La van life ! Tout le monde n’a plus que ce mot en bouche. A tel point que même des constructeurs historiques grillent la politesse aux préparateurs indépendants en vendant directement des versions aménagées de leurs utilitaires. On connaissait les Volkswagen California et les Mercedes-Benz Marco Polo, il faudra désormais compter sur le Renault Trafic Spacenomad. On l’a essayé.
Trafic…
Car oui, dans “Trafic Spacenomad”, il y a d’abord “Trafic”. Un nom qu’on connaît tous, puisqu’on en est à la troisième génération et qu’il y en a dans les rues depuis 43 ans (!). N’empêche qu’il présente bien. Dans cette finition haute “Iconic”, mon Trafic se dote d’une calandre chromée, de phares LED, d’une jolie peinture Gris Highland et même de jantes alliage 17″. J’avais ici la version longue L2, dotant mon Trafic de dimensions pour le moins généreuses : 5.45 m de long pour 1.95 m de large, voilà de quoi faire. Reste une bonne nouvelle : malgré son toit relevable, le gros Renault reste sous la barre des 2 mètres de haut ! De quoi le faire rentrer dans pas mal de parkings souterrains.
On se rend compte en s’asseyant sur le siège conducteur que les choses ont bien changé dans les monde des utilitaires ces dernières années. Je découvre une planche de bord moderne, valorisante, avec un écran, des jolis placages et tout et tout. Et le côté VU s’illustre également bien avec des rangements partout et une ergonomie sans faille -mention spéciale à la boîte à gants coulissante, bien pratique au quotidien. Le meilleur des deux mondes ? Je n’irais peut-être pas jusque là quand même : la position de conduite reste “à l’ancienne” avec un volant très incliné, tandis que l’écran est, disons, robuste -en d’autres termes, ni très moderne, ni très réactif, mais il fait le job. Clim, Bluetooth, connectivité smartphone, prises USB à gogo et même chargeur à induction : tout ce qu’on pourrait attendre d’une auto moderne répond présent.
A conduire, par contre… On comprend très rapidement l’expression “van aménagé” : le Trafic Spacenomad est avant tout un véhicule utilitaire. J’avais le moteur le plus puissant à l’essai, sous la forme d’un 2.0L diesel de 170 ch & 380 Nm de couple, accolé à une boîte à double embrayage EDC à 6 rapports. Et cette cavalerie n’est pas de trop : les performances sont juste suffisantes. Mention bien pour la boîte, en revanche, douce et réactive -elle est même dotée d’une fonction roue libre activée en mode éco ! C’est d’ailleurs ce mode que j’utilisais le plus, puisqu’il débloquait cette fonction dont je suis fada (comme Ugo avec sa Série 3, d’ailleurs) sans quasiment rien toucher au peps du van -un mode “perfo” est également présent, qui donne un coup de fouet bienvenu aux reprises.
Mais là où les racines utilitaires du Spacenomad se font ressentir, c’est bien au niveau de l’agrément de conduite : le moteur est très bruyant, la direction est archi floue et la course interminable de la pédale de frein impose d’anticiper plus qu’habituellement. Niveau bruits aéro, c’est pas non plus ça, même si la structure de l’engin permet tout de même de comprendre aisément qu’on ne va pas être dans une i7. Reste un confort de très bon niveau, aussi bien concernant les suspensions que les sièges…avant : la banquette arrière m’a vraiment surpris par la faiblesse de la garde au toit ! Je ne mesure “que” 1.78 m mais j’avais la tête littéralement dans le plafond. Même si ce plafond…n’en n’est pas vraiment un. La transition est magnifique :
…Spacenomad
Car oui, dans “Trafic Spacenomad”, il y a aussi et surtout “Spacenomad” -une terminologie qui ne vous est peut-être pas totalement inconnue, puisqu’une autre version du Trafic partage cette racine : il s’agit du “Spaceclass“, une version “de luxe” pour le transport de personnes importantes. Bref, revenons à nos moutons. Comment est-ce qu’un Trafic devient van life-compatible ? Etape #1 : on fait un trou dans le toit qu’on remplace par un module relevable, de quoi faire une première couchette. Etape #2 : on vire les sièges arrière pour créer un meuble regroupant moults rangements, une réserve d’eau de 60 litres, une gazinière, un évier et un frigo, tandis qu’une banquette plus étroite et capable de se mettre à plat remplace l’élément d’origine -la voilà, votre seconde couchette. Paf, vous vous retrouvez avec un van capable d’accueillir quatre personnes dans le plus grand des calmes.
Voilà pour la théorie. Et dans la pratique ? La transition entre le Trafic qui roule et le Spacenomad dans lequel on vit est très simple : le toit s’ouvre de façon manuelle, certes, mais aussi rapidement que facilement ; la banquette arrière s’allonge elle aussi en trois coups de cuillère à pot, tandis que les sièges avant pivotent sans aucune difficulté. Et comme le sommier du haut se soulève par vérins, on peut évoluer debout sans le moindre problème. Là où j’ai eu un peu plus de soucis, c’est pour la compréhension de la partie “eau/électricité/chauffage”, qui se règle sur deux consoles séparées…et absolument incompréhensibles si on n’a pas épluché les manuels d’utilisation. Il s’avère que j’ai déjà pu tester un van aménagé sous la forme du Mercedes-Benz Marco Polo, et c’était mille fois plus simple : toutes les commandes étaient regroupés dans un seul écran hyper compréhensible. Bref.
