Scoopalicious ! Essai Isuzu MU-X 3.0 D

Attention, voici une exclusivité absolue, avec le premier essai en France et dans plein d’autres pays du monde du nouveau gros SUV 7 places d’Isuzu, le MU-X. Avec un tel scoop, on prend nos concurrents par surprise et on va faire le plein de vues et de likes. Encore que : si personne n’en a parlé avant, c’est aussi parce qu’il n’est pas importé… 

On connaît la chanson : le SUV, c’est l’avenir. A moins que ce ne soit l’électrique. Ou le SUV électrique. En fait, l’avenir, on ne sait pas ce que ce sera. Mais le présent, on sait : avec de 30 à 40 % de part de marché selon les catégories, le SUV, c’est le « car to have » dans une gamme de constructeur, généraliste comme spécialiste. 

Les généreux propriétaires, têtes pensantes et responsables éditoriaux de ce mirifique blog m’avaient laissé l’an dernier, qu’ils en soient éternellement remerciés, la liberté de publier dans cet espace le premier essai d’une Isuzu,  le pick-up D-Max, essayé alors avec le nouveau « petit » moteur 1.9 de 163 chevaux. J’ai le souvenir d’un engin au moteur assez volontaire, mais au confort de suspension assez spartiate, aux sièges et à l’insonorisation très corrects, mais avec un niveau de présentation et d’équipement ayant une génération de retard par rapport à la concurrence. Bref, un engin de travail plus qu’un véhicule de loisirs, ce qui est, somme toute, cohérent avec le reste de la gamme du constructeur japonais qui, depuis 103 ans, est plus porté sur le boulot bien fait que sur la gaudriole. 

D’où la question : quand Isuzu veut monter en gamme, que sont-ils capables de faire ? Réponse avec ce grand MU-X (acronyme de Multi Utility Crossover), un SUV 7 places, présent sur de nombreux marchés d’Asie, d’Océanie et d’Afrique. C’est d’ailleurs en Afrique du Sud que j’ai pu l’essayer, non pas près de la côte vers Port-Elizabeth, comme pourrait le faire suggérer son immatriculation en EC (Eastern Cape), mais sur Johannesburg et ses environs. 

Gros et costaud

Côté design, c’est simple : les types ont fait dans le costaud et l’efficace, en réalisant la synthèse parfaite entre un cachalot et un congélateur. C’est gros, c’est carré, ça en impose (4,82 m de long, 2,12 m de large avec les rétros, 1,86 m de large)  : en un mot, ça fait le job. On ne peut pas dire que ce soit particulièrement gracieux (en même temps, on admettra que la référence du genre, le Toyota Land Cruiser, n’est pas non plus un premier prix de beauté), mais en achetant ça, on sait qu’on aura de la place pour transporter la famille y compris sur des routes défoncées ou des chemins escarpés. 

A l’intérieur, il y a du progrès par rapport au D-Max que j’avais essayé. On retrouve les deux compteurs et le petit ordinateur de bord en position centrale. La console centrale dispose d’un écran de 9’’, avec un GPS assez réactif, une caméra de recul, les fonctionnalités Android Auto et Apple CarPlay, le tout avec une ergonomie assez simple et pas trop de boutons. Par contre, les gros boutons en plastique tout carré sous l’écran central font quand même un peu vieillot. 

Il n’y a qu’un seul niveau de finition, avec éclairage à LEDs, jantes de 18 pouces, crochet d‘attelage, marchepieds en aluminium, vitres teintées, démarrage sans clé, clim, réglage électrique du siège conducteur, six airbags, ainsi qu’un intérieur en cuir à passepoil blanc qui présente plutôt bien, dans un habitacle généreux qui dispose de 18 espaces de rangement. Le volant est également en cuir. Tout ceci est fort bien, mais l’intérieur fait quand même un peu « plastique ». Au moins, on se dit que cela doit être solide. 

Et maintenant, voici la rubrique « boulons & rondelles »

Le MU-X est construit en Thaïlande. Sa base technique est celle du pick-up D-Max, dont il constitue en fait, la version « break » et dont l’empattement a été raccourci de 25 centimètres pour le rendre plus manœuvrable au quotidien. Cette démarche industrielle n’est pas propre à Isuzu : une pléthore d’engins également non importés en France (Mitsubishi Pajero Sport, Toyota Fortuner, Ford Everest) sont dérivées d’une variante pick-up. Nous, on a juste eu le Nissan Pathfinder, issu du Navara. Puisque l’on aborde ce sujet, nos lecteurs les plus cultivés se souviennent probablement du Isuzu Frontier, qui fut l’un des premiers du genre. 

