction) permettent d’avancer sans trop se poser de questions.

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Quoi qu’il en soit, la balade dans le Désert des Bardenas n’est qu’une formalité pour la Léon qui se fond dans ce camaïeu d’ocre et de marron. Tiens, jeune lecteur de blog, voici venu le moment de ta petite leçon de géologie : savais-tu que les Bardenas sont une formation géologique à base d’argile (de couleur ocre, moins sensible à l’érosion) et d’un mélange de grès et de gypse (de couleur jaunâtre, plus friable) ? Quand elle se situe en plus à la fois dans une zone aride et de convergence hydraulique (provoquée par le soulèvement des Pyrénées il y a 38 millions d’années), l’alternance de ces couches géologiques donne ce paysage si typique du western, et qui possède une telle puissance évocatrice dans notre imaginaire d’européen vivant dans des petits espaces bornés et confinés.

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Autant dire que pour la Léon X-Perience, c’est du velours. Dans ce panorama au format cinémascope, elle évolue en douceur, à 1300 / 1500 tr/mn en 3 ou en 4. La rondeur du 2.0 TDI est bien appréciable, sa discrétion aussi, tout comme le feeling général des sensations de conduite. C’est tout bon, car le Désert des Bardenas n’est pas un terrain de jeu où l’on pourrait tester les performances de la Léon. Classé réserve naturelle de la Biosphère depuis 1999, le Désert comporte aussi en son centre une zone militaire dans laquelle les avions de chasse tapent le carton régulièrement. Le hors-piste est strictement interdit et sur les pistes, la vitesse est limitée à 30 km/h. Autant dire que l’endroit est moins un terrain de jeu qu’un lieu propice à la contemplation. Entre l’immensité, le sol craquelé par le soleil et le sel, les crânes d’animaux desséchés, tout pousse le visiteur à faire preuve d’humilité et à se remettre à sa vraie place : ne manque plus que la musique d’Ennio Morricone pour se mettre à flipper.

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Bref, c’est pas le tout, mais on n’est pas d’ici. La Léon va passer une dernière fois devant la cheminée de Casteldetierra (en fait, c’est une butte-témoin qui culmine à 314 mètres de haut – mais le poète a le droit d’y voir un sein, figure maternelle terriblement rassurante dans cet univers très masculin) avant de mettre les voiles.

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Pour rentrer, la Léon va se taper quelques cols dans les Pyrénées à un rythme « pressé mais prudent » (mais pressé quand même) puis s’infuser plusieurs centaines de kilomètres d’autoroute, en abusant du régulateur de vitesse adaptatif et sans autre grand souvenir qu’une super émission sur France Inter consacrée à la paléoclimatologie. C’est vachement intéresant, en fait, la paléoclimatologie. Ce nouveau millier de kilomètres permet de se rendre compte de la formidable homogénéité de la Léon X-Perience et de sa grande capacité à faire le job. Le plus marquant, c’est l’excellent agrément moteur / boîte : si la gestion de la DGS6 n’est pas parfaite, notamment en mode Sport où elle garde les rapports un peu trop longtemps à mon goût, le TDI donnant le meilleur de lui-même dans le gras de sa courbe de couple bien charnue (avec 380 Nm dès 1750 tr/mn) plus qu’aux abords de la zone rouge (située à 5000 tr/mn alors que les 184 ch ne sont délivrés qu’à 3800 tr/mn), la présence de palettes au volant aide à reprendre la main et à avoir des performances à la carte.

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Le fait que la boîte soit capable de rétrograder d’elle-même sur les freinages et intègre intelligemment le relief de la route dans la gestion des rapports participe grandement au confort de conduite et à la sérénité ressentie. Et le ratio agrément / perfs / conso est juste impressionnant : j’ai fait 5,8 l/100 en me traînant sur les départementales de Navarre, 6,1 au régulateur sur autoroute et 7,6 l dans les cols des Pyrénées. Le niveau de performances (de 0 à 100 en 7,1 sec et 224 km/h en pointe) est largement suffisant pour survoler confortablement le trafic et, surtout, doubler en toute sécurité les campings-cars qui se trainent, tandis que le comportement routier, sous-vireur à la limite, arrive quand même à masquer les 1530 kilos de l’auto dans la plupart des cas. Dernière bonne surprise : d’expérience, j’avais toujours eu le sentiment que les Skoda et Seat justifiaient leur tarif inférieur à celui des VW équivalentes en partie par des économies sur l’insonorisation et la gestion des bruits de roulement ; aussi j’ai été carrément et positivement surpris du confort acoustique de la Léon X-Perience sur longue distance, à ce petit bémol près que le TDI se fait sonore quand on lui tire dedans, et à ceci près que les valeurs de régimes de couple et de puissance démontrent que les derniers 1000 tr/mn sont en fait inutiles et inefficaces.

Oh, bien sûr, elle n’est pas parfaite : à la longue, l’assise des sièges en Alcantara® se révèle assez dure, tandis qu’on n’aurait rien contre, parfois, un peu plus de douceur dans le fonctionnement du Stop & Start et de la DSG à basse vitesse.

Il n’empêche : si je suis parti loin, découvrir de nouveaux horizons, m’arrêter en haut d’un panorama de pur western, humer de nouvelles odeurs, tenter de déceler une présence dans ce vide sidéral, sentir un vent chaud caresser une barbe vieille de plusieurs jours, s’exploser la rétine de cette géologie improbable et se dire que, putain, c’est chouette la vie, c’est aussi grâce à la Léon X-Perience.

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« La véritable star de mes westerns a toujours été le paysage », disait John Ford, qui s’y connaissait un peu en la matière. La Seat Léon XPerience se contentera donc d’un joli second rôle dans « La Prisonnière du Désert ». En tout cas, à son volant, j’ai été carrément un « homme tranquille » qui a fait une belle « chevauchée fantastique »…

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PS : une fois n’est pas coutume, je tiens à remercier Seat et les gens du parc presse VAG France. Ramener une auto recouverte de poussière et de sable avec 2500 bornes de plus au compteur et s’entendre dire : « c’est cool, au moins tu as bien eu l’occasion d’en profiter », c’est pas si banal. Merci et bravo les gars, ne changez rien !

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