Essai comparatif : Le Porsche Taycan 4S peut-il supplanter la Panamera 4S E-Hybrid ?

En juin dernier, j’ai pu approcher et conduire le bluffant Taycan. La première Porsche 100% électrique de l’ère moderne. À l’époque, je m’étais attardé sur la version la plus puissante, la Turbo S. En décembre dernier, c’était au tour de la Panamera restylée de se glisser entre mes mains. Comme pour le Taycan, je m’étais concentré sur la version Turbo S. Aujourd’hui, il est temps de redescendre sur terre et d’essayer les versions plus accessibles de ces deux berlines Porsche : le Taycan 4S et la Panamera 4S E-Hybrid. On va essayer de répondre à la question suivante : le Taycan 4S peut-il supplanter la Panamera 4S E-Hybrid ?

Cet article présente un comparatif des deux véhicules. Leurs essais plus détaillés sont disponibles ici pour la Panamera et là pour le Taycan.

En ce moment, les conditions sanitaires rendent difficile l’organisation d’essais par les marques. C’est pourquoi avec deux amis, Jalil d’ABC Moteur et JB du Billet Auto, on a décidé de se faire notre propre session d’essais sur deux jours. Au menu, un comparatif : deux Porsche, deux berlines. Une électrique et une hybride. D’un côté, le Taycan dans sa version 4S, première voiture 100% électrique de l’ère moderne de la marque de Stuttgart. De l’autre, la Panamera Sport Turismo 4S E-Hybrid, dont j’ai déjà pris le volant lors l’essai de la Panamera restylée. Un moyen de savoir comment se démarquent en face à face, ces versions coeur de gamme.

Pour ce faire, direction la Sarthe et le Perche. Départ lundi matin, depuis Levallois-Perret (92) vers Le Mans pour exploiter ces deux voitures sur leur terrain de jeu habituel : l’autoroute.

Je prends le volant de la Panamera. Le trajet commence en ville, en 100% électrique dans un calme monacal. Le double vitrage (1 890€) fait magnifiquement son travail. Je me faufile comme avec la MINI Cooper SE, que je viens de déposer. Un miracle rendu possible, pour une berline de 5,05 m de long et 1,94 m de large, grâce à ses roues arrières directrices à 2 100€. Un vrai plaisir. Juste avant d’arriver sur le périphérique parisien, je décide de réveiller le moteur thermique en passant sur le mode Sport.

Un joli V6 2,9 L que l’on peut également retrouver sur la Audi RS4. Ici, il donne de la voix, beaucoup de voix. Celle d’un ténor mécontent qu’on le réveille, à en croire la tête de Jalil au volant du Taycan juste derrière moi dans les bouchons. Le son est rauque, et je me demande comment un constructeur peut homologuer un tel échappement aujourd’hui. Quel bonheur. Il faut noter que notre version d’essai est équipée du système d’échappement sport (3 108 €). Si vous avez les moyens, ou si vous aimez vous faire détester de vos voisins, n’hésitez pas : cochez la case !

Nous prenons ensuite l’A6 pour rejoindre l’A10 puis l’A11 en direction du Mans à la vitesse de croisière idéale sur autoroute. Le tout se fait dans un confort fascinant. Les kilomètres défilent sans s’en rendre compte, jusqu’à notre arrivée à Chartres. A la station Ionity, nous chargeons le Taycan à 100% pour être tranquilles le reste de la journée. À ce moment-là, nous pouvions largement aller au Mans sans recharger et profiter d’une centaine de kilomètres d’autonomie sur place. Il a fallu anticiper le trajet en fin de journée jusqu’à notre logement dans le Perche. De toute manière, il était l’heure limite du petit-déjeuner, 10h30.

Photo réalisée en jour 2

La voiture encaisse sans soucis la puissance de la recharge à la borne, avec un pic à 100 kWh alors qu’elle est déjà à 80%. Merci le réseau de bord en 800 V. Le temps de faire une pause technique et de s’enfiler un café en intraveineuse. La voiture frôle les 100% et on reprend la route. Arrivés au Mans, on déjeune rapidement et direction le virage d’Indianapolis pour faire les premières photos de notre road-trip manceau.

