Comme lors de l’essai de la Volkswagen ID.7 Tourer, je suis à la recherche d’une remplaçante électrique pour mon diesel. Une utopie ? C’est ce que j’ai entrepris de vérifier à travers une série d’essais de voitures électriques offrant plus de 550 km d’autonomie. Aujourd’hui, je teste la Mercedes EQE 300, une grande berline de 4,94 m, au design profilé en goutte d’eau, conçu pour optimiser la consommation. Est-ce une candidate sérieuse pour remplacer mon diesel, avec lequel je parcours 50 000 km par an ? C’est ce que je vais analyser dans cet essai.
Pour rappel, la voiture doit me permettre d’effectuer tous les déplacements que je réalise avec mon diesel, sans changer mes habitudes et sans perte de temps. Si ces critères sont remplis, elle sera validée.
De plus, je réalise ces essais principalement sur autoroute, un terrain particulièrement exigeant pour une voiture électrique. Et pour corser le tout, ces tests se déroulent durant une saison où les conditions météorologiques ne sont pas forcément favorables aux performances des véhicules électriques.
Pour avoir un avis sur l’esthétique de la voiture ou découvrir un essai plus détaillé, je vous invite à consulter l’essai de JB Passieux sur ce modèle. Ici, nous allons nous concentrer sur un test en conditions réelles et sur la durée.
Mais, comme je ne peux pas m’en empêcher, je vais tout de même vous donner mon avis sur le style de cette voiture. Il faut dire que l’EQE est souvent critiquée par le grand public. Son profil en goutte d’eau n’est pas forcément le plus esthétique, ce qui explique en partie pourquoi Mercedes a du mal à vendre ce modèle.
Pour ma part, j’ai également du mal avec le style de cette voiture. Cela dit, je dois reconnaître qu’elle est vraiment très élégante dans cette configuration, avec son bleu sodalithe métallisé, une option gratuite sur notre finition Executive Line (le niveau d’entrée de gamme de l’EQE).
L’intérieur, quant à lui, est particulier. Il faut apprécier le côté tape-à-l’œil propre à Mercedes. Pour ma part, mon avis est mitigé. Je trouve le noir laqué, présent un peu partout sur les surfaces fréquemment touchées, peu pratique : il marque facilement avec des traces et des griffures.
Par ailleurs, l’espace réservé à l’Hyperscreen (option à 5 900 €) du côté du passager avant semble assez vide lorsque celui-ci n’est pas installé. Comme sur l’ID.7, les boutons tactiles sur le volant ne sont pas la meilleure idée : ils compliquent l’utilisation. Des boutons physiques restent, selon moi, un choix bien plus judicieux.
En revanche, l’écran multimédia est très bien positionné : il est grand et facile à lire. Cependant, je trouve que les affichages du système d’exploitation MBUX paraissent un peu datés. Cela dit, l’ergonomie globale de la partie conducteur est excellente. Tous les éléments tombent parfaitement sous la main et leur disposition est très logique.
En termes de qualité perçue, il n’y a aucun doute : on est bien dans une Mercedes. Les matériaux sont de très bonne qualité, donnant une impression de durabilité. Les sièges, quant à eux, sont à la fois agréables et confortables. Dès que je me suis installé à bord pour la première fois, j’ai eu le sentiment que les trajets dans cette voiture seraient particulièrement plaisants.
À l’arrière, l’espace est généreux, même avec un siège avant réglé pour mon grand gabarit (1,83 m et de longues jambes). Cependant, malgré la taille de la voiture, seulement deux adultes peuvent s’installer confortablement à l’arrière. La place du milieu, quant à elle, convient davantage à un enfant, malgré un tunnel de servitude réduit mais toujours présent.
Pour en revenir à l’extérieur, il n’est pas possible d’ouvrir le capot avant de la voiture. Vous vous demandez donc sûrement : comment vais-je faire pour remplir le liquide de lave-glace ? Mercedes a pensé à tout, avec une petite trappe située sur le côté avant gauche. Aucune autre prestation de service n’est nécessaire, et de toute façon, sur une voiture électrique, vous n’aurez pas besoin de faire grand-chose de plus.
Le coffre est dans la moyenne basse de la catégorie, avec 430 litres annoncés par le constructeur. La largeur de l’ouverture n’est pas très grande. Dommage qu’il n’y ait pas de rangement sous le capot avant pour les câbles.
