Apparu en 1997 sur le C70, le préfixe C chez Volvo désignait jusqu’à présent les modèles 2 ou 3 portes de la gamme. On espérait d’ailleurs que le concept-car Volvo Concept Coupé dévoilé en 2013 allait servir de base stylistique pour la descendance du coupé-cabriolet C70, disparu la même année. 6 ans plus tard, c’est chez Polestar que l’on redécouvre les lignes de ce concept-car désormais produit en série, mais toujours pas distribué en France pour une sombre histoire de propriété intellectuelle sur le dessin du logo utilisant deux chevrons (suivez mon regard). En 2021, plus de C30, plus de C70, plus aucun modèle 2 ou 3 portes chez la marque suédoise, pourtant en mars dernier, le préfixe C émerge de nouveau suivi du nombre 40 pour désigner le nouveau Crossover “coupé” (d’où la légitimité du C selon Volvo) 100% électrique. Même si ici l’appellation “nouveau” peut paraitre galvaudée (le C40 Recharge repose sur les entrailles d’un XC40 Recharge), il s’agit pour Volvo de constituer un tournant dans son histoire, en route vers le tout électrique dès la fin de cette décennie.
Une simple histoire de nom
Si le Volvo C40 Recharge est présenté comme le tout premier modèle 100% électrique de la gamme, il est bon de nuancer légèrement cet effet d’annonce en rappelant que le XC40 existe lui déjà bien en version 100% électrique depuis 2020, coup de bol, on l’a même déjà essayé pour vous sur ces pages (essai à lire ou à relire ici). En revanche, le C40 Recharge est bien le premier modèle de la firme suédoise qui se passera totalement d’énergies fossiles pour se mouvoir et ne sera ainsi décliné qu’avec un (ou plusieurs) moteurs électriques. On le rappelle également, et cela se distingue très facilement à travers les lignes de l’auto, le C40 Recharge est en réalité une déclinaison “coupé” du XC40. Il reprend donc en toute logique une grande partie de la fiche technique de son frère de gamme. On notera pourtant plusieurs nouveautés inaugurées sur le modèle que nous découvrirons ensemble tout au long de cet essai. Le C40 Recharge se décline pour l’instant en un seul niveau de finition dénommé “First Edition” associé à un seul niveau de motorisations : le Twin Recharge, soit deux moteurs électriques (un sur chaque essieu) permettant une transmission intégrale et proposant une puissance cumulée de 300 kW (408 ch). Une seule capacité de batterie, 78 kWh pour une autonomie annoncée de 441 km selon la norme WLTP (jusqu’à 573 kms en cycle urbain). Proposé à 62 250 € (Volvo applique automatiquement une remise de 4% pour passer sous les 60 000 € et bénéficier du bonus de 2000 €), le ticket d’entrée s’avère salé pour un SUV de ce segment, même avec plus de 400 ch (ce qui sur une voiture électrique ne veut plus dire grand chose). Ainsi, l’on devrait voir arriver dès le printemps prochain une version du traction du C40 Recharge munie d’un seul moteur de 170 kW (231ch) sur l’essieu avant, baissant ainsi de quelques milliers d’euros la note globale et permettant sans doute d’accéder au bonus de 6000 € concédé encore en 2022 par l’Etat français.
J’vous fais une p’tite coupe ?
De la proue jusqu’au montant B, le profil du C40 Recharge est en tout point identique à celui du XC40. La pente du pavillon (muni d’un grand toit panoramique fixe de série) démarre ensuite une longue chute, légèrement interrompue par un premier becquet avec deux grosses écopes aux extrémités, puis elle reprend sa route le long de la lunette arrière et vient enfin s’échouer sur l’angle du hayon, surmonté d’un deuxième becquet en plastique noir (pas la partie la plus élégante de la voiture). En résulte un Cx particulièrement avantageux de 0,32. Dans l’opération, le C40 Recharge perd également 39 Litres de volume utile de chargement pour atteindre 413 L, soit à peine la taille de celui d’un Renault Captur. Une nouvelle couleur fait son apparition au nuancier de la marque suédoise pour la sortie de ce nouveau Crossover électrique, le Bleu Fjord Métallisé. Toujours au rang des nouveautés, on notera les feux avant retenant la technologie Pixel LED (84 pixels dans chaque phare) permettant de rouler en pleins phares tout en gérant le mouvement de 5 autres véhicules pour ne pas les éblouir. Les optiques arrières sont elles aussi inédites avec une cinématique au déverrouillage rappelant Audi. La calandre reste bien évidemment pleine et le dessin des plastiques autour des anti-brouillards avant rappelle le dessin en T du marteau de Thor, devenu la l’identité visuelle de toutes les Volvo depuis le XC90.
