Prise en main : Tesla Model S

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Voiture de l’année 2013 d’Automobile Magazine, de Yahoo! Auto et de Motor Trend, sacrée « meilleure voiture jamais testée » avec un impressionnant 99/100 chez Consumer Reports (une sorte de 60 Millions de Consommateurs en 4789327 fois mieux), primée par le New York Times… Ce n’est rien de dire que la Tesla Model S était attendue dans nos contrées. Ça tombe bien, le BlogAutomobile a pu se glisser derrière le volant d’un des tout premiers exemplaires ayant foulé le sol français. Impressions…

 

Bon, inutile de se le cacher. Aujourd’hui et pour une grande majorité de la population, la voiture électrique, c’est ça :

 

Mais ça, c’était avant. Avant que le génial Elon Musk, après avoir vendu PayPal pour une somme rondelette, ait décidé de créer une nouvelle marque spécialisée dans les voitures électriques : Tesla Motors était né. Si son premier modèle, le Roadster (sur base de Lotus Elise) n’a rencontré qu’un succès d’estime, la marque a lancé en fin d’année dernière sa nouvelle voiture : la Model S. Mais qu’a-t-elle de si différent par rapport à une voiture électrique traditionnelle ?

 

« Ouais, une voiture électrique, ça ressemble à rien »

Une Autolib’, peut-être, mais pas la Model S. Je pense ne pas trop me mouiller en prétendant que la voiture est magnifique : une ligne tout en discrétion, en classe et en prestance, je ne peux que dire oui. Ce n’est qu’un avis personnel, mais ce genre de beauté est pour moi infiniment préférable aux débauches de chromes, de packs sportifs, de calandres diamantées, d’agressivité et de, osons le mot, vulgarité. Et ne croyez pas que cette robe ne soit là que pour le décor : ses lignes pures, sa calandre pleine (merci le moteur électrique), son fond plat (merci les batteries) et ses poignées de portes encastrées (qui s’ouvrent en les effleurant du doigt) permettent à la voiture de posséder le deuxième meilleur CX de la production avec un indice de 0.24, juste derrière la Mercedes CLA. D’autres détails permettent d’affiner encore plus la silhouette, comme les portes sans encadrements ou encore la prise de recharge cachée dans le feu arrière côté conducteur. Le résultat ? Une auto qui a fait tourner beaucoup de têtes lors de notre petite escapade parisienne.

 

« Ouais, une voiture électrique, c’est minuscule »

Une Lumeneo Neoma, peut-être, mais pas la Model S. Rien qu’avec ses dimensions (4,97 m de long pour 1,96 m de large tout de même), on sent qu’on ne sera pas confinés à l’intérieur. Et on ne l’est pas : grâce à la compacité du moteur électrique et de l’implantation des batteries sous le plancher, l’espace intérieur est surprenant (dans le bon sens du terme), que ce soit à l’avant, au milieu ou à l’arrière. Je m’explique :

– A l’avant, les ingénieurs ne savaient pas quoi mettre pour remplir l’espace laissé par le moteur thermique et tous ses composants (ventilation, liquides divers, arbres, courroies…..). Ils l’ont donc rempli avec…rien, et ont créé un second coffre à l’avant, baptisé le frunk, contraction de front et de trunk (« coffre avant » en bon français) de 150 litres, plus grand donc que le coffre d’une Peugeot 107 (!). Les courses de la semaine rentreront donc sans trop forcer dedans, et puis c’est tellement chic de sortir ses affaires en ouvrant le capot…

– Au milieu (l’habitacle, quoi), on se sent vraiment à l’aise et ce quelque soit le nombre de passagers. En effet, et c’est suffisamment rare pour le signaler, il y a 5 vraies places, soit 3 places à l’arrière, et non pas 2 + 1 (pour celui qui veuille bien se taper le tunnel de transmission dans les jambes et l’accoudoir à peine rembourré dans le dos) comme on le voit désormais sur l’énorme majorité des berlines et breaks aujourd’hui. Toujours à propos de l’habitacle, un des rares défauts que j’aie pu trouver à la voiture est son manque de rangements : pas de vide-poches dans les contre-portes, la boîte à gant mérite bien son nom et, chose plus étrange, le grand module-accoudoir entre les deux sièges avant ne referme que… 2 porte-gobelets. De fait, le seul rangement potable dans l’habitacle prend la forme d’un simple bac entre ce module et la planche de bord. Ces dames pourront certes y déposer leurs sacs, mais quid des clés, jetons, tickets, cartes et tous les autres petits objets qui remplissent le moindre cm² de libre dans nos autos ? Pour terminer, la sensation d’espace est améliorée par le dessin très épuré de la planche de bord qui compte en tout et pour tout deux boutons, un pour les warnings et l’autre pour l’ouverture de la boîte à gants.

