J’ai touché du doigt il y a quelques semaines un rêve, et pourtant je n’arrivais pas à aligner les mots pour vous dire ce que j’ai ressenti. Bizarre non ? En fait… je n’arrivais pas à savoir comment aborder la chose, comment retranscrire mes émotions sans pour autant être trop dithyrambique. Néanmoins il me fallait impérativement écrire ce reportage, sous peine de finir par presque tout oublier petit à petit. Alors c’est parti, montez avec moi pour vous évader à bord d’une Maserati Ghibli S Q4.
En premier lieu qu’est-ce qui fait d’un carrosse italien tout son charme ? Vous allez me dire son moteur, certes, mais pour moi un style extérieur saisissant est l’attrait numéro 1. La Ghibli peut en plus emporter avec elle un V6 Diesel (275 ch), alors avec un tel moteur, pour le charme, on repassera…
Et vous pourriez alors être étonné : le design de cette Maserati n’a pour moi rien de saisissant. Très (trop) similaire à la Quattroporte présentée en 2013 qui avait perdu la bestialité du millésime 2003, je ne suis alors pas conquis. Depuis sa présentation, dès que j’avais la chance d’en croiser, je ne la regardais que d’un œil. J’assimile en plus cette voiture à la grosse déception éprouvée lors de la diffusion des premières photos. De mémoire, la marque avait teasé quelques jours avant en évoquant le nom de « Ghibli ». Entre passionnés, on se remémorait donc la magnifique Ghibli de 1966. On s’attendait tous à voir naître une nouvelle sportive, digne de son héritière, élégante et racée. Hélas…
Mais au fil des heures passées à la contempler, je me suis laissé avoir et j’ai fini par tomber finalement sous son charme… Elle reste bestiale, son allure n’est pas insipide comme bon nombre d’allemandes, son regard vous transperce et que dire de ses 4 sorties d’échappements ? Et puis ce Trident, bien placé en grand au centre de la calandre, ne laisse personne indifférent.
Continuons avec la visite de l’intérieur de notre Maserati. Pour être franc, je m’attendais à un intérieur pas spécialement bien fini, un système d’info-divertissement daté et pas intuitif. Pensant que Maserati resterait assise sur ses lauriers en comptant uniquement sur son image de marque. Eh bien je me suis trompé, il y a toujours un peu trop de plastique à mon goût pour une telle voiture, mais la présentation est assez exceptionnelle et la qualité au rendez-vous. Le sublime cuir marron un peu partout dans l’habitacle est véritablement magnifique, sans oublier la garniture de toit en alcantara qui fait toujours son petit effet.
L’instrumentalisation digitale a été revue il y a quelques mois, et l’écran de 8,4 pouces est réactif et plutôt intuitif. On retrouve toutes les fonctionnalités modernes telles que l’Apple Car Play ou la caméra 360°. Point négatif, la dalle semble malheureusement de mauvaise qualité. Après seulement 13 000 km parcourus elle est extrêmement rayée.
Enfin, l’espace à vivre à l’arrière est conséquent, de quoi largement emmener famille ou amis en balade. Même si la place centrale sera plutôt pour un enfant en raison de la présence d’un important tunnel de transmission. En plus, avec 500 l de volume de coffre il y aura largement de quoi emporter quelques gros bagages pour passer de bonnes vacances au ski ou à la plage.
Bon bon bon… C’est quand même le moment d’enfin le démarrer notre V6 du jour ! Et je pense qu’il n’est pas nécessaire d’expliquer longuement ce qu’on ressent dès la première pression du bouton Start : un très large sourire se dessine sur mon visage aux premiers ronronnements (accentués par ma présence dans un parking sous-terrain). Mais rapidement, je commence à me rendre compte du gabarit de la bête. Je ne vous ai pas encore précisé qu’elle mesure 4 m 97, on est donc loin d’une petite citadine. Pour mieux vous rendre compte, c’est plus long que le break Volvo V90 que j’ai emmené dans les rues étroites d’Amsterdam, similaire à une Testa Model S ou encore légèrement plus court qu’une Porsche Panamera. Pour cette première demi-journée à son volant j’ai en plus décidé de l’emmener dans un environnement ultra-urbain : la Défense. Je redoute alors à ce moment-là de ne me sentir que très peu à mon aise. Cependant à ma grande surprise, on se fait rapidement à ses dimensions, la visibilité est très bonne et on se faufile aisément dans la circulation. Seules les suspensions Skyhook peuvent paraître un peu raides en conduite cool.
