Essai Alfa Romeo Stelvio QV : la naissance de Venus

S’il y a bien un segment sur lequel l’on attendait pas Alfa Romeo il y a encore quelques années, c’est sans aucun doute celui des SUV. Avec une gamme réduite à seulement 2 modèles en 2013 (la MiTo et la Giulietta), l’arrivée de la 4C au salon de Genève de la même année a signé le retour de la marque italienne sur le segment de la sportivité, mais surtout de la passion. Suivent rapidement la Giulia en 2016 et le Stelvio en 2017, tous deux chargés de prendre le relais de la vieillissante Giulietta en termes de volumes mais également d’image de marque. Forte d’un V6 biturbo de 510 ch développé en collaboration avec Ferrari, une chose est sûre, Alfa Romeo est de retour aux affaires. En attendant de découvrir dans les mois à venir je l’espère notre avis sur la Giulia QV, je vous embarque pour une expérience unique à bord de celui que l’on surnomme déjà le “Super SUV”.

Une fois de plus et grâce à votre blog préféré, vous avez déjà pu avoir un bel aperçu des prestations fournies par l’Alfa Romeo Stelvio, essayé ici en version 2.0 L 280 ch ou encore , muni du 180 ch Diesel d’entrée de gamme. Nul besoin donc de vous ennuyer durant un paragraphe entier avec la genèse du véhicule. La base reste identique (et excellente soit-dit en passant) en réutilisant bien évidemment celle de la Giulia dont le Stelvio partage également le nouveau V6 biturbo, développé avec la marque au cheval cabré comme précisé ci-dessus. Une Giulia surélevée ? Tant d’attributs féminins conduiraient presque à me faire dire la Stelvio. C’est décidé, en attendant l’essai de la Giulia QV, ce sera “elle”. Le tableau prend forme et j’assiste peu à peu à la naissance d’une déesse en devenir. Mais laquelle ? Alfa Romeo, ce nom résonne dans le coeur des passionnés comme synonyme de Dolce Vita et de toutes les valeurs associées : l’amour, la beauté, la séduction. Vénus ? C’est donc ça. Mais vous me direz cher lecteur, quelle hérésie d’oser comparer un vulgaire pachyderme poussé aux hormones à une légende mythologique… Et vous auriez raison, si l’on parlait de l’un de ces innombrables panzer germaniques schwarzmetal aux qualités dynamiques discutables. Mais nous sommes pourtant bien ici en présence de la naissance d’une race peu commune.

La beauté

Le Stelvio QV se découvre à moi dans un élégant Bleu Misano, surligné par des jantes “Competizione” noires et des étriers rouges. Et l’on se rapproche petit à petit pour moi de la configuration idéale pour une belle italienne : bleu clair intérieur caramel ou beige. Si la face avant en version “non QV” valait déjà le détour, les ailes élargies ainsi que les ouïes sur le capot confèrent au Stelvio une présence sans-pareil. Les regards sont instantanément attirés par cette ligne musclée mais sensuelle, agressive mais élégante. Inutile de résister, conquis vous serez. Ce qui me dérangeait le plus sur le Stelvio, la poupe, est ici transformée. La couleur d’une part laisse ressortir à merveille le dessin des feux arrières tandis que le diffuseur, raison de mon mécontentement en raison de sa forme trop simpliste a ici subit les modifications nécessaires pour accueillir deux doubles sorties d’échappement. Cerise sur le gâteau, la noblesse de notre véhicule est justifiée par les Quadrifoglio Verde apposés sur fond blanc de part et d’autre des ailes avant. À travers de petits détails, Le Stelvio QV démontre ainsi sa sportivité hors du commun pour le segment et ses nombreux liens avec le passé.

