Il n’y avait pas que des concept-cars au Festival International Automobile qui s’est tenu à Paris du 29 janvier au 2 février. Voyez plutôt…
Seconde partie : Les véhicules de sport et de production
Le Festival International Automobile a de nouveau élevé sa tente derrière les Invalides pour exposer les plus beaux concepts-cars et véhicules de sport de l’année passée. Un lieu emblématique pour voir ou revoir des belles de salon dont on se lasse difficilement, à l’image de la Porsche 918 Spyder qui faisait là sa première apparition à Paris, mais aussi des concept-cars Kia Provo, DS Wild Rubis, le duo Renault TwinRun et TwinZ, ou bien encore l’Onyx dans une version… oxydée ! C’est aussi l’occasion de retrouver des bolides qui ont marqué les esprits (Peugeot 208 T16 Pikes Peak) ou qui les marqueront certainement (Citroën C-Elysée WTCC), de quoi faire le lien entre une saison 2014 qui commence à peine sur les braises encore fumantes de 2013, et de tirer un trait d’union entre ces concept-cars d’un passé proche qui ébauchent l’automobile d’un futur encore lointain.
Le sport : vecteur de passion automobile
Depuis ses origines, c’est par le sport que l’automobile a fait sa communication, soulevé des passions, et permis de rendre possible nombre d’innovations. Soumis à autant de règlement qu’il n’y a de catégories de compétition, les constructeurs choisissent de s’investir selon l’audience de ces courses mais aussi selon leurs moyens.
Ainsi, chez PSA, on a choisi en 2013 pour Peugeot de s’engager dans la course de côtes de Pikes Peak aux Etats-Unis. Peugeot aux Etats-Unis, cela peut paraître inutile, puisque le constructeur français n’y est plus depuis l’aube des années 1990. Et pourtant, Pikes Peak ayant une renommée mondiale et Peugeot étant le seul constructeur français à y avoir triomphé (par deux fois en 1988 et 1989), il n’était pas absurde de revoir le Lion rugir sur les pentes et les plus de 150 virages de l’épreuve ! Menée de main de maître par Sébastien Loeb, la 208 T16 spécialement préparée par Vélizy a tenu toutes ses promesses, faisant tomber le record de la course à 8,13 minutes, et laissant loin derrière toute la concurrence. Un exploit, mené par un petit commando, à partir de réutilisations d’anciens programmes Peugeot : 908 HDi, V6 Turbo, CAO… De quoi aussi contenir le budget de cet engagement pour tenir le budget global du groupe PSA. Et s’ils y retournaient en 2014 ?
Côté Citroën, le programme était jusqu’en 2013 centré sur le rallye. En WRC, Sébastien Loeb (encore lui !) faisait ses adieux au volant de la DS3 double championne du monde ; dans d’autres championnats de rallye, Citroën proposait à des équipages privés des DS3 R3. En 2014, si la DS3 WRC reste, elle est rejointe par la DS3 R5 sur les pistes et routes de rallyes. Equipées du même moteur (limité à 280 chevaux sur la R5), ces deux bolides tenteront de résister face à une concurrence accrue.
Citroën s’engage désormais, toujours avec Sébastien Loeb, vers d’autres univers. Après 12 ans passés conjointement en rallye, il était temps de trouver un autre terrain où faire ses preuves, pour l’un comme pour l’autre, et c’est le championnat des voitures de tourisme, le WTCC, sur lequel tous deux ont jeté leur dévolu. Championnat encore méconnu en France (malgré la manche Paloise), le WTCC est au niveau mondial ce que le DTM est au niveau allemand. Et cette audience mondiale, c’est ce que cherche Citroën afin de croître à l’international, au moyen de sa nouvelle C-Elysée, berline destinée aux marchés émergents notamment. Sa silhouette tricorps est idéale pour le WTCC et c’est aux côtés du champion de la discipline, Ivan Muller, que Citroën et Loeb s’engagent. Puissent ces nouveaux horizons leur être favorables !
La compétition, c’est aussi ce qui fait vivre la passion de l’art. Plus précisément, les Art Car. Nous connaissions celles de BMW, mais Nissan étrennait en 2013 aux 24 heures du Mans un prototype de LMP2 engagé par Oak Racing. Las, à cause d’une décoration en fer blanc trop lourde (45 kg de plus que la limitation du règlement), la belle n’a pu prendre le départ. De l’autre côté du chapiteau du Festival, on retrouvait d’autres bolides d’endurance: ceux-ci appartenaient à la collection de Peter Hartburg et étaient avec 55 autres voitures à vendre aux enchères, par RM Auctions, le 5 février. L’occasion de revoir une dernière fois la 908 HDi FAP malheureuse de 2010, ou la collaboration entre Porsche et Audi très assumée sur la 917/30 Can-Am Spyder.
