Essai Chevrolet Camaro. Parental advisory : explicit content

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Parce qu’essayer des Renault Kangoo ZE et des Toyota Verso ça va bien 5 minutes, je vous emmène  faire un petit tour au volant de la Chevrolet Camaro Hot Wheels…

 

« Nous vous confirmons le prêt d’une Chevrolet Camaro les 25 & 26 juillets prochains ». Glups. Moi qui avait demandé pour le principe, avec la quasi-certitude de recevoir une réponse négative, me voilà avec un beau bébé de près de 2m de large (sans les rétroviseurs, sinon c’est trop facile), 4.8 mètres de long (comme une Peugeot 508), qui pèse 1.8 tonne à vide et propulsée par un tout petit V8 de 6.2 litres de cylindrée développant rien de moins de 432 chevaux. Hem… J’ai droit à combien de vies ? Cette question pourrait presque être justifiée, tant la Camaro semble tout droit sortie d’un jeu vidéo type Need for Speed ou autres Burnout. Dire d’elle qu’elle est impressionnante tiendrait presque de l’euphémisme : outre ses dimensions pour le moins généreuses, tout en elle évoque l’agressivité, la sauvagerie, une boule de nerfs prête à en découdre, à bouffer du Mustang tout cru. Entre les arêtes coupées à la serpe, ses hanches ultra marquées, son interminable capot qui, avec son imposant bossage en son centre, annonce la couleur, la Camaro ne fait pas spécialement dans la discrétion ou la suggestion.

 

L’arrière est du même acabit, tout en lignes horizontales, comprenant un généreux extracteur d’air encadré par deux sorties d’échappement. Les feux « Polnareff staïle » sont spécifiques à la version européenne (et c’est tant mieux, je les préfère comparés à la version USA). Vous l’aurez compris, la Camaro « stock » est donc déjà un monstre. Oui, mais nous avons là la série spéciale Hot Wheels qui n’arrange pas les choses, bien au contraire : avec sa peinture spécifique « Kinetic Blue », ses bandes noires mat courant sur toute la longueur de la carrosserie, ses jantes 20’’ noires, ses bas de caisse et son spoiler spécifiques ainsi que son becquet arrière et sa calandre repris à la ZL1 (l’ultrasportive de la gamme) agrémentée d’un masque…noir (quelle surprise), difficile de lâcher du regard un tel engin. Pour le fun, on trouvera aussi une flamme bleu clair sur les ailes arrière et des logos Hot Wheels un peu partout, des flancs aux sièges avant en passant par le volant et les seuils de portes : rarement l’expression « gros jouet » aura été aussi bien justifiée…

 

Quand à l’intérieur, il nous renseigne directement sur l’origine de la voiture : pas de doute, c’est bien une américaine… Plutôt qu’un intérieur germanique tiré à quatre épingles ou un français reprenant l’esprit d’un loft, la Camaro préfère un univers brut de décoffrage : plastiques moussés ? Sièges massants ? Toit panoramique ? Ajustages au micron ? Hmm… Pas le genre de l’auto. Les équipements proposés sont aussi étonnants : un affichage tête-haute (qui, contrairement à certains, reste lisible à travers des verres polarisants) mais pas de climatisation automatique, un grand écran tactile mais pas de GPS. Cependant, à la question « est-ce qu’on s’en fiche ? », le « oui » a beaucoup de chance d’obtenir un score digne des plus riches heures du communisme. On trouve aussi avec soulagement une caméra de recul : un équipement loin d’être superflu, surtout lorsque les espaces vitrés ressemblent étrangement à des meurtrières et que les rétroviseurs sont plus là pour se pâmer devant les hanches de la belle. Les quatre jauges au pied de la planche de bord, indiquant la température et la pression d’huile, la température de la transmission et la tension de la batterie, sont eux totalement inutiles mais participent grandement à la folle ambiance que dégage cet intérieur.

 

En dépit de la longueur…conséquente, les places arrière sont plus là pour dépanner. On peut cependant, avec une certaine surprise, y trouver deux fixations Isofix : cela pourra être grandement utile pour que Madame accepte le petit caprice de Monsieur. D’autant plus que le coffre est étonnamment logeable : je suis rentré dedans sans aucun souci (il y a même une poignée de secours pour en sortir en cas d’imprévu) et, en rabattant la banquette, mon vélo (bleu et d’origine nord-américaine, lui aussi) était parfaitement à l’aise.

