Présentée en septembre 2012, l’Abarth 595 Turismo ne vieillit pas d’une ride et montre encore tout son charme. Nous n’avons alors pas pu résister à l’idée de vous la montrer de plus près… Abarth nous a fais le plaisir de nous prêter un de ses modèles pour Le Mans Classic, et dès la remise des clefs, un rapide tour du propriétaire s’impose. Même si ce n’est pas exactement la livrée bleue bicolore qui était prévue, avouez que ce dégradé de gris est magnifique !
“Alors, craquante ?”
Esthétiquement, on retrouve un design plus racé que la Fiat 500 avec notamment des pare-chocs et une calandre spécifique, mais aussi des jantes de 17 pouces, des étriers de freins rouges et 4 sorties d’échappement, sans oublier le logo au scorpion qui vient s’apposer à l’avant et à l’arrière la voiture. Rien d’extravagant en soit, mais suffisamment pour la rendre “moins sage”.
J’avais volontairement demandé une peinture assez tonique sur cette 595 Turismo pour égayer notre (morose) réseau automobile français et il faut d’ailleurs reconnaître que cela change tout sur la voiture. Même si la livrée bicolore ne passe pas totalement inaperçue je n’imaginais tout de même pas que l’on pourrait m’aborder à Paris pour une « simple » 595 Turismo, mais c’est bien la preuve que sa côte de popularité ne faiblit pas ! La voiture révèle alors une toute autre personnalité, et il n’est déjà (presque) plus certain qu’à la fin de l’essai j’attribue encore cette auto aux “garçons coiffeurs” comme on l’entend bien souvent…
“On monte ?”
Avant même de démarrer, l’assise surprend ! On se sent presque haut dans cette petite sportive mais finalement on s’y sent à l’aise très vite. Cette première approche reste une belle découverte avec un intérieur accueillant et chaleureux. La sellerie en cuir marron est très agréable, et l’ensemble dynamique de cet intérieur invite au voyage. Je regretterai tout de même un tableau de bord assez brouillon visuellement où l’on peut rapidement s’y perdre aux premiers abords… Ce gros compteur rond peut surprendre mais une fois quelques dizaines de kilomètres effectuées, on arrive tout de même à s’habituer au mélange de la vitesse en km/h et du régime moteur en tours par minute.
Installé à bord, le volant est lui particulièrement agréable, avec une prise en main aisée. A ce propos les fonctions vocales qui y sont rattachées sont vraiment efficaces, je ne m’attendais pas à tant de facilité sur ce modèle !
A l’inverse le levier de vitesse et le frein à main semblent un peu “cheap” à mon goût, et ne paraissent pas vraiment robustes, de la même façon que les commandos et quelques finitions en plastique fade qui ternissent l’attrait général de l’habitacle. Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, l’ensemble reste tout de même plaisant et nous invite très rapidement à prendre la route.
Deux détails (voir trois) sont d’ailleurs à retenir en particulier. Des détails surtout sportifs. Je veux parler du bouton “Sport” et du bouton “TTC” : le premier (quasi essentiel pour déceler une réelle sportivité dans la voiture) renforce la direction, octroie le maximum de couple, affermit la cartographie pédale et diminue les temps de réponse, etc. Bref, il rend la voiture joueuse ! Tandis que le deuxième vient davantage assister l’ESP. Comme un auto-bloquant, le système va bloquer une roue qui perd de la motricité ou rééquilibre alors la voiture dans des virages serrés. Pour ne rien vous cacher, je n’ai jamais vraiment ressenti une énorme différence lorsqu’il était enclenché… mais il existe ! (et doit bien avoir son utilité dans les conditions adéquates j’en suis certain)
Enfin, dans la continuité de la planche de bord remarquons la présence d’un compteur dédié lui aussi à la sportivité. En effet, on retrouve un manomètre de pression du turbo accompagné d’un indicateur de changement de rapport. Cela peut quelque fois paraître gadget et lassant, mais nous avons ici la présence d’un accessoire pratique qui a l’originalité de nous informer constamment sur l’utilisation du moteur et du turbo. Un excellent moyen également de vérifier l’efficacité et le bon état de ce dernier ! Pas essentiel c’est certain, mais c’est un plus.
“Et sous le capot, il y en a ?”
Côté technique, la marque italienne a équipé ce modèle d’un moteur 1,4 T-Jet de 4 cylindres en ligne, développant 160 ch à 5750 tr/min. Sur la balance, cette Abarth dépasse légèrement la tonne et le couple, en mode sport, atteint lui 230 Nm à 3000 tr/min. J’avais de plus entre les mains une version équipée de la boîte manuelle à 5 rapports (ce qui apparemment ne serait pas un mal vu les retours entendus sur la boîte robotisée un peu lente). Avec ces quelques caractéristiques techniques, la voiture peut abattre le 0 à 100 km/ en 7,6 secondes et revendique une vitesse de pointe de 209 km/h. Des chiffres qui nous annoncent déjà de bons moments à son volant ! (et avant d’en terminer avec les chiffres, sachez que notre version d’essai atteignait 24 160€, le prix hors option étant de 22 200€)
“En route Simone !”
