Essai : DS3 Cabrio THP 155. Who loves the sun

DS3 A56 01

A la fin de l’année 68, Lou Reed a enregistré la superbe chanson Pale Blue Eyes, sortie en 69 sur le troisième album du Velvet Underground. Le texte était en réalité destiné à une femme aux yeux… marron. A la décharge de Reed, Van Morisson avait déjà sorti un beau titre intitulé Brown Eyed Girl en 67. Et puis, peu importe s’il y est fait mention d’yeux bleu, Pale Blue Eyes est avant tout une belle chanson. Il y a pire mensonge, non ? Quant à DS3 Cabrio, nouveau dérivé de la citadine à succès des Chevrons, il s’agit, comme son nom ne l’indique pas, d’une découvrable plus que d’un vrai cabriolet. Ce petit mensonge l’empêchera-t-elle d’être une formidable voiture ? Une demi-journée au volant de la version THP 155 nous permettra d’en avoir le cœur net.

Présentation

DS3, premier modèle de la ligne « Distinctive » de Citroën, s’est avérée être une réussite commerciale, au-delà même des espérances des Chevrons. En effet, avec plus de 200 000 exemplaires vendus en moins de trois ans, en dépit d’un marché européen globalement à la peine, la citadine huppée est une vraie success story pour la Marque. Elle est même parvenue à dépasser les volumes réalisés par la Mini trois portes sur le marché britannique en 2012. Même Napoléon n’avait pas cherché à battre la Perfide Albion sur ses terres. C’est dire l’exploit. Concernant le prix de transaction, avec un écart moyen de 3 000 € avec une C3, DS3 se montre également fort lucrative pour le constructeur. N’en déplaise aux oiseaux de mauvais augure se délectant de titres à sensation, PSA n’est donc pas à l’agonie même si la période est difficile. On notera que les mêmes plumes encensaient le Groupe il y a encore quelques mois pour ses choix stratégiques et sa production massivement française… L’humilité n’est pourtant pas incompatible avec une carte de presse. Produite à Poissy sur des lignes qui ont vu défiler les Tagora et 1007, DS3 prouve qu’il n’y a pas de fatalité. Aussi, pour capitaliser sur son succès, Citroën commercialise une nouvelle silhouette qui, à l’image de la Fiat 500C consiste en un immense toit en toile rétractable jusqu’au bas de la lunette arrière.  Les arches et la custode sont fixes, et les portières, identiques à celles de la version fermée font de cette nouvelle déclinaison une découvrable, bien que l’appellation Cabrio suggère autre chose. Voyez DS3 Cabrio comme le pendant de la Fiat 500C sur le segment B premium et vous cernerez mieux cette nouvelle déclinaison. Citroën table sur une hausse de 15% des volumes de DS3 grâce à cette version, qui devrait représenter, à l’image de la Fiat 500C, environ 11% du mix total de la petite française.

Disponible à partir de 18 800 € avec le nouveau 3 cylindres 82 ch (EB2, inauguré par la 208) en finition Chic, la version Cabrio réclame un supplément de 3000 € en entrée de gamme par rapport à la berline, tandis qu’il se réduit à 2300 € pour la version haute. Au lancement, les 3 finitions (Chic, So Chic et Sport Chic) sont disponibles en France mais avec une offre mécanique simplifiée par rapport à la berline : les versions essence n’existent pour le moment qu’en BVM, il faudra attendre cet été pour voir apparaître la vieille BVA 4 rapports sur le VTi 120 ch (moteur EP6 PSA/BMW). Quant au diesel, c’est l’inverse, avec l’unique e-HDI 90 ch (DV6 PSA/Ford) avec Stop&Start et BVR 6 vitesses. La boite manuelle apparaîtra également à l’été. On (i.e. moi) ne peut pas s’empêcher de rester sur sa faim côté transmissions. D’autant plus que les blocs essence font pour le moment l’impasse sur le Stop&Start.

