Vous l’aurez compris, l’avantage d’un média comme Blogautomobile, c’est le nombre de collaborateurs dans l’équipe qui vous permet d’avoir un contenu le plus complet et le plus régulier possible. Si l’on doit bien évidemment se partager tant bien que mal les invitations des constructeurs, les voitures que l’on choisi d’essayer en parc presse sont l’objet de choix personnels. Pour ma part, même si j’ai une forte appétence pour les modèles sportifs et à sensations, certaines voitures m’inspirent moins que d’autres. Ce fut le cas je dois bien l’admettre pour le S Q2. Quelle idée d’affubler un SUV urbain d’un badge « S » pour en faire un SUV sportif. Rien que dans cette dernière appellation, quelque chose sonne faux. Et pourtant… Qu’est ce que pouvaient bien trouver ces nombreux médias anglais à une énième déclinaison du 2.0 L TSI / TFSI du Groupe Volkswagen qui au premier abord ne semble rien apporter de plus que ses congénères ? Du fun, d’après de ce que j’en ai lu. Assez pour me convaincre d’en demander un essai.
Un (pas si) vieux copain
L’Audi Q2, vous avez déjà bien évidemment eu l’occasion d’en entendre parler sur votre blog préféré. C’est d’ailleurs votre serviteur qui avait pu participer aux essais officiels qui se sont déroulés dans le sud du Portugal il y a de cela deux ans et demi (à relire ici). Le 1.4 L TFSI décliné au départ en 150 ch m’avait alors bluffé par la symbiose créée avec le Q2, c’était tout simplement excellent. Le Q2 d’autre part marque pour moi le virage enclenché par Audi ces deux dernières années en termes de style et de renouveau. Il cochait toutes les cases pour que l’envie m’en prenne de me retrouver derrière son volant à nouveau. Grand bien m’en a fait d’attendre si longtemps puisqu’Audi est revenu en début d’année avec une proposition alléchante grâce à cette déclinaison S. 300 ch sous le capot avec tout ce que cela implique tant au niveau des évolutions extérieures que dans l’habitacle. De quoi avaler le 0 à 100 km/h en 6,5 secondes et laisser sur place une grosse partie de la production automobile, le tout avec une « petite » Audi. N’oublions pas que le Q2 (et le S Q2 par extension) dispose de dimensions très contenues avec seulement 4,19m en longueur. C’est 12 cm de moins qu’une Audi A3 par exemple. Si l’on parle chiffres, un autre surprend : son poids. Avec 1510 kg à vide sur la balance, on ne peut pas dire que ce petit SUV urbain joue dans la cour des poids plumes. Il est même plus lourd que la quasi totalité des compactes du marché notamment en raison de sa transmission quattro. Mais il a bien d’autres atouts.
Insolence juvénile
Insolent, c’est le premier mot qui me vient à l’esprit pour qualifier le look de l’enfant terrible des SUV. Audi n’est pas le premier à conférer à l’un de ses SUV un look agressif assorti d’une motorisation très volontaire. Pourtant, le Q2 reste désespérément (ou pas, c’est vous qui voyez) seul dans sa catégorie. BMW et Mercedes proposent eux aussi leurs propres visions des SUV premium d’entrée de gamme mais s’arrêtent à l’équivalent du Q3. Même le GLA ne joue pas vraiment dans la même cour, sa déclinaison AMG non plus d’ailleurs. La firme d’Ingolstadt reprend alors sa recette à succès et joue dans la retenue pour ce qui est des modifications esthétiques, très proches de ce que l’on peut obtenir via le pack extérieur S-Line sur le reste de la gamme Q2. On notera principalement un bouclier avant spécifique avec un contour de calandre noir assorti aux rétroviseurs, des stickers latéraux arborant fièrement l’inscription “quattro” et enfin un diffuseur arrière laissant apparaitre 4 sorties d’échappement noires. Sur notre modèle d’essai, des jantes 19 pouces en lieu et place des 18 d’origine ainsi que les étriers peints en rouge accentue la différenciation du S Q2 du reste de la gamme. La palette de couleurs reste toujours aussi large avec la possibilité d’opter pour une configuration “Audi Exclusive”.
Il faudra également passer par la case des options si vous souhaitez bénéficier comme sur notre modèle d’essai des sièges en cuir bi-tons Rouge Magma / Noir au design particulièrement travaillé. Aucune solution en revanche pour échapper aux contreportes dont le plastique dur est omniprésent. Dommage, ça fait un peu tâche à côté de l’ambiance générale aux finitions particulièrement soignées. Du reste, l’équipent multimédia / infotainment est particulièrement bien fourni de série en proposant entre autre le Virtual Cockpit et le MMI Navigation Plus. En revanche, les aides à la conduite restent en option avec une facture grimpant facilement de plusieurs milliers d’euros si vous souhaitez cocher toutes les cases du catalogue.
