J’ai toujours été fasciné par la VW Phaeton. D’une part parce que j’ai une fâcheuse habitude de trouver un charme particulier aux « mal-aimées » (pas jusqu’à aimer le Multipla rassurez-vous) et d’autre part parce que les seuls exemplaires croisés dont je me souvienne me ramènent directement à l’enfance, sur la Terre de mes ancêtres, l’Alsace. Malheureusement pour moi, je suis arrivé trop tard dans la blogosphère automobile pour pouvoir en prendre le volant via un essai « officiel ». Snif… Petit regard sur le configurateur Volkswagen pour vérifier quelle voiture fait maintenant office de vaisseau amiral de la marque en Europe. Vous l’aurez deviné, c’est l’Arteon, qui elle aussi me fascine depuis sa sortie. C’est donc à bord d’un exemplaire à la configuration qui trouverait toute sa place dans les riches villages du Kochersberg (Google est votre ami) que je m’élance un vendredi soir à 20h sur l’A4 pour rejoindre le Bas-Rhin et passer quelques jours dans la région environnante.
Double tâche
Outre constituer le nouveau vaisseau amiral du constructeur de Wolsburg, l’Arteon effectue la double tâche d’assurer la descendance de la Phaeton comme sous-entendu ci-dessus mais également de la très réussie Passat CC, dont l’appellation a dû en tromper plus d’un depuis sa sortie. Si croiser la première était chose rare au sein de l’Hexagone, trouver quelques exemplaires de la deuxième est plus aisé. L’Arteon reprend ainsi avec brio comme sa devancière le concept de berline-coupé initié (ou ré-initié en fonction de votre point de vue) par la Mercedes CLS première du nom. Un profil élancé, une hauteur de pavillon réduite au maximum à l’arrière et des vitres sans montant sont les ingrédients pour donner à l’Arteon une ligne dynamique. Les portes arrières viennent jusqu’à épouser les lignes des ailes et laissent supposer une optimisation maximale de l’espace pour les passagers. Une nervure latérale démarre depuis la limite aile avant / capot pour rejoindre d’un seul trait rectiligne l’extrémité de l’optique arrière et disparaitre sur la malle sous forme d’une queue de canard particulièrement prononcée, un peu à la manière des Aston Martin de ces dernières années. Enfin, les jantes de 20 pouces Rosario en option “posent” définitivement la voiture. Le dessin en forme de turbine renforce indéniablement le caractère élancé de l’imposante berline (ou dois-je dire coupé ?).
La face avant joue également la carte de l’homogénéité avec des optiques dont la signature lumineuse diurne composée de deux courbes de LED se fond dans le prolongement de la calandre aux baguettes chromées. Les américains dépourvus de plaque d’immatriculation frontale doivent encore mieux profiter du dessin imposant de la calandre qui n’est pas sans rappeler ce qui se fait chez les cousins d’Ingolstadt. Le travail à l’arrière est moins visible et assure la continuité avec la Passat CC en empruntant un éclairage full LED.
Pour ma part, c’est un carton plein visuel notamment à travers l’association choisie : le Bleu Atlantique met parfaitement en valeur le dessin élégant et racé de l’Arteon accentué par le choix des jantes qui résistent à la mode incessante du noir. Une chose est sûre, je préfère nettement ma configuration à celle dont avait bénéficié mon très estimé collègue Gabriel lors de sa découverte fin 2017 du même modèle équipé du 2.0 L TSI 4Motion 280 (à lire et relire ici).
Le chauffeur va adorer, les passagers seront choyés
C’est en écrivant le titre de ce paragraphe que me revient en mémoire comme un éclair de génie l’anecdote racontée par l’un des responsables du parc presse VW. Un chauffeur travaillant pour je ne sais quel ministère lui aurait lancé alors qu’il faisait le plein de l’Arteon “T’es de quel ministère pour avoir eu le droit à celle-ci ?!”. Vitres teintées à l’arrière, couleur bleu foncé, il est vrai qu’il ne manquait pas grand chose pour remplir les cases de la nouvelle voiture de fonction d’un haut fonctionnaire étatique. Je vous rassure néanmoins, pas besoin du gyrophare bleu derrière le pare-brise et du deux-tons pour vider la voie de gauche et filer d’un bon train.
L’Arteon soigne tout particulièrement le conducteur qui bénéficie d’un choix d’équipements d’aides à la conduite et de confort pléthorique, à commencer par les sièges chauffant/réfrigérant/massant. L’écran central de 9,2 pouces en diagonale abrite le système de navigation & Infotainment Discover Pro dont je ne profite guère me targuant d’être maintenant un fervent adepte et défenseur inébranlable de l’interface d’Apple CarPlay qui remplit à merveille mon cahier des charges de Navigation et divertissement via les application adéquates. Ça me rend d’autre part moins dépendant des mises à jour souvent payantes à terme du système chez le constructeur, et ce n’est pas uniquement valable pour Volkswagen. Je retrouve en revanche avec bonheur derrière le volant le Digital Cockpit personnalisable à l’envie (admirez mes résultats d’éco-conduite) et ses raccourcis pour la configuration d’une conduite quasi semi-autonome.