Bon, c’est bien gentil tout ça, mais tu la démarres, oui ou non ?

Oui, oui, ça arrive ! Juste le temps de surmonter ma déception en constatant que la clé que me tend le responsable du parc presse est en tout point semblable à celle d’une Aveo à 10 000 € et, pire encore, de l’écologique et ultra-sophistiquée Volt. Car, au contraire de la belle électrique, la Camaro n’est pas spécialement la voiture la plus évoluée au monde : c’est encore ici la preuve que c’est une pure américaine, et qu’elle ne prend donc pas de pincettes. Elle préfère l’artillerie lourde. Pourquoi s’embêter avec des turbos dans tous les sens, un double arbre à came ou une transmission intégrale ? Non, non, un bon vieux V8 Small Block (car oui, il est considéré comme un petit moteur) atmosphérique, une transmission aux simples roues arrière, ce sera amplement suffisant. Seule la version à boîte automatique possède, de façon assez surprenante, une désactivation de la moitié de ses cylindres à vitesse constante (et modérée).

 

Enfin bref, j’ouvre la large et lourde porte, m’installe dans les sièges -relativement peu enveloppants-, insère et tourne la clé dans le barillet. « Wiguidigui- BROAAAM ». Le V8 prend vie, s’agite (au ralenti, on perçoit nettement la caisse entière trembler à cause de lui), trépigne, n’attend plus qu’on lâche la bride de ses 432 chevaux. Le seul souci, c’est que nous sommes gare Montparnasse, que je dois récupérer le photographe sur les Champs Elysées puis filer sur les quais pour la première séance photo : les canassons devront prendre leur mal en patience. Et là, bonne surprise : alors que j’avais peur d’un engin complètement inconduisible en ville, je me retrouve avec une Clio entre les mains : entre le couple pharaonique (569 Nm, certes obtenus très tard, à 4 600 tr/min) qui permet des démarrages sur un filet de gaz et la direction très souple et bien dosée, la Camaro se conduit incroyablement facilement dans la capitale. Enfin, c’est tout de même une Clio de 2 mètres de large, avec un capot dont on ne voit –littéralement– pas le bout et des angles morts tels que 3 Infiniti M35h pourraient tenir sans le moindre souci : la prudence est donc de mise, et les « Oh p*¤@#n ça passe pas » sont légions. Mais rien de remplacera le sentiment de conduire un engin aussi archaïque et aussi dépassé dans Paris, entre 2 Autolib’ et 3 Vélib’ : presque un goût d’interdit, de transgression des mœurs, et c’est, je dois l’avouer, assez jouissif. Bien que je sois un fervent défenseur des voitures électriques en temps normal, je n’ai pas pu m’empêcher de doubler une pauvre ZOE qui n’avait rien demandé à personne en fond de première, et c’était certes consternant, mais aussi -et surtout- terriblement drôle.

 

Direction les Yvelines, et donc l’autoroute. Deuxième bonne surprise : même en sixième à 1 000 tr/min, la Chevrolet se révèle très ronde, très docile, et l’autoroute n’est qu’une formalité pour elle. On a donc loisir d’apprécier le confort général (lui aussi, surprenant compte tenu de la nature de l’auto) et la bonne qualité du système audio. Mais, très honnêtement, le système audio, on s’en fiche un peu : un autre -vous savez lequel- est infiniment meilleur et se rappelle à notre bon souvenir à la moindre pression sur l’accélérateur. Il va d’ailleurs pouvoir exprimer tout son potentiel puisque nous sommes arrivés sur mes petites routes yvelinoises…

 