Posés sur l’intérieur du virage, on admire les deux voitures de notre comparatif. La Panamera est dans sa version Sport Turismo, le break de chasse dans une très discrète configuration gris dolomite. Le Taycan Cross Turismo n’étant pas encore disponible, on se “contente” de la version “normale”, dans un rouge magnifiquement “ferrariste” nommé Carmin. Il faut dire que nous sommes gâtés. On va encore passer 36 heures très compliquées…

Il est l’heure pour moi de vous présenter la voiture dans laquelle je suis venu : la Panamera 4S E-Hybrid dans sa version Sport Turismo avec son groupe moto-propulseur hybride, qui associe un V6 bi-turbo de 440 ch et un moteur électrique de 136 ch (la même puissance que celui d’une e208). L’association de ces deux moteurs produit une puissance totale de 560 ch et 750 Nm. Rien que ça…

Coté design, rien à redire pour ma part. La Sport Turismo est vraiment la plus belle des Panamera. Sa ligne est à la fois sportive, classe et diablement séduisante. Même dans cette configuration “passe-partout”, les gens se retournent sur son passage.

À l’intérieur, le cuir pleine fleur est partout présent. Elle est équipée des options cuir étendu à 4 308 € et seuils de porte en cuir à 2 028 €. Je dois vous dire qu’on se sent vraiment bien dans 6 336€ de cuir. Les sièges Porsche sont toujours aussi bien faits. L’assise est confortable mais ferme, et le maintien est idéal aussi bien pour mon gabarit de rugbyman que celui de crevette de mon acolyte Jean-Baptiste Dessort. Les sièges sport adaptatifs à 18 positions sont irréprochables. Je peux me placer au ras du sol pour ressentir la voiture avec mes fesses, un régal. L’arrière n’est pas en reste avec un confort royal.

En ce qui concerne le coffre, j’ai pu y loger tout mon matériel photo avec trépied et les valises cabines des collègues sans soucis dans les 425 litres de notre version E-Hybrid. Un coffre pas si grand que au vu du précédent chiffre, mais qui se montre très facilement accueillant avec son ouverture à hayon.

(photos : @thegoodclick)

Après quelques passages aux virages d’Indianapolis pour illustrer nos différents essais, il est temps de se diriger vers notre lieu de villégiature de la soirée : Les Communs du Perche. Une magnifique bâtisse qui ne nous est pas inconnue car nous y étions en juin dernier lors de l’essai du Taycan. Nous échangeons les volants pour finir la journée.

Quel bonheur cette voiture. Je pensais avoir touché du doigt la perfection pour une berline de 5 m de long avec la Panamera. Mais, le comportement du Taycan est proprement bluffant… Comment Porsche arrive à donner l’impression d’être dans une 911 malgré la différence de gabarit ? C’est la question qui me trotte dans la tête sur les 80 kilomètres de ce trajet. La voiture est parfaite, son comportement est à la fois confortable et si sportif.

En sortant de l’autoroute, il nous reste 25 km de petites routes sinueuses dans le Perche pour tester le dynamisme de nos autos. Le Taycan s’y montre terriblement efficace et rigoureux, tout en restant très confortable en mode Sport Plus. Les roues ne dribblent pas et les suspensions encaissent parfaitement les dégradations de la route malgré un rythme élevé. La voiture tient le pavé, aucun mouvement de caisse parasite ne vient entacher mon plaisir au volant de cette voiture fabuleuse. Le centre de gravité de la 918 Spyder n’y est pas pour rien.

Je retrouve le plaisir que j’avais eu en juin au volant de cette voiture, un plaisir immense. La sensation de faire corps avec cette voiture est jouissive. Je pense à une trajectoire, mes mains tournent le volant et la voiture agit sans sourciller, comme un prolongement de moi-même. Je suis bien au volant de la première sportive 100% électrique.

On arrive malheureusement déjà sur notre lieu de repos. Quel endroit fabuleux, calme et plein de charme, caché en plein milieu de la campagne dans un petit village. Ne trouvez-vous pas que ce cadre s’accorde à la perfection avec nos voitures ?

Le lendemain matin, on s’éveille et dans ce grand jardin trônent nos deux voitures. La vie d’essayeur de voitures est parfois belle. On se rend compte de notre chance. La météo ne va pas en s’arrangeant mais au volant de telles voitures, pas besoin de soleil pour égayer notre journée.

Il est temps pour moi de vous présenter le Taycan 4S qui nous accompagne durant ces 36 h. Jusqu’il y a peu, c’était le modèle entrée de gamme. Porsche a sorti une version nommée tout simplement Taycan en propulsion. Notre version est dotée de la grosse batterie qui fait passer sa capacité de 79,2 kWh à 93,4 kWh, une option à 5 568 €. Elle permet de gagner 56 km d’autonomie selon Porsche. Un peu cher payé, me direz-vous ? Le poids de la voiture frôlant les 2,3 tonnes, cela requiert de l’énergie pour la bouger.