J’ai commencé mon essai entre Paris et Caen, comme à mon habitude pour rentrer chez moi. J’ai récupéré la voiture chez Mercedes à Rueil-Malmaison (92), et le trajet sur l’A13 s’est révélé très agréable à bord de cette EQE. Cependant, j’ai trouvé que la consommation de 25 kWh/100 km était un peu élevée. Arrivé à Caen, je fais une pause au McDo et profite de la borne de recharge sur le parking du restaurant. Il n’y a pas d’arrêt obligatoire pour charger la voiture, juste une optimisation de l’autonomie. Je repars avec 85 % de batterie.
Beaucoup de travail à la maison cette semaine, ce qui ne m’a pas laissé le temps de rouler avec cette voiture. J’en profite donc ce samedi pour faire un tour vers Saint-Malo, afin de découvrir cette belle région et tester la voiture sur les routes secondaires.
Sur la première partie de la route, je fais un arrêt de 10 minutes à une station de charge rapide sur le parking d’un supermarché pour acheter de quoi grignoter et boire. C’est donc un arrêt classique, que j’aurais fait de la même manière avec mon diesel. Je repars ensuite et, sur le bord de mer, je commence à faire des photos de la voiture pour mon, et votre, plus grand plaisir.
J’enchaîne les spots le long du littoral breton puis normand. Vers 14h, je charge près d’un restaurant. Le temps de manger, la voiture a regagné une grande partie de son autonomie. Encore une fois, ce n’est pas un arrêt nécessaire pour la voiture, mais pour mon confort. Sur ce trajet, je découvre la possibilité d’une régénération one pedal, une fonctionnalité qui n’était pas activée sur mon modèle d’essai. Une capacité très appréciable sur une voiture électrique !
J’enchaîne avec d’autres endroits magnifiques de la Normandie par le réseau secondaire, et de plus en plus, je ressens que l’absence de suspension pilotée sur mon modèle d’essai devient un problème pour mon confort à bord. Une option à 2 100 €, qui aurait été très agréable sur mon modèle d’essai, vendu à 73 200 €.
Le soir, je rejoins Caen et je dois, pour la première fois, faire un arrêt pour recharger ma voiture sur une borne TotalEnergies avec une puissance maximale de 300 kW. L’EQE, acceptant jusqu’à 170 kW, n’a aucun souci pour se recharger rapidement. Mais encore une fois, avec mon diesel, je serais rentré chez moi 20 minutes plus tôt.
Pour relier Paris et rendre la voiture, je me lance le défi de voir quelle est la consommation minimale de la voiture sur un trajet composé de 20% à 110 km/h et de 80% à 80 km/h. Je me dirige donc vers Paris par la nationale, un trajet sur lequel mon diesel réalise une consommation de 4,5 litres aux 100 km, ce qui laisse rêveur ! Avec la Mercedes EQE, sur ces plus de 240 km, la consommation a atteint un joli 17,4 kWh/100 km.
Pour faire le bilan, ma voiture d’essai était dotée d’une grosse batterie de 90,5 kWh de capacité utile. Il faut donc s’attendre à une autonomie d’environ 253 km entre deux recharges (80% à 10%). On dispose donc d’une bonne autonomie pour un trajet autoroutier de deux heures à 130 km/h. Ce n’est pas extraordinaire, mais ce n’est pas déconnant non plus.
Pour un trajet sur réseau secondaire, comme je l’ai fait à la fin de mon essai en utilisant les palettes pour gérer au mieux la régénération de la voiture, j’ai atteint une autonomie entre 80% et 10% de 364 km. Si l’on part sur une autonomie théorique entre 100% et 0%, on peut atteindre 520 km. C’est assez éloigné de l’autonomie mixte annoncée par la marque, qui est de 600 km. Elle annonce même une autonomie WLTP de 668 km en ville.
Ce deuxième essai de la série met en exergue une chose : les 3 ans depuis la commercialisation de l’EQE sont une éternité dans le monde de la voiture électrique. L’ID.7 vient de sortir avec des moteurs de dernière génération. La voiture consomme 21,5 kWh/100 km sur autoroute, là où la Mercedes a consommé en moyenne 25 kWh/100 km.
La Mercedes EQE est une excellente berline électrique, mais à un tarif assez élevé, elle fait face à une multitude de concurrents plus efficients. Il est donc crucial que la marque de Stuttgart mette à jour sa voiture avec des moteurs de nouvelle génération. J’ai vraiment apprécié cette voiture, et c’est dommage qu’elle soit pénalisée par une consommation un peu trop élevée.
Pour le prochain essai, j’ai récupéré un Ford Explorer pour le tester sur plus de 2000 km. Et vous allez voir qu’il regorge de pas mal de qualités.
Photos : Ugo Missana