Gros succès en France, la Toyota Yaris Cross s’offre une petite mise à jour de mi-carrière, et surtout une nouvelle motorisation. L’occasion était trop belle pour ne pas accepter l’invitation du constructeur à la prendre en main sur la magnifique île de Majorque.
Comme on s’y attendait après avoir découvert la petite Yaris il y a quelques mois, les modifications stylistiques sont là aussi inexistantes. Seules une nouvelle couleur Vert Aventurine et des jantes 18 pouces redessinées viennent agrémenter la palette de configuration. La Toyota Yaris Cross est basée sur la plate-forme GA-B modulable qui permet de passer d’une petite citadine à un SUV. De quoi se positionner face aux Renault Captur, Peugeot 2008 ou encore Volkswagen T-Cross. Au final, elle conserve sa petite bouille attachante, robuste, et plutôt bien dans l’air du temps. Mais elle se démarque de sa petite sœur par une calandre moins proéminente, un capot plus horizontal et surtout des dimensions largement supérieures. La longueur passe de 3,94 m à 4,18 m, puis la hauteur et la largeur s’établissent respectivement à 1,60 m et 1,77 m.
À bord, la recette ne change pas radicalement non plus. Elle devient surtout un peu plus moderne grâce à un combiné d’instruments 100 % numérique de 12,3 pouces monté de série sur les plus hautes finitions. Les finitions Dynamic et Design se contentent de 7 pouces. Même chose pour l’écran tactile qui offre 9 ou 10,5 pouces selon le niveau de finition. Il affiche un système multimédia plus réactif, qui accueille un assistant vocal « Hey Toyota » optimisé, mais aussi Apple CarPlay et Android auto sans fil. Une montée en gamme technologique qui se ressent également sur toutes les nouvelles aides à la conduite désormais disponibles (ou simplement améliorées) sur ce millésime 2024. À savoir une alerte pré-collision perfectionnée, une prise en compte des clignotants avec le régulateur adaptatif, un centrage dans la file plus précis, des feux de route adaptatifs ou encore l’aide étendue à l’arrêt d’urgence. Un équipement complet, assez rare sur le segment !
Dans les faits, pour quiconque voudrait un habitacle très moderne et sculptural, comme ça se fait beaucoup aujourd’hui, ce n’est pas vraiment le modèle à privilégier. C’est en effet un peu austère, avec des formes très basiques et des matériaux peu élaborés. Personnellement je regrette surtout certains petits détails, comme les gros fragments de plastique abritant les boutons pour ouvrir les fenêtres ou encore ceux pour activer les sièges chauffants. Cela peut donner une impression bon marché, alors qu’on fait face en réalité à une planche de bord qualitative et bien assemblée, mais qui surtout, durera dans le temps. Il y a en plus tout un tas de boutons physiques très pratiques, tout ne se contrôle pas uniquement via l’écran, et de ce fait, la Yaris Cross se montre ergonomique à l’usage.
En l’absence de modifications, l’espace à bord est au moins conservé. Malgré un gabarit plus contenu que ses concurrents, elle offre une habitabilité séduisante. Quatre adultes pourront confortablement s’installer, sans se sentir trop à l’étroit. Les assises sont en plus confortables et bien dessinées pour limiter les points de pression. Dès les premiers tours de roues, en conducteur comme en passager, on se sent tout de suite bien installé dans la Toyota Yaris Cross. En plus, le coffre permet d’embarquer 397 litres de chargement, ce qui le situe dans la moyenne haute de la catégorie.
Vous le voyez donc, le design intérieur comme extérieur n’est pas au cœur de ce nouveau millésime de Yaris Cross. Mais le constructeur ne s’est quand même pas assis sur ses lauriers, et a fait travailler ses ingénieurs et techniciens (ne les oublions pas !). Plutôt que de chambouler un design plébiscité par les clients, le constructeur a choisi de se concentrer sur les améliorations techniques. L’insonorisation a par ailleurs subi une attention toute particulière. Et comme c’est assez rare pour le souligner, on connait en détails tout ce qui a été fait : l’isolation sous le tableau de bord a reçu trois couches au lieu d’une, une épaisseur supplémentaire de feutre a également été ajoutée sur le capot moteur, un amortisseur dynamique a été ajouté au support moteur gauche et un résonateur a été monté sur la durite d’admission. C’est ainsi qu’il y a jusqu’à 10 décibels de gagnés selon Toyota ! Et outre tous ces mots barbares, on ressent véritablement le travail, et ce même jusqu’au 130 km/h. C’était d’ailleurs un défaut que j’avais relevé lors de ma prise en main de la berline il y a 4 ans. Pour autant, ce n’est toujours pas parfait, et quelques bruits de roulement restent présents. Tout comme la technologie CVT qui se fait entendre en grimpant dans les tours. Mais nous aurons l’occasion d’en reparler un peu plus bas.
