Essai : DS 3 Crossback PureTech 130. Pricing Power

Après l’essai d’Ugo du DS 3 Crossback en PureTech 155 voilà quelques semaines, j’avais bien envie de prendre le volant de cette française à la mode… Les quelques jours passés en sa compagnie furent instructif !

Si vous êtes un habitué du site, vous vous souvenez probablement de mon petit road-trip en terres basques à bord d’un DS 7 Crossback PureTech 180. Petite panne de mémoire ? L’essai est à retrouver ici, mais je peux vous le résumer assez succinctement : j’avais adoré – si on met de côté le style extérieur un peu trop tape-à-l’oeil à mon goût. La voiture était d’un confort extrême, l’ambiance à bord déchirait, le moteur s’est montré fort agréable, bref, j’étais comblé. C’est donc avec une certaine attente que j’ai récupéré les clefs de “mon” DS 3 Crossback…

Et forcément, la découverte commence par le dessin de l’extérieur. Quand les premières images du DS 3 (on va passer outre le “Crossback” à partir de maintenant, ça va me soûler) ont fuité sur Internet, j’avoue avoir un peu régurgité mon repas. Je n’arrivais pas à comprendre les lignes générales avec ces optiques bizarres, cette découpe de capot compliquée, cette drôle de virgule sur les flancs et tant d’autres choses encore. Maintenant que j’ai passé cinq jours à tourner autour, j’affine mon jugement : j’aime bien. Alors, oui, c’est parfois un chouille too much par endroit, certains choix peuvent être critiquables (l’aileron de requin sur le montant B, c’était vraiment obligé ?) mais l’atmosphère générale qu’exprime le DS 3 est celui d’une voiture originale mais raffinée. Ça me va.

A noter que j’ai effectué l’essai à bord de deux exemplaires : un aubergine (le fameux “Whisper” de la regrettée DS Numéro 9) à toit blanc et un jaune orangé (un peu pompeusement nommé “Or Impérial”) à toit noir, dont je n’ai que deux pauvres photos prises à la volée depuis mon téléphone à vous proposer :

Ma configuration préférée ? Difficile à dire. Le Whisper rend le DS 3 extrêmement sophistiqué tandis que l’Or Impérial joue plus sur le registre de l’excentricité. En tout cas, ces deux teintes mettent clairement en lumière les deux personnalités de la voiture et c’est assez cool. (Petit aparté : il me semblait avoir déjà vu l’Or Impérial quelque part… C’est quand j’ai croisé un Scénic Jaune Miel que je me suis rendu compte que les deux couleurs étaient parfaitement identiques. C’est mal ? Oh du tout, le Jaune Miel étant de loin ma teinte préférée du nuancier Renault, et je chéris et bénis tous les propriétaires ayant eu la merveilleuse idée de cocher la bonne case dans le configurateur).

A l’intérieur, on est à peu près sur le même schéma : excentrique et sophistiqué. Excentrique au sens littéral du terme en ce qui concerne les aérateurs centraux, puisqu’ils ne sont pas alignés avec le milieu du tableau de bord. Alors je veux bien être gentil et tolérant, mais des aérateurs centraux pas alignés, ça m’angoisse terriblement : c’en est trop pour mon petit esprit étriqué. Mais passons outre et intéressons-nous à la planche de bord de manière plus générale. Excentrique, je disais, parce que vous avez déjà vu, vous, des planches de bord aussi originales ? Les designers ont manifestement un petit blocage avec les losanges puisqu’ils en ont mis partout, encore plus que sur le DS 7. Avec en point d’orgue l’élément central avec, donc, les fameux aérateurs, ainsi que les raccourcis du généreux écran de 10,3 pouces. Écran dont je n’aurai pas grand chose à dire dessus, sinon qu’il est fiable, ergonomique, intuitif et rapide. Les compteurs, eux, passent également au numérique sur l’ensemble de la gamme. Concernant ce dernier, heureusement que la vision tête-haute est là (…uniquement sur le haut de gamme Grand Chic) car, autrement, les informations disponibles sont un peu trop nombreuses pour être parfaitement claires pour le conducteur.

