PSA : Aulnay, 8000 emplois et 25% des salariés rennais passent à la trappe + [MàJ vidéo]

 

C’était attendu. Après une grosse perte nette en matière de résultats financiers (nous en saurons plus le 25 juillet) et en même temps que s’ouvre le comité central d’entreprise, la direction de PSA vient de faire connaitre par un communiqué les principaux points de son plan de restructuration qui prévoit notamment la fermeture du site d’Aulnay sous Bois dès la fin de l’année 2013, la disparition de 8000 emplois et la perte de 25% des salariés de Rennes la Janais sans oublier les petits plaisirs faits aux uns et aux autres sur les différents sites du groupe automobile français.

Le but principal de ce nouveau et énième plan Varin est de rétablir l’équilibre opérationnel du groupe dans les deux années c’est à dire à la fin de l’excercice 2014.

Ainsi PSA va fermer le site d’Aulnay sous Bois dès le début de l’année 2014 et transférer la production de la Citroën C3 vers le site de Poissy.  Selon la direction ce ne sont pas des suppressions “sèches” de postes puisque le constructeur automobile prévoit le recentrage de la production en région parisienne sur Poissy et la revitalisation du site d’Aulnay. Ainsi PSA prévoyerait de proposer de nouveaux  postes à 1.500 salariés en interne mais aussi à 1.500 salariés dans le bassin d’emploi d’Aulnay grâce aux actions d’externalisation et de reclassement. Difficile à croire quand on sait ce que veut dire externalisation !

Le site de Rennes la Janais en Ille & Vilaine est aussi touché par ce plan de restructuration et de suppression d’emploi. Il conduira à un redéploiement d’un quart des effectifs sur un total de 5.600 salariés. Ce sont donc 1400 emplois qui sont touché en Bretagne par une réorganisation qui doit être en ligne avec les volumes de production prévisibles. Cette évolution est indispensable avant l’affectation d’un ou plusieurs nouveaux modèles et les investissement qui sont liés à leur production. Cette annonce, si elle n’est pas bonne pour 1400 salariés, assure au moins dans l’immédiat la pérennité du site breton et de 4200 de ses salariés.

Plus anecdotiquement, d’autres sites seront touchés par des mesures de mouvements de personnel et des réaffectations industrielles.

Dans le communiqué, le patron de PSA déclare :” Je mesure pleinement la gravité des annonces faites ce jour ainsi que le choc et l’émotion qu’elles peuvent provoquer dans l’entreprise et dans son environnement. L’ampleur et le caractère durable de la crise qui affecte notre secteur d’activité en Europe rendent désormais indispensable ce projet de réorganisation qui nous permettra de dimensionner notre capacité de production à l’évolution prévisible des marchés. Nous avons la volonté de mettre en œuvre les mesures proposées dans le cadre d’un dialogue social exemplaire et dans le profond respect des valeurs du groupe PSA. Le projet présenté aujourd’hui doit permettre à la division automobile, cœur de notre entreprise, de retrouver son équilibre et la capacité de mettre en œuvre sa stratégie nouvelle. Nous assurons ainsi l’avenir du groupe et confortons notre base de production automobile en France”. Pas sur que les salariés et les syndicats goûtent à ce discours lissé et pavé de bonnes intentions mais qui est aussi là pour tenter de masquer l’échec cuisant de la politique industrielle de Philippe Varin qui se destinait essentiellement au marché européen. On peut bien sur se dire que l’arrivée des 301, C-Elysée et leurs visées mondiales vont aider au redressement du groupe vraiment à la peine sur tous les marchés et avec presque tous ses modèles. Même la 208 est déjà peu à la peine puisque si elle a bien démarré sa carrière commerciale (les deux premiers mois…) elle n’a pas explosé les compteurs ! L’arrivée de la Clio IV et sa présentation il y a quelques jours ne vont pas aider car les clients vont désormais pourvoir hésiter tout comme les citroënnistes attendent le restylage de la C3 qui arrivera dans quelques mois. Pour rester avec la 208, on ne perdra pas de vue une aberration de la politique Varin, à savoir le maintien en production des 206+ et 207 qui, vendues aux cotés de la 208, nuisent à sa carrière commerciale notamment en entrée de gamme. Bien sur on pourra dire que ces autos sont génératrices de fortes marges mais elles mangent de clientèle à la 208 c’est certain. On sait ainsi que sur S1, le duo 206+/207 réalise près de 50000 ventes alors  que dans le même temps la 208 (arrivée fin mars sur le marché) ne fait pas la moitié de ce chiffre. On évitera de parler de la 508 qui est un quasi échec au niveau européen et un demi succès en France où elle ne décroche pas les C5 et Laguna pourtant en piste depuis des années.

Mais ce n’est pas tout et on ajoutera aussi, nombre d’économistes l’on souligné depuis des semaines, le fort impact de l’arrêt des ventes de voitures en pièces détachées avec l’Iran (Iran Khodro) et qu’on le veuille ou non, la direction de PSA a beau tenter de se justifier dans tous les sens, l’impact de l’accord avec GM et la pression du lobby américain UANI est bien réel puisque ce débouché représentait l’équivalent de la production d’environ 450.000 autos/an (https://blogautomobile.fr/peugeot-deja-domination-americaine-pression-lobby-anti-iranien-145605#axzz20M1V9nEm). Reste dans tout cela des marques en chute en terme de ventes, une perte de 700 millions d’euros sur le premier semestre 2012, des usines qui ne tournent qu’à 75-76% de leurs capacités, une baisse annoncée du marché européen de l’ordre de 8 à 10% ( PSA devrait être à -10/-12%) et une tendance qui ne devrait pas s’inverser en 2013 et surement en 2014 font que la direction du groupe automobile va être quasi contrainte d’adapter les volumes de production afin de ne pas alimenter de coûteux stocks de voitures qui dorment sur les parcs des sites de production.

Depuis ce matin et l’annonce des grandes lignes du plan Varin pour PSA, c’est le branle bas chez les salariés et les syndicats qui parlent de séisme social, de catastrophe industrielle et de casse industrielle. Le sujet agite d’ailleurs tout la classe politique et ministérielle (voir ici pour les réactions : http://lci.tf1.fr/economie/social/psa-les-politiques-soulevent-des-questions-7412687.html ) et le gouvernement vient d’annoncer le report de son plan d’aide afin de l’adapter à la situation et à son coût réel. Ainsi, selon Pierre Bergeron, l’état devra mobiliser environ 100 millions d’euros par site fermé et prévoir presqu’autant pour l’accompagnement et le reclassement des salariés licenciés. Pas sur qu’en ses périodes de serrage de ceinture pour les services de l’état et pour 95% de la population, nos dirigeants puissent se permettre de telles interventions même si elles vont être nécessaires sous peine d’arriver à de graves troubles sociaux comme ceux qui apparaissent actuellement en Espagne. Et sur ce coup pas question de droite ou de gauche, la situation aurait été la même pour tous…

Je terminerais en remarquant quand même que ce nouveau plan de l’actuelle direction du groupe automobile signe encore l’échec des choix faits par P.Varin et son équipe depuis quelques années et qu’il se pourrait bien qu’il paye lui aussi la facture dans quelques temps si toutefois le principal actionnaire de l’entreprise parvient à se rassembler et à lui trouver un successeur qui connaisse la finance mais aussi et surtout… l’automobile !

EDIT : Mises à jour vidéo via AFP :

Via AFP, LeFigaro,l’Expansion, Youtube.

 

 

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