Essai Audi A3 Allstreet 35 TFSI : licorne en devenir ?

L’Audi A3, c’est depuis 1996 4 générations, 358 000 exemplaires écoulés en France toutes versions confondues (près de 6 millions dans le monde) et surtout la pionnière du segment des voitures compactes premium. Quand bien même ce segment soit largement délaissé depuis quelques années au profit des SUV compacts, l’Audi A3 reste un produit essentiel dans la gamme du constructeur aux anneaux qui n’a donc pas le droit à l’erreur pour ce facelift de mi-carrière.

Pionnière sur bien des aspects 

L’Audi A3 est l’un des symboles du segment premium rendu accessible. En reposant (comme c’est toujours le cas) sur une plate-forme commune à la Volkswagen Golf dont les volumes sont là pour assurer la rentabilité, la compacte allemande offre dès 1996 des prestations dignes du segment supérieur dans un format plus réduit qu’à l’habitude. Depuis, elle n’a cessé de se réinventer en inaugurant bon nombre de nouvelles technologies inédites pour le segment : transmission Quattro, boîte S Tronic, profils de conduite évolutifs, amortissement piloté, tableau de bord 100% numérique, désactivation des cylindres… la liste est quasiment interminable.

Des versions pour tous 

De l’entrée de gamme à moteur et finition modestes jusqu’à la bombe RS3 en passant par les versions V6 à 4 roues motrices ou encore hybrides rechargeables, l’Audi A3 s’est déclinée en d’innombrables versions, motorisations, mais aussi carrosseries ! À y réfléchir, je connais très peu de modèles ayant reçu autant de déclinaisons au fil des ans (quoique, peut-être la Porsche 911). 3 portes, Sportback, Cabriolet, Berline tricorps et désormais Allstreet, autant de carrosseries qui ont d’ailleurs chacune été proposées au moins une fois sur la S3 (Allstreet mis à part). Même la RS3 se décline encore aujourd’hui en version Sportback ou Berline (Sedan).

Pour autant, Audi a souhaité ralentir le rythme et réduit ainsi avec ce facelift sur base de 4ème génération la diversité produit. On ne retrouve alors “plus que” 3 carrosseries (Sportback, Berline & Allstreet) ainsi que 4 niveaux de finition : Design, Business Executive, S-Line & Avus (spécifique à Allstreet). Outre la S3, 5 motorisations sont disponibles au lancement, 2 essence, 2 hybrides et 1 Diesel :

  • 30 TFSI : 1.0 L TFSI 110 ch MHEV
  • 35 TFSI : 1.5 L TFSI 150 ch MHEV
  • 40 TFSI e 204 ch
  • 45 TFSI e 245 ch
  • 35 TDI : 2.0 L TDI 150 ch

À noter que plus aucune de ces motorisations n’est proposée en boîte manuelle en France. D’un point de vue mix produit, en 2023, environ 60% des modèles vendus disposaient de la finition S-Line, preuve d’un réel engouement pour le look qui reste l’un des critères principaux d’achat d’un véhicule en France. On notera également une large domination des motorisations essence avec plus de 50% du mix (hybride rechargeable et Diesel se partagent le reste du gâteau). Côté prix enfin, la gamme démarre à 36 780 € pour une Audi A3 Sportback 30 TFSI en finition Design. La version Berline demande un ticket d’entrée à 37 345 € tandis qu’une A3 Allstreet d’entrée de gamme s’échange contre 39 980 € minimum. Bien évidemment, la facture grimpe en flèche à mesure que vous piochez dans le catalogue de motorisations, finitions et options. Notre modèle d’essai (Audi A3 Allstreet 35 TFSI en finition Avus) s’affichait à 51 340 € options comprises.