Notre exemplaire d’essai, en finition haute Sport Chic, était paré d’une fort jolie livrée biton, probablement ma combinaison favorite, si tant est qu’un daltonien puisse avoir bon goût : teinte de caisse Rouge Rubi (sans ‘s’, comme la copine de Silvio Berlusconi) et toit gris Moondust. Cette teinte se retrouvait également sur les décors intérieurs et les jantes, tandis que la très réussie toile « Monogramme » aux motifs DS gris et beige, s’accordait fort bien avec la carrosserie. On notera que c’est cette même toile qu’arborait la DS5 découvrable qui avait été prêtée au maire de Tulle le jour où il est devenu un mec normal. Dotée des options Pack Select Cuir Mistral (i.e. cuir noir, sièges chauffants, pommeau de levier de vitesse et poignée de frein à main gainés de cuir) et système de navigation eMyWay (RT6 Magnetti Marelli, pour les intimes), notre voiture d’essai est affichée à 27 300 € (24 250 € hors options), prix catalogue. La DS3 Cabrio est d’ores et déjà exposée en showroom et les prises de commandes sont ouvertes.

Toit fermé

« Il semble que la perfection soit atteinte, non quand il n’y a plus rien à ajouter mais quand il n’y a plus rien à retrancher » écrivait Saint-Exupéry. L’auteur avait simplement omis de nous dire où s’arrêter, en l’occurrence au pavillon. Une fois que l’on a retranché son toit à une voiture, celle-ci devient soudainement plus intéressante. Conséquence ? Contact, moteur, mon doigt effleure la commande du canvas top située au plafonnier et nous voici partis pour rouler cheveux au vent. Vous ne croyiez tout de même pas que j’allais laisser le toit fermé ?

Here comes the sun

And it’s alright… Mais un brin précoce : en ce début de matinée, à peine levé, le soleil n’a pas encore réchauffé l’atmosphère. Qu’à cela ne tienne, les sièges chauffants et l’écharpe compensent largement pour la relative fraîcheur, tandis que le manteau reste sagement assis sur la banquette arrière. Au gré des minutes, Hélios dardera copieusement ses rayons au point de rendre superflu tout attribut de laine. La température ambiante flirte avec les 20 degrés et la voiture nous souffle un filet d’air chaud à travers sa clim régulée. Alors évoquons ce fameux toit en toile. Produit en France par Webasto (celui de la Fiat 500C est fourni par Magna), il s’ouvre d’une simple impulsion sur la commande située au plafonnier. A noter que ladite commande est inversée par rapport à un interrupteur de toit ouvrant de Ford : autrement dit, elle est dans le sens logique du mouvement. Bon point. La première impulsion permet l’ouverture « classique » découvrant le pavillon à l’image de n’importe quel canvas top, tandis qu’une seconde impulsion fera basculer la lunette sur la tablette arrière et achèvera de replier la toile au détriment de la rétrovision. Vous apprendrez rapidement à ne compter que sur vos rétroviseurs extérieurs sur route et autoroute, mais en ville, notamment en manœuvre, il est parfois préférable de relever la lunette et de ne découvrir que le toit. Le radar de recul, de série sur toute la gamme, permet toutefois d’y pallier.

