Mercredi 27 septembre, les ministères concernés publient leur projet de loi de finances 2024, avec un sacré tour de vis supplémentaire (était-ce même nécessaire ?) pour l’achat d’un véhicule neuf lors de cette nouvelle année. On décortique les quelques mesures phares et on vous fournit les mouchoirs à la fin de l’article (si vous avez le courage d’aller jusque là).
Un malus écologique à la courbe exponentielle
Nous nous attendions forcément à un durcissement, comme chaque année, de la grille de malus écologique 2024. Celle comprise dans le projet de loi finances dépasse pourtant toutes nos attentes, accompagnée de la fin d’autres mesures qui jusqu’alors, permettaient de faire plus ou moins passer la pilule. On note ainsi :
- une hausse du montant maximal du malus écologique, passant ainsi de 50 000 à 60 000 € et surtout, se déclenchant bien plus tôt (194 gCO2/km contre 223 gCO2/km en 2023)
- Un abandon pur et simple de la mesure visant à limiter le montant maximal du malus à 50% du prix d’achat de votre véhicule. Dans certains cas, le malus pourrait donc dépasser le prix d’achat d’un véhicule. On marche sur la tête.
- le malus sera désormais déclenché dès 118 gCO2/km contre 123 en 2023
Voici la nouvelle grille 2024 en détails ci-dessous :
Rejet de CO2 en g/km | Montant du malus 2024 |
118 | 50 € |
119 | 75 € |
120 | 100 € |
121 | 125 € |
122 | 150 € |
123 | 170 € |
124 | 190 € |
125 | 210 € |
126 | 230 € |
127 | 240 € |
128 | 260 € |
129 | 280 € |
130 | 310 € |
131 | 330 € |
132 | 360 € |
133 | 400 € |
134 | 450 € |
135 | 540 € |
136 | 650 € |
137 | 740 € |
138 | 818 € |
139 | 898 € |
140 | 983 € |
141 | 1074 € |
142 | 1172 € |
143 | 1276 € |
144 | 1386 € |
145 | 1504 € |
146 | 1629 € |
147 | 1761 € |
148 | 1901 € |
149 | 2049 € |
150 | 2205 € |
151 | 2370 € |
152 | 2544 € |
153 | 2726 € |
154 | 2918 € |
155 | 3119 € |
156 | 3331 € |
157 | 3552 € |
158 | 3784 € |
159 | 4026 € |
160 | 4279 € |
161 | 4543 € |
162 | 4818 € |
163 | 5105 € |
164 | 5404 € |
165 | 5715 € |
166 | 6126 € |
167 | 6537 € |
168 | 7248 € |
169 | 7959 € |
170 | 8770 € |
171 | 9681 € |
172 | 10692 € |
173 | 11803 € |
174 | 13014 € |
175 | 14325 € |
176 | 15736 € |
177 | 17247 € |
178 | 18858 € |
179 | 20569 € |
180 | 22380 € |
181 | 24291 € |
182 | 26302 € |
183 | 28413 € |
184 | 30624 € |
185 | 32935 € |
186 | 35346 € |
187 | 37857 € |
188 | 40468 € |
189 | 43179 € |
190 | 45990 € |
191 | 48901 € |
192 | 51912 € |
193 | 55023 € |
194 | 60000 € |
On notera un point de rupture autour de 166g CO2 (voir graphique ci-dessous), où la courbe prend littéralement son envol. Mais où s’arrêtera-t-elle ? Pourquoi pas un malus à 500 000 € en 2030 ?
Qu’ont bien pu faire les automobilistes pour mériter telle sanction ?!
Des mesures supplémentaires
Le projet de loi finances ne s’arrête pas au malus écologique basé sur le niveau de rejet de CO2, mais s’attaque également à la taille des véhicules en imposant comme en 2023, un malus au poids, qui en 2024, se déclenchera dès 1 600 kg contre 1 800 kg cette année. Une mesure qui vise tout particulièrement les SUV, même hybrides. En effet, si un sursis d’un an supplémentaire bénéficiera en 2024 aux PHEV (hybrides rechargeables), ils seront bien concernés dès 2025 par ce malus additionnel. Malgré tout, un abattement de 200 kg sera possible si le véhicule concerné propose une autonomie en tout électrique supérieure à 50 km. En outre, si le kg dépassant les 1 800 kg était jusque là facturé 10€, l’année 2024 voit apparaitre une nouvelle grille spécifique au malus au poids avec ici encore, une courbe exponentielle selon la tranche dans laquelle votre véhicule désiré se trouve (comme les impôts, ça alors).
Tranche de masse (en kg) concernée |
Taxe / kg supplémentaire |
Jusqu’à 1599 kg | 0 € |
de 1600 kg à 1799 kg | 10 € |
de 1800 à 1899 kg | 15 € |
de 1900 à 1999 kg | 20 € |
de 2000 à 2099 kg | 25 € |
à partir de 2100 kg | 30 € |
Les grandes gagnantes
Les gagnantes dans tout ça ? Ce sont évidemment les voitures électrique, LE remède absolu à tous les maux de l’industrie automobile (lol). Si leurs vertus ne sont plus à démontrer, il n’en demeure pas moins qu’une petite régulation au regard des poids des engins fonctionnant en tout électrique serait sans doute la bienvenue. Car c’est bien beau de faire des batteries de plus en plus grandes et de plus en plus lourdes, mais l’encombrement des SUV électriques ainsi que leurs masses et donc forcément, le dimensionnement du reste des équipements (les freins, les pneus…) commence à devenir dangereusement incontrôlable si vous voulez mon avis. Pour une voiture à vocation un tant soit peu familiale, on dépasse allègrement les 2 tonnes à chaque nouveauté. Pas sûr que l’extraction des terres rares nécessaires à la constitution de 500 kg (parfois plus) de batteries soit si vertueuse après-tout. Mais bon, ça ne pollue pas chez nous alors c’est moins grave. C’est comme le nuage de Tchernobyl, tout s’arrête à la frontière.
Les grandes perdantes
… ne sont pas uniquement celles que vous pensez ! Avec une courbe qui s’envole vers l’infini et au delà à partir de 166 gCO2/km, de nombreuses sportives milieu voire entrée de gamme, auparavant plus ou moins concernées par le malus écologique voient leurs prix devenir déraisonnablement hors d’atteinte (si ce n’était pas déjà le cas…). Honda Civic Type R, Toyota Yaris GR, Audi RS3, elles sont toutes concernées et disparaitront sans nul doute très bientôt des catalogues des constructeurs en France.
Crédits Photos : Maurice Cernay