Essai Civic Type R / i30 N / Mégane R.S. 280 EDC : mise au point chez les “hot hatch”

Taxes à l’achat, limitations de vitesses toujours plus contraignantes, radars en tous genres et normes antipollution de plus en plus restrictives… À l’instant même où je commence à poser sur le papier les premières lignes de cet article, je me demande bien comment les constructeurs peuvent encore se tourner vers un marché voué sûrement à disparaitre : les compactes sur-vitaminées. Et pourtant… Il suffit d’observer vos différents magazines, sites internets spécialisés voire blogs préférés (on en fait partie hein ? hein ? dites ?) pour découvrir que le marché regorge actuellement de propositions sur le segment. Français, allemands, japonais, espagnols et même les coréens ! Tous se disent qu’après tout, rajouter quelques chevaux dans la compacte de Monsieur Tout Le Monde, ça ne doit pas être si compliqué. Et pourtant ! Seul un subtil mélange d’ingrédients dont on aimerait bien connaître la composition complète peuvent donner naissance à des monstres sacrés dont la Mégane RS de précédente génération figure en bonne position. À propos de Mégane, et si on repartait pour un tour ? Il faudrait lui trouver des copines de jeu, mais l’idée commence à faire son bout de chemin dans ma tête…

Prenons connaissance

Grâce à mes compères des blogs CarsPassion et Blog-moteur, ce sont donc 3 prétendantes au titre de compacte sportive la plus fun du moment (je viens de créer le concours à l’instant) que nous avons réussi à rassembler et décidé de mettre à l’épreuve le temps d’un week-end sur une partie des merveilleuses petites routes tortueuses dont seule la France a le secret. Un peu de chauvinisme ne fait jamais de mal, le paragraphe suivant en est la preuve si doute il devait y avoir. Nous avons donc choisi d’opposer dans le désordre :

  • Honda Civic Type R Fk8 : gros coup de coeur lors de notre première rencontre en janvier dernier (à relire ici), elle devait faire partie de cette short-list non exhaustive. La plus puissante du lot (320 ch), mais aussi la plus légère et pourtant la plus longue ! Une voiture pleine de contradictions (CONFORT) dont il me tarde de reprendre le volant.
  • Renault Mégane 4 R.S. : pour elle non plus ce n’est pas une découverte, mais le retour d’une vieille copine qui a fort à faire pour dignement succéder à une telle légende… Retour donc du 1.8 L Turbo et de ses 280 ch associé au châssis Sport et à la boîte EDC. Nous espérons vous faire découvrir prochainement le châssis Cup et la tant attendue déclinaison Trophy !
  • Hyundai i30 N : malgré un marché bien encombré, le constructeur coréen a décidé de s’immiscer au milieu de la concurrence de manière assez remarquable en proposant sa propre vision de la compacte aux hormones. Ce sera la moins puissante (275 ch) mais aussi la plus lourde de notre trio, et pourtant celle qui nous surprendra peut-être le plus.

3 voitures, 3 origines, 3 philosophies et au moins 30 raisons différentes d’opter pour l’une plutôt que pour les deux autres. Après tout, vous aurez beau lire 10 fois les mêmes comparatifs entre les mêmes voitures sur des médias différents, la préférence et le jugement restera on ne peut plus subjectif, bien que les qualités et défauts des prétendantes tiennent plus de la constatation qu’autre chose… Un pro-Renault Sport le restera, idem pour le pro-Honda (dont la bible du V-TEC n’a plus aucun secret), le pro-Hyundai, il ne doit pas y en avoir encore beaucoup, mais ça devrait arriver ! C’est avant tout une histoire d’affinités.