Prenant à mon bord 3 passagers, dont un grand gaillard d’1m87 qui prenant son courage à deux mains ose s’installer à l’arrière, j’ai eu le loisir de découvrir les qualités surprenantes d’habitabilité de l’Arteon. J’en viens directement à la conclusion, vous pouvez embarquer conducteur compris 4 rugbymen d’1m85 environ. Une sacré performance d’autant que les places arrières sont loin, très loin d’être une punition. Climatisation à réglage indépendant et sièges chauffants, on a vu pire. Le tout avec un volume de 563 L pour le coffre arrière, c’est à peine 50 de moins qu’un Tiguan. Ça vous dirait une Arteon pour familiale ?
Routière premium
Que Gabriel ne m’en veuille pas en reprenant une partie de ses arguments, mais je n’ai pas réussi à trouver d’autre image. Et pourtant, un monde sépare nos deux motorisations puisque je dispose “seulement” d’un 4 cylindres 2.0 L TDI de 190 ch. Pourtant, associé à la transmission intégrale 4Motion, à la boîte automatique à double embrayage DSG7 et au système d’amortissement piloté avec choix du profil de conduite (qui vous autorise à enrouler de longues courbes pied dedans en toute quiétude), l’incontournable bloc maison que l’on vous sert à toutes les sauces chez Volkswagen, Audi, Seat et Skoda fait des miracles. Et ce n’est pas peu dire en se penchant déjà sur le papier. Malgré ses 1730 kgs à vide annoncés, l’Arteon franchit la barre des 100 km/h en seulement 7,8 secondes et atteindre officiellement les 233 km/h en vitesse de pointe. L’essayeur dévoué que je suis s’est même permis de vérifier cette donnée avec un bon 243 km/h de croisière au compteur par un début de soirée ensoleillée entre Baden Baden et Offenbourg, le tout avec 4 personnes à bord et le plein de gasoil. L’Arteon affiche sans honte des performances de premier ordre largement comparables à ce que l’on peut retrouver chez Audi, Mercedes ou encore BMW.
Plus encore, son niveau d’équipement d’aides à la conduite dans notre finition Elégance Exclusive lui permet sans conteste le label de grande routière. L’assistance au maintien de voie est tout bonnement excellente et permet de lâcher le volant sereinement (la suite va vous faire rire, ou pas) à 170 km/h dans une large courbe en Allemagne sans être balloté d’une ligne à l’autre de la voie de circulation. Seul le régulateur adaptatif mériterait encore quelques réglages lors de dépassements, il freine brusquement l’auto jusqu’à s’assurer qu’après que vous ayez changé de voie, il n’y ait plus aucun obstacle pour reprendre sa vitesse de croisière. Dommage, ça casse ma moyenne tout ça. Parlons-en de la moyenne. Sur un trajet Strasbourg-Est Parisien (vous croyez vraiment que je vais vous donner mon adresse ?) effectué en 4h30 par un morceau d’autoroute jusqu’à Phalsbourg puis nationale 4 jusqu’au bout, le compteur affiche fièrement une moyenne de 6,2 L aux 100 kms et 1020 kms d’autonomie après le plein ! On peut trouver bien des maux au Diesel, mais avec les efforts faits sur les moteurs de dernière génération, les rejets de particules fines n’ont jamais été aussi faibles tout comme ceux en CO2 et à utilisation adéquate, un moteur Diesel restera infiniment plus frugal qu’un moteur essence équivalent. Le malus est d’ailleurs tout riquiqui, à 75 €. Blogautomobile, toujours là pour vos conseils en bonnes affaires.
Oserez-vous ?
Mais alors que manque-t-il à cette Arteon pour oser l’appellation premium sans provoquer l’hilarité chez nos lecteurs ? Déjà, l’option “hayon à ouverture et fermeture électrique”. Bien que plus proche du gabarit d’un coureur cycliste que de celui de Hulk, fermer le coffre était un sport à part entière. Ensuite, un blason plus prestigieux ? Il est vrai qu’à 65 400 € options comprises, la facture commence elle aussi à être comparable au trio Audi/Mercedes/BMW. Ce serait donc ça au final ? Une simple question d’ego ? Probablement, c’est d’ailleurs ce même ego qui conduira certains d’entre vous à choisir le pack R-Line et les jantes noires, parce que comme le disait Mamie dans la pub “je veux des jantes qui claquent sa mère”.
Crédits Photos : Maurice Cernay
Merci à Volkswagen France pour le prêt et leur confiance habituelle.