Essai : Hyundai Veloster Turbo DCT7 : cultiver sa différence !

S’il est bien une voiture destinée à ceux qui ne « veulent pas rouler comme les autres », c’est le Hyundai Veloster. Road trip breton dans sa version Turbo DCT7.

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Bouton “ECO” enfoncé, direction en mode “confort” et me voilà armé pour affronter la circulation urbaine. Le Veloster ainsi paré ronronne. À 40 Km/h, la nouvelle boîte à double embrayage du groupe Hyundai / Kia est déjà en 5ème, et je roule dans un silence certain et des vibrations contenues. La sono chantonne sur Nova (qui diffuse « A Grand Love Theme » de Kidloco), ce qui finit de calmer mon stress permanent de conducteur citadin. Tranquille, le chat.

La réponse à la pédale d’accélérateur est très soft et le moteur accélère très tranquillement dans une poussée discrète. C’est calme, je suis en ville, apaisé, serein, zen. Mon imaginaire vogue vers des prairies alpines remplies de fleurs s’ouvrant vers un printemps naissant sous la haute surveillance de sommets encore enneigés et sous le haut patronage d’un soleil timide mais déjà assez présent pour commencer à sentir sa chaleur. Le ciel est bleu brillant, la voiture aussi, mais en mat, le feu est vert, faudrait peut être que j’avance.

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Non mais ? De quoi on parle ? Je suis au volant d’un Veloster et pas dans un véhicule hybride aseptisé de senior éco-responsable-devenu-végétalien-sur-le-tard.

Crossover ? Vraiment ?

Je suis dans un “Crossover au caractère nouveau, unique, où le dynamisme fait jeu égal avec les aspects pratiques, un mélange entre le style d’un coupé et les fonctionnalités d’un break”. C’est pas moi qui le dis, c’est Hyundai. Et Hyundai c’est pas n’importe qui !  Hyundai c’est le 4ème constructeur mondial. Le duopole coréen Kia Hyundai est en plein reconquête de sa réputation et qui veut se sortir d’une image de véhicules Low Cost.

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Le fabricant propose aujourd’hui une gamme cohérente et moderne, de la petite citadine à l’exubérante Genesis V6 3.8 (essayée ici) en passant par quelques SUV et berlines plus qu’honnêtes.

Le Veloster c’est un véhicule à la ligne tranchée, aux nervures nerveuses, à la croupe coupée et aux couleurs vives. Un Veloster c’est un look. C’est une voiture qui attire l’oeil car elle a le bon goût de ne pas être juste une voiture de plus, elle a une vraie identité visuelle aidée par ses portières asymétriques (2 côté passager et une côté conducteur pour expliquer le mélange cité plus haut : faut-il d’ailleurs croire que l’homme rêve d’un coupé tandis que la femme a besoin d’une seconde porte pour s’occuper de l’enfant ? Ce serait pas un peu macho comme vision de l’automobile ?). C’est aussi, dans mon cas, un bleu mat du plus bel effet qui finit d’étonner l’œil du passant, du conducteur de la file d’à côté ou de mon voisin.

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Une voiture qui pourrait réussir son pari. Z’avez vu ces deux grosses sorties d’échappement ? Ça sent la testostérone, l’octane à plus de 100, les pneus qui cirent, les freins qui surchauffent. Cette voiture, elle sent la guerre.

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(ça, c’est du pot !)

Mais de quel pari parlons-nous vraiment ? le Veloster se situe sur un créneau difficile, celui des compactes à tendance sportive, tenu de main de maître par des Focus, des Meganes et autres Golf. Sur la même tranche de prix, il faut admettre que le Veloster doit se battre contre des véhicules plus puissants et mieux placés. Et donc, qu’il ne parlera qu’aux fanatiques de son esthétique franchement décalée. Il y en a. Peu.

