Essai Fiat 500L Trekking : 500 des villes, 500 des champs, 500 des montagnes…

La gamme 500 n’en finit pas de s’étoffer, 500, 500C, 500S, 500L, et très bientôt 500GQ et 500X. A se demander s’il y aura assez de lettres dans l’alphabet pour permettre à Fiat de baptiser ses rejetons… La dernière née de cette longue lignée qui se sépare de plus en plus distinctement du reste de la gamme Fiat (que tous ceux qui disent laquelle sortent immédiatement…) se nomme 500L Trekking et pour s’inviter dans le très prometteur nouveau segment des petits Crossovers urbains et séduire les aventuriers du trottoir et du pavé elle a revêtue sa tenue de randonnée et nous a donné rendez-vous à Strasbourg pour son essai, ça tombe bien c’est chez moi…

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La 500 qui veut se faire plus grosse que le bœuf

La mode féminine du moment est plutôt à la taille ultra-slim, régime pain sec et eau, objectif port du bikini indispensable et interdiction stricte d’acheter quoi que ce soit en solde au delà de la taille 34 mais la 500 n’est pas du genre à céder bassement à la dictature de la minceur, elle s’en fiche même complètement et préfère, à contre-courant, gagner le plus possible en volume.

Avec ses dimensions désormais généreuses puisqu’elle affiche tout de même un joli 4,26 m. (+ 12 cm par rapport à la 500L classique en raison des pare-chocs avant et arrière différents), la 500L Trekking n’a plus vraiment grand-chose à voir avec sa petite sœur 500. Certes on retrouve la filiation avec la mini-citadine dans la face avant avec les optiques espiègles superposées et la barrette métallique accueillant le logo FIAT, dans le traitement des lignes générales toutes en rondeurs et en galbes, avec le cerclage chromé autour des optiques arrières et, dans une moindre mesure, avec la gamme de couleurs funs, encore que tout soit relatif pour le moment car cette palette se révèle bien plus limitée que sur 500L et la seule vraie couleur peps est le jaune Trekking de la campagne de promotion. Pour le reste on a bien affaire à un véhicule spécifique qu’il est assez difficile de qualifier de variante de la voiture initiale. D’ailleurs cette Trekking ne rentre plus dans le même segment que la 500 puisque ses nouvelles camarades de jeu sont des petits monospaces urbains du genre C3 Picasso ou Ford B-Max et surtout les nouvelles stars pseudo-baroudeuses du marché, Peugeot 2008, Renault Captur ou autre Opel Mokka. Pour venir les titiller notre Trekking est passée chez Décathlon histoire de s’offrir une panoplie plus adaptée : 1,3 centimètre de plus en hauteur au niveau de la garde au sol, des pare-chocs plus enveloppants réalisés dans une matière originale de couleur grise légèrement pailletée assez valorisante, des élargisseurs d’aile du même tonneau, des entrées d’air verticales spécifiques à l’avant, une protection façon aluminium à l’avant et à l’arrière et des jantes 17 pouces spécifiques. Le résultat est plutôt agréable à l’œil mais le maquillage s’avère peut-être un peu léger et on n’identifiera pas forcément cette Trekking dans la catégorie baroudeuse au premier regard comme on le fera pour ses concurrentes.

La 500 qui a un ramage, un plumage et qui ne risque pas de perdre son fromage car il sera bien rangé, tant pis pour le renard…

A L’intérieur de cette Trekking un habitué des dernières productions turinoises ne sera pas dépaysé puisqu’il se retrouvera devant une planche de bord dont le dessin est un savant mix de 500 et de Panda et au milieu duquel trône un tout petit écran tactile (système UConnect) moyennement réactif mais simple à utiliser. Mais ce même habitué sera sans doute nettement plus décontenancé face à une sensation que ne peuvent que très parcimonieusement diffuser les deux cousines précitées, c’est celle d’espace et c’en est même impressionnant. Tout apparaît grand et loin ! Le pare-brise et ses fenestrons très larges offrent une bonne visibilité vers l’avant, les rétroviseurs extérieurs sont énormes (mais celui de l’intérieur m’est néanmoins apparu un peu petit), les places arrières offrent un espace aux passagers de premier plan grâce à la banquette coulissante, et comme la largeur est satisfaisante et que le sol est plat l’éventuel passager du milieu ne vivra pas un calvaire, quant au toit  il garantira aux plus grands d’entre nous de ne pas voyager la tête rentrée dans les épaules (une option toit panoramique ouvrant ou fixe est par ailleurs possible et elle sera la bienvenue).

La présentation est plutôt agréable et joviale avec même une légère touche de luxe dans le traitement du volant cuir bicolore si vous optez pour la sellerie gris foncé/marron chocolat. On s’arrêtera cependant là sur ce point car l’ambiance se veut avant tout ludique et pratique. La qualité générale est tout à fait satisfaisante, les éléments laqués donnant une bonne impression (tant qu’ils sont propres) de même que les entourages de buses d’aération latérales dans un simili métal très réussi, mais il faudra se montrer un peu moins regardant quant aux ajustements qui s’avèrent plus aléatoires. Les sièges reçoivent également un traitement bicolore et un monogramme 500 qui leur donne une allure sympathique.