Comme je le disais en introduction, l’intérêt de ce restylage se cache surtout sous la carrosserie avec l’inauguration d’une nouvelle motorisation. Enfin nouvelle, pas tout à fait. Le bloc thermique est en effet le même, à savoir un 3 cylindres 1.5 atmosphérique à cycle Atkinson qui développe 92 ch à 5 500 tr/mn. En revanche, c’est du côté du moteur électrique qu’il y a du changement. Un nouvel ensemble boîte-point et une unité de contrôle optimisée permettent à la puissance cumulée d’augmenter de 12%, passant de 116 ch à 130 ch. Et même 30 % pour le couple, qui passe de 141 à 185 Nm. Contrairement à d’autres modèles aux puissances équivalentes, le gain de chevaux ne donne pas ici une voiture particulièrement pétillante. On le voit par exemple au 0 à 100 km/h exécuté en seulement 10,7 s contre 8,3 s pour un Peugeot 2008 Hybrid 136. Malgré tout, la fée électricité donne quand même des décollages et relances dynamiques. D’autant plus que son poids assez contenu (1200 kg à vide), sa direction informative et son châssis bien conçu, lui permettent d’encaisser quelques enchaînements de virages sans trop broncher.
Je ne m’étale pas trop là-dessus, car la Toyota Yaris Cross 130 est davantage prévue pour les péripéties urbaines. Là, elle se distingue par sa maniabilité, son agilité et même son confort. Dès les premiers tours de roue, on ressent une grande aisance en ville où elle se montre à son avantage. Même si j’aurais aimé un freinage régénératif plus puissant afin de moins jouer avec les pédales. Puis, la position de conduite surélevée offre une excellente visibilité sur la route, instaurant un sentiment de sécurité et de contrôle appréciable. On se sent en confiance, et la suspension, bien calibrée pour absorber les irrégularités, procure un confort notable même sur des chaussées dégradées. Bien que ça puisse parfois claquer un peu fort en fonction de l’allure. Dommage aussi que la boîte CVT ne se révèle pas toujours agréable, notamment à l’oreille comme je le disais, ou en pleine charge lorsqu’elle donnera l’impression de brider l’engin. Désolé d’avance si je m’attire les foudres des férus de cette transmission. Mais une fois prévenu de cette spécificité, je vous rassure, le système choisi par Toyota depuis un paquet d’années montre toutes ses qualités. Notre Yaris Cross pousse à une conduite tout en douceur, tout en souplesse, et on profite d’accélérations sans à-coups. Tout en faisant toujours preuve de sobriété.
Car là où Toyota laisse parler son expérience et fait mieux que les autres, c’est sur l’efficience et donc sur la consommation. La petite batterie de 0,8 kWh accepte d’atteindre les 30 km/h sans réveiller le bloc thermique, de quoi se mouvoir régulièrement sans utiliser une seule goutte de carburant. La nouvelle Yaris Cross 130 est homologuée pour 4,5 litres aux 100 km en cycle mixte WLTP. Dans la réalité, c’est aussi une bonne élève et elle ne consomme pas beaucoup plus que la version 116 ch. Même s’il n’est pas facile de faire un relevé conso sur ce genre d’essais sur le pouce, j’ai observé à l’ordinateur de bord les chiffres suivants : 4,9 litres aux 100 km sur un parcours mixte, 5,6 l/100 sur un parcours sinueux et même 4,3 l/100 en ville. Ça grimpe seulement sur autoroute, où on se stabilise tout juste à moins de 7 l/100.
Avant de conclure, sachez que les commandes sont déjà ouvertes. Et côté prix, la Toyota Yaris Cross est en moyenne 4000 euros plus chère que la petite Yaris. La traditionnelle version 116 ch débute à 28 200 € en finition Dynamic et grimpe jusqu’à 29 700 € en finition Design hors options. Quant à notre version hybride 130 du jour, elle débute à 30 200 € directement en finition Design. Nous avons ici une finition haut de gamme Première qui s’échange pour 35 700 €. Cette dernière embarque de série le toit panoramique, des jantes alliages 18 pouces, la caméra 360° ou encore le système audio JBL. Enfin, grâce à son homologation de 116 g/km de CO2 elle échappe à tout malus.
Au risque de me répéter, la nouvelle Toyota Yaris Cross 130 ne révolutionne pas son design extérieur comme intérieur, mais apporte son lot de nouveautés qui devraient continuer de convaincre les clients. Et même en attirer de nouveaux grâce à cette nouvelle motorisation plus puissante très attendue. Par ce biais, la voiture la plus fabriquée en France (près de Valenciennes) devient légèrement plus pêchue sans pour autant renier sa relative sobriété ou son confort. Elle conserve toutes ses qualités reconnues, tout en passant un cran au-dessus grâce à son insonorisation retravaillée et son équipement pléthorique.
Crédit photos : Thomas Donjon (Fast Auto)
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