Est-ce que j’ai dormi dedans ? Bien évidemment, en emmenant même deux amis avec moi. Bon, quand je disais qu’on pouvait embarquer à quatre…je pense qu’être trois est préférable -avec quelqu’un en plus, on risque de se marcher un peu sur les pattes. Heureusement d’ailleurs qu’on avait la version allongée : la version standard mesure 40 cm de moins, ça peut vite être juste. Bref, les conditions de vie sont vraiment pas mal : le frigo de 49 litres est très grand, bien plus que ce que propose la concurrence -couplez ça avec les 250 litres de rangements et on obtient vraiment de quoi partir plusieurs jours sans avoir à ravitailler. De jour, trois ouvertures dans la toile du toit permettent d’avoir un habitacle rempli de lumière ; de nuit, l’ambiance est très agréable avec des spots LED absolument partout. Toutes les vitres ont des stores, de quoi permettre des grasses matinées à rallonge.
Est-ce qu’on a bien dormi ? Autant la literie est top…autant on a eu froid. Le Spacenomad a beau être équipé d’un chauffage auxiliaire de 2 000 W, la surface à réchauffer est tout de même conséquente et ça nous a joué des tours. Pensez à prendre des bons duvets ! Il faut aussi noter que les prises USB ne sont vraiment, mais vraiment pas puissantes si le van n’est pas branché : c’est à peine si on peut gagner quelques pourcents sur son téléphone lorsqu’on dort. En parlant de brancher, ne craignez pas de vous retrouver à plat de batterie si vous ne pouvez pas raccorder la bête durant la nuit : mon modèle était doté d’un panneau solaire sur le toit d’une efficacité absolument bluffante, permettant de récupérer l’énergie consommée extrêmement rapidement dès que le soleil pointe le bout de son nez. Mais seul le haut de gamme en profite…
Enchaînement naturel avec la tarification. Si le Trafic Spacenomad commence à 61 900 € en version “Equilibre” avec un diesel 150 ch, il faut rajouter 1 800 € pour la version longue et 8 600 € pour bénéficier de la finition “Iconic”. De fait, mon exemplaire s’affichait à 72 300 €. Que choisir ? En vrai, le premier prix est déjà très bien équipé : tous les équipements de camping (gaz, eau, frigo, prises) sont inclus, tout comme le sont la clim ou l’écran central avec réplication smartphone. La version haute, elle, rajoute du staïle (jantes alliage, vitres teintées, volant TEP) mais également de l’utile comme les capteurs de stationnement avant, la caméra de recul, l’éclairage intérieur LED (halogène sur Equilibre) ou le panneau photovoltaïque -sans compter le moteur 170 ch ; j’ai peur que 150 ch soient trop justes. Mais bon, 8 600 € supplémentaires.
Allez, je sors la pommade avec deux bonnes nouvelles. Premièrement, le Spacenomad est exonéré de malus -un sacré soulagement : avec ses 231 g de CO2 par km, il aurait été bon pour 60 000 € de rab l’année prochaine avec cette grille de zinzin. Deuxièmement : il est étonnamment sobre. J’ai rendu le van avec 7.4 l/100 km affichés à l’ordinateur de bord alors que la version 170 ch est homologuée pour une conso de 8.2 l/100 km ! Et avec les 80 litres du réservoir, vous allez pouvoir tailler la route pendant un sacré bout de temps. Reste à savoir si c’est votre truc.
En fait, j’en reviens à la même conclusion que celle de mon essai du Marco Polo. Autant j’ai adoré camper dans le Spacenomad avec mes amis le temps d’un week-end, autant je ne suis vraiment pas sûr de vouloir claquer autant d’argent dans un engin pareil. C’est un super van, sans le moindre doute ; seulement voilà : 61 900 € minimum, ça fait quand même un sacré paquet de (belles) nuits d’hôtel. Et à l’hôtel, on n’a pas froid et on a des sanitaires à nous. Vous pouvez me répondre que les gens qui pratiquent la van life n’ont certainement pas cet état d’esprit, mais –spoiler alert– vous savez qui est capable de mettre minimum 60 k dans un véhicule de loisirs ? Les vieux. Et les vieux aiment leurs petits conforts.
Ce serait intéressant de savoir si Renault compte vendre ses Spacenomad à des particuliers déters ou à des sociétés de location surfant sur la tendance. Dans ce dernier cas, je ne peux que vous enjoindre à tester ce mode de vie au moins une fois : vous partez avec des potes un week-end, vous récupérez un van moderne, bien équipé et facile à conduire, vous allez vous terrer où bon vous semble vous avez le droit, vous faites votre popote, vous profitez de l’extérieur tout en restant au sec, vous vous reconnectez avec la nature, bref, c’est rigolo, ça fait des souvenirs et ça n’implique pas trop de sacrifices. Et comme ils disent dans Là-Haut : “L’aventure, c’est extra !”.
Crédits photos : Jean-Baptiste Passieux
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