Peugeot renouvelle son entrée de gamme, dans un segment A qui lui aussi évolue beaucoup. Découvrons donc à quoi ressemble ce nouveau lionceau.
Neuf ans, c’est la durée de la longue carrière de l’offre Peugeot sur les mini-citadines, avec la 107, âge qui est aussi celui de sa soeur Citroën C1 et de leur cousine la Toyota Aygo. Au terme de ce bail, le partenariat franco-japonais, réifié dans l’usine TPCA de Kolin en République Tchèque, est reconduit, avec de nouvelles C1 et Aygo, et bien-sûr une 108 pour le Lion qui intègre ce nouveau modèle à sa numérotation figée à l’unité 8. C’est l’occasion pour les trois constructeurs d’adapter ces nouveaux produits à leurs identités respectives : sur la Peugeot, cela se manifeste par un regard plus acéré, une calandre plus fine, et des griffes dans les feux. Rapidement approchée au Salon de Genève, notamment sous la forme du concept-car 108 Tattoo, voyons de plus près cette 108.
Un nouveau design
C’est évidemment le point de passage obligé de toute nouvelle voiture (quoique certaines aient tendance à s’auto-plagier à travers les générations…) : le style. Extérieurement, si la longueur ne progresse que de 4 cm (de 3,43 m à 3,47 m), la 108 fait plus adulte et plus solide que la 107, notamment grâce à une vraie découpe pour les portières arrières, quelques touches de chrome, et une allure globalement plus sérieuse. On y voit l’influence des nouvelles orientations du Lion, mené par Gilles Vidal. A l’avant, on trouve donc une petite calandre chromée et nominale, phares avec guides à DELs, et des antibrouillards enchâssés dans une “patte de crabe” chromée. L’ensemble, s’il n’est pas agressif, n’est en tout cas plus aussi jovial que sur la 107 à grande bouche et phares en partie arrondis, et cela correspond davantage à la philosophie Peugeot d’être une marque sérieuse sans être austère.
De profil, le duo PSA (C1 et 108) gagne une découpe de portière visible (elle correspondait autrefois avec les feux verticaux) ainsi que de fines poignées plus ergonomiques que les anciennes, qui étaient elles héritées de la 206. Les baguettes latérales ont disparu, mais pas les vitres arrière à compas. Pour les triplettes, les portières avant sont communes aux trois modèles, tandis que chaque marque agrémente ailes et parties frontales à son effigie. Chez PSA, on a offert la même silhouette (notamment de 3/4 arrière) aux C1 et 108 : elles ont donc les mêmes toits et portières arrière par exemple, mais cela n’empêche pas quelques traits personnels. Sur la 108, ce sont les enjoliveurs d’aile, chromés sur la finition haute Féline, et qui permettent visuellement d’allonger le vitrage. Sur les versions Allure et Féline, les jantes alliage 15″ bicolores offrent un dessin qui donne de la valeur ajoutée au véhicule.
A l’arrière, la 108 reçoit le nouveaux codes du Lion, c’est-à-dire les feux en forme de triple griffe. Agrémentée de miroirs sur les côtés, cette signature lumineuse permet de surcroît de faire une césure plutôt esthétique entre le profil et le panneau de coffre, qui rompt avec la verticalité induite par les feux du précédent modèle. La découpe n’en reste pas moins brutale avec un panneau de coffre totalement en verre. La trappe à carburant reçoit son propre cerclage (elle était autrefois installée dans le prolongement des découpes de portière et des feux), et ne s’ouvre que depuis l’intérieur depuis une manette en bas à gauche du tableau de bord. Le volet de coffre est certes toujours en verre, mais les charnières sont désormais cachées par un saute-vente légèrement disgracieux, et les protections en plastique noir ont laissé place à un bouclier entièrement teinté carrosserie.
Peugeot a fait le choix pour la 108 d’un design plus mûr, à l’inverse du double-regard mi-jovial mi-froncé de la C1, et diamétralement opposé de la personnalisation “go fun yourself” de l’Aygo II avec ses parties plastiques échangeables en forme de croix. La nature de citadine à bas prix n’est cependant pas démentie, notamment par les bruits de fermeture de portières, du coffre ou du capot. Pour enjoliver la réalité, Peugeot proposera des packs de personnalisation carrosserie, notamment à base de stickers (strillés, “pied de poule”) pour les rétroviseurs, le capot ou le toit, voire de packs bicolores.
Les progrès de l’intérieur
Le premier constat qui s’impose en entrant dans la 108, c’est qu’il y a plus de couleurs et moins de variations des grains de plastiques que sur la 107. Et ce n’est pas un mal… car le chemin parcouru fait état d’un véritable bond en avant de la qualité de fabrication. Cela devrait avoir un impact non négligeable sur la durabilité et la conservation de l’intérieur dans le temps. Les plastiques sonnent moins creux, il y enfin un couvercle de boîte à gants (c’était une option à 150 € précédemment), et l’ensemble malgré les couleurs fait plus sérieux. On retrouve dans cet intérieur des éléments des deux groupes automobiles : les aérateurs sont hérités de la précédente génération de triplettes (ils remontent à la Citroën C3 de 2002) et les commodos sont d’origine Toyota. Le coût des matériaux est maîtrisé : les plastiques du frein à main et la vitre du compteur sont simples et fins, ce qui n’empêche pas certains raffinements (croûte de cuir sur le volant, climatisation automatique pour les finitions hautes…). Reste des impondérables comme la finesse des revêtements de sol et de la sellerie (on sent aisément la mousse des sièges d’un seul tenant), mais aussi l’ergonomie discutable de certaines commandes (les mouvements des rétroviseurs se font en partie basse du tableau de bord). Notre modèle de présentation était une pré-série : certains détails seront donc sûrement revus d’ici le lancement.
