Par pure curiosité, j’avais envie de tester la « voiture de l’année 2018 » dans sa configuration la plus aboutie : nous voici donc partis pour une semaine d’essai avec la version chic du XC40, la T5 AWD R-Design…
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C’est quoi ?
Si vous vous posez cette question, c’est que vous avez passé les deux dernières années dans une grotte ou dans un des trous noirs de la périphérie française, genre Sainte-Ménéhould (dont on ne rappellera jamais assez qu’il s’agit de la capitale mondiale du pied de cochon !), Charleville-Mézières ou Guéret. Car, outre dans ces campagnes joyeuses, tout le monde sait que la Volvo XC40 (produite dans l’usine belge de Gand, et aussi en Chine pour le marché local) a obtenu le titre ô combien envié de « voiture de l’année », devançant ainsi les Audi A8, Kia Stinger, BMW Série 5 et Alfa Romeo Stelvio qui n’avaient, en réalité, aucune chance (pas assez « proche du peuple »), la Seat Ibiza (peu de chances non plus, c’est la copie de la Polo) et le Citroën C3 Aircross (pas mal, comme objet, mais le jury va t’il voter pour une Citroën un an après avoir sacré une Peugeot – la 3008 – ; ce serait possible si ce truc n’était en réalité pas un gros micmac marketing et politique !). Résultat des courses en toute logique : victoire Volvo. Et, cela entraîne nos questions suivantes : c’était mérité ? Ou pas ?
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Bon, et la première impression ?
Avec 4,42 m de long, il se positionne en concurrence avec un Peugeot 3008, par exemple. Mais en fait non : par son statut, il ambitionne d’aller mettre des bâtons dans les roues d’une catégorie supérieure, certes bien peuplée, puisque l’on y trouve les Audi Q3, BMW X1, Jaguar E-Pace, Mercedes GLA, éventuellement Mini Countryman, Range Rover Evoque… ça fait du monde.
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Et elle a les moyens de ses ambitions ?
Disons-le carrément : oui. Voire même : Oui, avec un « O » majuscule. Certes, côté look, on a un SUV (ça tombe bien, c’est à la mode) bien cubique, plus que ses concurrents. Mais la possibilité d’avoir un toit contrasté (comme sur mon modèle d’essai) affine un peu l’allure. A l’intérieur, rien à dire : c’est top. Que ce soit en termes de qualité de fabrication ou d’ergonomie, rien à dire, c’est du haut niveau.
Le contraste entre les sièges en cuir noir et la moquette orange font leur petit effet ; les placages d’aluminium guilloché sur la console centrale sont agréables au regard. La sensation d’espace est également bien présente, surtout rapportée aux dimensions somme toute modestes de l’engin : moi qui suis grand (1,88 m), je n’ai pas de problèmes pour me sentir à l’aise à l’avant comme à l’arrière.
L’ergonomie minimaliste le recours aux boutons et ça se passe très bien ainsi. La sono (optionnelle) n’est pas la fantastique Bowers & Wilkins, mais un déjà bon système Harman Kardon qui sonne haut et fort. Et juste. Enfin, les sièges, qui ont toujours été une spécialité de Volvo, ne dérogent pas ici à la tradition et après plusieurs centaines de kilomètres de route, ils restent d’une fréquentation agréable. Petit détail qui tue : le drapeau suédois en caoutchouc, qui dépasse du côté gauche du capot ! Tout n’est cependant pas parfait, avec une visibilité de ¾ arrière assez problématique, heureusement compensée par les caméras et capteurs…
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Et sous le capot ?
Y’en a pour tous les goûts. Enfin, pas au début de sa carrière, où la XC40 n’était disponible que dans les exécutions les plus hautes, les D4 (Diesel 2.0 biturbo, 190 ch) et T5 (essence 2.0 turbo 247 ch), venant tous deux avec la transmission intégrale et la boîte auto Aisin AW à 8 rapports. Depuis, la gamme s’est étendue aux D4 (Diesel simple turbo, 150 ch) et T4 (essence 190 ch), proposées naturellement en traction et BV6, même si les options de boîte et de transmission leur sont accessible, contrairement au T3 (un original 3 cylindres 1.5 essence de 156 ch) qui n’est disponible qu’en traction. Mon T5 d’essai balance donc 247 ch à 5500 tr/mn et 350 Nm à 1800 tr/mn.