Les mises à jour

Comme bon nombre de facelifts, encore plus chez Audi, les mises à jour principales résident dans quelques retouches stylistiques discrètes. Les blocs optiques à l’avant sont revus avec la possibilité de choisir parmi 4 signatures lumineuses. La calandre, plus plate, est également plus fine et son cerclage chromé ou noir disparait pour que cette dernière se fonde plus dans la face avant. Il est rare de nos jours de faire machine arrière sur la taille de la calandre, cet élément de design devenant l’un des seuls éléments distinctifs marquant l’appartenance d’un véhicule à une marque. En revanche, les ouïes latérales factices du pare-chocs s’agrandissent nettement. On retrouve désormais le logo aux 4 anneaux mis à jour, arborant le fameux “flat-design” inauguré sur l’Audi Q4 e-tron. À l’arrière enfin, on note principalement une mise à jour des feux, arborant une signature lumineuse en enfilade de chevrons pour les finitions disposant des optiques à LED. 3 nouvelles teintes de carrosserie font leur apparition (Bleu Ascari, Rouge Progressif et Vert District) ainsi qu’une teinte matte (Gris Daytona). Il vous est également possible désormais d’opter pour un toit contrasté noir sur la version Berline.

À l’intérieur, les mises à jour sont encore plus anecdotiques. Le pack éclairage d’ambiance s’étend autour de la console centrale près du sélecteur de vitesse ainsi que dans les contreportes. De nouveaux inserts décoratifs font leur apparition (en option pour la plupart) et les grilles des buses d’aération ont également vu leur design retouché. J’aurais pour ma part souhaité quelques retouches plus poussées notamment au niveau du choix des matériaux sur les parties inférieures de l’habitacle tout comme au niveau des deux buses d’aération entourant la casquette du tableau de bord. Leur intégration me parait toujours aussi hasardeuse. Pas d’amélioration sur la partie Infotainement : l’écran principal reste identique est paraitrait presque petit au regard de ce qu’offre la concurrence désormais. Au roulage, je l’ai également trouvé positionné un peu trop bas.

Audi inaugure enfin avec ce facelift de l’A3 les fonctions dites “on demand”. Ainsi, l’ensemble des partie hardware permettant l’activation de telle ou telle option est montée en série dans les usines d’assemblages. Le fait de cocher ou non telle ou telle option vous permet “seulement” de débloquer la partie Software. Avec ce mode de fonctionnement, Audi propose ainsi désormais d’activer un certains nombre d’options après l’achat, dans le cas où vous souhaiteriez changer d’avis ou bien activer une option après avoir acheté le véhicule d’occasion. Mais Audi va également plus loin en proposant désormais de n’activer certaines fonctionnalités que pour un temps limité, avec en retour, le paiement d’un abonnement spécifique. On retrouve ainsi parmi les fonctions concernées : la navigation MMI Plus, le régulateur adaptatif, l’assistant feux de route, la climatisation bi-zone, la reconnaissance des panneaux de signalisation ou encore l’Audi Smartphone interface. La souscription est possible au moins, à l’année ou de façon permanente. Si la possibilité d’activer certaines options après l’achat du véhicule me semble pertinente, la souscription à une fonction telle que le régulateur adaptatif m’échappe complètement.

Allstreet, quésaco ?

Allstreet, une appellation que jusque là nous ne connaissions pas. Si les spécificités de cette carrosserie sont quasiment exclusivement esthétiques, l’arrivée (surprenante) d’une telle version dans la gamme française s’explique selon Audi France par la disparition prochaine (fin 2025) du Q2 et de l’A1 qui proposait d’ailleurs une version surélevée, anciennement dénommée Citycarver, devenue logiquement elle aussi Allstreet pour plus de cohérence dans la gamme. Si j’ai du mal à imaginer comment une clientèle intéressée par l’Audi A1 pourra effectuer le step vers l’A3, les anciens adeptes du Q2 pourraient peut-être s’y retrouver à bord de l’Audi A3 Allstreet, notamment grâce à une garde au sol relevée de 30 mm, rehaussant forcément la position de conduite, l’un des aspects essentiels pour une clientèle SUV.

Outre les mises à jours esthétiques à l’origine du facelift, l’A3 Allstreet dispose d’éléments de design qui lui sont propres. On retrouve ainsi une calandre inédite, plus évasée, pour un look inspiré du “off-road”. Des bas de caisse en plastique mat entourent la voiture sur les parties inférieures et on retrouve des sabots de protection avant et arrière couleur aluminium mat. 2 modèles de jantes spécifiques à l’A3 Allstreet sont également disponibles. Si cette version n’a pas de concurrence directe, j’ai un peu de mal à imaginer cette version comme modèle à succès. Les tentatives diverses et variées d’une recette off-road appliquée à une voiture qui ne l’était pas du tout ont rarement été une réussite. J’ai bien sûr en tête la Rover 25 Streetwise, le Volkswagen Cross-Touran, la Volkswagen cross-Polo, ou encore le Renault Scenic Xmod. Des voitures plus amusantes qu’intéressantes dont le succès d’estime ne leur a valu bien souvent que le statut de licorne sur le marché automobile. Pas certain que l’A3 Allstreet échappe à cette destinée.

