Essai Opel Adam 1.4 87 : Funky Kartoffel.

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S’il y a bien une chose que m’apprennent mes études d’ingénieur, c’est bien que chaque résultat dépend d’où on se place : tout, absolument tout, est une question de point de référence. Et, après avoir passé une semaine en compagnie de la puce d’Opel, c’est quelque chose qui m’est immédiatement venu à l’esprit, tant le jugement qu’on peut porter sur cette petite Adam peut varier selon nos propres références dans le segment des citadines. Alors, l’Adam, une bonne voiture ?

Si, lorsqu’on vous dit « citadine », vous pensez à une Fiat 500, une Mini ou une DS3…

…c’est donc que, pour vous, une petite voiture doit avant tout d’être mignonne et doit être personnalisable dans ses moindres détails. Bingo ! L’Opel Adam (à prononcer « à dame » sous peine de se faire taper) est faite pour vous. Commençons par son style extérieur. De ce côté, pas trop de problème, je pense même enfoncer une porte ouverte en disant que l’Adam est carrément craquante. De toutes les personnes qui l’ont vue ou sont montés dedans, personne n’a émis la moindre réserve concernant la plastique de l’auto. Même ma grand-mère la trouve swaggy. Il faut dire que, rien qu’avec sa bouille de grenouille, où trône une calandre dessinant un large sourire (avec les clignotants en guise de fossettes) et surmontée de phares en amande, elle pourrait réussir à faire fondre le cœur d’à peu près n’importe qui. Son profil est plus travaillé, avec un toit flottant peint en couleur contrastée -se terminant par un aileron de requin inversé- et de généreuses lignes de carre au niveau des poignées et des dessous de porte. Les énormes jantes de 17’’ (Dix-sept pouces !! Sur une citadine !!), logées aux quatre coins de la carrosserie, dynamisent le dessin. Quant à son petit derrière, rien à redire ici non plus, puisqu’on y trouve de sympathiques feux cerclés de chrome et deux globes en dessous, un refermant le feu de brouillard et l’autre le feu de recul le plus badass au monde, capable d’éclairer la plus petite particule à 3 km à la ronde. Une réussite (le style général, hein, pas que le feu de recul. C’est important un feu de recul, mais il faut quand même faire la part des choses). A noter que mon modèle d’essai était agrémenté du pack extérieur OPC, ajoutant des bas de caisses ainsi qu’un discret aileron, qui rendait l’allure gentiment sportive.

Ce qui nous amène à la pièce de maitre de la petite Opel : la personnalisation. Il faut dire qu’avec 29 jantes différentes, 12 couleurs de caisse à mixer avec 3 couleurs de toit + moult stickers, coques de rétroviseurs et calandres, le tout associé à trois ambiances (Jam, Glam –la plus féminine- et Slam –plus typée sport), il va vraiment falloir y mettre du sien pour que votre Adam soit exactement la même que celle de votre voisin. Couleurs, tiens, parlons-en. Je ne sais pas ce que fument les créatifs de la marque au Blitz, mais pour décider que les teintes se prénommeront I’ll be Black, James Blonde, Sweet Greens ou Purple Fiction, il faut quand même quelque chose de particulièrement…intéressant. Je suis sûr qu’avec quelques bouffées de ce produit magique, je serais capable d’insérer l’histoire des Trois Petits Cochons dans mon prochain essai. J’étais donc en présence d’un Papa Don’t Peach agrémenté d’un toit White My Fire, dont l’association acidulée ramenait un peu de peps dans nos mornes centre-ville.

Une fois le tour de d’auto réalisé, il est temps d’ouvrir la très (trop) large porte (je vous donne à peu près 8 jours avant qu’elle ne tape dans un muret/un poteau/une autre voiture) pour pénétrer dans l’Adam, et découvrir une planche de bord au dessin très agréable. Il est d’ailleurs assez étonnant, lorsqu’on connait les planches de bord truffées de boutons des autres réalisations de la marque, de découvrir une console centrale aussi dépouillée. On ne va pas s’en plaindre, loin s’en faut. Simplement, vu que je déteste toujours autant le noir laqué, je trouve dommage qu’on en trouve un petit peu partout. On y retrouve aussi l’écran tactile d’info-divertissement, baptisé IntelliLink, qui est la copie conforme du MyLink de chez Chevrolet (et que j’avais pu découvrir sur l’Aveo et le Trax). On y retrouve donc les mêmes points positifs (réactivité, simplicité, interfaces agréables et compréhensibles) que négatifs (pas de GPS si vous n’avez pas téléchargé une application spécifique –et payante- sur votre smartphone). Et puisqu’on est au chapitre équipements, j’avoue avoir été plus qu’étonné à la lecture des équipements proposés sur mon modèle. Voyez plutôt : ma petite Adam était équipée, en plus de l’écran tactile, d’un détecteur d’angle mort (qui n’aime manifestement pas beaucoup la pluie, puisqu’il s’allume à peu près quand il veut dans ces conditions), de sièges et du volant chauffants, d’un régulateur/limiteur de vitesse, d’un allumage automatique des feux et des essuie-glaces, d’une clim auto, d’un afficheur de pression des pneus, d’un assistant de stationnement (gérant aussi bien les créneaux que les stationnements perpendiculaires, à la condition d’être entre deux voitures)… Ces équipements sont certes majoritairement des options, mais il faut quand même se rappeler qu’ils n’étaient réservés qu’à une élite il y a finalement très peu de temps !