Porsche et Audi… que l’on retrouvera face à face l’an prochain l’un et l’autre face à face aux même 24 Heures du Mans, l’un avec sa 919 Hybrid, l’autre avec la R18 e-tron Quattro ! Porsche et Audi, deux larrons qui ont également associé leurs forces dans le dernier crossover Macan, ce qui offre une transition idéale pour parler maintenant des véhicules de production exposés au Festival International Automobile.
La production : nerf de la guerre ou rêves devenant réalités ?
Face à tant de rareté automobile, venir à parler de “banales” véhicules de série peut sembler incongru. C’est pourtant l’aboutissement de tout ce que nous avons vu : l’innovation et la recherche stylistique des concept-cars, et la recherche scientifique doublée de la communication menée au travers de la compétition. De ces deux mondes, parfois très proches l’un de l’autre, naissent les véhicules de plus ou moins grande série. Et ceux-ci ne sont pas nécessairement à des années lumières de la compétition et des concept-cars, à l’image de la Porsche 918 Spyder qui découle d’un concept-car et dont les capacités ont été testées sur circuits. A quand un engagement en compétition, à l’image de précédents concept-supercars (de la Maserati MC12 Corsa à la Peugeot RCup) ? Reste que le Festival International Automobile était l’occasion de découvrir pour la première fois à Paris la 918 Spyder, dernière supercar de Zuffenhausen, et concentré des technologies d’hybridation de la marque Porsche.
Autre Porsche, déjà évoquée, le Macan, qui sur un châssis de Q5 devient l’offre crossover de petite taille, en-dessous du Cayenne, dans la gamme du constructeur allemand. Il semble d’ores et déjà faire un tabac, son style y participant probablement, puisque la production 2014 serait déjà écoulée ! Autre allemande à la production rapidement vendue semble-t-il (il faut se méfier des effets de manche des constructeurs !), la BMW i3 : son style, dû à un français, arrive à transposer des effets de concept-cars dans la grande série. Sans oublier des techniques (coque et châssis en fibre de carbone, portes antagonistes, matériaux écolos…) que ne renierait pas… un concept-car. La frontière entre les deux mondes tend bel et bien à se réduire.
Et si la proximité entre un concept-car et une supercar se situait dans une rareté que tout deux recherchent et cultivent ? Ce pourrait être la clé d’explication pour décrire l’Icona Vulcano, coupé Italien prêt à passer en série uniquement à la commande pour un tarif gardé inconnu mais dont il se dit qu’il pourrait frôler les 3 millions d’Euros… Sous son capot, un coeur dual : 790 chevaux tirés d’un V12 conçu par un ingénieur motoriste de Ferrari, Claudio Lombardi, et 160 chevaux d’une unité électrique, qui nous font un total de 950 équidés pressés capable de plier le 0 à 100 km/h en 2,9 secondes et de croiser à 350 km/h en pointe. Son design, certes agressif, se passe pourtant des effets de manche qu’un tel pédigrée aurait pu faire craindre : nul aileron exhibitionniste, nul déflecteur trop voyant, mais une structure due au Français Samuel Chuffart. Un bel attelage auquel on souhaite un bel avenir !
Reste que pour la vie de tous les jours, il faut revenir sur terre. Une Aston Martin Vanquish Volante peut-elle vous y aider ? En tout cas ses lignes tendues et son design intemporel (ou ressassé depuis la DB9 de 2005, selon que vous aimiez ou non) se propose en alternative, avec ses 4 vastes places assises sous capote et derrière un V12 de 565 chevaux.
Et s’il ne fallait en retenir qu’une ? La plus belle, pardi ! Mais comment décider ? C’est simple, on l’a déjà fait pour vous ! En effet, et c’est l’autre activité médiatique annuelle du Festival : désigner la “plus belle voiture de l’année”. Une épreuve où tous les tarifs et tous les formats sont mêlés, des Renault Captur et Peugeot 308 aux BMW Série 4 et Alfa 4C. Et à la fin, comme au football, ce sont les Italiens qui gagnent, avec une bombinette de poche au design ciselé, aux technologies (coque carbone notamment) importées de la compétition, le tout issu directement… d’un concept-car. La boucle est bouclée.
Retrouvez la première partie de cette visite du Festival, consacrée aux concept-cars.