Dans sa communication, Peugeot mise sur la connectivité moderne embarquée à bord de la 108. Elle se signale par une prise USB en façade pour connecter son téléphone, et aussi la possibilité d’utiliser le Mirror Link, c’est-à-dire que via l’installation sur votre smartphone de certaines applications propres à la 108 vous pouvez faire de l’écran tactile 7″ le “miroir” de l’écran de votre portable. Intelligent, encore faut-il avoir un forfait et suffisamment de mémoire pour accueillir ces nouvelles applications. Le simple raccordement en USB semble plus rapide et performant. La réactivité de l’écran tactile est bonne même si les menus ne sont pas tout à fait intuitifs.
Au cours d’une très courte prise en main, absolument pas représentative d’un véritable essai, nous avons pu observer un certain flou dans la commande de boîte, tandis que l’assise au dossier d’un seul tenant en tissu a paru manquer de maintien latéral. Des impressions expéditives qui seront à confirmer ou infirmer, mais surtout à approfondir au cours d’un plus long essai : ce ne sera pas avant l’été. En revanche, on a pu expérimenter et déjà s’agacer du trop grand nombre d’alertes sonores : portière ouverte, phares allumés, même les menus tactiles de l’écran sont dotés d’un tonalité qui “saoule” littéralement. Heureusement, on peut les désactiver !
A l’arrière, la sellerie d’inspiration écossaise qui recouvrait tout les sièges avant ne décore plus que les appuie-têtes. Les sièges, au dossier très fin, sont confortables sans plus, avec suffisamment de place aux jambes pour ne pas être engoncé. Les dossiers se replient 50/50 depuis une languette à tirer dans le coffre, un coffre qui a gagné en volume (196 l avec kit anti-crevaison, 180 l avec roue de secours, contre 139 l à la 107) mais dont le seuil de chargement est toujours aussi haut. On apprécie que la plage arrière du coffre soit solidaire du volet en verre lorsque l’on ouvre celui-ci.
Arborescence de gamme et concurrence
Extérieurement, 108 fait donc plus sérieuse, plus adulte. Ce n’est pourtant pas la carte que jouent toutes ses concurrentes, Renault Twingo et Toyota Aygo en tête ni même la triplette VW Up!/Seat Mii/Skoda Citigo, d’esprit plus jovial. Mais les coréennes Kia Picanto et Hyundai i10 ont déjà installé dans le segment A l’idée que des produits à prix accessibles ne devaient pas être que bas de gamme. Dans la 108, malgré quelques pingreries et certaines économies visibles, on sent les progrès accomplis par rapport à la génération précédente et on a davantage le sentiment d’en avoir pour son argent. A voir comment l’ensemble vieillira dans le temps.
La gamme moteur n’est disponible qu’en essence, le diesel ayant disparu dès 2011. Deux blocs donc, 1,0 l VTi 68 et 1,2 VTi 82 : le premier est le seul à pouvoir recevoir un Stop&Start, ou la boîte robotisée ETG5 (seulement pour les 108 à 5 portes à partir du niveau Active) contre 650 €.
La Peugeot 108 est disponible à la commande en concession. Les premières livraisons auront lieu en juin. Proposée à partir de 10 150 € avec le 1,0 l 68 chevaux reconduit de la 107, c’est la plus coûteuse du trio TPCA (qui commence pour l’Aygo et la C1 sous la barre de 10 000 €), mais aussi la mieux équipée (direction assistée de série par exemple). Il faut attendre la finition Active pour avoir un peu de connectivité (dès 11 250 €) tandis que la gamme grimpe jusqu’à 15 550 € en Féline VTi 82 chevaux. Les versions 5 portes coûtent 500 € de plus que les 3 portes, et vous pouvez sur cette nouvelle génération disposer d’un toit en toile baptisé “TOP!”, seulement sur les finitions intermédiaire Active et Allure, contre 1200 € supplémentaires. Le haut de gamme Féline propose pour sa part l’accès et le démarrage mains-libres, divers décors chromés ou aluminium, une sellerie cuir, l’allumage automatique des phares ou bien encore la climatisation automatique avec vitres arrière surteintées. Mais à ce prix, la clientèle s’ouvre le choix d’autres citadines, plus spacieuses et mieux finies, de gamme supérieure ou en occasion récente.
Qu’en conclure ?
La 107 fut un modèle rentable pour PSA. Sur le global, il est sorti des chaînes de Kolin davantage d’Aygo que de C1 ou 107 en 9 ans de fabrication conjointe, dont le total affiché est de 2 359 375 exemplaires produits. Le succès de ces modèles a été décisif pour leur reconduction, néanmoins la concurrence est aujourd’hui plus nombreuse et acharnée qu’elle ne l’était précédemment. Il n’empêche, dans le contexte actuel, tout profit est bon à prendre pour Peugeot, et le lancement de ce nouveau modèle devrait octroyer de bonnes ventes pendant les premières années après lancement. Comme le disait La Fontaine à propos du Lion et du Rat, “on a toujours besoin d’un plus petit que soi”.
Remerciements à Diane Del Boca Foucher et Anthony Roux ainsi qu’à toute l’équipe des projectionnistes Peugeot
Crédit photographique : François Mortier pour BlogAutomobile.fr
Séance photo réalisée conjointement avec Tran Ha de Féline. Notre modèle de présentation était une 108 Allure 5 portes en teinte cuivre “Aïkinite”.