Au volant : compacte oui, SUV non

Très peu de surprise au volant. Si ce n’est la position de conduite légèrement surélevée (flagrant après avoir passé la journée précédente au volant de la nouvelle S3 Sportback), l’Audi A3 Allstreet ne se distingue pas d’une autre A3 par une expérience de conduite inédite. On retrouve tout ce qui fait de l’A3 une Audi, et c’est un compliment sachez le. Peu de voitures vous offrent une conduite aussi sereine en toutes circonstances. Sur les routes escarpées de l’ile de Majorque, notre version 35 TFSI nous est apparue tout ce qu’il y a de plus adaptée en termes de performances avec une réserve de chevaux suffisante pour envisager les quelques dépassements de touristes perdus en Fiat 500 de location voire même pour s’amuser à enrouler quelques virages rythmés. Bien entendu, on ne ressent pas le même niveau de mise au point dans le châssis qu’à bord d’une S3, néanmoins l’amortissement piloté proposé sur notre modèle d’essai nous démontre une fois de plus la pertinence d’un tel équipement sur ce genre de voiture, exacerbant alors sa polyvalence. Le mode Confort notamment brille par un confort de suspensions de premier ordre, d’autant plus surprenant lorsque l’on remarque la monte en 19 pouces ! L’A3 Allstreet surprend également par ses qualités insoupçonnées en cas de conduite dynamique, le châssis encaisse les changements de reliefs sans broncher et les mouvements de caisse en changement d’appui sont on ne peut plus sereins.

Si le 1.5 L TFSI ne brille pas par une sonorité flatteuse en charge, sa discrétion en conduite coulée est tout à fait remarquable et malgré la désactivation des cylindres permettant de grappiller quelques précieux centilitres de carburant, les réactions au kick-down sont immédiates et ne grèvent en aucun cas la souplesse que l’on attend du moteur. Un excellent point également à mettre en lumière : le frein moteur, très justement dosé une fois de plus en mode Confort. Alors que les voitures d’aujourd’hui privilégient à la moindre descente un mode roues libres, la présence d’un frein moteur adapté et convaincant est une véritable bonne nouvelle pour le confort de conduite. Un aspect que nous avons pu noter aussi bien sur route de montagne que sur voie rapide. Mention spéciale et finale pour le système Audio Sonos présent sur notre finition Avus : puissant et profond, un pur régal pour les oreilles. L’Audi A3 étonne une fois de plus par certains trais de caractères dignes du premium, le tout présents dans une voiture compacte.

À retenir :

Pour ce facelift de mi-carrière, Audi met en avant les arguments phares de l’Audi A3 pour continuer de convaincre sur un marché souvent délaissé : un design flatteur, des équipements et finitions premium habituellement réservées au segment supérieur et un positionnement compétitif. C’est malgré tout sur ce dernier aspect que j’émets quelques réserves. Certes l’Audi A3 reste un excellent produit à bien des égards, mais d’un point de vue concurrence, la pionnière de son segment à depuis quelques années fort à faire pour convaincre. Pas sur alors qu’un ticket d’entrée tutoyant les 40 000 € puisse être qualifié de compétitif en 2024. Les chiffres de vente trancheront !

Quelques chiffres

Dimensions : 4350x1820x1470
Poids à vide : 1425 kg
Volume coffre :  425 L
Volume réservoir : 50 L 
Consommation mixte annoncée (WLTP) :   5.4 L/100 kms 
Rejet CO2 moyen annoncé (WLTP) : 124 gCO2/km
Cylindrée : 1498 cc
Puissance max : 150 ch au régime de 5000 trs/min
Couple max : 250 Nm entre 1500 et 3000 trs/min
Vitesse max : 221 km/h
0 à 100 km/h : 8.1 sec

Crédits Photos : Maurice Cernay

Total
0
Shares
Previous Post

Essai Skoda Kodiaq 2024 : dans le moule

Next Post

Essai Peugeot 208 Hybrid 136 e-DCS6 : toujours pétillante !

Related Posts