Essai Lotus Eletre S : une nouvelle histoire s’écrit

Lotus change de monde et passe aux SUV électriques. L’occasion d’essayer ce nouveau Lotus Eletre S était trop belle !
Essai Lotus Eletre S

Après un rachat à 51 % par l’énorme groupe Geely en 2017, Lotus ambitionne de devenir un constructeur de classe mondiale. Pour cela, il deviendra 100 % électrique à l’horizon 2028 en célébrant les 80 ans de la marque. Et si l’Evija était le premier modèle zéro émission, c’est un SUV qui a la lourde charge de faire grimper le carnet de commandes. J’ai alors eu le privilège de prendre en main ce nouveau Lotus Eletre S pour blogautomobile. Essai !

Une petite claque en grimpant à bord

J’appartiens à cette génération qui a connu pas mal de grandes annonces de Lotus, par exemple au Mondial de Paris en 2010, sans que rien n’aboutisse. Je reconnais alors avoir suivi d’un regard distant les actualités de ces dernières années. Et c’est en découvrant un habitacle particulièrement bien soigné que j’ai compris l’ampleur du travail finalement réalisé pour donner un nouveau souffle à la marque. En effet, dès le premier coup d’œil, j’ai été frappé par l’attention méticuleuse portée aux détails, signe indéniable de l’engagement sérieux de Lotus dans son envie d’excellence. Tout au toucher respire la qualité, et les matériaux choisis sont parfaits pour une ambiance de luxe et de sportivité. On remarque ainsi du cuir, de l’alcantara, du carbone, le tout assemblé avec précision. Témoignant toujours du savoir-faire artisanal de Lotus. Et bien qu’il faudra évidemment surveiller la tenue dans le temps, par ce premier constat le pari est au moins réussi. Ensuite, l’ergonomie se veut elle aussi bien pensée. Alors certes, c’est encore un gigantesque écran de 15,1 pouces qui dirige tout ça, mais son design aux petits oignons et ses menus réfléchis permettent d’apprécier son utilisation. Puis les quelques boutons sur la console centrale ou le volant permettent au moins de régler rapidement la température ou l’audio. Et heureusement, ils ont eu la bonne idée de conserver un petit écran qui affiche les données essentielles et d’ajouter un gros affichage tête haute.

Comme vous je pense, j’ai toujours préféré la place conducteur. Pourtant c’est peut-être à l’arrière qu’on sera le mieux loti à bord de cet Eletre. En effet la sensation d’espace est assez stupéfiante. Il y a énormément de place aux jambes comme à la tête et le confort est irréprochable. Seule la place centrale se montre un poil raide. Sans quoi, les passagers profitent d’un bel écran tactile qui guide quelques commandes telles que la climatisation et des réglages audio ; mais aussi de dossiers réglables et de prises USB-C. On aurait presque envie de se laisser porter par un chauffeur ! Il y a en plus de quoi emporter pas mal de bagages grâce à un coffre de 688 litres, ou même 1 532 litres une fois la banquette rabattue. Sans oublier le petit « frunk » de 46 litres.

Le passé, c’est le passé

Les designers ont également réalisé un joli travail sur les courbes extérieures. Si en photos il peut paraître un peu pataud, en réalité les proportions sont bien calculées. Il réussit à se démarquer et sa présence sur la route ne passe pas inaperçue. C’est peut-être seulement de profil, derrière la roue arrière que la magie n’opère pas chez moi : trop imposant ! Parce que sinon, ses lignes aérodynamiques et son allure racée ont tendance à impressionner quand on le regarde de tous les côtés. Et c’est surtout les nombreux canaux d’air qui rendent l’engin attrayant. En effet, on peut littéralement voir à travers la carrosserie un peu partout en tournant autour de cet Eletre. Et ce n’est pas tout, la présence d’un aileron déployable ou d’une calandre active permet de comprendre rapidement qu’il n’est pas là pour faire de la figuration. Évidemment on est bien loin des sublimes Elise ou Elan qui ont fait la renommée de Lotus, surtout avec 2700 kg sur la balance. Mais par chance, on ne peut difficilement faire mieux en termes de configuration. Les couleurs pétantes comme ça, c’est mon dada. Il y a juste ce qu’il faut de carbone et les jantes sont jolies. Bien que personnellement, je les aurais prises en grises !