Bref : le MU-X existe en propulsion ou en 4×4, avec un seul moteur sous le capot, un bon gros 4 cylindres Diesel de 3 litres, qui développe 176 ch à 3600 tr/mn et 380 Nm à 1800 tr/mn (on notera avec délice que sur le marché australien, où le carburant est de meilleure qualité, ce même bloc sort 430 Nm), forcément associé à une boîte automatique à convertisseur de couple et à 6 rapports. La version 4×4 (le pont avant est enclenchable via une molette jusque 100 km/h) vient avec des assistances : contrôle de stabilité, aide au freinage en descente, et au démarrage en côte. Il y a bien entendu un réducteur de boîte avec blocage de différentiel. La garde au sol est de 23 cm et le MU-X peut passer des gués de 60 cm, ainsi que tracter 3 tonnes. Pas mal du tout. 

Et sinon, c’est comment ? 

Pas de doutes : c’est un Diesel ! Ça gronde, ça claque, c’est sonore, surtout à froid, au ralenti et à basse vitesse. La boîte auto à 6 rapports fournie par Aisin a une qualité : elle est douce. Elle a aussi un défaut : elle est lente comme un lémurien qui sort de la sieste. Au point qu’elle m’a même fait penser à un vieux taxi Mercos des années 80 ! 

Cela dit, ça a des avantages : cela permet des démarrages sans violence, avec un premier rapport de boîte étonnement long et du coup, à l’intérieur, ça roupille. La boîte passe les rapports sans forcer, sans à-coups, et quand on soulage l’accélération sur les grands boulevards, on a parfois l’impression d’être en roue libre. Par contre, le moteur délivre du couple assez rapidement, ce qui fait que malgré les 2,1 tonnes de l’engin, on avance quand même un peu. Par contre, pied au plancher, on cherche un peu les 176 chevaux tandis que la complainte lancinante du gros quatre cylindres rend l’exercice un peu décourageant. 

Côté châssis, entre la direction trop démultipliée et le roulis généreux, on comprend vite qu’il va falloir sortir les trajectoires les plus pures pour éviter les sacs à vomi à l’arrière. Et même si, en parlant d’arrière, le châssis a troqué le ressorts à lames du pick-up pour un essieu multibras, pour plus de confort, on réalise vite que le MU-X est le genre d’engin qu’on va éviter de brusquer. On sait bien que le cahier des charges de ce type d’engin conduit à ce genre de comportement routier, mais un Toyota ou un Ford sont plus sympas à conduire. 

Le MU-X n’a cependant pas abattu toutes ses cartes. L’Afrique du Sud, c’est grand : comptez plus de 1600 km de Johannesburg à Cape Town, soit quasiment la distance entre Paris et Sarajevo. Le sud-africain de base roule beaucoup, et il a besoin d’en engin efficace. Là, le MU-X se révèle alors par son moelleux et son silence en vitesse de croisière. Alors bien insonorisé contre le vent et les bruits de roulements, son moteur se fait oublier en tournant inlassablement à 1800 tr/mn à 120 km/h de croisière, la vitesse maximale autorisée sur les départementales et les nationales. Quoi ? 120 km/h ? C’est des grands malades, il faut leur envoyer Edouard Philippe ! 

Malgré tout, dans le genre « gros 4×4 à l’ancienne qui résistera à toutes les épidémies et à une guerre thermo-nucléaire », j’avais essayé il y a quelques temps pour le blog le Toyota Land Cruiser (mais en version V6 essence 4.0), et il faut admettre que c’était quand même nettement meilleur à plein d’égards. Par contre, au niveau tarif, c’est pas si mal que ça, un MU-X, avec une version d’accès à 593 900 rands en propulsion, soit 34 935 € et 657 800 rands en 4×4, soit 38 694 €, avec en plus une garantie de 5 ans et 120 000 km, ainsi que, comme souvent en Afrique du Sud, l’entretien gratuit pendant 5 ans ou 90 000 km. 

Côté conso, Isuzu annonce une moyenne normalisée de 7,3 à 7,9 l/100 selon la transmission. J’ai pour ma part fait 10,5, en étant cependant chargé avec passagers et bagages, et en roulant vraiment cool. 

Bref, si vous en voulez un, il ne reste plus qu’aller manifester votre ferveur devant le concessionnaire Isuzu de votre quartier. Avec un peu de bol, ça peut marcher. 

Morale de l’histoire

Voilà, vous venez de lire un article sur un véhicule dont vous ignoriez probablement l’existence il y a cinq minutes, et dont on n’est pas vraiment sur qu’il soit pertinent de l’importer sur le marché français (il n’y a pas de malus ni de vignette Crit’Air là bas –  mais avec des émissions de 194 grammes de CO2 pour la propulsion et 208 grammes pour le 4×4, il prendrait plein pot ici). Merci à vous pour cette ouverture d’esprit et merci au blog de publier ces essais qui vous permettront de briller en société lors d’un prochain barbecue par l’étendue de vos connaissances techniques et la précision de vos anecdotes : l’Isuzu MU-X est entré dans le top 10 des ventes aux Philippines en 2017, par exemple, ça méritait d’être écrit ! 

Allez, on se ressaisira pour le prochain article, avec un match entre deux sympathiques coupés à moteur central ! 

Photos : Gabriel Lecouvreur

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