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Une Focus ST se monnaie contre 31.200€ plus 2.200€ de malus. Oui certes mais elle sort plus de 50 chevaux de plus que le Veloster qui se touche à 30.300€ dans cette version à double embrayage (inclus les 600€ de peinture mat sur notre modèle d’essai) et ce sans compter le malus (de 2.200€ également). La Mégane GT 205 ch dernier cru (et donc dernier cri) de son côté, s’échange contre 31.900€ auxquels s’ajoutent un malus de 150€. Mal positionnée, la coréenne ? Voyons les choses autrement et quittons quelques instants ces considérations bassement matérielles.

Soit dit entre nous, qui, quand il croise une Focus ou une Megane, se retourne ? (si c’est une version sportive, moi, note de GL). Qui prend le temps de détailler la sportivité du véhicule ? De voir si c’est une GT, une Trophy ? Une GTI-RR-RS-Cup-Special-Edition ? D’aucuns me diront qu’avec une couleur bien pétante, ça peut générer de la curiosité. C’est pas faux. Mais le Veloster intrigue, interroge, interpelle et interagit avec son public et ce dès le premier coup d’oeil.

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Breizh !!

Prenant ma mission à cœur, j’ai emmené le coupé en Bretagne, sur mes terres, où sévissent Clio, Qashqaï, C5 type I et autres voitures grises et sinistrement déprimantes. J’ai décidé d’amener le Veloster au village préféré des français de 2015, rendant hommage à Stéphane Bern, ce troubadour so 2016 ! Ce magnifique lieu qui concentre une côte merveilleuse, une architecture faite de maisons en granite rose aux volets bleus, un port où hiberne le bateau paternel, des crêperies, des échoppes de fruits de mers où des beaux homards attendent d’être cuisinés, la SNSM (qui aura toujours mon respect) et un phare trônant fièrement sur un amoncellement de blocs de granite. Ploumanach c’est beau, très beau même.

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Mais soyons clairs, j’y croise bien moins d’Audi R8 V10 que dans un village allemand à peine plus grand mais bien plus connu. Par contre on peut y voir de beaux voiliers, des vedettes à touristes, des chalutiers et des vieux gréements. C’est donc un endroit peu porté sur la chose automobile si on met à part la Megane type 1 noire mat tunée (avec un aileron à faire pâlir de jalousie une formule 1 des années 70) croisée lors d’une promenade et qui m’a jeté un coup d’œil sacrément envieux.

La côte de Granite Rose qui m’a vu grandir a aimé le bleu mat de la Hyundai venir faire contraste à son ciel de plomb, a aimé les lignes du Veloster répondant aux arrêtes de son granite (rose, on vient de vous le dire). Chaque arrêt a vu tourner un nombre de têtes conséquent, du plus au moins jeune des spectateurs. Oui la Veloster fait son effet. La ligne est cohérente et plus agressive, plus trapue que bien des concurrentes. On aime ou on n’aime pas, moi j’aime bien mais je défie quiconque de me dire qu’elle laisse indifférent.

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Ça tête un Veloster…

Débarrassons nous tout d’abord de quelques points négatifs. Déjà elle consomme un peu. 8,8L/100 sur autoroute (cruise control aux vitesses légales), 8,2L/100 sur le réseau secondaire et 11,4L/100 en ville. Vu la tendance du moment, on pouvait s’attendre à moins. En plus, même si la moyenne affichée est bonne au tableau de bord, la jauge de kilomètres restants est assez fantaisiste (voir complètement pessimiste). Ensuite la hauteur de chargement du coffre est peu pratique. On doit lever ses bagages (trop lourds par définition) très haut pour les déposer dans la malle. Il y a ensuite un problème de vision dans le rétroviseur. On est en permanence suivi par ce becquet qui définit l’angle arrière et qui encombre la visibilité (j’en profite pour vous informer que les surplus d’essuies-glaces – les plus petits du monde – de la C4 type 1 Coupé ont été rachetés par Hyundai). Autre point, déjà abordé, le rejet de CO2 de 165gr/km qui gratifie le Veloster d’un malus écologique de 2200€ selon le barème 2016. Un stop & start aurait permis de faire baisser significativement cette valeur.

