Tesla Roadster : vers l’infini et au delà ?

Nous attendions un camion, il est bien arrivé. Mais “One more thing”, comme dans les meilleurs show de Steve Jobs. Elon Musk a en effet présenté un petit bonus sous la forme du nouveau Tesla Roadster, chargé dans la remorque d’un camion ! Superlatif, délirant, ébouriffant, les commentaires fusent à son sujet. Essayons de faire retomber un peu les paillettes du show et d’y voir plus clair.

Souvenez-vous, le premier modèle produit par Tesla se nommait déjà Roadster. Sur la base d’une Lotus Elise sensiblement modifiée, il s’agissait en 2006 du premier véhicule électrique sportif de série, proposant déjà des performances intéressantes : autonomie de près de 400 km et 0 à 100 km/h en environ 4 secondes. Pas mal, mais totalement dépassé par le nouveau modèle.

Lors d’un grand show hollywoodien, Elon Musk a dévoilé la nouvelle version, qui promet une révolution quand elle passera à la production. Premier point sur lequel à peu près tous les observateurs sont d’accord : ce nouveau roadster est une jolie réussite esthétique. Il reprend les codes esthétiques de la gamme Tesla, en les affinant et en les musclant. Calandre inexistante, forcément, phares étirés qui débordent largement sur le capot, ailes très marquées et courbes sur les flancs, elle réussit à être à la fois élégante et sportive, comme une vraie GT. Un petit air de Porsche 718 Cayman pour l’avant, et de coupé Infiniti pour l’arrière, le mélange marche plutôt bien.

Le terme roadster est peut être abusif. Si le panneau de toit est bien amovible, il ne permet que d’avoir une carrosserie de type targa, avec une sorte d’arceau. Les deux minuscules places arrières ne vont pas forcément arranger les choses. Quant à savoir où ranger le panneau de toit vitré une fois démonté, aucune information pour l’instant. L’habitacle reste lui aussi assez peu documenté. Certaines photos/rendus 3D permettent cependant de constater un très grand dépouillement, simplifié à outrance. L’instrumentation est bien sûr intégralement numérique avec un fin bandeau sur le haut de la planche de bord et une grande dalle tactile sur la console centrale. Le “volant” me fait irrésistiblement penser à celui de K.I.T.T. dans la série K2000. (désolé, c’est vraiment ce qui me vient à l’esprit !).

Pour ce qui est des données techniques plus précises, il faudra attendre encore longtemps. Elon Musk n’a strictement rien révélé sur la puissance du ou des moteurs électriques, la capacité des batteries, le poids ou même les dimensions. Le CEO de Tesla a par contre été dithyrambique sur les performances supposées du Roaster : 0 à 96 km/h en 1,9 seconde, 0 à 160 km/h en 4,2 secondes, vitesse maximale proche de 400 km/h. Mais ce n’est pas tout : le chiffre peut être le plus impressionnant est l’autonomie, donnée pour 1000 km. Ébouriffant, décoiffant, fabuleux ? Et si la mariée était un peu trop belle ? Comme l’agent Fox Mulder, “I want to believe”, mais sans certification de toutes ces données, ce ne sont que des arguments publicitaires un peu creux. Ah si, une info technique a été donnée : le couple qui atteint 10 000 Nm. Dingue non ? Mais petit détail : c’est 10 000 Nm à la roue, pas en sortie de moteur comme on l’exprime habituellement. Ce chiffre ne doit en aucun cas être comparé avec le chiffre donné par les autres constructeurs.

Reste le plus beau pour la fin : le prix. 200 000 $ pour la version de base. Ou 250 000 $ pour la version de lancement en série limitée, réservable dès maintenant en versant un modeste acompte de 50 000 $ (j’imagine que tout est déjà réservé à cette heure-ci). Cher ? Pour une Tesla, un peu, surtout au moment où la marque essaye de se démocratiser avec la Model 3. Mais pour une hypercar capable d’atteindre les 400 km/h, c’est carrément cadeau ! Pour atteindre de telles performances ailleurs, il faut s’offrir une Bugatti Chiron qui vaut au minimum 10 fois plus cher. Ça fait réfléchir, non ?

Mais ce qui devrait plutôt faire réfléchir c’est la pertinence de cette proposition. Tout d’abord, je suis personnellement las de toutes ces annonces de voitures électriques aux performances délirantes que personne ne peut vérifier. Faraday Future, Lucid Air et maintenant Tesla y vont par centaines de Nm de couple et milliers de kilomètres d’autonomie. Le tout bien sûr à des tarifs prohibitifs. On a beau se dire qu’il faut bien que les technologies de pointe soient d’abord onéreuses avant de se démocratiser, je trouve que ça commence à bien faire. Sincèrement, je suis plus admiratif d’une petite Renault Zoé qui arrive à ses 350 km d’autonomie pour un prix proche de celui d’une Clio équivalente, que d’une supercar qui me fait perdre mon permis en 1,9 seconde. La poudre aux yeux des annonces jamais concrétisée, très peu pour moi. Une voiture électrique abordable, utilisable, c’est ça le vrai challenge, sans oublier son recyclage et la production d’électricité, mais c’est un autre sujet.

Ensuite, le modèle économique de Tesla me laisse dubitatif. Le Model 3 a tenu le petit monde automobile en haleine pendant 3 ans, a “fait le buzz”, mais Tesla, malgré une forte notoriété, reste très largement déficitaire financièrement. Le Model 3 subit de gros retards de production et se fait attendre. Tout ne vas pas forcément pour le mieux pour la marque, qui a cependant choisi la course en avant pour rassurer ses investisseurs en dévoilant deux nouveaux produits : le Roadster et un camion. Bonne tactique ? A voir. A l’heure où j’écris ces lignes, le NASDAQ n’a pas encore ouvert, difficile de dire si les investisseurs sont satisfaits. Les clients, eux, risquent peut être de perdre patience en attendant leur Model 3 et de se tourner vers les acteurs traditionnels du marché qui font le forcing pour développer des produits concurrents.

Crédits photos : Tesla

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