À l’intérieur, les habitués des modèles de dernière génération Volvo ne seront pas dépaysés, on retrouve un habitacle quasiment identique à celui d’un XC40, avec entre autre la disparition du bouton de démarrage lamentablement obstruée par un vulgaire capuchon en plastique noir collé. Un de ces détails qui fait tache à ce niveau de tarif. Le C40 Recharge inaugure une moquette Bleu Fjord en matière recyclée à 97%, un détail bienvenu (délicieusement 70s) dans un habitacle aussi pauvre en couleur. La sellerie abandonne définitivement le cuir animal tandis que de nouvelles incrustations en plastique texturé “topography” font leur apparition. On est loin du superbe bois verni non laqué au toucher très premium des modèles de la gamme supérieure. On remarquera l’absence de palettes au volant (utilisées chez la concurrence pour agir sur le frein moteur), l’absence de bouton pour sélectionner un mode de conduite (il n’y en a tout simplement aucun), la gestion de la climatisation reléguée au niveau de l’écran principal et une interface info-divertissement entièrement gérée sous Androïd (dites donc adieu à Apple Car Play). Le parti pris de la simplicité d’utilisation est assez criant, mais est-ce pour autant payant ? Sans doute pas pour tout le monde.
Puissant mais pas sportif
Lorsque l’on parle chiffres, les performances du Volvo C40 (quasiment identiques à celles du XC40 Recharge) donnent le tournis. 408 ch en puissance cumulée, 660 Nm de couple et un 0 à 100 km/h abattu en 4,7 secondes. Ne vous attendez pas pour autant à découvrir au volant le tempérament d’une sportive (même électrique), le C40 est un SUV performant certes, mais pas des plus dynamiques, malgré un léger travail opéré sur les suspensions par rapport au XC40. Une conduite coulée et efficiente sera de mise pour apprécier les qualités routières du Crossover suédois, avec un petit bémol sur le confort légèrement grévé par un amortissement ferme dû aux jantes de 20 pouces qui équipent notre modèle d’essai (et de série sur le First Edition). Vous pourrez toujours garder dans un coin de la tête que la puissance disponible s’avèrera amplement nécessaire pour se sauver avec panache de n’importe quelle situation.
En ville, le mode “One Pedal” est appréciable mais le frein moteur permettant de recharger les batteries franchement trop important et surtout, non ajustable via par exemple des palettes au volant où les fameux modes B1/B2 que l’on retrouve sur une Zoé par exemple. Encore un sacrifice d’une fonctionnalité bien utile au profit d’une prétendue simplicité d’utilisation. Sur le réseau secondaire idem, le mode “One Pedal” vous freine bien trop fort à l’approche d’un virage tandis qu’en le désactivant, vous vous retrouvez en quasi-roues libres vous obligeant ainsi à solliciter bien trop souvent la pédale de frein alors qu’une voiture électrique devrait être un exemple en matière de longévité des plaquettes. La direction enfin manque de consistance vous rappelant de nouveau que le C40 n’est définitivement pas né pour taper une spéciale de rallye. Du côté de la consommation, le poids de l’engin (plus de 2,1 tonnes à vide) se fait sentir et malgré un Cx avantageux, Volvo annonce tout de même des chiffres oscillant entre 20,7 et 22,3 kWh / 100 kms. Dans les faits, nous avons plutôt constaté une moyenne de 23-24 kWh / 100 kms, de quoi vous assurer un bon 300 à 350 kms d’autonomie réelle mais guère plus. Il faudra ensuite compter sur une charge rapide à seulement 150 kW maximum (le Tesla Model Y accepte jusqu’à 250 kW à titre de comparaison).
Des débuts prometteurs
Si le Volvo C40 Recharge n’est pas foncièrement une mauvaise voiture (j’ai réellement envie de l’aimer), on notera quelques progrès à faire pour arriver au niveau des benchmarks du marché à de nombreux égards. Si le parti pris de la simplicité d’utilisation montre rapidement ses limites, son style unique en son genre et son environnement typiquement Volvo rassureront les amateurs de la marque souhaitant sauter le pas de l’électrique. Pour achever de les convaincre, le Volvo C40 Recharge embarque sans surcoût 3 ans garantie mais aussi 3 ans d’entretien et 3 ans d’assurance ! Pour ce qui est de la recharge, Volvo a choisi de s’associer avec la société Plugsurfing (déjà partenaire de Renault et Jaguar / Land Rover) pour proposer une carte RFID à ses clients. Si enfin vous envisagez de tracter avec une voiture électrique (pas sûr que ce soit l’idée du siècle), le C40 autorise jusqu’à 1,8 tonne, un argument de plus en sa faveur ?
Crédits Photos : Maurice Cernay