Mais le vrai point fort de cette Trekking c’est qu’elle n’oublie pas sa vocation de petit monospace qui aura certainement comme mission principale de transporter maman(s), papa(s), un ou deux enfants et le chien (chat, veau, vache, cochon, couvée…) ou même seulement le chien s’il est plus du genre saint-bernard que Yorkshire et ça pour le coup c’est vraiment de l’aventure. Pour faire face sereinement à tous ces aléas du quotidien la Trekking dispose tout d’abord d’un confortable coffre de 400 litres (343 quand la banquette est reculée au maximum) très cubique, disposant d’une tablette positionnable à plusieurs hauteurs, de points d’ancrage et d’un filet de maintien et qui peut par ailleurs gagner considérablement en volume en rabattant la banquette arrière (60/40) voire carrément en positionnant cette dernière en portefeuille toujours selon le même schéma et avec un système enfantin à manipuler, il suffit d’actionner une poignée en haut du siège et hop tout se fait tout seul et ça porte le doux nom de fonction Fold & Tumble… On obtient alors un très appréciable espace de 1310 litres qui ne sera cependant pas forcément pratique à charger car le plancher ne sera plat dans aucune des configurations évoquées plus haut. Par contre il vous sera possible d’emporter avec vous des objets très longs car le siège passager a la bonne idée de pouvoir se replier et d’offrir ainsi 2,40 m de profondeur, une vraie voiture de bûcheron…

Pour les plus petits éléments on trouvera également de quoi faire avec les classiques du genre : rangements divers et variés dans les contre portes, porte-gobelets entre les sièges avants, petites cavités pour un téléphone portable ou quelques piécettes (avec un revêtement antidérapant) et une paire de boite à gants (et non une boite pour une paire de gants) d’une contenance très acceptable et réfrigérée pour celle du haut. Bref cette 500L Trekking est taillée pour vous faciliter le quotidien.

La 500 qui part comme le lièvre mais qui rattrape la tortue…

Bon, tous les rangements sont remplis, on vient de passer 20 minutes à faire le tour du propriétaire, on parle beaucoup mais on conduit peu, il serait temps d’y remédier et de se mettre au volant. Ce dernier est d’ailleurs un ustensile plutôt surprenant au premier abord car sa forme est assez improbable. Proche de celui de la Panda il apparaît plus carré que rond (il ne l’est d’ailleurs pas exactement) mais passée cette surprise on le prend en main et on constate deux choses agréables, sa jante très épaisse recouverte de cuir et sa prise en main finalement très naturelle alors qu’il place vos mains à 9h15 et non à 10h10… La position de conduite est quant à elle typée plutôt monospace, on est assis assez droit et haut sur les sièges qui maintiennent correctement mais se révèlent un peu mous. Le levier de vitesse n’est pas en position haute comme sur 500 ou Panda et pour compenser il doit donc passablement s’allonger, ce qui le rend moyennement esthétique, mais au final il tombe très bien sous la main et le passage des vitesses s’avère particulièrement souple, bien guidé et rapide. Le combiné d’instrumentation est quant à lui parfaitement lisible, les compteurs blancs sont assez jolis, les petites aiguilles translucides à l’extrémité orange plutôt flatteuses et on trouve au milieu de tout cela un petit écran à cristaux liquides (avec de gros pixels) qui affiche la plupart des informations courantes avec un style littéraire bien à lui du genre « régulateur de vitesse inséré – régulateur de vitesse désinséré »…

Nos modèles d’essai étaient équipés du dernier petit diesel de la marque, un 1,6 l Multijet de 105 ch. et 320 Nm qui apparaît comme un bon choix de motorisation compte-tenu des presque 1400 kg du véhicule. Il se montre assez discret au démarrage comme en utilisation et donne plus de sensation qu’il n’y parait sur le papier, donné pour 12 secondes sur l’exercice du 0 à 100 il semble en pratique nettement plus véloce mais ce n’est qu’une sensation naturellement. Par contre bien que son couple maximal soit annoncé dès 1500 tr/mn il n’aime pas trop traîner sous les 2000 tr/mn où il se montre un peu creux et nécessite bien souvent de rétrograder.