Il faut également de la puissance, celle de ses 2 moteurs électriques (un sur chaque essieu) qui produisent 571ch en cumulé et un couple de 650Nm. Pour ce qui est des chiffres, le Taycan est un peu plus puissant que la Panamera. Son couple est moindre de 100Nm, mais il se rattrape par une disponibilité immédiate. Merci l’électrique.

En ce mardi matin, je prends le temps d’en faire le tour. Le design est singulier, il est vrai. Nos deux voitures ne se ressemblent pas mais aucun doute : ce sont des Porsche. C’est un tour de force de la part des designers de la marque.

Ce capot avant très creusé, ces arches de roues bien galbées, ce profil d’une 911 rallongée et cet arrière fuyant : le concept-car Mission-E n’est pas loin. À l’intérieur, la simplicité et la technologie effacent le luxe de notre Panamera. Le tissu des sièges et le volant en alcantara le font passer pour une voiture simple et efficace. La technologie y est présente partout. L’écran incurvé singe les 5 compteurs originels à la perfection.

Les deux écrans du milieu sont très fonctionnels. L’un sert au multimédia et au GPS, l’autre à la climatisation et aux raccourcis. Notre version est équipée d’une option qui ravira votre passager avant : l’écran passager (1 032 €), permettant l’accès à toutes les informations multimédias et GPS. Avec ces 5 écrans, on est dans un cocon technologique, et le geek en moi est comblé !

A l’arrière, le passage de porte est un peu juste pour mon gabarit. L’espace à bord est suffisant pour mon 1,83 m, lorsque le siège avant est configuré pour mes longues jambes. Le coffre est lui plus grand que celui de la Panamera Sport Turismo, avec 488 litres. Il est par contre moins facile d’accès avec son ouverture sans hayon, uniquement une malle.

Il est temps de repartir de ce magnifique endroit et de reprendre la route pour continuer nos péripéties dans la campagne perchoise. Je m’installe donc au volant de la Panamera 4S E-Hybrid, pour me rafraîchir la mémoire. Son dynamisme m’avait manqué. Le bruit de son moteur aussi. Le V6 bi-Turbo est un ténor en survêtement.

Le moteur monte dans les tours sans peine et procure sa puissance jusqu’à 6600 tr/min, sa zone rouge. Le son est fabuleux. Son dynamisme est presque aussi bon que le Taycan. Pourquoi ce sentiment ? J’ai l’impression que la Panamera est plus lourde. Rien de fâcheux, mais l’exploit du Taycan est de vous donner l’illusion qu’il est plus léger que ses 2,3 tonnes.

La Panamera y arrive moins bien. Je révise également mon jugement sur le freinage. En décembre dernier, celui de la version 4S E-Hybrid était parfait. La gestion du passage entre le freinage du moteur électrique et celui des étriers était imperceptible. Sur celle-ci, le passage entre les deux se ressent, et ça en devient un peu dérangeant.

Le powertrain fait des miracles. Les relances fabuleuses et la souplesse de cette hybridation me font oublier ces petits défauts. Je suis dans un break de chasse rapide – voire trop rapide – et cela dans un confort et une sportivité accrus par rapport à l’ancienne génération.

Au moment de rentrer sur Paris, le choix est compliqué… Dois-je choisir la sportivité et l’efficacité du Taycan ? Ou le son fabuleux, le confort et la sportivité de la Panamera ? Niveau puissance, c’est très proche, idem pour le poids. En terme de tarif : 135 000 € pour la Panamera et 108 000€ pour le Taycan. Selon les choix d’options, les tarifs peuvent s’égaler tant la liste est longue des deux cotés. Reste le son…

Mon choix est dicté par mes oreilles. Dans un futur pas si lointain, les voitures seront toutes électriques. Si elles ressemblent au Taycan, c’est avec plaisir que je vais vers ce futur. Mais j’ai envie de profiter encore du son fabuleux de ce V6. Tout en sachant que le soupçon d’hybride permet à cette Panamera Sport Turismo de 560 ch et 2,3 tonnes de consommer moins de 10 litres aux 100 km, avec le rythme soutenu qu’a été le nôtre durant ces 36 heures.

Merci à Porsche France pour le prêt et leur confiance. Merci aux Communs du Perche pour l’accueil fabuleux et l’endroit somptueux.

Et enfin, merci à mes deux acolytes Jalil C. d’ABC Moteur et le grand (par le talent) JB Dessort du Billet Auto.

Photos : Ugo Missana pour Blogautomobile (Tous droits réservés)

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