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Et puis il y a le moteur. 186 chevaux, à 5500 tr/min, 27 m/kg placés sous les 4500 tr/min. Ces valeurs annoncent un comportement agréable vu les 1284 kilos annoncés. Si le couple est bien présent et très agréable, la poussée dans les tours manque un peu de violence et d’émotions. Elle est franche mais linéaire, il manque ce petit coup de pied que l’on aimerait ressentir malgré un petit regain de peps vers 4000 tr/mn. Dommage. Dites-moi Monsieur Hyundai, le version 204 chevaux de ce bloc (qui équipe la KIA Ceed GT, essayée ici, mais qui est tout aussi linéaire ! ) ne pourrait pas s’inviter à bord du Veloster ? Dernier point négatif : il y a un peu trop de basses dans la sono mais ça, ça se règle et ce n’est pas grave.

Questions philosophiques

“Ne peut s’interroger sur le sens de l’univers que celui qui est capable de s’étonner devant la marche des événements” disait le sociologue et économiste Max Weber. Alors oui, étonnons-nous de cette voiture bien au-delà du constat précédemment fait et abordons à présent la vie à bord, parce que cette dernière est intéressante. Ce véhicule, typé sport par sa ligne et son positionnement, encourage assez paradoxalement à la pratique de la zenitude intensive. Le Veloster se prête bien, en plus de la pratique urbaine décontractée, à l’exercice autoroutier. La voiture est silencieuse au-delà de ce que je pouvais en attendre. Peu de bruits aérodynamiques, peu de bruits de roulements et un confort plutôt acceptable pour une voiture à vocation sportive. Côté suspension, c’est aussi de bonne facture : elles sont juste fermes comme il faut, c’est à dire sans vous comprimer 3 vertèbres à chaque dos d’âne.

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L’intérieur est doté de finitions acceptables même si les matériaux sont globalement peu gratifiants. Les sièges baquet siglés “Turbo” sont fermes mais confortables et l’on se cale bien dedans ; les longs trajets ne déclenchent pas de lombalgie. La planche de bord n’est pas vilaine et l’ensemble s’avère très ergonomique. On notera quelques détails bien sentis comme les poignées présentes sur les accoudoirs qui permettent au passager de bien se cramponner, la facilité d’accès de l’ensemble des commandes, le bon positionnement de l’écran tactile qui permet de ne pas quitter la route des yeux trop longtemps, ce dernier donnant accès au GPS, au mode audio, à différents réglages via des menus assez intuitifs.

La boîte est fluide et les changements de rapports sont discrets en utilisation quotidienne. Le couple bien présent suffit à évoluer tranquillement dans le trafic. Zen je vous dis !

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Alors alors ? Que peut-on en dire de ce Veloster ? Que faire de ce véhicule ? Et bien je serais tenté de vous dire que même si, très franchement, la cible me semble floue, moi je vivrais bien le Veloster au quotidien.

Et voilà pourquoi !

Un châssis plutôt joueur

Volant en mode sport (parmi les 3 modes disponibles : confort, normal et sport donc, suivez un peu). Boîte en mode sport (parmi les deux modes disponibles Drive et Sport donc … franchement mettez-y du vôtre). Le virage se rapproche, je prends les freins (très bon feeling et mordant plus que convenable), je relâche la pédale (merci de ne pas sortir cette phrase de son contexte), je reprends l’accélérateur et jette la voiture dans le virage. L’avant accroche. La voiture est calée dans le virage et le couple me permet de maintenir l’appui. Je soulage l’accélérateur légèrement et l’arrière survire avec douceur. Un coup de palette, le rapport suivant passe sans la demi-seconde (on aurait aimé un poil plus de réactivité, mais c’est déjà très bien par rapport à d’autres DCT, comme sur l’Alfa Giulietta, par exemple), je me lance vers le virage suivant, celui-ci, moins prononcé, me permet de passer en maintenant l’accélération et sans faire appel aux freins.

