MPM Motors… Malgré ce nom à consonance World Company, c’est bien un nouveau constructeur français qui propose un coupé 4 portes à prix cassé, la PS160.
J’avais déjà entendu parler de MPM Motors et vu quelques photos, mais je dois avouer que je restais dubitatif. Et puis, au détour d’une promenade, voilà t’y pas que je tombe sur une drôle de voiture verte. Alors que je m’en approche, je sais déjà qu’il s’agit d’une MPM, la première que je vois dans la vraie vie. Pour assouvir ma curiosité sur le sujet (et la vôtre par la même occasion), voici un peu plus d’informations.
Au début, il n’y avait rien. Et soudain naquit dans les contrées ex-soviétiques une drôle de voiture dénommée TagAz Aquila. TagAz est un constructeur russe établie à Taganrog, riante bourgade au bord de la mer d’Azov. TagAz n’est en fait pas tout à fait un constructeur, c’est un assembleur qui produit divers modèles sous licence depuis les années 90, allant du Citroën Berlingo en passant par quasiment toute la gamme Hyundai. Mais le démon de la création prend Mikhail Paramonov, le patron de TagAz. Il veut sa voiture à lui, et mandate un bureau d’étude coréen pour étudier un coupé. Et puis finalement ce ne sera pas un coupé, trop difficile à commercialiser, mais une berline. Pour faire vite, le bureau d’étude va simplement modifier le coupé, ajouter deux portes un peu à l’arrache et voilà ! Bienvenue à l’Aquila, née en 2012 !
Le châssis-cage est en acier, et tous les éléments de carrosserie en fibre de verre (fabriqués en Corée) vont venir s’y fixer, que ce soit par collage ou par vissage. Le design général est… particulier. On sent bien que quelque chose cloche. Les fenêtres des portes arrières ont une parenté proche avec une meurtrière de château fort et la vision de 3/4 arrière doit être proche du zéro absolu. Quant au 3/4 avant, je ne m’attends pas à beaucoup mieux au vu de l’épaisseur des montants. Des limites de la conversion d’un coupé en berline… Mais bizarrement, elle est quand pas mal. On va dire qu’elle n’a pas un physique facile et qu’il faut s’y habituer. Si la carrosserie adopte une construction rustique, il en est de même du moteur : un bloc 4 cylindres Mitsubishi de 1,6 litre développant 106 ch, né à la fin des années 70 pour ses premières versions. L’Aquila atteignant le poids fort respectable de 1440 kg, il ne faut pas s’attendre aux performances que son allure sportive pourrait laisser augurer. Les premiers essais par la presse russe sont catastrophiques : qualité de fabrication déplorable (les portes ne ferment pas, les vitres ne remontent pas), accessibilité catastrophique à l’arrière pour les grands gabarits (plutôt fréquents en Russie) et confort précaire. Malgré un prix canon de 450 000 roubles (environ 11 000 €), l’Aquila ne se vend pas et disparaît doucement des radars.
Mais alors, cette MPM PS160, elle sort d’où ? Il s’agit en fait de la même auto, mais fabriquée en France. La société MPM est adossée à la société Adidor, loueur de voitures pour VTC. Adidor appartient à… Oleg Paramonov, le fils de Mikhail Paramonov, propriétaire de TagAz via sa société Doninvest. Quant à MPM, cela signifie tout simplement “Mikhail Paramonov Manufacturing”. Oleg vit en France, et a décidé de rapatrier la production de l’Aquila chez nous en vue de diversification (même si le discours officiel de MPM est la naissance sous forme d’une start up en 2010… un petit point à éclaircir). L’atelier d’assemblage est installé à Croissy sur Seine, dans les Yvelines.
Selon MPM, la PS160 est une version très largement revue et améliorée de l’Aquila, notamment pour ce qui est de la qualité d’assemblage (il faut l’espérer). Pour le reste, c’est quasiment la même voiture, gardant toujours la structure tubulaire avec des panneaux de carrosserie vissés ou collés. Tout au plus le nuancier a-t’il été très largement augmenté, permettant également des combinaisons bicolores d’un goût douteux, comme l’exemplaire vert/noir que j’ai pu voir. Si l’Aquila dépassait allégrement les 1400 kg, la PS160 atteint maintenant seulement 1225 kg selon MPM. La motorisation est toujours assurée par le bon vieux bloc d’origine Mitsubishi développant 106 ch. Gros point noir du modèle : il affiche un rejet de CO2 de 158 g / km, soit un malus de 2 453 € ! Ouille, ça fait mal quand on veut faire une voiture à prix cassé. La consommation est quant à elle affichée à 7,2 l/100. Quant au prix, il oscille suivant les versions entre 12 990 € et 8 500 € en offre spéciale de lancement. Pour ce prix, l’Aquila offre des jantes alu 18″, des baquets avant, la clim, un autoradio, des vitres électriques et un airbag conducteur, sans compter une garantie 3 ans / 100 000 km. Ne cherchez pas de GPS ou autres fariboles technologiques, même en option, il n’y en a pour l’instant aucune. L’habitacle est plutôt rustique, tendance voiture japonaise des années 90 avec plastiques noirs, durs et brillants.
L’exemplaire que j’ai pu voir m’a laissé une drôle d’impression. Peut être la couleur verte trop vive ? Peut-être l’intégration plutôt hasardeuse des feux ? Ou le côté bicolore pas des plus réussis ? Toujours est-il que le côté “voiture en plastique” était bien trop visible et que c’était assez peu qualitatif. Les bas de caisse notamment, et les montants de pare brise sont plutôt grossiers. Sur la même gamme de prix, ou à peine plus cher, une Dacia fait bien mieux fini. La PS160 garde pourtant pour elle une allure plus sportive et dynamique, avec les grosses contraintes d’habitabilité qui vont de pair. Elle a par ailleurs passé avec succès les tests d’homologation en petite série de l’UTAC, ce qui permet à MPM d’en commercialiser moins de 1000 exemplaires par an.
La voiture existe donc et la production est bel et bien lancée. Avec un seul point de vente parisien, les ventes vont cependant rester confidentielles. Pour autant, MPM aurait d’autres idées et semble vouloir se développer, notamment via un certain nombre de recrutements (ce qui ne fait pas de mal par les temps qui courent). Quant à savoir si la voiture vaut le coup, difficile d’y répondre, mais le low cost a plutôt très bien réussi à Dacia en Europe occidentale alors que personne n’y croyait, alors pourquoi pas ? Si vous voulez plus d’infos, ou aussi postuler pour un emploi, c’est par ici : http://www.mpm-motors.com/.
Crédits photo : TagAz, MPM Motors, Régis Krol