Pour autant, je suis bien content de me diriger enfin vers des routes bien plus dégagées et joueuses. Même si entre chaque feu rouge j’ai pu m’apercevoir de la puissance, je commence seulement maintenant à réellement en profiter. Le V6 biturbo monté sur la version S Q4 développe 410 ch et 550 Nm de couple. De quoi nous envoyer à 100 km/h en seulement 4,8 s puis atteindre 284 km/h en vitesse de pointe. Cette fois, on est loin de la grosse berline à son pépère. Et heureusement, ce ne sont pas que de simples chiffres pour faire joli. La Maserati Ghibli sait leur faire honneur grâce un caractère véritablement dynamique et nerveux.
Grâce à une rapidité époustouflante des passages de rapports de la boite ZF8, les accélérations sont franches et instantanées. Et quel plaisir de jouer avec les palettes ! On ne ressent même pas particulièrement l’envie de pousser la vitesse mais seulement de ralentir pour remettre les gaz et profiter de la sonorité lors d’un changement de rapport. Les chevaux italiens chantent merveilleusement bien pour le plus grand bonheur de nos oreilles. Et très régulièrement, on découvre une nouvelle sonorité, plus aigüe, plus grave ou encore plus puissante. Pour l’anecdote, en plein Paris, l’alarme s’est déclenchée en pleine accélération : c’est aussi ça le charme à l’italienne n’est-ce pas ?
Dans les enchaînements de courbes de la campagne francilienne, la Ghibli se montre volontaire malgré un peu de roulis et un train avant pas toujours précis. Cependant les changements d’appuis se font avec vivacité et nous encouragent à hausser le rythme. Notre version nous offre en plus une tenue de route exceptionnelle dans toutes les situations grâce à ses 4 roues motrices. Néanmoins, le système favorise la propulsion, de quoi s’amuser au démarrage ou lors d’un virage bien serré, tout en bénéficiant de la sécurité du Q4 en cas de nécessité. Enfin, en ordre de marche, la Ghibli se rapproche des 2 tonnes sur la balance, mais le freinage se veut mordant et efficace.
Pour rejoindre mes divers terrains de jeux j’ai également emprunté quelques autoroutes et voies rapides. Elle se révèle être une excellente routière, et heureusement car c’est quand même son objectif premier. Grâce à une insonorisation plutôt bien travaillée, sans tenir compte de la cavalerie toujours un peu présente, on se sent prêt à accumuler des centaines de kilomètres à son bord. Le confort est là, avec des sièges en cuir bien enveloppants, et les relances toujours présentes pour des insertions ou dépassements en toute confiance.
Évoquer la consommation me semble assez déplacé avec une telle voiture mais la pression de l’opinion publique est telle qu’il n’est plus possible de faire l’impasse dessus. La Ghibli S Q4 est annoncée officiellement à 9,7 l aux 100 km. Dans la vraie vie, vous dépasserez aisément les 12 l/100 au quotidien et les 20 l/100 ne seront pas très loin quand votre pied droit vous titillera.
Pour accéder au rêve du trident italien il vous faudra débourser au minimum 67 950 €. Avec ça vous n’avez qu’un “simple” V6 diesel de 275 ch. Le V6 de 350 ch débute quant à lui à 71 750 € quand la version S de 410 ch débute à 83 950 €. Mais pour cette version V6 de 410 ch à transmission intégrale la facture démarre à 87 000€ et monte rapidement à plus de 100 000 € avec quelques options. Ainsi si vous optez pour les suspensions Skyhook (2 542 €), un intérieur tout cuir (3 389 €) ou encore des jantes 20 pouces (2 441 €) vous atteignez comme mon modèle d’essai un tarif de 112 839 € hors malus de 10 000 €. Dans tous les cas, de l’aveu de mon contact, elle se vend très bien en France : les livraisons vont bon train, malheureusement presque toutes en noires (ah et… en diesel).
Même si ce sera toujours une émotion d’en croiser une, un coup de cœur ne se fait pas sans quelques défauts, et la Maserati Ghibli S Q4 n’échappe pas à cette règle. Elle manque cruellement de technologies, les finitions ne sont pas aux standards germaniques et le confort au quotidien n’est tout de même pas digne d’une telle berline. Mais toutes ses petites faiblesses qui font d’elle une italienne aux petits airs de Ferrari sont tellement vite oubliées par son expressivité que l’on ne résiste que très peu à son charme. Le V6 produit à Maranello nous enivre, tout comme les coups de pied au cul assénés à chaque accélération. Au final, une chose est sûre, si vous recherchez une berline irréprochable il faudra miser sur un autre pion, tandis que si vous favorisez le plaisir de conduire la Ghibli saura parfaitement vous combler.
Un grand merci à Maserati France et à mon contact Angélique pour le prêt de cette Ghibli.
Crédit photos : Thomas D. (Fast Auto)