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La direction inscrit instantanément la voiture dans ce virage et cette dernière ne prend qu’un roulis à peine perceptible. Elle est calée, elle accroche, elle y va et moi, je me marre ! Mon petit niveau de conduite s’entend à merveille avec le Veloster qui me permet de sentir et ressentir la route, la voiture et le grip entre les deux. Un petit bruit accompagne mes évolutions viroleuses, pas démentiel, pas extrêmement présent mais juste assez pour indiquer que l’on n’est pas là pour cueillir des jonquilles. Une portion à deux voies dans le même sens parsemée de virages me permet d’aller taquiner une grosse Audi sous les yeux interrogateurs de son conducteur qui se demande si c’est un avion, une fusée ou Superman (c’est à cause de la couleur mais le Veloster n’a pas de slip rouge …). Moi en tout cas, ça va ! Je quitte cette portion pour me replonger dans le trafic. Mode ECO à nouveau. La réponse à l’accélérateur change, sous mon pied et le couple fait le boulot dès les plus bas régimes. Le volant en mode Confort devient plus doux et donc plus facile. la boîte repassée en mode Drive finit d’aider la Hyundai à redevenir ce véhicule discret à l’intérieur mais toujours aussi surprenant à l’extérieur.

Voyage, voyage…

Le retour de mes terres bretonnes se fait avec un coffre plein. Les 320 litres du coffre (1015 avec les sièges arrière rabattus) permettent de stocker mes affaires et celles de la personne qui m’accompagne. Ladite personne a testé pour vous l’arrière (en montant par la seule porte arrière, à droite donc). Elle y est bien, elle aime le toit vitré ouvrant avec son filet anti-remous efficace. Pour être franc, cette personne a 12 ans et mesure 1,60m.

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Le Veloster se vit à deux devant ou avec deux individus de petite taille et de jeune âge derrière. Une voiture de jeune couple ? Peut-être bien oui ! Car au final, tirer un trait sur une sportivité trop affirmée, ça a du bon. Cela permet d’avoir cette dose de zen que le Veloster diffuse si bien quand on est hors de la chasse au chrono. Un compromis. Un entre-deux pas déconnant. Un positionnement délicat. Celui de vous offrir le meilleur de quelques mondes. Avec un 0 à 100 abattu en 9,7s, elle se positionne en dessous de ses concurrentes (6,1s pour la Focus ST) mais une fois de plus, limiter la Veloster à une compact sportive serait réducteur. Elle permet de dépolluer le quotidien de ce qu’une sportive peut avoir d’agaçant une fois que l’on est sorti du Nürburgring. Elle sait être discrète et feutrée, tenir sa conso en ville, vous réchauffer le séant quand les températures le demandent, bercer vos oreilles de musique douce sans être gêné par le bruit de vos pots Racing-RR-GP-Replica-F1-Extrem qui bloubloutent aux feu (du verbe bloublouter, aussi utilisé en cuisine et en cours d’inscription au Larousse).

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C’est cohérent je vous dis et de plus tout le monde n’est pas Sébastien Loeb. Les puristes lui reprocheront ce manque de vie dans le moteur, mais combien de temps passons nous pied dedans par rapport au temps passé dans les bouchons et autres ralentissements ? Et si le Veloster était plus une voiture quotidienne rigolote avec des aptitudes sportives qu’une sportive avec des aptitudes quotidiennes ? Je la vois et la comprends comme cela. Bon, un petit coup de pied à 6000 tours/min serait le bienvenu quand même. Mais pour moi le pari est réussi, le Veloster est un véhicule à part qui, se définissant comme un crossover, mélange les genres et, de fait, ne fait pas un truc bien mais plusieurs trucs pas mal.

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Texte : Benoît Meulin (beaucoup, vraiment beaucoup) & Gabriel Lecouvreur (un tout petit peu ; et si les photographes se mettent à savoir écrire, que reste t’il aux rédacteurs ?)

Photos : Benoît Meulin ((c) Blue Door Prod).

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