Et, ici aussi, les aficionados de la personnalisation seront ravis. Vous n’aimez pas mon bandeau de tableau de bord ? Il y en a 15 autres disponibles. Le cuir vous donne des allergies ? Préférez-lui un autre garnissage, il y en a 12 au total. Des pédales alu ? Une coque de rétroviseur intérieur spécifique ? A vos ordres chef. Deux autres bonnes surprises vous attendent à l’intérieur de l’Opel. La première vient de la qualité générale de l’intérieur, assez bluffante. La Fiat 500 est renvoyée à des kilomètres derrière, tant la qualité des plastiques et des assemblages de l’Adam impressionne : on se croirait presque dans une voiture de gamme (bien) supérieure. La deuxième est bien plus cool, puisque, en échange d’un petit extra de 300 €, votre plafond sera ornementé de 64 diodes, qui s’allumeront au démarrage. Effet garanti. Une Rolls peut certes en offrir un peu plus, mais l’option vous coûtera plus qu’une Adam…  Il faudra juste penser à l’éteindre lorsque vous circulerez en pleine nuit sur une route non éclairée, car ce machin diffuse tout de même une lumière non négligeable, et qui peut gêner pour conduire. Ce toit étoilé est accompagné d’un éclairage d’ambiance, qui rend l’habitacle encore plus agréable, et dont la couleur est à choisir parmi six. Et si un jour vous vous ennuyez, vous pourrez toujours partir à la chasse au requin, puisque les designers se sont amusés à en dessiner un quelque part à l’intérieur de l’Adam. Vraiment, c’est de la très très bonne qu’ils fument.

 

Mais si vous pensez plutôt à une VW up! ou à une Twingo…

…c’est que le style, même s’il est important pour vous, passe après les aspects pratiques et une certaine polyvalence, le tout à prix assez serré. Et c’est là que le bât blesse (un peu). Commençons par les places arrière… Ou du moins, les ersatz de places arrières, tant il est difficile à un être humain normalement constitué de s’y sentir à l’aise. Que ce soit au niveau des jambes, des coudes ou –encore pire- de la tête, les plus de 1,70m trouveront le moindre trajet bien long. Du coup, j’allais vous proposer d’y installer des sièges enfants, les fixations Isofix aidant, mais j’imagine que l’installation d’un tel équipement doit être bien compliqué avec une 3 portes. A réserver aux 6-12 ans, donc. D’autant plus regrettable que les places avant sont, elles, extrêmement généreuses. Quant au coffre, si sa contenance n’a déjà rien d’extraordinaire (170 litres, ce qui est moins que le coffre avant d’une Tesla Model S), le seuil de chargement ultra haut le pénalisera encore plus. Au moins, vous vous ferez des muscles en sortant les packs de lait.

Mais, pour sortir les packs de lait du coffre, il faut déjà aller au supermarché en acheter. En milieu urbain, l’Adam se comporte à merveille. La direction est douce (un mode City permet de la ramollir encore plus), la voiture braque bien, le 4 cylindres de 87ch fait preuve d’une vivacité agréable et, ô miracle, la custode arrière est suffisamment grande pour voir des choses au travers (ce qui n’est pas forcément le cas sur un nombre croissant de modèles récents). Il faudra juste remarquer que l’aileron de requin inversé conduit à d’importants montants arrière, ce qui conduit à un gros angle mort de ¾ arrière. Pas top lorsqu’on sort d’une place de parking. Quant à la position de conduite, elle peut surprendre au début. Pour voir l’intégralité des –jolis- compteurs, il faut remonter assez haut le volant, plus que d’habitude. Volant qui m’a lui aussi obligé à modifier ma manière de conduire : j’ai l’habitude de placer mes mains à 9h15, au niveau de la jonction moyeu/branche. Cependant, ce volant (spécifique à l’Adam) dispose d’un creux pile à cet endroit, ce qui est très désagréable, puisque mes doigts se positionnaient d’une manière absolument pas naturelle (désolé, je n’arrive pas à l’expliquer de façon plus claire). Du coup, j’ai dû me forcer à conduire avec les mains à 10h10 (mais bon, à la fin de la semaine, j’avais pris le pli).