 

– A l’arrière (le coffre, donc), ce n’est pas encore là que l’espace manque puisqu’on peut y mettre pour 595 litres de bagages (une Volvo V70, paquebot par excellence, en propose 555…). De plus, ses formes régulières permettront d’optimiser l’espace disponible et un espace supplémentaire vous permettra de ranger d’autres babioles, comme le cordon de chargement par exemple. Espace qui disparaîtra si vous cochez la case « sièges de 3° rangée », auquel cas 2 strapontins prendront place dans le coffre et vos enfants regarderont vers l’arrière (ultra bonne idée pour les concours de grimaces). Et si vous souhaitez rabattre la banquette arrière, vous obtiendrez un espace confortable de 1 645 litres.

 

« Ouais, une voiture électrique ça avance pas et ça fait 80 km grand max »

Une Renault Twizy, peut-être, mais pas la Model S. Niveau accélérations, le 0 à 100 se franchit entre 6,2 s et 4,6 s et permettent d’atteindre des vitesses comprises entre 190 et 210 km/h, suivant la version et la batterie sélectionnée. Parfait pour l’Autobahn. Et un petit tour sur le web vous montrera des accélérations entre la Tesla et, au choix, une BMW M5, une Viper ou encore une Mercedes E63 AMG modifiée. Devinez qui gagne à chaque fois ? Et en ce qui concerne la conduite en elle-même, un essai de 45 minutes dans un Paris bondé, humide et froid, c’est comme faire 3 tours en Porsche 918 Spyder : bien trop peu pour se faire une idée précise et arrêtée de la chose, mais on a au moins une première impression. Première impression qui est, vous vous en doutez, très bonne : notre exemplaire était doté de la suspension Active Air qui filtre extrêmement bien les irrégularités des pavés parisiens. Couplée aux confortables sièges électriques, cela donne un confort vraiment bon. Autre bonne surprise : la Model S se conduit avec un petit doigt en ville. Tout est facile : la direction (réglable selon 3 modes), la réponse à l’accélération… Sans compter, encore une fois, sur l’agrément de la motorisation électrique, avec des démarrages exempts de vibrations et de bruits. Le bruit, d’ailleurs, parlons-en : de mes différents essais de véhicules électriques, un bruit, même très discret, se faisait toujours entendre lors des accélérations. Dans la Model S, rien de tout cela : même si vous écrasez la pédale d’accélérateur, que le voyant d’antipatinage s’allume et que le compteur arrive largement au dessus de 50 avant même d’avoir compris ce qui se passait, pas un bruit ne filtre. Ce qui semble aussi se vérifier à l’extérieur, comme en témoigne l’amusante expression faciale de la dame que nous avons surprise alors qu’elle faisait des photos de la Tour Eiffel. Le seul point à revoir concerne la visibilité : les petites vitres et la glace arrière très inclinée limitent la vision périphérique… Attention aux petites barrières vicieuses dans les parkings, donc.

 