Un point commun déjà, nos 3 jouets du week-end se font remarquer, mais chacune à leur manière. Enfin, se faire remarquer, c’est vite dit à en croire le nombre de personnes croisées nos heures de roulage durant. Une trentaine de voitures dans la journée tout au plus. La Civic Type R, affublée d’ailerons dans tous les sens, de jantes de 20 pouces, de lames proéminentes tout autour de la carrosserie donne dans le visible. Sans parler du rouge criard, des trois trompettes de la mort qui tue en plein milieu du diffuseur ou encore de la prise d’air digne de n’importe quelle Subaru… Vous en voulez encore ? La Civic annonce la couleur, et l’intérieur n’est pas en reste. Rien n’est subtil chez elle, mais j’aime, j’adore même.

Bien que la Mégane opte elle aussi pour un typiquement Renault Sport Jaune Sirius, assorti de jantes “Interlagos” noires vernies, les retouches par rapport au modèle de grande diffusion restent plus mesurées. La signature lumineuse en “C” est surlignée du système RS Vision à damiers. Les ailes avant abritent de discrètes ouïes tandis que les ailes arrière nous amènent tout droit sur le diffuseur le plus gros du marché à n’en point douté. La sortie d’échappement centrale (qui en abrite en fait deux) peut elle aussi concourir en bonne place dans sa propre catégorie. C’est une Mégane, mais en plus large.

Quant à notre Coréenne, on sombre délicatement vers l’inconnu, une grande première pour moi malgré une légère découverte bien trop courte en début d’année. Hyundai a premièrement réussi le tour de force de s’attribuer une couleur inédite pour se différencier sur le marché. Ferrari a son rouge, Renault Sport son jaune, pour Hyundai ce sera “Performance Blue”, couleur que l’on retrouve également sur les modèles courant en WRC.

Chauvins mais pas trop

3 autos débordant de vitamines, 5 jeunes gens qui en débordent presqu’autant, notre périple d’un week-end nous emmène, après la Champagne en 4C et l’Alsace en MX-5, dans le parc naturel régional du Morvan, à l’Ouest de la Bourgogne, dans laquelle nous déborderons également. Départ du Sud de Paris en direction de Vézelay qui constituera notre étape départ pour ces deux jours à travers une région de France parfois délaissée par les touristes. Cette charmante ville historique, départ pour les pèlerins du chemin de Compostelle, s’élève au Nord du parc naturel avec en son sommet l’abbaye. La vieille ville est inaccessible aux voitures (sauf résidents) et il vous faudra bien 10 minutes de marche pour franchir la pente abrupte et atteindre le point culminant débouchant sur une vue de collines verdoyantes, encore embrumées à cette heure matinale. Notre parcours nous emmènera tout droit à travers les départementales aux virages mémorables en direction du charmant lac des Settons, dont vous pouvez faire le tour en longeant quasiment en permanence les rives, à pieds ou en voiture. Les abords du lac, connu pour ses activités nautiques notamment en été, regorgent de spots en tous genres sur lesquels nous prenons plaisir à faire poser nos 3 bolides au soleil, désireux chacun leur tour de dévoiler leur plus bel angle. On leur trouverait presque une certaine classe si les couleurs choisies n’étaient pas aussi criardes. Ne vous méprenez pas, on les préfère bien colorés !

Pour atteindre notre prochaine étape, elle aussi des plus remarquables, une épaisse forêt se dresse devant nous. Les arbres, majestueux, se dressent sur plusieurs dizaines de mètres. Certains dépassent d’ailleurs les 40 mètres ! Ces hêtres majestueux impressionnent par leurs troncs interminables et nous replongent immédiatement dans des films tels qu’Harry Potter où règnent une ambiance de sorcellerie si particulière. Ça tombe bien, nous sommes le week-end suivant Halloween. La Civic prend d’ailleurs un malin plaisir à effrayer quiconque se trouve sur son passage avec son regard acéré. Nous parcourons plusieurs kilomètres sur un tracé plutôt accidenté, dénommé sans grande imagination “Route des Crêtes” ou règne encore une forte humidité associée à des feuilles mortes par millions et des passages pleins de gravillons. Ça glissouille gentiment, un peu trop pour tenter des figures de style qui nous mèneraient tout droit dans notre second lac du parcours : le lac de Pannecière. Et comme des images valent souvent mieux que des mots…