Lorsqu’il s’agit de prendre des départementales, les 87 ch semblent avoir du plomb dans l’aile. Il faut dire que la petite a un peu forcé sur les wurst, et ça se ressent à la pesée : près de 1200 kgs, quand la Twingo dépasse à peine la tonne. Ne nous méprenons pas : les relances n’ont absolument rien de catastrophique, puisqu’elles permettent de s’insérer sans le moindre souci dans le trafic, mais ne vous attendez pas à une pêche folle. Du coup, n’hésitez pas à tomber la quatrième (troisième si vous êtes un petit fou) pour doubler en toute sérénité. Ce manque de jus est vraiment dommage, car, dans les virages serrés, on se rend compte que l’Adam tient hyper bien la route : même en la brusquant quelque peu, jamais l’avant n’aura cédé, jamais l’arrière n’aura déchaussé. Je n’ai même pas réussi à déclencher l’ESP ! Le châssis sport de ma finition Slam n’y est probablement pas étranger… Et vivement une version OPC (qui, paraît-il, serait en développement). Si je devais qualifier le confort, ce serait « ferme mais bon ». Mention spéciale pour les sièges qui maintiennent extrêmement bien le dos. Pour le confort auditif, il est correct… A condition d’éviter l’autoroute, car, à partir de 105/110 km/h, le mélange bruits d’air + bruits de roulement (le revers du super look et de la bonne tenue de route) + grognement du moteur donne une ambiance sonore plutôt désagréable. Du coup, sans même m’en rendre compte, je roulais naturellement à 120 plutôt qu’à 130… Ces décibels en folie rendront pénible la conversation avec vos passagers ou vous obligera à augmenter de façon disproportionnée le volume sonore de la radio si vous n’avez pas d’amis. Et cette opération vous permettra de vous rendre compte que la qualité du son qui sort des haut-parleurs n’est que moyenne. Pas naze, mais pas top non plus. Pour plus que qualité sonore, vous pouvez toujours opter pour une upgrade Infinity, mais cela vous coûtera 400 € et les 2/3 du coffre. Déjà qu’il n’était pas bien grand…

L’embonpoint de l’Adam se ressentira aussi au niveau de la consommation. Après une semaine et 750 kms passés à rouler avec une part assez égale d’autoroute, d’extra-urbain et de ville, ma consommation moyenne s’est élevée à 7,3 l/100km, ce qui n’est franchement pas extraordinaire pour une voiture de 3,70 mètres de long. Mais, ici aussi, la sortie prochaine de tout nouveaux 3 cylindres permettra –je l’espère- de faire baisser la note. D’autant plus que, avec son petit réservoir de 38 litres, vous irez souvent dire bonjour au pompiste du coin… Côté tarif, si le prix de base est alléchant (10 990 €), vous n’aurez pas le droit de la personnaliser d’aucune façon, ce qui revient à passer à côté du gros point fort de l’Adam. Pour faire joujou avec le configurateur, il vous faudra donc monter en gamme, et le miracle de la personnalisation fera que l’addition explosera sans même vous en rendre compte. Ainsi, ma version, certes blindée d’options, coûtait rien de moins que 20 205 €… Mais, en étant plus raisonnable, vous pouvez vous en tirer avec une voiture parfaitement présentable pour 15 000 €, ce qui est dans les cordes d’une Fiat 500, et bien moins cher qu’une Mini ou qu’une DS3 (certes plus grande).

Au final, que retenir de cette Adam ? Reine de la ville, elle s’essouffle certes un peu lorsqu’on en sort, mais, au fil des kilomètres, vous finissez par vous y attacher. J’étais presque triste lors du retour de la voiture au parc presse, à l’idée que je n’aurai plus cette mignonne et rigolote petite voiture dans mon garage le lendemain… Une chose est sûre, je la préfère à une 500, bien plus féminine, alors que l’Adam, au fil de ses innombrables choix de couleurs et de jantes, permet de surfer sur bien plus de catégorie, de la 100% fun à la classieuse, de l’ultra-féminine à la (un peu plus) virile et sportive. Et c’est probablement ça qui la rend si séduisante. Du coup, si le plus gros problème de l’Adam, c’était le logo sur sa calandre ? Si Opel voulait redorer son image de marque avec ce modèle, il semble que les clients potentiels aient fui, justement à cause d’une image de marque pas forcément très sexy. Que la vie est dure lorsqu’on est généraliste… Mais c’est vraiment dommage, car l’Adam mérite réellement le détour, surtout lorsqu’on est prêt à craquer pour une 500, qui est, à mon sens, loin d’être forcément plus aboutie que la petite Opel. Un choix à méditer, donc.

P.S : et si vous vous posez des questions sur le titre, sachez que “Wurst” et “Kartoffel” sont à peu près les deux seuls mots d’allemand que je connaisse. Il fallait donc impérativement que je les place.

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Un grand merci à Opel pour l’aimable prêt et à Ugo pour les jolies photos.

Crédit photos : Ugo Missana, Jean-Baptiste Passieux.

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