Au quotidien il déplacera en tout cas cette Trekking sans aucune difficulté en ville et sur voie rapide et ne rechignera même pas à une petite balade en (moyenne) montagne comme les organisateurs nous l’ont proposé. Sur ce terrain il ne faut pas prendre les vessies pour des lanternes le véhicule est avant tout une sage familiale qui donne la part belle au confort de roulement et son profil ne la prédestine pas du tout à devenir une sportive. Cependant malgré un centre de gravité forcément haut et des suspensions au débattement généreux la Trekking n’est pas totalement à la peine. Elle prend tout de même pas mal de roulis et donne souvent la sensation de se dandiner, sensation renforcée par la direction un peu floue et très assistée qui est peu informative et nécessite souvent des corrections de cap sur voie rapide. Mais rien de rédhibitoire et surtout rien d’effrayant, vous vous sentez en sécurité et il ne faut pas oublier que le terrain favori de cette Trekking restera la ville. Dans cette jungle elle se montre à son avantage car la visibilité générale est bonne et même si le véhicule n’est plus à proprement parler petit on parvient aisément à en saisir les dimensions puisque sous son apparence un peu « bouboule » il est en fait très cubique. De plus pour les manœuvres le radar de recul (caméra en option à 150 €) et la sur-assistance de direction (fonction City) viendront à votre secours, mais on pestera plus facilement sur le stop & start qui se révèle fort peu réactif et nécessite de bien décomposer ses mouvements, embrayage à fond puis seulement passage de la vitesse, vraiment agaçant même si naturellement le système peut-être déconnecté.

La 500 qui a un esprit de fourmi plutôt que de cigale…

Affichée à 18 950 € en entrée de gamme (1,4 l 95 ch.) cette Trekking a le bon goût de ne pas être plus chère que la version Lounge (mais elle perd tout de même quelques menus équipements par rapport à cette dernière) et se révèle plutôt bien placée d’un point de vue tarifaire face à ses concurrentes mais ce n’est pas une surprise chez Fiat. La version 1,6 l Multijet s‘échange sans option à 22 050 € et se voit très correctement (mais néanmoins pas complètement) dotée de série avec en particulier une petite subtilité électronique qui lui est réservée de par son statut auto-proclamé de baroudeuse. A l’instar de la concurrence directe on a fait le choix chez Fiat de renoncer à la transmission intégrale (une 500X à venir se réserve ce privilège… ou à défaut une Panda…) mais pour justifier les petites prétentions SUV de la Trekking elle se voit doter du système de motricité renforcé maison avec différentiel autobloquant électronique baptisé ici Traction+. Nous n’avons pas testé spécifiquement le mécanisme mais il fonctionne de la même façon que le Grip Control que Peugeot a monté sur son 2008 et dont les résultats m’avaient convaincu lors de son essai (c’est ici). Encore une fois il ne s’agit pas de transformer votre Trekking en reine du franchissement mais bien de vous rendre la pratique du tout-chemin facile et de vous extraire de petites situations hivernales épineuses sans trop de difficulté d’autant que, tout comme le 2008, la 500L Trekking reçoit une monte pneumatique 4 saisons.

Fiat propose par ailleurs une série d’options plutôt abordables qui compléteront avantageusement les petits manques de la série. J’ai déjà évoqué le toit ouvrant ou fixe (1100/800 €) à mon sens vraiment indispensable pour bénéficier d’une très agréable ambiance intérieure, je rajouterais pour ma part l’accoudoir conducteur à 150 € parce qu’il ma manqué durant l’essai et le Pack Confort à 650 € (climatisation automatique, capteur de pluie et de luminosité, rétroviseur intérieur électrochromatique et radars de recul) ainsi qu’une option de sécurité inédite dans la catégorie qui, si elle n’est pas indispensable, peut s’avérer bien pratique : un radar anticollision facturé modiquement 300 €. Fiat qui rappelle à l’envie que ce système vient d’être primé par EuroNCAP en est visiblement très fier et nous a gratifié d’un petit atelier-test plutôt convaincant où Betty Boop a largement payé de sa personne mais ne s’est jamais retrouvée sous les roues de la Trekking. Ce système qui fonctionne jusqu’à 30 km/h identifie un potentiel obstacle devant le véhicule et le stoppe de lui-même si le conducteur ne l’a pas déjà fait, c’est efficace et rassurant mais ça ne doit en aucun cas vous empêcher de rester attentif…

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Un dernier point sur la consommation, plutôt mesurée puisque le parcours assez varié (ville, moyenne montagne, route, voie rapide et même bouchons…) mené la plupart du temps paisiblement nous a permis d’afficher un très raisonnable 5,5 l/100 et l’on peut dès lors dresser un bilan plus que satisfaisant de cette 500L Trekking dont les défauts sont au final bien rares, à se demander s’il s’agit bien d’une italienne. Cette Trekking offre en effet une prestation très homogène et propose aux familles urbaines ou péri-urbaines (pour la montagne on attendra la 500X de préférence) un véhicule à la fois pratique et sérieux, presque trop car l’esprit 500 peut y apparaître un brin édulcoré et parce que le côté Crossover aurait sans doute gagné à être plus marqué.

Un grand merci à la très sympathique équipe de Fiat et bravo à Betty Boop pour son dévouement…

Crédit photo : Eddy P.

 

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