Une bonne bouille, un moteur plutôt punchy, un dénuement savamment mis en valeur et surtout un confort de première classe, ou disons plutôt, à l’ancienne. Comment ne pas aimer ce C4 Cactus new gen ? Hein, comment ?
On est au moins deux, au sein de ce mirifique blog, à beaucoup aimer la Citroën C4 Cactus : mon excellent collègue le sémillant JB, qui lui a déjà consacré quelques articles, l’un lors de la présentation statique de cette seconde génération, non dénué des questionnements pataphysiques dont il a le secret, où il cherche à comprendre comment Citroën passe du concept de « voiture minimaliste mais essentielle et pas low cost » à celui de « berline », terme triste et grisâtre qui définit ce nouvel opus ; puis vint le moment de la réconciliation lors de l’essai dynamique.
De mon côté, je suis aussi très fan de cette Cactus. Au point d’en avoir déjà essayé trois versions depuis son lancement, dont une pour ce blog, à savoir la récente combinaison 1.2 Puretech 110 avec la boîte EAT6,à laquelle je reprochais toutefois une boîte auto qui tirait un peu long, et affublée d’une gestion privilégiant l’économie. Mais bon… En tous cas, j’aime le Cactus, car pour moi il incarne les vraies valeurs de Citroën, qui entourent l’identité de la marque depuis mon enfance : une auto simple (dans le bon sens du terme), forcément décalée, réellement confortable, qui ne donne pas dans la surenchère techno inutile et qui se révèle pleine de bon sens au quotidien.
Si on est deux fans au blog, la ferveur populaire n’est pas proportionnelle à l’engouement au sein de notre petite équipe : 270 000 Cactus vendus en 4 ans, c’est correct, mais loin de ce que l’on peut appeler un pur carton commercial. Ce qui a d’ailleurs conduit Citroën à changer son fusil d’épaule et de fait, les barres de toit ont disparu (elles restent dispos en option), tout comme les Airbumps latéraux.
Autant dire que cette seconde génération m’intriguait : d’un côté, je trouve le design moins clivant mais toujours agréable, et comme je sortais de l’essai de la Peugeot 308 SW, elle aussi affublée du brillantissime trois cylindres 1.2 Puretech 130, je me disais que j’allais passer un bon moment au volant. Cela a été le cas, avec toutefois quelques nuances que je vous explique ci-dessous.
En haut, en bas…
Déjà, la première impression, c’est celle de retrouver un beau sentiment d’espace, des excellents sièges revêtus d’une sorte de tissu à l’ancienne, une planche de bord dépouillée (trop : je n’aurais rien contre un petit compte-tours et le recours au tout tactile sur l’écran central est un rien énervant, parfois), mais il faut reconnaître que Citroën propose là un intérieur qui est vraiment différent de celui de toutes les autres compactes sur le marché et que ceux, dont je fais partie, qui cherchent une ambiance un peu différente du tout venant, y trouveront leur compte. Petit instant de tristesse : même quand le Cactus 2018 est équipé d’une boîte auto, la banquette avant monobloc disparaît pour laisser la place à deux sièges individuels séparés par le levier de sélection.
Contact : le bruit du trois cylindres est présent, mais sans plus. Le débattement du levier de vitesse est assez ample, à l’ancienne. Les sièges, déjà, en peu de kilomètres, sont dessinés d’une telle façon que je me sens bien dedans.
Et puis surtout, lors du premier dos d’âne, la C4 Cactus, déjà réputée pour être une auto confortable dans sa première mouture, délivre des sensations inédites. A l’heure où le premier SUV Diesel de 130 chevaux repose sur des jantes de 20 pouces qui vous répercutent dans les lombaires toutes les irrégularités de la chaussée, la nouvelle C4 Cactus en rajoute encore un peu, dans l’autre sens : non seulement l’absorption est délicate, mais la détente est délicieuse ! Ce moelleux est assez rare dans le paysage automobile d’aujourd’hui pour être signalé. De mon côté, j’aime, notamment parce que cela rend le voyage plus décontracté, un peu comme si l’on était au volant d’une auto ancienne, qui vous accompagne en douceur au lieu de vous secouer au nom d’une prétendue sportivité.