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Yes ! Ça donne des perfs de sportive ?
Minute, papillon ! Certes, de tels chiffres dans une auto aussi compacte (4,42 m de long, on le rappelle), ça peut tourner au fantasme façon GTI. Mais non : pourtant, en usage quotidien, j’ai eu l’impression, puisque mon essai précédent pour le blog concernait une BMW X4 xDrive 30i, que le 4 cylindres 2.0 Volvo en avait plus dans les bielles que son homologue munichois (quelques années auparavant, je n’aurais jamais imaginé un jour écrire cette phrase !!). Toujours est-il qu’a des valeurs de puissance comparables (247 ch contre 252 ch) et de couple identiques (350 Nm), le Volvo donne l’impression d’être plus fourni à bas régime, soit en usage courant entre 2000 et 3000 tr/mn. Les chiffres sont d’ailleurs du même tenant, avec 230 km/h en pointe (le Volvo est en retrait, mais il semble moins bien profilé) et le 0 à 100 couvert en 6,5 secondes. Néanmoins, malgré les 247 chevaux, le caractère du 4 cylindres fait qu’on aura plus naturellement envie d’adopter une conduire « enroulé rapide » que de faire le mort de faim qui avale du vibreur. Déjà, sur un SUV, c’est ridicule, et en plus, ce moteur se savoure plus pour sa réelle et grosse disponibilité à mi-régime que dans ses attaques du rupteur. D’ailleurs, on constate souvent qu’il passe de lui-même naturellement le rapport supérieur à 5500 tr/mn, régime de puissance maxi, sans aller chercher de l’allonge supplémentaire en allant aux 6500 tr/mn que permet le compte-tours. De plus, sa forme de cube lui fait engendrer des sifflements aéro à « haute » vitesse ; je dis « haute » avec des guillemets, car ce qui est parfaitement naturel et responsable sous d’autres contrées est devenu le plus haut crime dans notre beau pays perricho-radar-barbisé : disons qu’au-dessus de 170/180 km/h, vitesse qu’il tient avec la plus grande sérénité autour de 3000 tr/mn en 8ème, le XC40 T5 commence effectivement à se faire bruyant. Mais bon, cela ne nous concerne pas…
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Et côté tenue de route, c’est un SUV sportif ?
Avec les roues de 20 pouces de la finition R-Design, l’amortissement de mon XC40 est un poil ferme (surtout en détente à l’arrière), mais la caisse prend peu de roulis et se révèle précise. Les palettes au volant aident à gagner en dynamisme, mais la direction manque de retour d’informations pour être vraiment sportive dans l’âme.
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Du coup, dans la vraie vie ?
J’ai apprécié le rapport volume compact / espace à bord (il faut dire que l’empattement est l’un des plus longs de sa catégorie), la douceur de la BVA8 au quotidien, le couple du 2.0 turbo à bas régime, la qualité de l’équipement et de la finition. Sachant que le coffre possède même un double plancher, cela lui fait vraiment beaucoup de qualités pour un usage quotidien.
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Et coté tarif ?
Volvo affronte les autres premium en confiance ! Si le XC40 débute à 31350 € avec le T3, la finition R-Design ne s’offre pas à moins de 44120 € (en T4 traction). Pour la T5, il faut compter au minimum 49020 €. Question conso, croyez-vous aux miracles ? Tant mieux pour vous, mais pas moi ! Elle est officiellement donnée pour 7,2 l/100 en conso mixte (comme le X4 30i de mon précédent essai). Et comme lui, en réalité, je m’en sors avec une moyenne de 11 l/100, certes avec un essai assez dynamique. Voilà ce qui arrive quand on fait trop souvent souffler la turbine du turbo !
Photos : Gabriel Lecouvreur