Un déflecteur peut facilement être actionné à la main au besoin, il se montre très convaincant à vive allure. Je dois d’ailleurs avouer qu’une fois ouverte, la voiture se montre bien plus agréable sur autoroute que la Mondeo à toit ouvrant qui me sert généralement : l’acoustique est légèrement meilleure sur la DS3 une fois l’ouverture totale engagée, le flux d’air s’écoulant mieux. Le toit de la DS3 ne peut pas être manipulé au-delà de 120 km/h, ce qui est compréhensible en position « cabriolet ». En revanche, c’est plus difficile à admettre en position « toit ouvrant » dans la mesure où les contraintes aérodynamiques sont bien plus modérées. Dommage que Citroën n’ait pas dissocié les deux cas, la voiture vous imposera un léger ralentissement autoroutier pour pouvoir être ouverte ou fermée au besoin. Enfin, la fermeture du toit n’est pas complètement automatique : en l’absence d’anti-pincement, le toit s’arrête à la hauteur des bras du déflecteur (environ 20 cm d’ouverture restante) et réclamera une impulsion continue sur la commande pour terminer la manœuvre. Toujours au chapitre des regrets, la vitre passager est dépourvue d’impulsion et d’anti-pincement et il est impossible d’ouvrir ou fermer le toit et les vitres à l’aide du plip. On s’habitue trop vite au luxe… Pour clore le chapitre du toit, celui-ci se révèle silencieux une fois refermé, quasiment aucun bruit d’air en provenance de la toile quadruple épaisseur n’étant à signaler sur autoroute. Mais ne vous faites pas d’illusion : entre la luminosité et l’agréable flux d’air, vous prendrez rapidement goût au toit ouvert. Quitte à mettre un peu de chauffage par temps froid. En trois heures d’essai, la toile n’a été refermée qu’une maigre minute.

The sky is the limit?

Passée la nouveauté du toit, vous retrouverez une DS3 avec ses qualités et ses défauts. En prenant le parti de réaliser une découvrable et non un cabriolet, Citroën a fait le choix de préserver l’habitabilité de la DS3. D’une part, il s’agit de la seule 5 places du marché, d’autre part, la masse n’est pénalisée qu’à hauteur de 25 kg, autrement dit, c’est imperceptible pour le client. La rigidité de caisse est quant à elle préservée et la modularité de la banquette ne change pas, avec son fractionnement 2/3 – 1/3. En revanche, c’est l’accès au coffre (245 l) qui fait les frais de cette silhouette : le volet est monté sur deux vérins et s’ouvre verticalement. Dans l’hypothèse où la toile est complètement repliée, celle-ci remonte avec la lunette pour permettre au volet de coffre de se libérer. Au moment de la fermeture, la toile ne reprend cependant pas sa position initiale. Quant à la dimension d’ouverture du coffre, elle est réduite : ma valise cabine rentrait certes, mais sans aisance. Un peu comme dans feu les Modus avec double ouverture du hayon… A ceci près qu’il n’y a plus de hayon. Vous voici avertis : c’est la seule concession à la commodité que fait cette version Cabrio. A priori, ça ne devrait pas freiner la clientèle potentielle mais mieux vaut en avoir conscience.

A bord, la position de conduite est bonne et le volant, comme souvent chez PSA, est agréable à prendre en main. Les rangements sont forts corrects mais il manque un porte-gobelet pour satisfaire mon côté atlantiste. Les sièges, carry-over de la C3, affichent un soutien latéral décent mais n’ont rien d’exceptionnel, Citroën faisant souvent mieux et le tandem C4 / DS4 se montrant bien plus abouti sur ce point. Inutile de dire qu’on est bien loin d’une C5, même si je viens de le dire. Lesdits sièges sont certes plus aboutis que ceux d’une Fiat 500 mais j’espérais mieux, peut-être un meilleur soutien aux cuisses ou aux épaules. L’option cuir, assez abordable, permet d’accéder aux sièges chauffants, accessoire fort agréable sur un cabriolet. Le cuir, en revanche, n’a rien de très luxueux et ne recouvre pas la totalité du siège. Citroën ne propose pas d’alternative en cuir Nappa comme sur la berline ou en semi-aniline. A noter que les clients qui opteront pour le garnissage bleu granit auront proportionnellement plus de cuir que ceux qui choisiront les deux autres coloris (et vous constaterez qu’il n’y a que moi pour relever ce genre de futilité). Toujours au chapitre des équipements, on déplorera l’absence de xénons en option et au vu de l’ergonomie ou du prix du GPS, mieux vaut faire l’impasse sur cette option, après tout, c’est vous qui payez. L’écran tactile d’une Peugeot 208 est autrement plus réussi. Enfin, l’instrumentation comprend une jauge de température d’eau, de plus en plus rare à ce niveau de gamme.  Bon, je vous sens impatients, il est temps de démarrer.

Ciel, mon châssis !

