Je n’étais jamais allé aussi loin pour une belle Italienne. Récit des quelques jours passés au volant de la nouvelle Fiat 500L, le temps d’aller au bout du monde …
La mission n’a à priori rien de banal. Pour autant, le bout du monde depuis Paris c’est le Finistère, et mon point d’arrivée, la ville de Brest. “Voyez plus grand” avec la 500L nous dit la pub’, OK ! essayons-la en plus grand !
Rendez-vous est pris à Trappes, un jeudi matin de janvier, au parc presse Fiat. La belle m’attend, rutilante dans un garage propre comme un labo chirurgical, au milieu d’une Jeep, d’une Alfa et de plusieurs Abarth … Trop tard pour changer de cavalière, j’ai déjà les clés de la 5OOL en poche.
Le départ se fait plus rapide que prévu. Ce matin, tous les miss et mister météo chantent en coeur le même refrain : la neige arrive ! A Paris, mais aussi, et très vite, dans tous les départements de l’Ouest. Pas de temps à perdre, en voiture ! Il me faut avaler les kilomètres vers la Bretagne avant que les intempéries ne ralentissent mon expédition. Aucune envie d’un essai statique coincé plusieurs heures derrière un poids lourd en travers de la voie.
Compacte mais spacieuse.
Charger la voiture est un jeu d’enfant puisque je suis seul à bord avec un petit sac d’effets personnels et que la voiture est … immense pour une 500 ! Oui elle s’appelle 500, non ce n’est pas vraiment une 500. Fiat l’a baptisée 500L avec un L comme Large, et c’est vrai que c’est une sorte de 500 surgonflée. La voiture surprend, et déçoit aussi, par un physique manquant d’équilibre malgré des ressemblances marquées avec d’autres vedettes du segment des “petits” monospaces ou SUV familiaux. De profil et de 3/4 arrière on croirait voir un Mini Countryman ( en moins réussi) alors que la structure du pare brise panoramique et les larges baguettes latérales chromées renvoient au Citroën C3 Picasso. Pour le reste, ce sont des allusions plus ou moins subtiles à la très réussie New 5OO.
Premier contact avec la “belle”, son coffre ! Les présentations n’ont donc rien de bien distingué. Surprise, le volume de chargement ne ressemble en rien à la citadine 500. Comparée à la mythique puce de 3.50m, la version L fait figure de géante à l’extérieur, et cette impression se confirme à l’intérieur. Malgré son gabarit “compact” , 4.15m de longueur ( c’est moins de 10cm de plus qu’une Punto), 1.78m de largeur et 1.66mde hauteur ( aïe aë aïe le look …), la 500L peut aisément accueillir 5 passagers et leurs bagages. La modularité a été très soignée, on est loin des prémices du segment quand le Renault Modus avait une drôle de banquette modulaire de 4 à 5 places et une double ouverture de hayon peu convaincante. Ici les progrès testés et validés sur les grands monospaces se retrouvent offerts au bonheur des usagers de cette nouvelle petite familiale. La banquette 2/3 1/3 est coulissante et rabattable en porte feuille d’un seul geste. Le volume du coffre est cloisonnable grâce au Cargo Magic Space, une planche rigide amovible et réglable qui permet notamment d’obtenir un plancher parfaitement plat une fois les sièges repliés. Chiens, poussettes, courses, planches de surf, tout y passe, à vous d’inventer la vie qui va avec ! Ca vous rappelle quelque chose ? Et oui, cette Fiat joue les voitures à vivre !
Sur la route.
En mouvement il faut d’abord se battre contre l’inertie du moteur: rien ou presque ne se passe dans les premiers tours minute ( en dessous de 2000). Mon véhicule d’essai est une Easy 1.3 Diesel Multijet ( Stop & Start) gelato blanc au prix catalogue de 19500€. Cette version développe 85ch à 3500 tr/mn pour un couple maximum de 200 Nm à 1500 tr/mn. Le constructeur donne une vitesse maximale à 165 km/h et une accélération de 0 à 100 à 14,9s. Avec l’arrivée imminente de la version Trecking présentée à Genève ( et peut être même la 500X !?) , la 500L aura bientôt droit à une motorisation diesel plus puissante ( 105 ch). En attendant, l’unique version gazole disponible s’apprécie surtout à un rythme piano. Le véhicule est lourd et l’agrément n’y est pas si on aime les démarrages francs ou les côtes abordées sans rétrograder.