L’habitacle n’est pas en reste, et s’il n’est possible de choisir qu’entre noir et noir pour l’ambiance d’intérieur, les surcoutûres aux couleurs de l’Italie, le volant cuir/alcantara avec inserts en fibre de carbone et le choix en option des sièges baquets Sparco® à coque en carbone facturés 3900 € tendent une fois de plus à se sentir derrière le volant d’une véritable supercar. Le Stelvio QV détient d’ailleurs le record du SUV le plus rapide sur le fameux tracé de la boucle Nord du Nüburgring. Un argument de vente un peu bling-bling pour certains, un gage de confiance pour un produit de qualité pour d’autres. Alfa Romeo entend d’ailleurs montrer d’une part la polyvalence de son véhicule et de l’autre sa sportivité en organisant une belle session piste sur le fameux circuit du Castellet. Une expérience hors du commun et chargée de nostalgie pour plusieurs raisons. Le fait d’essayer une voiture d’exception sur piste premièrement, héritière d’un siècle d’histoire. Deuxièmement, le choix du Castellet, maintenant homologué pour le championnat de F1 et hôte du Grand Prix de France en juin prochain. Enfin, ces deux ingrédients réunis associés au retour de la marque italienne en F1 à travers l’équipe Sauber confèrent à cet essai une saveur toute particulière. Le retour d’Alfa Romeo est en marche.

La séduction

La recette a de quoi séduire et les performances affichées par ce Super SUV sont de premier ordre avec un 0 à 100 km/h abattu en 3,8 secondes (chiffres constructeurs) et un poids contenu (le mot est usurpé mais peut être employé pour un SUV) à 1840 kg. Il est le plus léger de sa catégorie et affiche ainsi le meilleur rapport poids/puissance. La première partie de la journée nous emmène à travers les merveilleuses Gorges du Verdon, pas particulièrement connues pour leurs lignes droites. L’exercice pourrait donc sembler loin d’être une sinécure, et pourtant… Je me fais lamentablement piéger au moment de mettre en route le V6 lorsque je cherche sur la console centrale le fameux bouton “start” que je retrouve finalement sur le volant, bien visible et surtout bien rouge, comme chez Ferrari (le hasard sûrement). Le Stelvio QV s’ébroue de plaisir, comme un cheval ravi d’effectuer son premier galop dans un pré après des mois dans un box en hiver. Je retrouve avec grand plaisir une position de conduite qui se rapproche plus d’une berline que l’effet “chaise” d’un SUV classique. Les premières montées en régime sont fulgurantes, et bien qu’on s’y attende, ça a de quoi surprendre de la part d’un tel véhicule si haut perché. Les sensations restent toutefois grandement absentes en ligne droite, malgré la sonorité envoutante dont les badauds profitent d’ailleurs plus que les occupants en raison d’une insonorisation digne des allemandes les plus feutrées. Le compagnon idéal pour aller chasser sur terre germanique en somme. Parfait pour faire ravaler la pilule à toutes ces berlines bridées à 250, restées trop longtemps maitresses en la matière. Une bride sur une Alfa ? Quelle vulgarité… Ce serait comme mettre des oeillères à un étalon de pure race qui ne demande qu’à galoper jusqu’à ce son coeur même ne lâche avant son envie de liberté. Idiotie. Les quelques kilomètres d’autoroute effectués à vive allure (trop vive…) laissent enfin place aux lacets ensoleillés qui bornent le somptueux lac de Sainte Croix et au mode “Dynamic” où l’on vous laisse encore le choix entre un réglage de suspensions ferme ou un peu moins. L’absence de freins carbone-céramique, facturés 7500 € et disponibles en fin d’année sous-entendent une certaine prudence au freinage car avec 3 personnes à bord et tous les pleins effectués, ce ne sont plus 1830 kg mais facilement 2 tonnes qu’il s’agit de ralentir ! Une masse conséquente qui ne défit malgré tout pas les lois de la physique et qui se retrouve inévitablement attirée à l’extérieur et tendancieuse au sous-virage. Le Stelvio QV s’avère tout de même impérial dans de telles situations, la plateforme et le mode de fonctionnement en 100 % propulsion en temps normal confèrent un comportement globalement très sain et moins piégeur qu’il n’y parait qui ne rend pas l’exercice contre-nature, c’est même tout le contraire !