On s’amuse

On s’est bien amusé, ça oui. On aurait pu prendre un trio de citadines, un trio de berlines ou encore un trio de SUV (vachement original), nous avons choisi des compactes sportives. Alors comme vous vous en doutez, ce n’était certainement pas pour tricoter. Le Morvan que je m’étais attelé à découvrir au volant de la nouvelle Mazda 6, histoire de potasser un road-book qui ressemble à quelque chose, regorge de trésors en tous genres à commencer par ses routes tortueuses ! Passé le péage dès notre sortie de l’autoroute, c’est un véritable terrain de jeu sans fin qui s’est dressé devant nous. Alternant entre grandes courbes en dévers avec une visibilité dégagée et épingles serrées dans les bois sombres, je me demande encore pourquoi le WRC n’a jamais pensé à cette belle région en guise de Rallye de France. Je vous l’accorde, il y a également fort à faire ailleurs dans l’Hexagone. Nos trois autos sont très vite à leur aise et démontrent avec brio qu’une traction bien menée ne craint absolument personne sur ces petites départementales !

Ça se resserre

Les rares lignes droites ont du bon, notamment pour profiter des envolées lyriques des turbos à foison. Ça souffle, ça soupire, ça vit de tous les côtés. Mais la plupart du temps, ce sont des enchaînements de virages qui nous font face, et chacune de nos concurrentes entend aborder cette phase à sa manière. La i30 N et son gabarit contenu semble sautiller de virage en virage, elle virevolte telle une danseuse étoile, rebondissant sur chaque imperfection, n’acceptant que le bitume parfaitement lisse pour ne pas procurer à son conducteur une douleur au postérieur quasi instantanée. Elle se comporte tel un petit jouet, très démonstratrice dans la raideur de ses suspensions comme dans son bruit très personnel mais tellement naturel. Elle dispose d’ailleurs comme ses consœurs de suspensions pilotées (électriquement pour la Civic et la i30, à butées hydrauliques pour la Mégane). Le tableau serait tout bonnement parfait si la position de conduite n’était pas si approximative. Impossible de régler le siège assez bas et le volant n’est par la même occasion par assez haut. On ne peut pas non plus dire que les sièges soient un modèle en matière de maintien latéral. Enfin, rien à l’intérieur ne différencie la N d’une i30 normale si ce n’est deux boutons ajoutés à la va-vite sur le volant et le pommeau de levier de vitesse spécifique. C’est sans aucun doute celle qui donne le plus large sourire tant ses déflagrations au passage de rapport percent le calme environnant jusqu’à des kilomètres. Les “bang” retentissent dans les forêts traversée et en cette saison de chasse, on pourrait s’y méprendre rapidement.

La Mégane n’est pas en reste non plus à ce niveau là, mais avec des notes bien à elle, plus rauques mais aussi plus étouffées, moins perçantes. Je retrouve la facilité déconcertante de prise en main qui m’avait marquée lors de notre première rencontre. La boite EDC se laisse mener volontiers sans intervenir intempestivement sur vos choix de régime comme pourrait le faire la Clio 4 R.S.. En passant de l’une à l’autre, l’effet du 4control est d’autant plus remarquable et saisissante dans le postérieur. Aucun doute, la Mégane 4 R.S. est sûrement l’arme idéale pour ce genre de tracé. Loin de la dureté d’une Mégane 3 R.S. ou plus dernièrement de notre i30N, l’amortissement ne souffre d’aucune critique associée à des sièges au subtil mélange de confort et de maintien tant aux lombaires qu’aux cuisses et aux épaules quasiment sans faille.