Annoncée par Fiat à 4.2l, la consommation relevée sur un parcours essentiellement autoroutier est certes plus important , mais la moyenne en cycle mixte n’excède jamais les 6l, ce qui reste très raisonnable pour une bête de 1,3 tonnes. Si il manque de puissance, le 1.3L Multijet s’avère néanmoins plutôt agréable et suffisant pour les petits trajets extra urbains où la vitesse est limitée et les feux rouges assez rares. Le Stop & Start est très agréable, souple et discret.
Un palace à l’italienne ?
Le confort , lui, s’avère plutôt bon, malgré des assises de sièges un peu trop courtes. La motorisation est peu présente dans l’habitacle mais elle s’accompagne de bruits aérodynamiques à vitesse soutenue. L’ennui arrive assez vite sur autoroute, il me tarde de la quitter pour enfin “rouler” et “vivre” la bagnole ! Après plusieurs centaines de kilomètres avalés, voici enfin les voies express bretonnes qui se dessinent. Toute la journée aura été ensoleillée, la neige est derrière moi, Paris est couverte de poudreuse, et aux portes de la Bretagne le ciel se voile doucement mais sans danger de tempête blanche. Ici la lumière est unique. Je pénètre en Terre de Légendes mais aussi en Terre de Peintres, même si en passant par le Nord de la région je suis loin de l’école de Pont-Aven. Me voici surtout en terre natale. Le jour se fait plus sombre mais l’habitacle reste lumineux. Artifice ? Aucun. L’immense toit vitré panoramique ouvrant ( 1.5m2) permet d’admirer paisiblement le beau design intérieur. L’ambiance est chaleureuse, soignée, délicieusement moderne et dynamique. Les matériaux ne revendiquent rien de premium mais l’ensemble affiche une qualité de fabrication très honnête. La façade de planche de bord laquée rappelle l’esprit rétro de la 500. Les compteurs ont un look travaillé et le volant est tout simplement génial : dessin, diamètre et épaisseur de jante me ravissent les sens à chaque prise en main. La console centrale est simple, facile d’usage et valorisante avec des emprunts chromés à l’Alfa Roméo Giulietta.
Au centre de la planche de bord, parfaitement accessible, l’écran tactile 5 pouces permet de gérer tous les contenus médias du véhicule ( radio, téléphone portable, iPod, etc …) . Pour l’instant ce système multimédia n’intègre pas la navigation, un emplacement est spécifiquement prévu sur le haut de la planche de bord pour connecter un GPS nomade.
A l’arrivée :
Les quelques jours passés en Bretagne au volant de la 500L ont été l’occasion de balades côtières, de trajets urbains et sur nationales où partout, et tout le temps le monospace Fiat s’est avéré être un véhicule agréable et attachant, aboutit et convaincant. Rien ne lui fait peur, les trajets maison-boulot, les courses, les sorties en famille ou entre amis, la “petite/grande” Fiat fait preuve d’une grande polyvalence. Reste une image de marque et un look bizarroïde qui ne bénéficie pas de la même malice que la géniale 500 pour séduire. Heureusement l’arme de la personnalisation peut permettre de rallier à elle une cliente soucieuse de se démarquer de la horde de monospaces européens pas toujours très glamour. Fiat a doté sa 500L d’une gamme exclusive de stickers, de coques de rétroviseurs et de plusieurs modèles de jantes. Les onze couleurs de carrosserie ( un record dans la catégorie) s’associent au choix à trois teintes de toit, noir, blanc, ou couleur carrosserie.
Spécialiste incontesté des petites voitures dont plusieurs sont devenues des modèles mythiques de notre histoire automobile, Fiat peine à convaincre sur les segments supérieurs à la citadine, comme si un plaisir italien devait s’apprécier seul, très égoïstement, dans un petit véhicule.
“Seul, je ne sais jouir de rien” disait André Gide. Fiat nous invite à partager le plaisir de rouler en 500 grâce à la 500L, à partager l’émotion de voyager à cinq et bientôt à sept à bord d’un véhicule héritier d’une riche histoire industrielle européenne. A vous de jouer le partage si vous aimez les belles ritales.
Merci à Christophe USEO – Fiat France pour le prêt du véhicule.
Merci à Martial LG pour le copilotage pendant les prises de vue.
Photos : Philippe KERLEROUX.