Avant d’embrayer sur la partie sportive, petite précision : c’est la première voiture aussi puissante que j’aie eu à conduire. Mes impressions ne seront donc peut-être pas les plus précises qui soient. Enfin bref, la ligne droite déserte qui s’affiche devant nous est bien trop tentante. Alors je sélectionne le mode Ultra Méga Sport S+++, place les suspensions adaptatives sur Over Hardcore, enclenche le Launch Control, affiche la télémétrie complète sur l’écran central et… Oh wait, la Camaro n’a rien de tout cela. Contentons d’écraser simplement la pédale d’accélérateur, et wait and see. La réponse ne se fait pas attendre : Ugo, le photographe, et moi sommes instantanément plaqués contre l’assise, le compte-tour s’envole, les échappements hurlent, l’affichage tête haute m’indique des vitesses extravagantes, et nous passons alors le cap des 4 500 tr/min. Une nouvelle dimension s’ouvre alors à nous, d’une violence inouïe : le bruit devient plus métallique, la poussée est incroyable, le paysage devient subitement fou, galopant à toute allure, la voiture se déchaîne littéralement. La boîte manuelle est un régal, au maniement viril mais très bien guidée. L’antipatinage veille au grain, toujours prêt à intervenir. Malheureusement, la fin de cette longue ligne droite approche bien trop rapidement à mon goût, et arrive un VIRAGE. Et là, toute la superbe de la voiture s’évanouit en un clin d’œil : la direction devient subitement très floue, les mouvements de caisse sont très présents… Un comportement tout à l’opposé des karts que j’ai plus l’habitude de malmener sur piste, et qui incite à réduire le rythme à l’arrivée de courbes, qu’elles soient longues ou -encore pire- en épingle. Avec ce dernier genre de virages, on se rend compte que le frein à main, bien trop haut et implanté côté passager, ne nous aidera pas dans la tâche. Encore la preuve, s’il en fallait encore une, de l’origine de l’auto. Dommage… Mais l’expérience m’a envoûté, et ce sera loin d’être le seul run de la journée. Et à chaque fois, le plaisir restera intact. Plaisir qui, à froid, pourrait passer comme complètement débile et gratuit, je l’accorde volontiers. Mais mettez-vous à ma place et vous changerez d’avis, tant cette expérience vous prend aux tripes, tant la voiture semble en demander encore plus à chaque fois que vous la maltraitez.

 

Terminons cet essai, si vous voulez bien, par le sujet qui fait peur, qu’on préfèrerait taire ou enrober d’un « le rêve, ça n’a pas de prix ». Faux ! Proposée à partir de 43 000 €, la Camaro offre un rapport prix/puissance imbattable, avec un cheval facturé 99,53 €. A mettre en comparaison avec le cheval d’une Ferrari California (375 €) ou même d’une Logan diesel (144 €)… Une version décapotable est disponible, elle, à partir de 48 000 € et la boîte auto est disponible contre un supplément de 2 000 €. Alors, certes, le malus de 6 000 € plombera quelque peu la note, la folle déco de cette version Hot Wheels ajoutera elle aussi 6 000 € à l’addition, les 35 chevaux fiscaux se ressentiront dans la carte grise, les pneus arrières (275/40 ZR 20) assècheront le porte-monnaie et les 17 l/100 relevés au cours de l’essai (avec beaucoup d’autoroute) pouvant grimper à facilement 30 l/100 en ville termineront de le vider, d’autant plus qu’il est très très très très recommandé de ne la nourrir qu’au SP98. Mais ces désagréments ne sont finalement que peu de choses par rapport au plaisir engendré par le simple fait de la démarrer, n’est-ce pas ? Sachant que la Camaro pourrait facilement s’utiliser tous les jours pour aller au travail : vous marquerez alors des points décisifs auprès de votre supérieur, et vous ferez enrager votre ennemi juré qui, pour la même somme, ne se sera offert qu’une triste Classe E break diesel gris métallisé sans option. D’autant plus que la dotation de série est loin d’être pingre, avec les feux au xénon, les jantes 20’’, les sièges, le volant et le levier de vitesse en cuir, la caméra de recul, l’affichage tête haute, les sièges électriques et bien plus, le tout proposé de série.

 

En conclusion, la Camaro est une américaine comme on les aime : généreuse à tous points de vue, accessible et follement attachante, elle se fait pardonner ses pêchés sans même le demander. C’est décidé, dans mon futur garage, il y aura un Twizy pour tous les jours et une Camaro pour se la péter le week-end et profiter encore un peu de cette folle race d’autos avant qu’il ne soit trop tard.

 

Merci à Ugo Missana pour les photos et, bien entendu, un ÉNORME remerciement à Marie-France et Olivier de Chevrolet France pour leur confiance.

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