Niveau autonomie, une voiture électrique c’est comme un robot, vous aurez le refrain « We’re charging our battery / And now we’re full of energy » très fréquemment. Bonne nouvelle : une batterie 60 kWh vous emmènera 375 kms plus loin, et la 85 kWh… 500 km. A titre d’information, notre voiture d’essai (ce qui signifie qu’elle est conduite en ville, mais pas très calmement) possédait une batterie aux 2/3 et il restait 350 km, ce qui fait un joli 530 kms en tout. Si tenter un Tour de France, et pourquoi pas tenter de concurrencer les Trans Europe Express semble déjà plus réalisable qu’avec le quadricycle Renault, il faut tout de même penser à la recharge de temps en temps. Et là, en approchant le connecteur du feu arrière conducteur, une petite trappe s’ouvre automatiquement, et, ô stupeur, on s’aperçoit que la prise est différente des autres modèles électriques actuellement sur le marché. L’exemple d’une autre marque californienne, qui commence « A » et finit par « pple » nous revient immédiatement en tête avec ses connecteurs spécifiques, et on s’imagine déjà galérer pour trouver une petite prise compatible. Rassurez-vous, rien de tout cela n’arrivera, puisque Tesla a doté la Model S d’une prise 220V pour tous les jours (comptez tout de même 30h pour une charge complète –et oui, 85 kWh, ça se paye d’une façon ou d’une autre), et, lors de vos déplacement, la marque fournira des adaptateurs pour tous les types de prise (pour les connaisseurs, type 1, 2 & CHAdeMO, les deux derniers pouvant faire office de charge rapide). Sans compter qu’à partir de 2014, Tesla installera un réseau de Superchargers dans toute l’Europe sur les principaux axes autoroutiers, l’idée étant de charger la voiture à 50 % en 30 minutes, le tout gratuitement et à vie. Et si le fait de recharger votre voiture vous donne des frissons à cause de la Radioactivity que vous engendrez, rassurez-vous, les Superchargers situés dans les régions ensoleillées posséderont une ombrelle constituée de panneaux photovoltaïques. Ouf, vous voilà rassurés.

 

« Ouais, une voiture électrique, le rapport prix-équipements c’est la misère »

Une C-Zéro, peut-être, mais la Model S, heu… Bon. Disons que signer un chèque de minimum 64 760 € (bonus déduit) fait un petit peu mal, il faut l’avouer. Surtout que l’addition grimpe rapidement jusqu’à 89 400 € pour la version Performance, sans compter les divers packs tous les plus alléchants les uns que les autres. Mais d’un autre côté, il faut voir ce qu’on a pour ce prix : une voiture électrique de grand luxe, à la pointe de technologie, comme le montre cet impressionnant écran tactile de 17 pouces qui trône au milieu de la planche de bord, plus proche du Home Computer que de la Pocket Calculator. Cette dalle regroupe toutes les fonctions de la voiture, qui va donc de la radio au toit ouvrant (en option) en passant par la puissance du frein régénératif ou encore l’interrupteur qui permet de choisir si la voiture avancera lorsqu’on lèvera le pied du frein. On y trouve aussi la climatisation, un accès au web (la puce 3G est intégrée dans la voiture), une caméra de recul, Google Maps (sans la navigation qui est une option) et beaucoup d’autres choses… C’est bien simple, on pourrait y passer la journée, tant on découvre de nouvelles fonctions à chaque sous-menu. Je n’ai pas eu beaucoup de temps à y consacrer, mais j’ai bien remarqué la réactivité de l’écran  et le fait qu’il soit (relativement) aisé de modifier les paramètres les plus importants (clim, radio) tout en roulant. Rassurant. Vous aurez aussi de série droit à une sono de qualité tout à fait correcte (une haut de gamme est disponible pour les plus audiophiles), des jantes de 19’’, une sellerie mi-cuir, des feux avants et arrières à LED, le Bluetooth et bien plus encore.

 

En conclusion, la Tesla Model S a tout pour chambouler le marché des véhicules électriques, voir même thermique : pour reprendre l’expression de Consumer Reports, cette voiture fait tout ce que font les autres, en mieux. Les acheteurs américains ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, puisque les prévisions de ventes sont dépassées et qu’il s’est plus vendu de Model S que le Classe S ou d’A8 depuis le début de l’année. Souhaitons donc le meilleur pour cette formidable auto, tout en sachant que le meilleur reste à venir avec le Model X qui arrive l’année prochaine et qu’une petite compacte est dans les cartons. Elon, un grand merci.

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Vous souhaitez faire un tour en passager ? Grâce à Uber et jusqu’à demain, jeudi 30 mai, c’est possible ! Il vous suffit de créer un compte (10 € offerts en entrant le code « jgeuz ») et de demander la Tesla en appuyant sur la touche prévue à cet effet. La voiture circulera dans Paris intra-muros de 9h00 à 20h00. Si celle-ci est libre et est dans les parages, vous aurez droit à 25 minutes gratuites !

 PS : Le premier qui trouvera le nom du groupe contenu dans cet article se verra offrir un Carambar de la saveur qu’il souhaite (dans la limite des stocks disponibles à la boulangerie du coin).

Un grand merci à Mr Brière de Tesla France pour nous avoir permis de réaliser cet essai dans les meilleures conditions.

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