Le 1.6 turbo 155 chevaux est secondé par une boite 6 vitesses bien étagée et très agréable à manipuler. Comme quoi PSA sait aussi faire de bonnes boîtes. Dommage que ce ne soit pas systématique. Sur les routes sinueuses, on se prend à jouer avec les montées et descentes de rapports au point que j’en ai presque oublié mon penchant pour les boites automatiques. J’ai toute confiance en la région parisienne et ses embouteillages pour me ramener à la raison. Capot ouvert, le moteur n’offre aucun attrait visuel. Il n’y a même pas un couvre-culasse stylisé pour vous faire croire que vous avez eu raison d’opter pour le plus gros moteur. Je vous le concède, ça n’a que peu d’importance dans la mesure où vous n’ouvrirez le capot que deux fois par an pour remettre du lave-glace… Si la qualité de la radio (surmonte Hi-Fi de série) est très correcte, c’est le son du 1.6 THP qui m’a surpris : l’échappement est assez travaillé et le rend plutôt plaisant à l’oreille, soulignant le caractère dynamique voire sportif du bloc essence. Bien qu’ayant assez de souplesse à bas régime, le moteur se montre un peu flegmatique sous les 2300 tr/min. Passé ce régime, le turbo semble entrer dans l’arène et vous voici invités à monter énergiquement dans les tours. Le châssis paraît imperturbable, le train avant, incisif, et l’essieu arrière suit le mouvement avec brio. L’amortissement, quant à lui, est plus ferme que sur une C3 mais colle parfaitement au caractère dynamique de cette DS3 sans jamais se révéler inconfortable. Pour résumer, les liaisons au sol offrent tout ce que l’on est en droit d’attendre d’une bonne… Peugeot. Qui a dit que Citroën ne faisait rien comme les autres ? La voiture est nettement plus recommandable qu’une Mini, dont l’amortissement frôle souvent la violence gratuite. Quant à la direction, bien calibrée et consistante, elle se révèle réussie. Si la DS3 pouvait décevoir par son manque d’équipements technologiques, elle se révèle intraitable sur le plan du plaisir de conduire, surtout dans cette version découvrable.

Verdict

Sans rivale directe pour le moment, la DS3 Cabrio se frotte à la Fiat 500C du segment inférieur et à la Mini Cabriolet, vrai cabriolet. L’italienne se révèle moins chère : 18 300 € pour une Lounge Twinair 85 ch contre 20 000 € pour une DS3 Cabrio VTi 82 Chic avec option Pack Intro. La Fiat dispose du Stop&Start mais se montre moins spacieuse, moins pratique et moins silencieuse. La Mini, en version Cooper, coûtera près de 3 000 € de plus qu’une DS3 Cabrio So Chic VTi 120 (dotée du même moteur, sans Stop&Start). Dans les deux cas, on n’a pas exactement affaire à deux rivales stricto sensu, la comparaison étant difficile. Toujours dans le Groupe PSA, la 207 CC s’affiche à des tarifs très proches de la Citroën. Mais il s’agit, encore une fois, de voitures très différentes. En prenant le parti de réaliser une découvrable plutôt qu’un cabriolet, Citroën commet un abus de langage. Mais à l’instar de Lou Reed et de l’excellent Pale Blue Eyes, les Chevrons nous proposent une voiture vraiment réussie, permettant de rouler cheveux au vent dans une citadine 5 places. Dans cette version THP, le moteur ne fait qu’exalter le plaisir de rouler en découvrable et tant pis si vos moyens vous ramènent à la raison : le 3 cylindres de base agrémenté du Pack Intro et des sièges en cuir chauffants doit pouvoir se négocier sous les 20 000 € et vous donnera le sourire au quotidien. Dommage que l’offre en boîte automatique soit quasi inexistante et le Stop&Start, aux abonnés absents sur les versions essence. DS3 Cabrio est un produit très plaisant et désirable : PSA devrait nous faire des toits ouvrants plus souvent. A bon entendeur…

Photos : Eric E.

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