Essai Kia Stinger 2.2 CRDi : comme on se retrouve !

Avec son allure racée et décalée – pour une Kia et aussi dans l’absolu – la Stinger interpelle et se retrouve donc à nouveau sur le grill et sur le blog, ici en version 2.2 CRDi de 200 chevaux, tout de même…

Autoroute A4, direction plein Est et, pour ceux qui connaissent, sortie « Reims Centre » : un sacré pif-paf droite / gauche, rapide comme tout, qui entre vite, qui donne de l’appui et qui se resserre à la fin ! A 90 km/h, ça passe crème, plus vite, aussi.

La Stinger déboule, ne prend pas de roulis, guide avec précision, puis change d’appui en franchise et vivacité, et enroule un peu de l’arrière au lever de pied quand il s’agit, malgré tout, de ralentir la cadence : devant, c’est la barrière de péage. Et elle est chère.

Certes, je vous parle comme si j’étais au volant d’une GTI, alors qu’il ne s’agit que d’une placide berline Diesel. Placide ? Pas tant que cela : le 0 à 100 revendiqué en 7,6 secondes secondes, c’est déjà pas mal du tout sans être extraordinaire dans l’absolu (c’est dans la lignée d’une de ses concurrentes, l’Audi A5 2.0 TDI quattro, mais l’Alfa Romeo Giulia 210 ch fait un peu mieux, tout comme la BMW 420d Gran Coupé), mais il est vrai que la Stinger est lourde (plus de 1800 kilos). Elle se rattrape avec une belle vitesse de pointe (230 km/h) et un couple de 440 Nm à 1750 tr/mn qui, associé à une boîte auto 8 efficace, lui donnent de belles reprises sur route.

Pourquoi commencer ce papier avec les performances alors que l’acheteur d’une berline Diesel s’intéresse à la conso avant tout ? Enfin, je crois, mais je ne serai jamais acheteur d’une berline Diesel. La conso officielle mixte est annoncée à 5,6 l/100, je m’en sors à un raisonnable 7,5 l/100 au cours d’un parcours mixte. Voilà, la conso, c’est fait. Mais comme Kia est fier d’affirmer que le développement du châssis a été mené par des ex de chez BMW M, ça valait le coup de vérifier même sur la version Diesel. Et le test est plus que positif.

Racée, non ?

La Stinger, c’est aussi une ligne. Elle nous a tous interpellé, ici, membres du blog, quand on l’a vu arriver, au point qu’elle a déjà eu droit à trois essais dans nos colonnes. Que voulez-vous, quand on aime, on s’enflamme un peu, c’est une des caractéristiques propre aux supports de passionnés ! Ainsi, en novembre 2017, notre bon Ugo nous présentait la gamme au complet tandis que j’avais l’honneur de vous en faire l’essai détaillé de la V6 GT de 370 chevaux en avril 2018 et que mon collègue le jeune Thomas vous livrait à nouveau son appréciation de la même auto en août 2018.

Trois essayeurs différents : même conclusion ! Cette Stinger V6 GT mérite le détour et pas seulement par son rapport prix / prestations / performances assez étonnant. Hélas, si notre voix a une portée forte et universelle (en gros, une voiture dont on dit du bien voit sa carrière surfer sur la Voie Lactée !) ce fut, hélas, un tantinet pondéré par le contexte autophobe franchouillard. En effet, avec 10 500€ de malus, se lancer sur le nouveau créneau de la berline performante, quand on est une marque généraliste, tient de la gageure. Résultat : quelques dizaines de ventes pour la Stinger V6 GT, pas plus. C’est vraiment trop injuste.

Heureusement, il y a l’effet Canada Dry : ça ressemble à de l’alcool, mais ça n’en est pas vraiment. Ça, c’est la version 2.2 CRDi, fiscalement plus acceptable. On parlera du Diesel et des particules plus tard, si vous le voulez bien. Du coup, on retrouve cette allure basse, racée et élancée : 4,83 m de long, 1,83 m de large et seulement 1,40 m de haut. Par rapport à la V6, on ne perd que la quadruple sortie d’échappement mais on compense avec une double sortie, qui a déjà un peu de gueule.

Pour le reste, entre les généreuses prises d’air, les jantes de 18 pouces (19 en option), les beaux sièges en cuir et l’équipement complet, on n’est pas volé sur la marchandise, d’autant que la Stinger GT Line 2.2 CRDi commence à 45 400€ mais la finition Pack Premium, à 49 300€ en propulsion et 50 800€ en intégrale, est plus recommandable car elle offre quasiment tout… Cette dernière phrase ne vous aura pas échappé : même en Diesel, la Stinger est disponible en deux modes de propulsion, entendu que la  BVA8 est de série. On notera cependant que seul le coloris jaune est de série, les autres teintes sont en option. Une rapide recherche sur deux sites bien connus des amateurs de voiture d’occasion montre que, au 31 octobre 2018, aucune des 36 Stinger en vente en France n’est jaune.

Presque premium

Pour le reste, je retrouve avec plaisir cet intérieur bien conçu, avec d’excellents sièges chauffants et ventilés de série et une position de conduite idéale. A l’arrière, les passagers bénéficient d’une assise assez basse, la garde au toit n’est pas un problème pour les grands gabarits, alors que ça l’est souvent dans les autos type « grand coupé ». L’ergonomie est excellente et, dans l’habitacle, je ne peux que pointer à nouveau quelques accastillages en plastique (habillage du volant, pavé de commande de la climatisation) qui font « généraliste » et pas « premium » ; encore que, finalement, cela me choque moins sur une Stinger 2.2 CRDi qui va croiser le fer avec des VW Arteon, Mazda 6, Infiniti Q50 2.2, tandis que la Stinger V6 GT a plus pour ambition d’aller piquer des clients aux institutions allemandes bien établies, et là, ce ne sont pas les mêmes exigences.

« C’est un Diesel ? » disait Coluche dans un de ses sketchs. Evidemment, on l’entend un peu… mais pas trop, voire pas du tout en régime de croisière. Ce qui compte, c’est l’accord moteur / boîte et j’ai trouvé ce 2.2 CRDi parfaitement cohérent avec l’idée de grande routière efficace et facile. Cela va de pair avec une auto un rien ferme, mais jamais sans excès : l’amortissement, même sans fonction pilotée, est parfaitement tenu tant en compression qu’en détente, avec un roulis bien maitrisé, une direction bien centrée et informative sur ce qui se passe sous les roues. Bref, il n’y a que des compliments à adresser à ce châssis qui tient la comparaison avec les meilleures du genre. Même si l’on sort là de son cadre d’utilisation, c’est la seule de ce type de segment à posséder un autobloquant, dès fois que le cadre sup’, de retour d’une journée riche en réunions de Copil’, aurait envie de prendre les rond-points en regardant le paysage par les fenêtres, histoire de se détendre.

A l’heure du bilan, voici une familiale Diesel stylée, performante, super équilibrée, agréable et communicative à conduire et bien équipée. Le tout à un tarif qui soutient la concurrence, ne serait-ce les questions d’image. Sauf que, faisait dire l’immense Michel Audiard à Mame Mado dans les Tontons Flingueurs : « les images, ça me faisait rire quand j’étais petite ». Moi, j’ai grandi, et le blason, je m’en fous un peu. Et vous ?

Crédit photo : Gabriel Lecouvreur

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