Citroën au salon de Francfort 2013 : interviews de Thomas d’Haussy et de Thierry Metroz

A l’occasion du salon de Francfort, Blog Automobile s’est mis à l’heure allemande (pas trop compliqué, il faut admettre). Eddy est allé à la rencontre de Laurens Van Den Acker, directeur du design de Renault. Quant à moi, citroëniste non pratiquant, j’ai naturellement passé mon temps sur le stand des Chevrons. On ne se refait pas. Et comme la marque Citroën se prend d’une intéressante dichotomie entre la gamme C et la ligne DS,  je vous rapporte deux interviews.

Au programme, un entretien avec Thomas d’Haussy, directeur de la gamme Citroën, que nous avions déjà rencontré il y a 3 ans. Il nous parle de l’avenir de la gamme C ainsi que de la dernière nouveauté de la Marque : Cactus.

En second lieu et en bas de cet article, je vous propose un entretien vidéo avec Thierry Metroz, directeur du design de la ligne DS où l’on évoquera le lancement de DS en Chine, la gamme ou encore le réseau. Et pour ceux qui auraient encore de l’espoir, sachez que l’hydraulique est morte et sera enterrée avec l’arrêt de la C5 actuelle en Europe [bordel de Scheise].

Voici donc l’interview de Thomas D’Haussy.

Eric E. : Citroën a choisi de se positionner sur des voitures plus essentielles. Pouvez-vous d’abord nous définir ce qu’est une voiture essentielle ?

Thomas d’Haussy : Je ne vais pas l’exprimer ainsi. Citroën a travaillé dès 2007 sur un premier concept C-Cactus, sur lequel on travaillait sur ce caractère essentiel et sur lequel on a étudié les réactions des clients. On avait pris des partis pris très radicaux en supprimant des parties de la voiture, mais ça n’accrochait pas avec les clients. Ce que l’on a retenu des enquêtes c’est que c’est plutôt les équilibres au sein des modèles qu’ils remettaient en cause, plus que de faire des coupes radicales. Aujourd’hui on ne parle plus vraiment de caractère essentiel mais on cherche plutôt à faire des partis pris, des équilibres nouveaux. Essentiel, les gens lisaient low cost et ce n’est clairement pas du low cost ce que l’on  fait.

Ce que l’on dit, c’est que l’on travaille beaucoup autour du bien être, c’est une des valeurs historiques de Citroën, c’est le confort, ce qui va autour. On regarde par rapport aux usages, aux besoins automobiles, comment l’on peut trouver de nouveaux partis pris, compromis, pour être en accord avec le bien être. Qu’il s’agisse du bien être physiologique, ce que l’on ressent avec son corps, le confort de suspension, le confort acoustique ou du bien être plus psychologique, qui est de se sentir en sécurité, rassuré. Sur C4 Picasso, on a beaucoup travaillé sur la façon de rassembler les commandes sur un écran central unique pour éviter d’avoir des boutons partout, où l’on ne sait pas où commencer, où le client perçoit mal la hiérarchisation des commandes. C’est un des axes sur lequel on travaille. Avec le concept Cactus, on travaille aussi dans cet axe : on veut simplifier l’expérience de conduite afin d’avoir des choses plus naturelles. Et moins de technologie difficile à exploiter.

Deuxième axe où l’on travaille au sujet du bien être, et c’est particulièrement vrai avec la nouvelle plateforme EMP2 que l’on étrenne sur le nouveau C4 Picasso, c’est le confort : confort de suspension, confort acoustique. On travaille aussi sur l’espace qui est une dimension primordiale pour le bien être : on a une plateforme très optimisée qui permet d’avoir un véhicule plus habitable tout en étant plus compact que celui qu’il remplace.

E² : Ca passe nécessairement par des silhouettes différentes comme Cactus ou ça peut s’appliquer à des véhicules plus conventionnels comme C3 ou C4 ?

TdH : Notre volonté, c’est de progressivement faire évoluer le positionnement de la ligne C : tous les véhicules de la ligne C seront dans cette nouvelle orientation. Après, ce sera différent au niveau mondial, on verra en fonction des marchés, le dosage sera peut-être différent mais ça a vocation à couvrir l’ensemble de la ligne C de Citroën, cette nouvelle orientation que l’on met en place avec Cactus et C4 Picasso, c’est une orientation forte.

E² : Justement, la perception de la marque Citroën sur les différentes plaques de marché se prête-elle facilement à ce nouveau positionnement ?