Un joli tableau de bord, donc. Mais il ne faudrait pas occulter le reste ! Et notamment la qualité de la sellerie -pardon, de l’inspiration. Alors, voitures presse oblige, j’avais naturellement la plus chère des cinq inspirations disponibles (poétiquement dénommées Bastille, Montmartre, Opéra, Performance et Rivoli) qui vous coûtera au minimum 1 400 € supplémentaires. Mais ce seront 1 400 € bien dépensés puisque les sièges se recouvrent d’un superbe cuir Nappa dans le fameux motif “bracelet de montre” et que la planche de bord suit le même régime. Ultra quali, ultra joli, ultra confortable…du moins aux places avant. Car le DS 3 souffre du syndrôme C-HR : les passagers arrière sont sacrément bien moins lotis. D’une part à cause de ce foutu aileron de requin qui bloque toute la vue, mais aussi à cause de la forme de la banquette, très dure et plate. Bref, si vous n’aimez pas vos enfants, vous avez là une très belle proposition. Le coffre, lui, est d’une bonne contenance (350 litres) mais souffre d’un seuil de coffre ma foi un peu trop haut.

Excentricité et sophistication, donc, lors de l’inspection statique. Et en mouvement ? C’est un peu plus quelconque, j’en ai bien peur. Pas mauvais, hein, loin de là même, mais assez plat. Au final, les 9,2 s nécessaires au DS 3 pour atteindre les 100 km/h sont assez représentatifs : pas dégueu mais pas ouf non plus. Seule la boîte EAT8 m’a un peu surpris, elle qui est d’habitude sans aucun reproche. Est-ce l’alliance avec le PureTech 130 de mon essai qui n’était pas optimale ? Toujours est-il que j’ai ressenti un léger temps de latence aux réaccélérations. Pour le reste, pas grand chose à dire : la position de conduite est agréable, le confort bien présent, la direction suffisamment légère en ville, le rayon de braquage très acceptable et les technologies d’aides à la conduite présentes en grand nombre. C’est d’ailleurs assez rare pour le souligner : le DS 3 peut (on option, cela va de soi) être équipée du DS Drive Assist qui permet au petit SUV d’accéder au merveilleux monde de la conduite autonome de niveau 2. Et ça marche plutôt bien ! Comme d’habitude, il convient de rester sur ses gardes mais le système lit et détecte suffisamment bien les courbes le trafic pour apaiser le voyage. J’ajouterais également que les embouteillages sont moins pénibles grâce à la prise en charge complète et réactive de la conduite.

Connaissez-vous le pricing power ? Assez sommairement, ce terme indique la capacité que peut avoir une marque à augmenter ses prix sans que la demande pour ses produits ne soit affectée. Et DS joue ici au pricing powerissime avec le DS 3, puisque mes deux configurations étaient facturés…40 300 €. Quarante mille trois cents euros pour une voiture de 4,12 m de long. Alors oui, j’avais des configurations ultra haut de gamme et que ce n’est pas forcément très représentatif de la gamme gneu gneu gneu mais bon, quand même. Le prix m’a un peu choqué. Par curiosité, je suis quand même allé voir du côté des concurrents. Côté premium, les Audi Q2 et Volvo XC40 sont encore plus chers (!!) ; côté “généraliste plus”, un VW T-Cross similairement équipé vous coûtera 10 000 € de moins. DS a donc clairement choisi son camp… Reste à voir s’il remportera son pari. C’est quand même assez gonflé pour une marque qui, soyons honnêtes, n’a encore que très peu d’image, de proposer des produits à des prix lorgnant clairement sur des marques bien plus établies et à la réputation inébranlable. Qui vivra verra, comme disent les jeunes. 

Crédits photos : Jean-Baptiste Passieux

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