Cela fait maintenant plusieurs années que l’on sait que Ferrari va passer du côté obscur de la passion automobile en commercialisant un SUV. Plusieurs années et pourtant, il n’est pas sûr que les amateurs aient été capables de digérer la nouvelle. Cela ne va pas s’arranger puisque c’est le 13 septembre que la marque italienne a dévoilé son tout premier modèle de série équipé d’une paire supplémentaire de portes : Purosangue.
Tout nouveau segment, le Purosangue vient prendre la place de la lignée qui s’éteint avec la GTC4 Lusso : des grands coupés racés, principalement V12 mais pas seulement, parfait pour les chargés de famille qui voulaient prendre avec eux leurs (tout petits) enfants de temps en temps. Souvenons-nous qu’Enzo roulait principalement dans son ancêtre, une 250 GTE. Mais tout ceci est fini, place au SUV pour transporter la famille en toutes circonstances. Seul McLaren fait encore de la résistance mais cela ne devrait plus durer. Trêve de ronchons de boomer, passons à la présentation de la bête.
Ce qui frappe dans la communication de Ferrari, c’est l’absence totale de référence aux capacités de franchissement de son nouveau modèle et le peu de place laissé à la description des qualités de vie à bord. L’immense majorité du texte vient présenter une voiture de sport. Si l’on ne regarde pas les photos, on pourrait penser à une nouvelle GTC4 Lusso. Le châssis est tout nouveau avec une suspension active TASV combinant un moteur électrique et un amortisseur hydraulique. Le contrôle du roulis est particulièrement surveillé, logique compte tenu de la position du centre de gravité.
Côté motorisation, Ferrari surprend en présentant le Purosangue avec le seul V12 atmosphérique. Dernière déclinaison d’un moteur né dans la Ferrari Enzo, il se présente ici dans une version de 6,5 litres de cylindrée et 725 chevaux, soit une trentaine de plus que la GTC4 Lusso. 80% du couple est disponible avant 2200tr/min. Il est accouplé à la boîte de vitesses à double embrayage, logée à l’arrière (comme une vraie voiture de sport à moteur avant) et à qui on a ajouté un 8e rapport, allongé, pour réduire la consommation sur autoroute. Les performances sont à l’avenant avec 10,6 secondes annoncées pour atteindre 200km/h et une vitesse maximale au delà de 310km/h malgré un poids très largement au delà des 2 tonnes.
A l’intérieur, ce sont 4 sièges indépendants qui accueilleront les 4 adultes que le Purosangue promet d’accompagner. Le coffre de 473 litres est le plus grand jamais proposé par Ferrari. Les sièges sont par ailleurs rabatables en cas de visite chez Ikea. L’habitacle se veut particulièrement moderne, dans la droite ligne de la très jolie proposition de la Roma. Tout passe par des écrans, il n’y a plus rien d’analogique.
Quelques couleurs inédites ont été développées pour habiller la carrosserie du Purosangue dont un noir aux reflets rouges dont ont aurait aimé voir des photos. A l’extérieur, justement, avouons que nous sommes surpris. Si les débats font rage depuis l’annonce de l’arrivée d’un SUV, il était assez évident pour tout le monde que l’image dégagée par le dessin de l’italienne serait forcément pataude et ratée. Les grands SUV de luxe sont autant de grandes déceptions en terme de design. L’Aston Martin DBX surnage un peu avec une identité de marque plutôt bien intégrée. Mais côté Porsche ou Lamborghini ou même Bentley, ce n’est pas terrible.
Ferrari semble avoir trouvé une partie de la recette pour rendre désirable ces engins. Le capot est très long, réduisant d’office l’effet de hauteur toujours désagréable pour une marque sportive. Les jantes de 22 et 23 pouces viennent également contrebalancer les proportions habituelles. La garde au sol, enfin, est réduite. En photo, on peut penser à une Lusso (encore elle) qui aurait bien grossi. Reste à le croiser dans la vraie vie pour valider ou non cette première bonne impression. Les portes arrières n’offrent aucune aspérité et se font donc discrètes. Elles s’ouvrent de manière antagoniste mais le montant B demeure. L’angle d’ouverture des portes avant gagne 5 degrés pour une meilleure accessibilité.
A ce jour, nous n’avons pas d’information sur le tarif exact (on parle de 390 000€ avant les multiples options de personnalisation) ni sur la date des premières livraisons. Tablons sur le printemps prochain selon toute vraisemblance. Ferrari arrive sur un marché ouvert il y a près de 25 ans par Porsche avec le succès que l’on sait. Ce qui serait un retard colossal pour toute autre entreprise devrait se transformer en succès commercial fulgurant avec un risque de cannibalisation de la gamme particulièrement faible. Le Purosangue va venir alimenter la R&D de Ferrari ce qui est une excellente nouvelle pour tous les passionnés.
Crédit photos : Ferrari