Plusieurs fois pendant l’essai, ou même encore quand j’écris ces lignes, je me répète souvent que les puristes (dont je dois parfois faire partie) n’auront pas envie d’entendre parler d’un tel mastodonte. Mais je me dis que c’est une nouvelle histoire qui se crée, que c’est une marque qui est en passe d’être sauvée, et que ce modèle ici présent est principalement destiné à chouchouter ses occupants. De quoi continuer à pouvoir nous proposer des Emira ou des Evija. J’espère par ses mots, pouvoir les convaincre.

L’exclusivité a un prix !

Pour profiter de tout ça, il faudra mettre un beau budget. Le Lotus Eletre débute en effet à 97 890 € et peut grimper jusqu’à 153 090 € en version Eletre R hors option. Mon modèle d’essai ici présent est un Eletre S qui s’échange pour 123 090 €. À cela, on peut ajouter entre autres une sublime peinture Jaune Solar à 2 040 €, des jantes à 1 200 €, des rétros caméras à 3000 €, le toit vitré à 1 800 €, le Pack Dynamic avec roues arrière directrices à 6 600 €, un pack carbone intérieur (3 360 €) et extérieur (4 200 €). Total : 153 810 €. Mais, pas de malus !

Le moment de vérité

Techniquement, le Lotus Eletre S embarque deux moteurs synchrones à aimants permanents fournis par ZF. Ils sont placés sur chaque essieu et développent au total pas moins de 611 ch. De quoi s’attendre à se faire catapulter à la moindre pression sur l’accélérateur. Mais là, surprise, le premier départ lancé me laisse sur ma faim. On sent les difficultés à s’élancer et il n’y a pas cet effet tant attendu d’être plaqué au siège. Et malheureusement, on ne sent pas du tout l’impressionnante cavalerie. Les ingénieurs ont vraisemblablement préféré assurer une certaine linéarité plutôt que de simuler un peu de violence. Pourtant le 0 à 100 km/h abattu en 4,5 secondes devrait quand même satisfaire les plus pressés d’entre vous. En fait, je vais le comprendre petit à petit, ce sont surtout les relances et les sorties de virage comme un boulet de canon qui vont me plaire. Le couple instantané (710 Nm) donne vraiment de franches accélérations ; puis cette fois contrairement à une thermique, il n’y aura aucun temps de latence. De quoi enrhumer n’importe quelle autre auto lors d’un dépassement. En évitant d’atteindre les 258 km/h de sa vitesse maximum !

Sur les routes sinueuses, l’Eletre S révèle tout son potentiel sportif, avec une tenue de route précise et une agilité remarquable. Grâce à l’option barres antiroulis actives, chaque virage est négocié avec une assurance impressionnante, tandis que le système de freinage performant inspire confiance, même dans les situations les plus exigeantes. Il est en effet plutôt naturel, et on sent bien tout le mordant qu’il propose. En même temps, il est équipé de gros disques Brembo 6 pistons à l’avant et 4 pistons à l’arrière. Malgré ça, les lois de la physique s’appliquent et on n’arrête pas 2,7 tonnes en un claquement de doigts. Plus encore qu’une autre sportive, il faut alors apprendre à le connaître, et l’apprivoiser pleinement. Par contre, et ça c’est vraiment une excellente chose, on jouit d’une bonne endurance et on ne perd pas du tout les freins après seulement quelques virolos. Au contraire ! Et heureusement d’ailleurs, car il donne vraiment envie d’attaquer et de ne plus jamais s’arrêter.