De fait, on remerciera ce nouvel amortissement que Citroën appelle « butées hydrauliques progressives », où la partie mécanique de l’amortissement se voit dotée de débattements réduits, et entourés en ses extrémités, par deux cavités emplies d’huile, pour un fonctionnement plus souple, et c’est peu de dire que ça marche !
Du coup, la C4 Cactus incite à une conduite souple et apaisée, et j’ai beau être fan d’engins sportifs, ça ne fait pas de mal dans l’univers radarisé et contrôlé qui est de plus en plus le nôtre.
Et pourtant, il ne dépote pas un peu ce Puretech 130 ?
A fond la forme ?
Ben si ! Avec lui, c’est la première fois qu’une C4 Cactus dépasse la barre des 200 chrono en vitesse de pointe (une satisfaction assez cérébrale, si l’on achète cette auto pour les bonnes raisons, non ?), mais les 9,1 secondes de 0 à 100 km/h et les 30,3 secondes sur le 1000 mètres départ arrêté valent probablement mieux au quotidien que la promesse des 207 km/h chrono. On notera d’ailleurs la progression par rapport à la précédente génération qui, au mieux disposait du 1.2 Puretech 110 sous le capot : 188 km/h en pointe et 9,3 secondes de 0 à 100 (en BVM5, sinon c’était 9,7 secondes avec l’EAT6).
Hélas, votre bon Gab’ (oui, j’aime parler de moi-même à la troisième personne) est du genre jamais content. Et du coup, il déclame que la nouvelle C4 Cactus est sympa, mais qu’elle a encore un train de retard. Car comment expliquer que, dans le cas de mon essai précédent, l’alliance entre le 1.2 Puretech 130 et l’EAT8 de la Peugeot 308 était carrément bluffante par sa douceur, sa réactivité et son auto-adaptabilité, et qu’ici on se retrouve avec une BVM6, ce qui serait en soi très bien si elle, à mon humble avis, ne tirait pas trop long. La preuve : lors d’un essai de vmax (sur un circuit installé au cœur d’une autoroute allemande, rassurez-vous), j’ai constaté que pour aller titiller durablement le 200+ compteur, il fallait mieux rester en quatrième. En 5 ou en 6, la vitesse décline immanquablement à la première contrariété.
Bref, je veux une C4 Cactus 1.2 Puretech 130 EAT8 !
Vous devez vous dire que ce type est complètement fou : on ne fait pas des essais de Vmax en Cactus. Et vous aurez raison ; sauf que dans le cadre d’un usage quotidien, on se rend compte que sur des petites départementales tourmentées, on n’a pas forcément tendance à utiliser souvent les deux derniers rapports. Ce qui n’est en fait pas si grave que cela, car la conso ne s’envole pas pour autant : 6,8 l/100 au terme de mon essai (ce qui est quasiment 1 l de moins qu’avec la 308 SW pourtant équipée du même moteur) ; mais une boîte plus efficace et un châssis plus verrouillé aident à conduire de manière plus dynamique, car le roulis du C4 – malgré le poids réduit, 1120 kilos dans cette version, qui autorise une belle précision du train avant – et l’absence de maintien des sièges font que l’on a tendance à cruiser assez naturellement.
Que ceci ne nous détourne pas de l’essentiel : bizarrement dénommée « berline », la C4 Cactus reste une auto zen et supra confortable. Rien n’a (vraiment) changé : je l’aime toujours, ce Cactus.
Ouais, mais quand même : l’amour ne doit pas être aveugle ! Le C4 Cactus se dote de nouvelles technologies sécuritaires, notamment une alerte de collision, et dans le trafic chargé de Paris (d’autant que si vous laissez une vraie distance de sécurité devant vous, un connard va vite se charger d’occuper l’espace), on est en permanence en mode « alerte ». Ça devrait nécessiter un meilleur réglage, non ?
Photos : Gabriel Lecouvreur