Tempérament ravageur
Comme je vous le disais en introduction, mes premiers pas en compagnie du Q2 furent enthousiasmant. Une combinaison moteur / boite des plus adéquates qui permettait au Q2 d’allier confort de conduite sur voie rapide donnant plutôt l’impression d’être au volant d’un Q7 tant il semblait à l’aise sur ce type de parcours et agrément sur le réseau secondaire à travers notamment une précision du train avant déconcertante. La version S gagne quasiment 250 kg comparé au 1.4 TFSI équipé d’une boite S-Tronic à 7 rapports, soit 20%. Pas étonnant que les performances ne soient pas des plus déconcertantes sur le papier. Pourtant, à titre de comparaison, une Golf R équipé de la DSG7 affichant 1600 kg à vide effectue le 0 à 100 km/h en 4,7 secondes contre 6,5 secondes pour le S Q2. Comment une voiture plus grande, plus lourde, équipée du même moteur et de la même boite arrive donc à mettre 1,8 secondes dans la vue sur le même exercice à notre hargneux SUV du moment ? Mystère.
Mais il est temps pour moi d’expliciter mon titre, qui outre le fait d’avoir un côté racoleur (venez me lire chers lecteurs !) transcrit une réalité. Le 2.0 L TFSI n’est pas particulièrement agréable à l’oreille et pour le coup, Audi n’a pas fait grand chose pour le rendre plus sonore contrairement au reste des modèles S dont les pétarades sont habituellement monnaie courante voire distinctives. Pas un seul “pop” au levier de pied, aucun “bang” au passage de rapport express que permet la boite S-Tronic et aucun grondement rauque. En bref, vous ne réveillerez sûrement pas les rues à la manière d’une A45 AMG toutes valves ouvertes. Première chose dans la to do list en cas d’achat : montage d’une ligne inox. Le mode sport enclenché via l’Audi Drive Select transfigure le S Q2 au niveau de la vitesse de passage de rapports, de la dureté de l’amortissement, de la réponse moteur et alourdit sensiblement la direction. Le 2.0 L maison s’essouffle peu et chatouille gentiment les 7000 tours/min avant de laisser la boite passer le rapport suivant. Je dis bien “laisser” car même en basculant levier vers le mode manuel, la boite prend le dessus ur vos envies et vous empêche de rétrograder trop tôt (ça c’est bien) et monte un rapport à votre place de temps à autre (ça c’est moins bien).
Malgré cette avalanche de mauvais nouvelles, va-t-on réussir à en dire du bien de cette auto ? Mais oui ! On finit toujours pas le meilleur… Tempérament ravageur vous disais-je. Si le S Q2 n’est pas des plus démonstratifs, son engagement à la conduite sur parcours sinueux reste stupéfiant. La recette est simple mais il fallait y penser : un gabarit compact et des roues posées aux 4 coins de la caisse, le S Q2 reprend à sa sauce les éléments ayant fait le succès des premières GTI en leur temps et le comportement ne fait pas exception. Volontaire à l’accélération, il est très facile de “planter” l’avant du S Q2 au freinage, de même que s’essayer au freinage dégressi . Quelques degrés d’inclinaison du volant au moment opportun et l’arrière se met à chahuter avec entrain laissant même le gré au conducteur de reprendre les gaz et faire travailler le quattro en reprise de grip avant que l’ESP n’intervienne. C’est joueur et c’est totalement surprenant de la part d’Audi de permettre un tel écart de bonne conduite. Une fois que vous avez compris le truc, chaque virage est sujet à un freinage un peu tardif pour enrouler comme il faut les courbes de cette route de sous-bois que vous aimez tant. Le S Q2 reste très ferme en amortissement et le roulis très bien maitrisé. Il ne se transforme par pour autant en bête de course mais le caractère jovial de ce petit SUV effronté me ravit pleinement au point de le trouver plus engageant que certaines compactes du marché. Alors oui, vous vous ferez déposer par la première 308 GTi venue, mais je ne suis pas sûr que les deux clientèles visées soient liées.
Définitivement hors classe
Petit mais imposant, compact mais habitable, haut sur pattes mais pas confortable pour un sou, lourd mais pétillant, le S Q2 est plein de contradictions et son look ne fait pas exception. En termes de performances pures, le résultat n’est pas forcément au rendez-vous de ce qu’on attendrait de la seule fiche technique. Un SUV sportif, c’est d’ailleurs bien assez contradictoire pour une majorité d’entre nous (même si quelques exemples nous prouvent le contraire, à l’instar de l’Alfa Roméo Stelvio QV. Audi ne trahit pas ses habitudes et fournit une copie sans fioriture, fidèle à l’ensemble des déclinaisons S de ses modèles. Presque trop sage niveau sonorité, le S Q2 n’en demeure pourtant pas moins joueur sur parcours sinueux, là aussi c’est une jolie contradiction. Bien que la clientèle visée n’opte sûrement pas pour un achat cash, il me semble important de vous renseigner sur le prix de notre modèle d’essai qui avoisine les 60 000 €. Cher ou pas, compliqué de le déterminer tant le S Q2 joue ici les solitaires. J’attends avec impatience vos commentaires pour lui trouver une concurrence directe.
Merci à Audi France pour le prêt.
Crédits Photos : Maurice Cernay