À la fin d’une longue soirée de roulage et photos, une fois le soleil couché, je me sentais satisfait. J’étais là, arrêté au milieu de la route à le contempler, et à ne pas vouloir que cet essai se termine. Peut-être est-ce à cause du joli coucher de soleil ? Mais quoiqu’il arrive les émotions étaient quand même présentes, et l’objectif rempli : le plaisir de conduire est bien là ! Pour être tout à fait honnête, j’ai rêvé plus d’une fois d’entendre les pétarades d’un bon gros V12 italien. Pour autant, j’ai trouvé un bel avantage à ce silence. La frustration de devoir choisir entre écouter le bruit à l’échappement ou profiter de l’excellente installation audio pour mettre une bonne musique est souvent présente lors de mes nombreux essais. Là, pas le choix, le système KEF peut rendre vos virées musicalement très plaisantes. Puis, c’est également excitant de pouvoir lâcher les chevaux à répétition sans pour autant déranger les promeneurs et se faire repérer. Un calme ambiant qui devient une qualité essentielle dans la vie courante…

Pour aller chercher le pain

Parce que, comme je le disais plus haut, ce Lotus Eletre S n’est pas proposé uniquement pour taper des chronos, il saura surtout satisfaire le quotidien. Car en ce qui concerne le confort, le SUV britannique parvient à concilier ses performances dynamiques avec une conduite souple et agréable dans la vie de tous les jours. Les suspensions pneumatiques bien calibrées absorbent efficacement les irrégularités de la route, offrant ainsi un compromis idéal sur tous les types de trajets que j’ai pu lui faire subir. Et que dire de l’insonorisation irréprochable ? Elle permet de se sentir dans un véritable cocon. J’ai alors aussi pris plaisir à me laisser porter par la route, sans subir les assauts extérieurs. En plus, malgré ses dimensions imposantes (5,10 m de long, 2,02 m de largeur et 1,64 m de haut), les 4 roues directrices permettent de se sentir vite à l’aise à son volant. Les manœuvres deviennent une formalité et on se faufile partout avec facilité. Le diamètre de braquage de 10,6 m est d’ailleurs un atout non négligeable en milieu urbain. Un milieu dans lequel j’aurais aimé bénéficier d’une conduite à une pédale. Il y a bien un freinage régénératif, réglable aux palettes, mais il ne va pas jusqu’à l’arrêt complet. Dommage !

Pour parvenir à proposer tout ça, il exploite une grosse batterie NMC (nickel-manganèse-cobalt) de 112 kWh brut. De quoi promettre jusqu’à 535 km d’autonomie selon le cycle mixte WLTP. Dans la vraie vie, la conso oscillant facilement entre 20 et 25 kWh/100, on sera plutôt entre 430 et 500 km de rayon d’action. Mais j’ai quand même réussi à descendre à 14,9 kWh/100 sur un petit trajet urbain (soit 730 km). Et il faudra passer par la case recharge un peu plus souvent en conduite sportive dont la conso grimpe facilement à 35 kWh/100 (soit 310 km d’autonomie). Une recharge qui, grâce à la batterie qui accepte 800 volts et jusqu’à 350 kW, peut théoriquement passer de 10 % à 80 % en 20 minutes. Sur des bornes plus traditionnelles en 150/200 kW, il a conservé un bon niveau de charge et m’a permis de récupérer 60 % en une trentaine de minutes. Sinon, tablez sur 6 heures pour une recharge complète en 22 kW.

Bilan essai Lotus Eletre S

Le Lotus Eletre S représente un mix réussi entre l’innovation technologique et l’héritage sportif de la marque. Avec son design bien pensé, son habitacle raffiné et ses performances admirables, ce véhicule incarne déjà l’avenir de la conduite haute performance chez Lotus. Bien que son poids imposant et son manque de violence à l’accélération puissent décevoir les amoureux de voitures sportives, ses qualités sont indéniables. L’excellent confort de conduite et la précision de la tenue de route compensent au final largement ses défauts.

Crédit photos : Thomas D. (Fast Auto)
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