TdH : Ce qui est certain, c’est que le bien être est une valeur qui monte partout dans le monde. C’est une valeur forte qui touche tout le monde et partout. La valeur confort est une vraie signature de Citroën, c’est dans l’histoire de Citroën. C’est en renforçant ce point fort sur le confort que l’on va donner encore plus de cohérence au niveau mondial. C’est une valeur où l’on attend que Citroën fasse quelque chose de nouveau [si j’étais sarcastique, je la ramènerais sur l’abandon de l’hydraulique dès lors que C5 II disparaîtra en Europe… mais je… non, je vais rester sympa NDLR].

E² : Est-ce que ça va être facile pour Citroën de parvenir à cet objectif à travers les véhicules réalisés en partenariat ou pour des produits à forte communauté comme Berlingo et Partner ?

TdH : On a effectivement une latitude un peu différente lorsque l’on fait des véhicules à forte communauté, on aura une capacité à différencier qui sera un peu moins forte. Après, ce sera à nous de trouver un bon équilibre entre l’image de Peugeot et Citroën afin d’être cohérent.

E² : En termes de matériaux au sein des véhicules, est-ce que la ligne C va se distinguer de la ligne DS ou du reste du marché par l’utilisation de garnissages ou d’harmonies intérieurs différents ?

TdH : Oui car on a une stratégie très forte sur la ligne DS où l’on veut travailler beaucoup sur les matériaux, les garnissages, dans un esprit plus « artisanat, luxe et français ». La France est une valeur forte et c’est une bonne façon de monter en gamme pour des véhicules premium. C’est une stratégie qu’on applique vraiment sur la ligne DS au niveau mondial et c’est une stratégie qui fonctionne bien. On va avoir une approche différente sur la ligne C, on va rechercher des matériaux autour d’une expérience de bien être plus que d’une expression de statut ou de valorisation de soi, propres à la ligne DS. Vous verrez à la sortie de la version définitive de Cactus, on a fait des équilibres très très différents…

E² : … On peut espérer autre chose que le sempiternel tissu noir ?

TdH : Voilà, oui, on peut espérer des choses différentes c’est sûr, que ce soit sur le toucher, les couleurs. Effectivement, il y a quelque chose, il y a une histoire à raconter.

E² : Concernant cette nouvelle gamme essentielle, est-ce que ça implique d’avoir une diversité réduite en termes d’équipements et d’options ou on peut se permettre d’avoir un véhicule sophistiqué ?

TdH : Ce n’est pas une gamme essentielle. Nous récusons un peu ce terme car il a été perçu comme low cost et ce n’est pas du low cost. Ce qu’on a gardé dans la philosophie, c’est une certaines simplicité. C’est la nouvelle ligne C. Le fait d’avoir une offre assez simple contribuera à rassurer le client, les produits sont clairs, il pourra avoir plus de choix, moins de choses obligatoires dans la montée en gamme : on aura des gammes plus lisibles, plus simples autour des équipements qui sont travaillés autour de la maximisation du bien être. Le but étant que le client trouve le produit qui lui corresponde le mieux.

E² : Enfin, concernant Cactus, on voit que le concept a suscité une vraie attente, une grande curiosité du public avant même que le concept ne soit dévoilé. Est-ce que vous comptez, à travers le véhicule de série, faire essentiellement de la conquête ou capter plutôt la clientèle traditionnelle de la Marque ?

TdH : Il est un peu tôt pour se projeter de la sorte, on n’a pas encore tous les éléments pour déterminer  les parts en conquête et en fidélité. Aujourd’hui, cette stratégie est clairement pour jouer sur les deux territoires : on s’inscrit dans un monde de marques généralistes avec la future ligne C, avec un positionnement très cohérent vis-à-vis du positionnement actuel de Citroën. A ce titre, on devrait naturellement toucher et fidéliser nos clients habituels. Mais aussi, faire un concept de berline à fort caractère avec des partis pris forts nous permettra de toucher des clients différents de nos clients habituels qui veulent un véhicule valorisant sans pour autant tomber dans des codes de premiums traditionnels que les gens ne recherchent pas  forcément.

Merci beaucoup.

Place maintenant à l’interview de Thierry Metroz. C’est filmé avec les moyens du bord, faisant passer notre ami Renaud Roubaudi pour un studio hollywoodien, mais c’est fait avec amour :

Merci à Citroën d’avoir convié Blog Automobile à Francfort et merci à Thomas d’Haussy, Thierry Metroz ainsi qu’aux équipes de Citroën pour leur disponibilité.

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