L’amour

La phase de séduction ne s’arrête pourtant pas là. Mon coeur palpite, le Stelvio et son regard aguicheur laissent présager l’envie d’aller plus loin, sur la piste de 5,8 km du Circuit Paul Ricard, soit le tracé exact qu’emprunteront les F1 dans un peu moins d’un mois et demi. De la conduite sur circuit à bord d’un tel engin ? L’amour fait faire des folies… Chose étonnante, ce sont bien nos montures de la journée qui vont également servir sur circuit, là où la majorité des autres constructeurs sur de tels événements préfèrent dédier des voitures à la piste et d’autres aux essais routiers. Preuve s’il en est que les ingénieurs d’Alfa Romeo savent ce qu’ils font en clamant haut et fort les qualités pistardes du Stelvio QV. J’ai eu la chance de découvrir par deux fois le long tracé du Castellet, plutôt difficile à mémoriser. Une fois en tête, j’ai donc un avantage : celui de pouvoir me concentrer uniquement sur la conduite et la perception des caractéristiques de ce SUV. Après un tour de briefing, on engage le mode Race qui limite au maximum l’intervention des aides à la conduite et préserve ainsi les nombreux organes éphémères de notre mastodonte italien. L’usage des palettes est de rigueur et comme de coutume sur une italienne, elles sont larges, épaisses, imposantes, mais surtout fixes ! Ce qui je dois le dire ne gène en rien la conduite sur le Castellet l’angle du volant ne devant pas dépasser sauf épisode de survirage intempestif les 90°. Ce dernier bien en main, je m’élance le long de la ligne droite du Mistral où j’aurai l’occasion le tour d’après de prendre plus de 260 km/h au compteur grâce à la suppression pour notre session de la double chicane. Le premier Stelvio devant moi doublé, j’ai le champs libre pour laisser s’exprimer les 510 ch du V6 Biturbo qui souffle, souffle et souffle encore jusqu’à 6500 trs/min avant d’atteindre la zone rouge, trop rapidement d’ailleurs.

Malgré un coup de pied aux fesses bien présent, l’absence de sensations reste cruelle aussi haut perché. Heureusement que chaque passage de la boite automatique à 8 rapports nous rappelle la nervosité de la bête en claquant un coup de fusil chaque fois les 5000 trs/min dépassés. 210, 220, 230, 240…. 263 km/h atteints avant d’écraser de toutes mes forces la pédale de frein et sentir l’arrière du Stelvio QV ruer de tout son poids se demandant bien de quel côté il va se dandiner si je ne maintiens pas les roues parfaitement droites avant de relâcher les freins pour attaquer une large courbe à droite. Tout excès d’optimisme se traduit sur le reste du circuit par de larges sous-virages, le poids de l’engin l’emmenant tout droit vers l’extérieur. Pus d’angle dans le volant, une pression non dissimulée sur la pédale de droite et les 4 roues motrices ainsi que le Torque Vectoring Control entrent en action pour remettre d’aplomb ma chère trajectoire perdue trop tôt.

Noble mécanique d’émotions 

Si l’on ne se fiait qu’à son gabarit, le Stelvio QV rebuterait bien des essayeurs à l’épreuve de la piste. Malgré une lutte acharnée à son volant et des plaquettes parties en fumée à une allure qui n’a d’égal que l’augmentation des taxes liée aux voitures thermiques souhaitées par notre cher gouvernement, la surprise fut complète tant par son comportement que son ardeur dévouée à la tâche. Une lutte acharnée au doux parfum italien, repoussant sur son passage le sérieux germanique pour faire goûter à ses occupants aux charmes du carbone et à l’avalanche permanente de fougueux équidés. Proposé à partir de 91 400 € (si l’on omet le malus et autres frais d’immatriculation), le Stelvio s’offre à vous pour presque 30 000 € de moins qu’un Porsche Macan Turbo, concurrent tout désigné que vous pourrez snober en lui criant “C’est le mien le plus rapide sur le Nurb’ !”. Pour cette raison au moins, il vous en faut un.

Un grand merci à Alfa Romeo pour l’invitation hors du commun.

Crédits Photos : Maurice Cernay

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