Mes premiers kilomètres m’auront emmené au coeur de la capitale et à ma plus grande surprise, j’y ai découvert un de ses premiers défaut inattendu. En effet le rayon de braquage est particulièrement ridicule ! Face au gabarit de la voiture et à sa vocation première, on ne s’attend vraiment pas à ça mais prévoyez plus d’un tour de volant pour vos manoeuvres ! Les pavés de Paris m’auront d’ailleurs également rapidement donné un avis sur les suspensions… Trèèèès raides ! Une surprise de la part d’une voiture qui se veut à la base citadine, mais la sportivité l’a emporté et après tout c’est ce que l’on recherche. Mais pour une utilisation régulière et intensive mieux vaut prévoir une carte de fidélité chez votre kinésithérapeute…
On en a d’ailleurs profité pour découvrir davantage l’esthétique de la voiture en traversant Paris au couché de soleil….
et s’arrêter ensuite tardivement sur la butte de Montmartre.
Le lendemain, départ au Mans pour le week-end du Mans Classic. Ce n’est sans doute pas la voiture la plus agréable pour de grands trajets, surtout sur autoroute. Avec un régime moteur élevé en 5ème vitesse, les nuisances sonores se fonts en effet présentes, y compris les bruits de roulement. Cela ne m’empêchera pas pour autant d’arriver à bon port et de découvrir le Mans Classic.
Moteur…. action !
Après une première journée au Mans, il sera temps le soir de commencer à vraiment découvrir ce que ce scorpion a dans le ventre… Et comment mieux s’en rendre compte qu’en empruntant des petites routes désertes ? Après une bonne partie de soirée passée au Mans, c’est exactement ce que je me suis dit à 1h du matin pour rejoindre Amboise et mon lieu de repos pour le reste de la nuit…
Je n’ai vraiment rencontré aucune voiture mais il me restait à faire attention aux quelques sangliers ou chevreuils qui pouvaient me faire tester à mon insu l’efficacité du freinage. Les freins m’ont d’ailleurs (très) légèrement laissé sur ma faim. Non pas qu’ils ne soient pas efficaces, loin de là, mais il y a tout de même un léger manque de mordant à mon goût ; à l’inverse du comportement général de la voiture et de la vitesse à laquelle on est rapidement propulsé (mais je me demande si ce n’était pas mon modèle d’essai qui souffrait d’un peu d’usure à ce niveau…). Parce qu’il faut le dire, le châssis est extraordinaire, et l’adhérence est magique avec un empattement si réduit. Et c’est bien pour cela que cette voiture est un réel objet de plaisir : parce que sa prise en main est particulièrement simple et que l’on monte à des vitesses très éloignées du politiquement correct sans ressentir le besoin d’être un réel pilote pour se faire plaisir (mais attention pour autant de ne pas se faire surprendre avec un excès d’enthousiasme !).
Les rapports assez courts me font de plus assez régulièrement jouer du levier et c’est un pur plaisir ! Le pédalier sportif est d’ailleurs très agréable pour ce type de conduite, malgré que la pédale d’embrayage se montre assez molle. La montée dans les tours est en tout cas rapide et dès que l’on dépasse les 3500 tr/min le moteur se fait entendre, s’exprime pleinement et nous emmène à merveille au fil des virages. La voiture est dans son élément, et c’est un bonheur !
“Et sur circuit, ça donne quoi ?”
Abarth m’a offert l’opportunité d’effectuer quelques tours sur la piste des 24h du Mans. Je ne vous cache pas que le moment est incroyable, et c’est de plus le moment de voir réellement ce que cette italienne a dans le ventre !
Mais si tout s’était passé si facilement, ce serait trop simple…. Et oui la pluie s’est invitée avec à la clef une piste détrempée ! Dès les premiers mètres, on découvre alors un tout autre comportement. L’électronique s’invite très vite à la partie. Mais sur l’Abarth, c’est tout ou rien : l’ASR (antipatinage) fait constamment son travail… jusqu’à ce que ce soit trop pour la voiture, et là tout devient presque dangereux puisqu’il faut pouvoir contrôler des dérives plus ou moins attendues.
Comme vous le constatez, la voiture se déhanche en tout cas beaucoup plus facilement, mais l’électronique reprend toujours le dessus à une ou deux exceptions près. Il faut dire aussi que je découvrais la piste, et de plus avec l’asphalte particulièrement humide… Autant dire que je n’étais pas vraiment le plus à l’aise dans ces conditions. A savoir que l’ESP n’est de plus pas déconnectable, ce qui rend la voiture beaucoup plus sûre à l’utilisation mais peut freiner autant la voiture que le plaisir dans certaines situations…
Alors sur le circuit des 24H, ce n’est certainement pas le plus adapté à ce type de voiture. Il n’y a qu’à voir sur la vidéo le dépassement de la Lexus LFA dans les Hunaudières. Mais avec une météo pareille, il n’y avait pas de quoi rougir et moins de puissance ne semblait totalement pas être un mal…
En quelques mots, la 595 Turismo c’est une voiture à 100% plaisir et très attachante. Alors à chaque fois on se dit sur beaucoup de détails “Oui c’est vrai, ils auraient quand même pu faire mieux” mais bizarrement on arrive à s’en passer. Ce n’est d’ailleurs pas forcément le type de voiture que l’on achète complètement avec la raison et en regardant le prix, le coup de coeur ravira à lui seul les amateurs du genre. On lui trouve alors plein de petits défauts, c’est indéniable, mais c’est étonnamment aussi bel et bien ce qui fait que l’on s’y attache rapidement !
Tous nos remerciements à Christophe USEO et Fiat France/Abarth pour ce très aimable prêt !
Crédit photos et vidéos : Romuald Terranova (et son site web) for Blogautomobile.fr