C’est l’extase

Quel pied, mais quel pied… Les routes empruntées sont d’une beauté rare. Nous quittons peu à peu les forêts du parc naturel régional pour atteindre des plaines qui prennent peu à peu les couleurs orangées de saison avant de rejoindre les domaines viticoles de Bourgogne. Peu d’usagers, mais certains plutôt joueurs comme cette Twingo de première génération aux trajectoires et freinages judicieusement effectués pour tirer le meilleur de ce qu’il est possible de faire sur ces routes, les locaux nous réserverons toujours de belles surprises ! À l’aise dans le sinueux, la Civic Type R démontre toutefois tout son potentiel dans de grandes courbes avec un étagement de boite plutôt long et un turbo peu démonstratif qui rappelle que le savoir-faire d’Honda en matière de sportives tient bien du V-TEC atmosphérique à l’allonge remarquable. On se rend d’ailleurs peu facilement compte de la présence du turbo, trahi toutefois par le souffle bien présent dans l’habitacle. La direction est consistante, presque trop lourde en mode Sport ou R mais on ne peut plus communicative. On sent exactement où se place le train avant. L’arrière ne dévisse pas d’un millimètre, le verrouillage de boite me rappelle celui d’une MX-5, jouer du levier devient une véritable passion, un hobby qui à lui seul devrait être pris en charge par ma mutuelle vu l’effet procuré sur mon bonheur instantané. Ce dernier tient à peu de choses, une bande de potes, des paysages qui alternent entre virages dignes des plus grands circuits et  patrimoine grâce à des villes chargées d’histoire et quelques euros pour donner à boire à nos compagnes du week-end. Compagnes qui ont frugalement et respectivement englouti une moyenne de 10,8 L / 100 km pour la Japonaise et la Française sur 1500 km. La Coréenne s’en était tirée encore mieux, mais si seulement je me rappelais du chiffre exact…

Et si on devait n’en choisir qu’une ?

En choisir un oui, mais sur quel critère ? L’utilisation quotidienne ? La plus utilisable en semaine n’est pas forcément celle que l’on croit…  Avec un coffre immense, une amortissement confortable en toute circonstance, la Civic pourrait bien être ce choix même si naturellement il faudrait s’orienter vers la Mégane EDC pour son caractère couteau suisse affirmé. Pour la discrétion, vous pouvez faire confiance à la française et la coréenne qui couvertes d’une couleur plus passe-partout se fondent à merveille dans le décor d’une circulation typiquement parisienne : morne et grisâtre (la circulation, pas nos deux prétendantes). La Civic joue inévitablement hors catégorie sur ce critère. Reste le prix… À partir de 34 500 €, la i30 N se place idéalement et entend respecter son positionnement d’outsider, avec un prix d’appel plutôt alléchant donc. Pas de choix de configuration particulière pour la Type R exception faite pour la couleur, 38 990 €, pas cher mon fils. Et notre losangée dans tout ça, elle a le mérite de proposer des solutions “à la carte”. Châssis Sport et boite manuelle pour l’entrée de gamme, vous pouvez opter pour un châssis Cup qui dégrade le confort mais accentue les performances, une boite automatique EDC à double embrayage pour son confort d’utilisation et son efficacité redoutable, ou encore des chevaux en plus avec l’arrivée en concession de la version Trophy dont nous espérons vous parler prochainement. 37 600 € pour le ticket d’entrée. Plus, bien plus, beaucoup beaucoup plus si vous optez pour toutes les petites gâteries dont on vient de vous parler… C’est vous qui voyez. Mais pour vous aider un peu :

  • pour le caractère pur “fun” : la Hyundai
  • pour un choix plus raisonné et raisonnable sans faire l’impasse sur la performance : la Renault Sport
  • pour la performance pure : Honda saura vous ravir

Mais encore une fois et on s’arrête là, c’est vous qui voyez. On va goûter quelques grappes de raisin avant qu’ils se décident enfin à faire les vendanges de notre côté…

Mes plus vifs remerciements aux 3 constructeurs qui nous ont fait confiance, à mes compères et moi pour l’organisation de ce road-trip. On reviendra !

Crédits Photos : Mickaël Roux, vous pouvez découvrir son travail ici.

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